Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Pic Négre d’Envalira par le couloir Via Terrassa (AD sup)

26/03/2016 : Pas de la Casa – station de ski – couloir Via Terrassa – Pic Négre d’Envalira (2825m) – Coll dels Isards (2654m) – Faux coll dels Isards – Pas de la Casa

 

Nous avons rendez-vous à 7h15 en bas de la station de ski, toujours aussi moche. Malgré cette heure matinale, le ballet incessant des véhicules a déjà commencé et trouver une place pour se garer est déjà un premier défi. Départ 7h47.

Objectif du jour au centre de l’image

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Depuis la station de ski du Pas de la Casa, remonter le long du télésiège du snow park. La neige est légèrement croutée. Tant que nous évoluons sur la partie de la station où la neige a été travaillée, on progresse convenablement. Mais en quittant les pistes, la neige ne porte absolument pas. Sans raquettes et sans skis, il faut unir nos efforts pour faire une trace dans ce champ de neige. Durant cette approche, nous sommes surpris par la chaleur que l’on dégage, c’est trop pour ce qui nous attend.

 

Le sommet vu de la station

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Le cône et le couloir se dessinent enfin

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 Panorama sur notre itinéraire, à gauche le couloir du retour

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L’approche jusqu’à la base du cône de déjection nous aura pris 1h33, et à 9h22 on s’équipe pour la partie technique. Durant cet arrêt forcé, de petites coulées de neige s’échappent des parois déjà au soleil. Il ne faut pas trainer là, il fait trop chaud pour rendre l’endroit sûr. A 9h40 on engage la remontée du cône. La présence des crampons sous les chaussures n’y fait rien, on s’enfonce autant que durant l’approche. Les trous sont encore plus profonds, jusqu’aux genoux pour moi. Cet exercice est physique et demande beaucoup d’énergie. L’entente pour faire la trace fonctionne à merveille. 10h08 nous sommes enfin à l’ombre et au départ de la voie, au niveau du col sans nom. Il faut donc compter deux heures d’approche.

 

Le cône à grimper

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La poudre est profonde

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Le départ de la voie dans la fissure

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Il y a peu de place au relais, c’est inconfortable. Nicolas s’engage dans cette fissure et rien ne tient. La neige forme une semoule sans consistance, aucun moyen de protéger l’accès. Il renonce rapidement, il faut vite trouver une autre solution. Il se décale de 2 mètres sur la gauche sur une dalle inclinée, c’est par là qu’il va falloir passer. Le départ est à peine mieux mais ça passe sur les pointes avant. Il y a moyen de placer des coinceurs, et Nico disparaît en prenant de la hauteur.

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Au relais, ma position immobile me refroidit. J’ai froid, j’ai très froid, j’ai vraiment trop froid. Je consomme beaucoup de calories à lutter contre ce froid, aux mains, aux pieds, c’est dur. Les doigts me brulent littéralement, c’est douloureux. « Bonne nouvelle » me dis-je, ils ne sont pas encore gelés ! Je dois me mettre en action pour me réchauffer mais Nicolas n’a toujours pas atteint le relais suivant. Je reçois sur la tête des éclats de glace et de la neige qui coule par la fissure que nous n’avons pas prise. Une cascade continue de neige en poudre. Cela vient de la progression de mon premier de cordée qui ne peut éviter ces désagréments. Je me colle à la paroi pour me mettre à l’abri et cela accentue la sensation de froid. Plus de vingt minutes que je suis immobile, ça devient trop long, je perds trop de calories. Au top départ de Nico, je me hâte à récupérer le matériel du relais et je me lance dans cette première longueur. J’ai vu où il fallait poser les pieds pour se hisser sur la dalle, je mets l’énergie nécessaire et je monte tout en puissance. J’avale cette partie technique et exposée où les piolets trouvent peu d’accroche, comme on efface en vélo une bosse de 9% sur la grosse plaque, tout en puissance. Le stress fait monter le taux d’adrénaline, je veux en finir vite avec cette première difficulté où le danger est réel. Je vais grimper en moins de 5 minutes la distance de près de 50 mètres qui me sépare de Nicolas, soit 4 fois plus vite que lui. La sanction est immédiate et foudroyante même. Lorsque j’arrive au relais c’est l’hypoglycémie ! Mon cœur tape très haut dans les tours, je me sens faible, terriblement faible, je cherche l’air qui me manque ; je connais ce phénomène, j’ai un besoin urgent de sucre. Nico me donne 2 barres de céréales de mon sac, mais je n’arrive pas à ouvrir l’emballage.  C’est ballot quand même ! Nico m’aide, sans cela je mange l’emballage. Je n’arrive toujours pas à retrouver mon souffle, les bouchées ne passent pas. A grandes gorgées d’eau, je vais arriver à enfin avaler et enrayer cette hypoglycémie. Le sang arrive enfin aux extrémités des mains, je retrouve de la force dans les jambes, le cœur bat à nouveau comme un métronome. Nous pouvons poursuivre l’ascension.

