Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Pic du Canigou en hivernale par la brèche Durier (AD inf) (2014)

11/01/2014 - Jour 1 : Los Masos de Valmanya – Bois de Patriques – ras Prat Cabrera – refuge des Cortalets

 

Après avoir fini l’année « randonnée » 2013 au sommet du Canigou, c’est à nouveau par le Canigou que je commence mon année montagne. Mais cette fois, il s’agit pour moi de découvrir un nouvel accès plus alpin, puisque nous ne convoitons rien d'autre que la brèche Durier. Pour l’anecdote, j’avais gravi cette brèche lors de mon premier Canigou, à l’âge de 10 ans, avec mon père en premier de cordée. Depuis, la brèche a été condamnée pour ne plus être pratiquée. Voilà 30 ans que j’attends de la franchir à nouveau.

Nous recomposons la même équipe qui avait gravi l’Aneto en Mai 2013, c’est à dire Nico le maitre alpiniste, Force Rose Carole, frérot Yannick, et nous ajoutons un super partenaire en la personne de Mehdi l’infatigable, qui assurera le reportage photo quand nous serons dans le cirque glaciaire.

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On quitte le parking de Los Masos à 13h42, en direction des bois de Patriques. Etant l’itinéraire le plus direct, il remporte toujours tous les suffrages pour accéder rapidement au chalet des Cortalets. Et comme à chaque fois, le départ brutal du sentier, ne tarde pas à faire monter la température corporelle. Il faut rapidement retirer les vêtements de trop, et l’on repart à l’assaut des fortes pentes du bois.

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Nous connaissons tous les redoutables lacets qui permettent de s’élever rapidement, alors chacun avance à son rythme, pour se ménager. Yannick et Nicolas, en grande forme, montent sur un train d’enfer, tandis qu’avec Mehdi et Carole, nous prenons un peu plus de temps. Il n’y a pas de neige et rien n’indique qu’elle fut présente ici il y a encore un mois. Drôle d’hiver 2014 !

Nous effectuons un regroupement à la sortie du bois, au moment où la vue s’ouvre sur le cirque du Puig Sec. C’est pour moi, le plus beau point de vue sur ce versant.

 

Yannick en contemplation, façon Gaston Rébuffat

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Fini la forêt de hêtres, à nous la piste de résineux

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Après une bonne pause de plus de 20min, nous repartons en basculant sur la piste forestière. Contrairement au mois dernier, la neige est quasiment absente, si bien que nous chausserons les raquettes que sous le Ras del Prat Cabrera. Seul Nicolas va évoluer en ski de randonnée. En avant pour la longue et monotone piste forestière.

 

Oui, c'est là haut qu'il faut monter

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Pour nous distraire un peu, on se délecte de la mer de nuages qui enveloppe la plaine. Nous sommes au dessus de celle-ci, et le spectacle est toujours aussi surprenant.

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Nous constatons combien la neige a fondu en un mois, et donc elle porte très mal. Incroyable car nous sommes au cœur de l’hiver ; la marche en devient pénible et fatigante. Puis, Nicolas file en tête et arrive le premier au refuge. Nous ne tardons à le retrouver, et à 17h56, nous sommes tous réunis aux Cortalets. Il nous aura fallu 3h43 de montée ininterrompue.

 

Première vue sur la face Est de notre chouchou local

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Contrairement au mois dernier, il y a déjà des randonneurs présents dans le refuge. Nous allons partager la soirée entre le poêle et la table, ressemblant à un jour de fête entre amis. C’est aussi l’occasion de souhaiter avec 6 jours d’avance, l’anniversaire de notre skieur préféré ; galette, bougies, champagne et petits cadeaux pour clôturer cette belle soirée. Nous serons les seuls à veiller, et après 21h30, nous montons chercher le sommeil dans le dortoir déjà endormi.

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Résumé de la montée en chiffres :

Dénivelé positif total : 1120m pour 15m de négatif

Temps de marche 3h43 pour 8,8 km à 3.1 km/h

Point culminant 2150m.

