Cambre d’Ase par le couloir du Bougnagas (AD inf)
08/03/2014 : station d’Eyne – pied du cirque – couloir du Bougnagas – grande cheminée – station d’Eyne
Le début de semaine nous a apporté beaucoup de neige, malgré la Tramontane, et depuis mercredi, nous sommes rentrés dans une période anticyclonique. C’est le moment d’en profiter et de revenir au Cambre d’Ase pour découvrir un nouveau couloir. Une nouvelle fois, c’est l’infatigable Laurence qui va me montrer les clés pour franchir la porte du Bougnagas.
Nous partons de la station de ski d’Eyne à 8h10. Bien que la température soit de -2°C, nous ne ressentons aucune sensation de froid. En avant sur les pistes ! Quel plaisir pour les marcheurs que nous sommes, une station de ski vide de tout skieur. Dans cette ambiance feutrée, on progresse sans difficulté jusqu’au plat du Cambre.
Le Cambre d’Ase tel qu’on le découvre depuis le plat du Cambre
On remonte le dernier tire-fesse et l’on quitte la station pour entrer en forêt. Ici, on trace une voie dans une neige bien poudreuse. Le passage de la grande bute, marquant le dernier verrou pour entrer au pied du cirque, est franchie doucement, et surtout sans laisser trop de force.
Laurence au pied de la bute
Dans notre dos le Capcir, du Carlit aux Pérics
A 10h, nous sommes sur l’ultime plancher, face à tous les couloirs. Seul, le couloir du Vermicelle est tracé, pour les autres c’est encore vierge. 15min pour troquer nos raquettes par les crampons, et à 10h15 on s’élance dans le grand cône de déjection. Cette partie est commune aux trois couloirs que sont le Gigolo, l’Eclair et le Bougnagas.
De G à D, Grande Cheminée, Gigolo, Eclair, l'entrée du Bougnagas est masquée, mais le col à droite est sa sortie
L’entrée du Bougnagas est la plus à droite, mais aussi la plus haute.
Laurence dans une séance de brassage profond.
Le chemin déjà parcouru
Le cône de déjection est épouvantable, interminable. J’ai bien retenu la leçon du mois de décembre où j’avais laissé trop de force dans cette partie. Cette fois, malgré le brassage jusqu'au genou, la gestion de l’effort est meilleure. Les rotations avec Laurence, pour faire la trace, sont plus fréquentes et donc plus efficaces. Nous laissons sur notre gauche l’entrée de l’Eclair, et l’on remonte encore un peu pour arriver sur le verrou en mixte de notre couloir.
A gauche l’entrée de l’Eclair, au fond celle du Bougnagas
Nous y voici
On s’encorde et Laurence passe devant pour aller mettre en place un relais. Séance de dry-toofing dans les touffes d’herbes. Ici, on fait parler plus la puissance que la technique.
Relais prêt, à mon tour
Je rejoins Laurence au relais, pour passer une dalle sur notre gauche. Ce passage nécessite la pose d’un piton. Puis d’un grand pas, on pose un pied sur la dalle, on trouve facilement des appuis pour les pieds, les piolets cramponnent bien et ça passe. A la sortie, un piton est présent, mais il est fortement recommandé de placer un second point avec un coinceur.
Laurence vient de passer
A mon tour
Au relais
Une fois cette difficulté, bien sympathique, effacée, nous sommes quasiment sortis du couloir, il ne reste plus beaucoup à gravir. L’essentiel de la montée se passe dans le cône, c’est presque frustrant.
La fin est une formalité. Pour agrémenter la sortie, nous allons partir tout à gauche chercher un passage plus relevé. Le soleil nous accueille, à 11h52, sans le moindre souffle d’air. C’est tout simplement exceptionnel !
A la sortie
Alors que nous avons été les seuls à effectuer ce couloir, il y a beaucoup de monde au sommet. Ils viennent certainement du Vermicelle. La vue comme toujours, est à couper le souffle, quelle récompense. 3h27 de marche effective pour atteindre la cime.
En direction de la Grande Cheminée,
La vue sur la partie basse du cirque, à droite l'imposant massif du Madres
Le mur de sortie de l'Eclair, on frôle ici la verticale
Nous prenons le repas au départ de la Grande Cheminée, dans une ambiance baignée d’un soleil plus printanier qu’hivernal. Il fait presque trop chaud à plus de 2700m. Il y a des journées en montagne qu’il ne faut pas manquer, celle-ci en faisait incontestablement partie.
Au loin, gros plans sur la face Sud du Carlit
A 13h30, nous plongeons dans la GC pour un retour rapide vers le rocher où nous attendent les raquettes et bâtons laissés quelques heures plus tôt.
Même si l’on s’enfonce profondément, cela n’entrave en rien notre marche. Nous rangeons les crampons, et l’on repart en raquettes vers la station. Il y a des traces de toute part, une vraie gare de triage. Un dernier regard en arrière, et l’on s’enfonce dans la forêt.
Le retour au parking est une formalité que nous terminons à 15h10 sous un soleil toujours plus chaud. Nous avons effectué cet aller retour en 5h12, et les bras à l’air en bonus, c’est dire s’il faut chaud.
J’ai aimé ce couloir pour le court passage en mixte qui relève la cotation, ainsi que la sortie qui ne manquait pas d’allure. Je dirai qu’après le Vermicelle, c’est un bon premier couloir de découverte de ce qu’est le mixte. Pour les plus costauds, il peut être intéressant de faire le Bougnagas en début de matinée et d’aller observer la sortie de l’Eclair afin d’en estimer les risques, pour éventuellement enchainer les deux couloirs.
Les chiffres de la journée:
Temps de marche total 5h12 pour 12,2 Km à 3,5km/h
Temps pour faire le couloir : 1h37
Dénivelé positif total : 912 m – Autant en négatif
Point culminant : 2711m.
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