Pic de l’Orri et Roc del Boc par l’arête du Malaza en traversée Nord/Sud (PD+)
13/08/2016 : Saint-Pierre-dels-Forcats – vallée de Planès – Pic de l’Orri (2561m) – Serrat de les Esques – Roc del Boc (2774m) – Serrat dels Llosers – La Conca – Etang de Planès – vallée de Planès – Saint-Pierre-dels-Forcats
Après avoir parcouru fin juin la crête dominant la vallée de la Riberola par l’Est, il manquait à présent à ma connaissance la crête dominant cette vallée par l’Ouest. Le sommet phare est le Roc del Boc ou Rocher du Bouc aussi connu sous le nom de Malaza pour sa redoutable face Ouest dans la vallée de Planès. Il est naturellement le point culminant de cette crête à cheval entre la vallée de Planès et celle de la Riberola. La crête se termine sur le haut sommet de la Tour d’Eyne. Voilà un programme aussi intéressant que varié.
Yannick se joint à moi pour une découverte aérienne placée sous le signe du grand bleu. Le départ sera à la station de ski de Saint-Pierre-dels-Forcats dans le haut Conflent. Nous laissons la voiture sur le parking vide et à 7h33 on s’engage sur les pistes de ski en suivant l’itinéraire balisé de jaune du pla du Cambre. Après deux intersections où il ne faut pas s’engager dans la direction des ruches, et un nouveau carrefour vers le pla du Cambre, quitter cet itinéraire et suivre fort logiquement la route forestière de gauche qui mène à l’entrée de la vallée de Planès.
Lupins en fleurs
La piste forestière monte puis descend jusqu’à un croisement avec une clôture à bovins. Prendre alors tout droit pour s’engager dans la vallée de Planès. Un bon sentier guide nos pas au milieu des vaches. On quitte rapidement l’axe de la vallée, pour s’engager hors sentier cette fois, dans un couloir sur notre gauche, qui permet de gravir directement le pic de l’Orri.
Première vue sur le pic de l'Orri déjà au soleil
Il s’agit du second couloir, celui le plus à droite quand on fait face au pic de l’Orri. Le pierrier du cône de déjection est vite gravi mais lorsqu’on s’engage sur la pelouse, la pente devient bien plus raide.
Des genets de petite taille gênent la progression. Ici la difficulté est bien d’ordre physique ; le cœur bat fort pour avaler la forte dénivellation. Heureusement, en s’approchant du sommet, la pente se radoucit alors que les genets disparaissent. Nous voilà sur la cime du pic de l’Orri à 9h52. Le premier sommet du jour, coiffé d’un cairn, est gravi en 2h19.
Bien que d’altitude modeste pour 2561 mètres, le pic de l’Orri ne se donne pas. Il n’y a aucun sentier qui y conduit d’où que l’on veuille l’aborder, et c’est déjà une récompense que de fouler sa cime. Ce belvédère propose un large panorama du Nord/Ouest Ariègeois au Sud/Est franco-espagnol. Seule, la vue vers le Sud est bouchée par le Roc del Boc que nous allons visiter dans la lancée.
Gros plan sur la Madrès au Nord
Joubarbes au sommet
La crête à suivre, Cambre d'Ase tout à droite
Au zoom les 3000 Ariègeois
Après 20 minutes de pause contemplative, nous mettons le cap au Sud par le serrat de les Esques. C’est une crête plutôt débonnaire mais qui est composée de plusieurs éminences rocheuses laissant à croire que nous arrivons sur le point culminant. Il n’en est rien, un sommet en cache toujours un autre. Sans en apercevoir, on prend progressivement du dénivelé. Lorsqu’on s’engage sur la crête du Malaza, celle-ci devient subitement effilée. Il n’y a aucune difficulté à rester sur le fil, mais l’on peut régulièrement feinter le fil par des échappatoires à droite ou à gauche. Une brèche vient défendre la partie terminale de l’ascension. Cette brèche, impressionnante de prime abord se descend correctement par quelques pas de II. On peut repartir sur le fil depuis la brèche par une dalle en III+ ou comme Yannick contourner la difficulté par la gauche en perdant un peu de dénivelé.