Nicolas passe à nouveau en tête pour cette deuxième longueur. Il y a un passage technique bien sympathique qu’il négocie efficacement.

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Puis il disparaît à nouveau derrière ce ressaut. J’ai toujours froid aux pieds, mais savoir que le soleil est proche suffit à me maintenir attentif aux manœuvres d’assurage. Quand vient mon tour, je négocie avec plus de calme les difficultés. Je trouve le moyen de passer le ressaut technique en opposition des pieds, comme en escalade estivale. Je suis plus paisible donc plus lucide. Cette longueur passe alors sans stress et la promesse de la chaleur du soleil est au bout. La neige est d’ailleurs plus dure, cela économise quelques forces. Il y a beaucoup plus de place au relais, le plus technique est déjà derrière nous.

 

Dans la seconde longueur

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Sentant la forme retrouvée, Nicolas me laisse passer en tête pour cette dernière longueur qui doit sortir au sommet. C’est ma récompense. Ces ultimes difficultés paraissent de prime abord simples mais il n’en est rien. La neige est froide et n’a subi aucun regel. Quand je prends appui, j’entends le crissement de l’acier de mes crampons sur les dalles de granit.

 

C'est par ici que ça se passe

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Je vais louvoyer pour trouver de-ci de-là les appuis corrects, les prises fiables, les assurages sûrs. Ce n’est pas très académique mais efficace. La corde fait des méandres qui provoquent beaucoup de tirage. Ces circonvolutions de corde vont me stopper à 2 mètres du sommet. Là pas moyen de faire un relais correct, alors je vais assurer Nicolas à l’aide d’un piolet. Il s’engage à son tour et me rejoint sans tarder.

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La sortie du couloir

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Le sommet si proche

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Il est 12h15 quand nous sommes sur le sommet sans nom. Nous avons mis 3h56 pour sortir sur cette cime. On ne s’attarde pas et l’on part immédiatement sur le sommet voisin qui est la véritable cime du pic Négre d’Envalira.

 

La remontée est élégante

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Nous sommes enfin sur les 2825 mètres du pic Négre d’Envalira à 12h40 pour 4h05 d’efforts en tout genre. C’est du haut de ce sommet placé sur la frontière Franco-andorrane que l’on va prendre le repas. Il n’y a pas un souffle d’air et le soleil chauffe ardemment. Je vais profiter pleinement de ce nouveau panorama que je découvre pour la première fois.

 

Le sommet où sort le couloir - le couloir se trouve sur l'autre versant

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Depuis la première fois de l'hiver, la chaine frontière est entièrement blanche. Ici le haut de la vallée de Campcardos avec le Campcardos au centre

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La Sierra del Cadi

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Secteur de la Pique d'Estats/Montcalm

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Au sommet

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Durant la pause, un seul couple de catalans viendra se joindre à nous, c’est dire le peu de monde qui quitte la station de ski. Il n’y aura personne d’autre que nous qui aura fait le couloir en ce jour. Il est 13h50 quand nous quittons le sommet. On plonge vers le coll dels isards dans une neige de plus en plus ramollie. Cette partie passe malgré tout facilement.

 

En descendant au coll dels isards, les deux sommets derrière nous

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Nous tournons alors sur la gauche pour revenir vers l’Andorre. C’est par une traversée en dévers qui s’avèrera meilleure que prévue grâce à d’anciennes traces de skis, que nous rejoignons le faux coll dels isards.

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Nous avons à présent la station de ski en point de mire.

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Il suffit de rejoindre les pistes damées puis la ville et enfin le parking. Chose faite à 15h07. Il n’aura suffit que de 1h17 pour effectuer le chemin du retour, pour un total de 5h23. C’est une course express à condition de ne pas laisser trop de force durant l’approche. Les ressauts en mixte étaient bien techniques, relevant sensiblement la cotation du couloir.

 

Trace GPS : http://www.openrunner.com/index.Pic_Negre_Envalira.gpxphp?id=5880633

Fichier GPX à télécharger 

 

Tracé du jour sur carte IGN 1/25000ème Espagnole

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Les chiffres de la journée :

Temps de marche total 5h23 pour 8,7 km à 2,4 km/h

Dénivelé positif total : 750m – Autant en négatif

Point culminant : 2825 mètres



31/03/2016
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