Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Découverte de la vallée d’Artiès et étang d’Izourt en hivernale

 

29/02/2020 : Pradières d’en haut – Orri de la Coume – Etang d’Izourt – Orri de la Caudière – aller/retour

 

Préambule : Je n’ai jamais mis les pieds dans la vallée d’Artiés, et j’ai pour objectif d’aller dormir au refuge de l’étang Fourcat. La fenêtre météo est courte en ce week-end hivernal, mais comme dit l’adage : « A trop écouter la météo, on passe sa vie au bistrot ». Alors avec l’ami Joël, nous allons forcer la chance et tenter de gagner l’objectif avant les intempéries.

Départ à 13h53 depuis le parking de la centrale électrique de Pradière dans le Vicdessos. Le sentier se prend directement depuis le parking, en suivant les balises du GR10. Au niveau de la centrale électrique, traverser le torrent par la passerelle et s’élever en forêt en rive droite du torrent.

 

Point de départ avec vue sur le pic de Peyrot

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Gros plan sur le pic de Peyrot
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Belle queue de cheval sur le ruisseau d'Artiès
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Il fait 14°C lorsque nous prenons de la hauteur dans le sous-bois. C’est totalement en décalage avec la saison. Il va sans dire qu’il n’y a pas de neige. Aucune difficulté pour avancer, si ce n’est cette chaleur excessive pour nos vêtements prêts à affronter le froid des hautes altitudes. Le sentier grimpe fortement jusqu’aux orris de la Coume où l’on franchit un verrou, puis se poursuit en pente plus douce jusqu’à l’étang d’Izourt. Nous y parvenons à 15h29, en 1h36.

 

Les orris de la Coume

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Barrage en vue, le panorama s'ouvre sur un autre univers
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Gros plan vers où nous allons

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Nous sommes à 1652 mètres et ce qui est frappant, c’est le déficit de neige à ce moment de l’année. Le site rappelle la tragédie qui survint en mars 1939 lors de la construction du barrage, et qui prit la vie à 31 ouvriers. Il y a des bâtiments neufs, mais aucun n’est ouvert aux randonneurs ; en cas de problème, il est préférable d’être autonome. Puis, nous poursuivons le sentier du GR10 rive droite de l’étang, c'est-à-dire à notre gauche.

 

Barrage d'Izourt

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La banquise est fine
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Le contournement de l’étang se passe sans difficulté, si on évite soigneusement les quelques restes d’avalanches, dont une encore imposante. Puis, à l’amont du lac, traverser le ruisseau de la Caudière pour grimper fortement, par une série de lacets, un verrou glaciaire. Les lacets sont souvent coupés par des restes d’avalanches, nous obligeant à contourner dans un terrain herbeux malcommode. Grosse perte de temps et d’énergie dans un terrain très typé « Ariégeois ».

 

La photo écrase le relief mais la pente est sévère

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Lorsque nous parvenons aux orris de la Caudière, nous venons de franchir une frontière climatique. Ici commence la neige en continu, et par endroit, dans des proportions impressionnantes. Joël va en faire la drôle d’expérience en voyant une jambe disparaitre dans un trou sans en toucher le fond. La météo est en train d’évoluer rapidement de façon défavorable. Un épais voile blanc descend lentement des cimes. Pour autant il ne fait pas froid et l’absence de vent nous rend confiants sur la suite de la sortie. Nous traversons le torrent de la Caudière par la passerelle, puis poursuivons l’ascension tant qu’il y a des balises visibles.

 

Site des orris de la Caudière

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Passerelle sur le ruisseau de la Caudière
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Cela va être de courte durée, car la quantité impressionnante de neige va vite effacer toute trace de sentier. Il est 18 heures. En prenant de la hauteur nous entrons dans le brouillard qui convertit notre champ de vision en jour blanc ; visibilité à moins de 5 mètres, le ciel et le sol se confondent. C’est au GPS que nous poursuivons. La pente se lève à nouveau fortement jusqu’à nous conduire au pied de barres rocheuses. La pente est si inclinée qu’il faut s’équiper de crampons et piolet. Malgré la trace GPS que l’on coupe à maintes reprises, il nous est impossible d’entrevoir où il faut se rendre. Première impasse au bord d’un précipice trop à l’Est de la trace. Demi tour puis seconde impasse dans un couloir menant à un verrou trop à l’Ouest de la trace. Nous insistons dans un nouveau couloir qui termine invariablement sur un verrou minéral. Il est évident qu’il faut prendre pied sur un escarpement rocheux, mais nous préférons ne pas faire le pas de trop. Cela devient aléatoire et trop exposé. Alors d’un commun accord, on se résout à faire demi-tour.

 

Il est 19h10, et sans transition nous passons d’un jour blanc à une nuit noire. Voilà qui devient intéressant en termes de concentration. Le champ de vision se limite à celui de la frontale, ce qui est presque mieux que le jour blanc. Nous suivons facilement nos traces fraiches jusqu’à la passerelle, et nous parvenons aux orris de la Caudière à 19h45. Voilà 5h18 que l’on marche. Nous devons quitter les crampons et en profitons pour manger, mais cela va être de courte durée. Le brouillard s’est transformé en crachin bien mouillant. Cette petite expérience dans un noir presque aussi sombre que celui d’une grotte, avec l’unique mélodie du torrent, nous ferai presque oublier qu’il ne faut pas trainer. Cela parait être une bulle hors du temps, loin des turpitudes de la vie, loin des agitations du quotidien. La montagne rend humble, mais nous donne en échange un sentiment de plénitude que rien ne peut acheter. Allez, 20h08, cap sur la descente. Facile à dire, plus délicat à faire sur les grosses pierres devenues aussi glissantes que de savon, à cause de la pluie fine. Pas après pas, mètre après mètre nous perdons du dénivelé, et même si de-ci de-là nous nous écartons parfois de la trace, nous gagnons sans encombre l’étang d’Izourt. Le final, par le même itinéraire, est une descente monotone dans une vallée sombre. La sortie se termine à 22h51 au point de départ, avec quand même 7h54 de marche effective. Belle expérience qui pose quelques questions. A-t-on fait une erreur de parcours ? Après analyse de la trace GPS sur la carte IGN, la réponse est non. Peut-on gagner le refuge de l’étang Fourcat en plein hiver par cet itinéraire, la question reste ouverte. Il aurait fallu au minimum avoir la visibilité du terrain. La montagne aura eu le dernier mot, mais nous lui donnons rendez-vous pour une fois prochaine. C’est en échouant que l’on apprend, ceci est encore plus vrai en milieu naturel.

 

Unique rencontre avec un être vivant

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Trace du jour sur carte IGN 1/25000

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Gros plan sur la partie où nous avons fait demi tour

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Les chiffres de la journée :

Temps de marche total 7h54 pour 14,8 km à 2 km/h

Dénivelé positif total : 1190 m – Autant en négatif

Point culminant : 2133m



01/03/2020
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