Sortie d’un des nombreux couloirs techniques en hivernale
La partie restante avant le sommet
La partie restante n’est qu’une formalité et nous plaçons sous nos pas le sommet du Roc del Boc à 11h28. 1h16 sépare les deux sommets. Voilà une belle ascension aérienne mais sans trop, avec un regard permanent sur les deux vallées que l’on semble survoler. On se trouve face au Pic Rodó sur la gauche, ce qui m’offre une perspective intéressante sur l’éperon Nord/Ouest gravi en juin dernier. Nous sommes seuls, les forces commencent à manquer, il est temps de prendre le repas. Une boite aux lettres abritant un cahier de souvenirs, va nous livrer la légende du rocher du bouc.
Vue vers le Sud
Pic Rodò dans la vallée de la Riberola
Tous les hauts sommets du département sont sous nos regards. C’est certainement l’un des seuls belvédères pouvant offrir cela avec le pic du Madres à Nord. Après avoir contemplé ces paysages singuliers, nous reprenons la marche à 12h30, toujours vers le Sud. On ne tarde pas à trouver la difficulté majeure de ce sommet, le passage du violoncelle. Il se trouve juste sous une petite banquette herbeuse. C’est une succession de belles dalles qu’il faut descendre en rappel sur 20 mètres. Deux anneaux sont solidement ancrés pour poser le rappel. Je m’engage le premier. Le rappel se termine dans un goulet. Prendre un peu de hauteur pendant que le second descend afin de ne pas être dans l’axe d’une chute de pierre.
Yannick au départ du rappel
Esthétique rappel
Les dalles du violoncelle
Les cornes du bouc
Le sommet s'éloigne
La suite la notre itinéraire emprunte le Serrat dels Llosers, une crête se terminant sur le sommet de la Tour d’Eyne. Dans sa première partie, le terrain est facile et même roulant à notre grand étonnement. On va avancer aussi loin que possible, mais ayant un impératif horaire, on va écourter l’arête au moment où celle-ci reprend de la hauteur. A ce point bas, on peut prendre le dernier échappatoire sur la droite, afin de plonger dans de petits éboulis. De nombreux isards au fond du cirque nous montrent la voie. On rejoint rapidement le fond de cette dépression thermo-karstique où vivent quelques marmottes. Cette cuvette totalement isolée est appelée la Conca. Une courte rampe permet de s’en extraire et des cairns indiquent le cheminement pour rejoindre le plancher principal de la vallée de Planès.
Roc del Boc à gauche et serrat dels Llosers depuis le haut de la Conca
Vallée de Planès dans sa longueur
C’est un bon terrain qui nous accueille à présent, et le beau sentier permet de longer le Malaza sur notre droite. Cette impressionnante face sombre est découpée de nombreux couloirs, idéal pour de l’alpinisme de glace au printemps. Nous ne faisons que passer à l’étang de Planès où de nombreuses familles avec jeunes enfants sont déçues de ne trouver qu’une mare en cours de comblement. C’est plus marécageux que bucolique. Cet étang aura disparu dans quelques décennies.
Face Ouest du Malaza
On trouve au niveau de l’étang le sentier venant du village. Nous le suivons jusqu’à l’intersection avec celui emprunté quelques heures plus tôt. Nous suivons alors l’itinéraire matinal. La section de piste forestière va nous paraître plus longue dans ce sens, peut-être due à une chaleur qui nous écrase. Cette partie en forêt est la moins intéressante du parcours. On retrouve enfin les pistes de ski de la station et l’on arrive finalement au point de départ à 16h08.
Le parcours de crête et le panorama du Roc del Boc sont les prétextes à découvrir ou revenir sur ce fier sommet. Mais la vallée de Planès en est un autre. Il doit y avoir un moyen d’éviter la partie de piste très monotone en partant du village de Planès.
Trace GPS : http://www.openrunner.com/index.php?id=6470541
Tracé du jour sur carte IGN 1/25000ème
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 6h58 pour 20,3 km à 3,1 km/h
Dénivelé positif total : 1245m – Autant en négatif
Point culminant : 2774 m
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