 

12/01/2014 - Jour 2 : refuge des Cortalets – cirque glaciaire – brèche Durier - Cheminée – Pic du Canigou (2784m) – refuge des Cortalets - ras Prat Cabrera - Bois de Patriques - Los Masos de Valmanya

A 5h30, avec Yannick, nous sommes les premiers à nous lever. Sans être exceptionnellement froide, la nuit ne fut pas chaude non plus. Comme à mon habitude, j’ai peu dormi, mais la forme est là. Vers 6h, notre équipe se reforme petit à petit autour du déjeuner. Il est 6h55 quand, à la lueur de nos frontales, nous quittons le refuge, encore endormi. Mehdi a pris les devants depuis un bon moment, puisque son approche sera plus longue. Il part pour le Barbet. En l’absence de la Lune, l’obscurité est totale. Le manque de points de repère fait que nous progressons rapidement. Il faut se rendre au niveau de l’Estagnol, puis tourner à gauche en s’élevant peu à peu. Il faut viser le fond du cirque glaciaire en s’efforçant de rester ni trop à droite, ni trop à gauche.

 

Premières lueurs du jour, depuis la crête du Barbet

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La marche en raquettes se fait dans de bonnes conditions, et nous arrivons rapidement face au front du glacier rocheux. Il y a une dépression à son pied, que nous évitons par une traversée en dévers, sur la gauche, sous la face Nord de Barbet.

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Quand nous arrivons au pied du cône de déjection, il est 8h10 : 1h10 pour effectuer l’approche. Nous apercevons Mehdi, quasiment au sommet du Barbet, qui nous observe quelques 200 mètres plus haut. A partir de là, c’est lui qui va nous offrir les plus belles photos de la brèche, vue d’en haut.

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Au même moment au sommet du Barbet

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Nous quittons les raquettes pour les crampons, et on s’encorde 2 à 2.

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Nicolas et Carole formeront la première cordée, Yannick et moi la seconde. Ils passent devant pour faire les premières traces dans le cône.

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Le temps de les rattraper et nous passons devant pour faire à notre tour la trace, et permettre ainsi à Nicolas de souffler un peu. La prise de dénivelé est rapide, la neige est béton. Cela nous fait travailler sur les pointes avant, tout sur les mollets.

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Dans le couloir, ça se redresse

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Les deux cordées progressent ensemble

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La même chose vu de plus haut

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A l’approche du bloc coincé, la cordée Nicolas repasse en tête afin que celui-ci négocie en premier, la sortie délicate C’est l’unique relais que nous poserons. Avec Yannick, par mesure de sécurité, nous attendons une dizaine de mètres plus bas. Durant cette attente immobile, le froid va se faire sentir.

 

Nico au niveau du relais

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Le bloc coincè

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Nicolas passe sans trop de difficulté. Pour faciliter le passage de Carole, il a posé une corde servant de main courante. Une excellente initiative, qui rassure, et facilite le franchissement de l’unique difficulté majeure du jour. Carole franchit le bloc et retrouve Nico, au soleil sur le versant Sud.

 

La face Sud telle qu'on la voit en sortant de la brèche

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A mon tour de partir au relais et de le mettre en place. C’est un excellent exercice pour moi, en tête de cordée. Une fois le relais en place, c’est au tour de Yannick de me rejoindre, puis je m’attaque au bloc. La neige est suffisamment haute pour qu’avec mes grandes jambes, je puisse grimper sans difficulté. Le soleil m’attend à la sortie. Quel plaisir ! A Yannick, enfin de nous rejoindre. Il va effacer cet obstacle avec facilité et élégance. Il mettra un peu plus de temps, car c’est à lui que revient la charge de récupérer tout le matériel et effacer toute trace de notre passage.

A 9h45, toute l’équipe a franchi La Durier. Voilà, ça c’est fait ! Nous avons mis 2h, sans compter les arrêts, pour en venir à bout. Les conditions étaient parfaites selon Nicolas, qui connaît parfaitement cette brèche depuis plusieurs saisons. Entre temps, Mehdi a basculé sur notre versant et a passé la porteille de Valmanya sans trop de difficultés. Il nous rejoint, et le groupe se trouve à nouveau au complet, pour terminer l’ascension finale du Canigou. La traversée latérale, pour accéder au pied de la cheminée, est une formalité. La cheminée est pleine, tout en neige béton. C’est sacrément vertical ! On grimpe tout sur les pointes avant, on commence à avoir l’habitude. Les piolets tractions sont redoutables efficaces, et les mollets vont vite chauffer.

