Corrida Pyrénéenne
Envoyée dimanche 09 août 2020 à 11:47:00
08/08/2020:
Ce week-end de canicule commençait merveilleusement bien. J’avais décidait d’aller prendre le frais. Je retrouve Yannick et Joël à Fontpedrouse, pour partir ensemble à la découverte d’une voie d’escalade en terrain d’aventure, dans la vallée de la Bailette. Nous partageons un agréable moment (comme toujours) avec notre Amédine préférée, au bassin d’Aumet, et nous partons dormir tous les trois à la belle étoile au refuge de l’Orri. Sous un ciel étoilé de rêve et quelques étoiles filantes, nous passons une nuit parfaite. Le réveil est prévu à 5h30, mais la nuit est si douce que ce sera la clarté du jour naissant qui nous fera sortir des duvets à 6h30. Aïe c’est un premier indice que la journée ne sera pas celle prévue.
Nous nous mettons en marche à 7h17 en remontant la vallée de la Riberole puis celle de la Bailette. Après seulement une heure de marche, une pluie totalement inattendue venant du Sud (fait encore plus rare) s’abat sur nous. Ça mouille de plus en plus, cela condamne immédiatement toute tentative d’escalade. Second indice que la journée est mal engagée. Nous nous délestons des sacs et partons léger pour au moins repérer le départ de la voie. Nous passons une jasse avec quelques vaches, puis une seconde avec un troupeau plus conséquent. La pluie cesse et transite vers le Nord, nous laissant à seulement 9 heures du matin sur notre faim. Nous traversons un gros pierrier où l’eau s’est déjà évaporée. Que faire ? Comme une évidence, nous convenons de faire demi-tour pour récupérer le matériel qui n’est qu’à 25 minutes, et faire une tentative de grimpe. Nous passons une nouvelle fois devant le bétail, récupérons nos affaires sèches dans un orri en ruine, et reprenons la marche vers le haut.
Lorsque nous passons pour la troisième fois proche des vaches, veaux et taureaux qui semblent tous bien paisible. Je suis en tête des trois bipèdes qui traversent la jasse. Sans la moindre raison l’une d’elle à un mètre de moi me charge. Yannick me crie de fuir, je fais une accélération sur une pierre inclinée, et crac, la cheville gauche se met à 90°. Je ne peux retenir un cri de douleur, mais la peur de l’animal me met aussitôt debout, je reprends un nouvel appui et je me retrouve aussi vite au sol dans un nouveau cri, incapable de bouger. La vache semble rigoler de la situation. Sale bête ! Je comprends sur le champ que mon été de marche vient de se terminer ici. En quelques secondes, un œuf d’autruche apparait sur la malléole gauche.
Bon bon, pleurer ne sert à rien, s’apitoyer encore moins. Joel me strappe la cheville, et je reste sur place, comme un berger, pendant que mes deux camarades partent en reconnaissance du départ de la voie. Parce qu’il est hors de question de ne pas revenir plus tard dans la saison faire une nouvelle tentative ! Reconnaissance réussie pour eux, nous nous retrouvons tous les 3 pour un retour au point de départ clopin-clopant. Une cure de froid dans le torrent de la Riberole à l’heure du repas pour m’aider à arriver à la voiture, et nous finissons cette drôle de journée à 14h15 où Amédine nous attend pour partager ses trouvailles sur les canaux anciens qui irriguaient des terres autrefois cultivées.
Fin de l’histoire à 20 heures aux urgences pour s’assurer qu’il n’y a pas de fracture osseuse, et que le tendon d’Achille n’est pas touché. Je m’en tire avec une très grosse entorse des ligaments. Alors la prochaine fois que vous mangerez du bœuf, ayez une pensée pour ces vaches semi sauvages dans les Pyrénées, qui vengent leurs congénères des plaines sur des marcheurs qui au demeurant ne leurs veulent aucun mal. Le principal danger en montagne n’est pas l’ours mais la bête à cornes.
Très bonne continuation à toutes et tous.