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Yannick en grande forme fait la course avec Medhi qui ne lâche pas un pouce de terrain. L’ambiance est euphorique. Serai-ce l’ivresse de l’altitude, au fur et à mesure que l’on s’approche de la cime ? A moins que ce soit les rayons chauds du soleil qui stimulent nos organismes. Nous faisons une ultime pause sous la partie la plus verticale. On lézarde au soleil. C’est si rare de profiter avec tant de quiétude de ce sommet, et là, on ne s’en lasse pas.

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Pour grimper les 10 derniers mètres, comme à l’Aneto, on offre l’accès au sommet à Carole, pour fait son baptême du Canigou en hiver. Il est 10h30, nous sommes les seuls.

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C’est du plaisir à l’état pur de se retrouver sur « notre » pic, propre, calme, serein. Pas un souffle d’air, et ça aussi c’est rare ; et pour compléter ce tableau idyllique, la température est positive. Alors, à nouveau, tout à notre joie, nous restons de longues minutes à 2784m, pour graver un peu plus ce panorama que l’on aime tant. Pourtant, la mer de nuages n’a pas quitté la vallée et nous bouche l’horizon du Nord à l’Est.

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Panorama sur le Sud/Ouest

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Nous quittons le sommet, au moment où le groupe de randonneurs qui a passé la soirée dans le refuge, arrive par la voie normale. On redescend par la face Nord, et l’on constate que la neige a énormément fondu en un mois. Nous suivons même le sentier d’été, alors qu’en cette saison, il faudrait évoluer sur l’arête Nord/Est. Dans ces conditions, la perte de dénivelé est rapide.

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On va profiter d’une démonstration de glissades contrôlées, effectuées par une vingtaine d’isards.

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Nous opérons à un rassemblement au dessus du Pic Joffre afin de changer de versant.

La belle arête Nord/Est

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Nicolas chausse enfin les skis, et plonge en direction du refuge. Chacun de nous va descendre à sa façon, en ramasse pour certains, en crampons pour d’autres, puis en raquettes jusqu’au refuge. 12h30, nous sommes les premiers à retrouver le refuge. La boucle matinale aura été effectuée en 3h46 effective. Il est temps de rassembler nos affaires, et prendre le repas. Le soleil est à son zénith. Un temps splendide pour une journée qui se veut exceptionnellement belle en altitude. Nous constaterons par la suite, que la plaine sera restée sous une épaisse couche nuageuse.

 

Le site du refuge

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A 13h57 exactement, nous prenons la direction du retour. Nous mettons le cap sur la piste où Nico va profiter enfin de ses planches. Le groupe en raquettes évoluant moins vite, nous laissons filer Nico et le retrouvons, 50min plus tard à l’entrée du Bois de Patriques.

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Yannick et Mehdi en redemande, ils vont dévaler le bois quatre par quatre, se lançant dans cette descente, comme dans un défi. J’accompagne Carole, plus raisonnable, pour un retour au parking tout en douceur. Pour nous, l’humeur n’est pas à la course mais à la contemplation. A 16h10, nous terminons cette belle journée « made in Durier ». Et pour prolonger encore un peu plus le plaisir du partage, Mehdi nous convie gentiment à un gouter improvisé.

Pour un baptême de la brèche Durier, il est difficile de faire mieux en termes de conditions de neige et de camaraderie. On souhaiterait presque ne plus y retourner pour rester sur ce souvenir là. Pourtant, nous savons que chaque nouvelle sortie en montagne apporte son lot de surprises, et c’est pour cela que nous ne nous lassons jamais d’y retourner.

 

Le tracé du jour

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La journée en chiffres :

Dénivelé positif total : 650m - Dénivelé négatif total : 1755m

Temps de marche 5h36 pour 12,9km à 3,3 km/h

Point culminant 2784m - 2h26 pour atteindre le sommet

 

Autre version à la journée : Pic du Canigou en hivernale à la journée par la brèche Durier (AD inf) (2022)

 



10/01/2014
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