Mont Rouch d’Espagne par la crête des pics de la Gallina
24/09/2016 : Planell de Sartari – Estany de la Gola – Coll Curiòs (2423m) – Pic Inferior de la Gallina (2723m) – Pic de la Gallina (2763m) – Mont Rouch d’Espagne (2864m) – Coll de Calberante (2608m) – Estany de Calberante – Estany de la Gola – Cerbi
Sommet bicéphale ayant une cime en France et l’autre en Espagne, les Mont Rouch dominent par le Nord le village de Salau, et par le Sud le magnifique site lacustre des étangs de la Gallina. Bien moins couru que le Mont Valier, il est pourtant le second plus haut sommet du Couserans après l’imposant Maubermè. L’accès par la France est une marche que seul le département de l’Ariège peut le proposer, mais par l’Espagne l’accès est moins austère mais surtout passe par des zones lacustres d’une beauté inégalable. C’est donc dans le parc national de l’Alt Pirineu que nous allons évoluer.
L’équipe est inédite. Elle se compose d’Anthony le Toulousain, Yannick et Marc le plus parisien des Cerdans ou inversement. Grace à une logistique sans faille de Marc, l’organisateur dynamique de cette journée, nous nous mettons en marche à 8h40 exactes, au terminus de la piste menant au planell de Sartari, dans la vallée du riu d’Unarre. Un taxi nous a évité 1 heure de piste fastidieuse. On remonte la vallée en suivant la piste qui s’arrête au planell de Sartari.
La piste se transforme en un sentier dont le tracé rigoureux permet de franchir le verrou glaciaire avec aisance. On se retrouve à 9h27, en 46 minutes au niveau de l’étang de la Gola.
Etang de la Gola, au fond le pic Inferior de la Gallina
Refuge non gardé de la Gola
Pic de la Gola
Le contournement de l’étang est balisé de jaune. Il passe par la rive droite orographique, au milieu de blocs, puis on prend facilement de la hauteur pour mieux voir l’étang dans toute son étendue.
Etang et pic de la Gola
Estany de Calberante, col Curiòs à gauche et pic Inferior de la Gallina au fond
A l’étage supérieur on trouve l’étang de Calberante, plus petit mais avec autant de charme. Puis l’on poursuit notre ascension jusqu’au col Curiòs qui sert de passage entre les vallées d’Unarre et de Nyiri. Il est 10h04 et voilà 1h19 que l’on marche. Avec Yannick nous allons quitter le guide et Anthony, pour partir sur un enchainement de sommets qui débute à ce col. Nous nous donnons rendez-vous au point culminant sur la cime du Mont Rouch, dans quelques heures. On s’élève alors dans la pente sur notre droite, vers le Nord puis Nord/Est.
Les trois étangs, de haut en bas, Curiòs, Calberante et Gola
La longue arête menant au Vertice au fond
Le terrain est fait de pentes de gispet et de nombreuses barres rocheuses. C’est très raide, bien plus que ne le suggère la carte espagnole toujours aussi approximative sur la représentation graphique du terrain. Néanmoins, avec une bonne lecture du terrain, on trouve les passages dans ces couloirs d’herbe, où l’on s’accroche souvent avec les mains. Un premier rognon est gravi, la suite sera plus ludique. Bâtons dans le sac, on se lance dans une session de dalles en II, c’est plaisant et accessible à tous. Les bras travaillent autant que les jambes. Quelques chutes de pierres peuvent avoir lieu, Yannick a failli en faire les frais. Le pic Inferior de la Gallina est gravi à 10h42, pour 1h53 de marche.
Au sommet le pic de la Gallina dans le dos
Panorama vers le Nord/Ouest
Gros plan sur le Mont Valier
Gros plan sur le pic de Romedo ou Roca Blanca
Face Nord du pic de Ventolau, au loin la Pique d'Estats
Gros plan sur la Pique d'Estats
A suivre le pic de la Gallina et au fond à droite le Mont Rouch
Vue vers le massif de Certescan et les étangs de la Gallina
La descente en direction du col qui sépare les deux sommets, pose un problème que nous n’avions pas anticipé. Cette crête est orientée au Nord, et la gelée de la nuit a rendu tous les rochers extrêmement glissants. Le lichen glisse comme du savon, nos semelles n’ont aucune adhérence. On va utiliser une méthode peu académique mais qui a fait ses preuves : la reptation fessière. Cela demande de la patience mais ça fonctionne. L’accès au col proprement dit est une suite de brèches et de buttes. Une fois au col, on retrouve le soleil, les dalles sèches et l’adhérence. L’ascension du Pic de la Gallina n’est pas plus complexe que le précédent, toujours en pas de II. Là encore il faut bien s’assurer que les lames de granite ne se dérobent pas. Au détour d’une prise, alors que je passe la tête pour mieux voir la suite de l’itinéraire, je tombe nez à museau avec des caprins surprenants. Je me cache aussitôt pour laisser Yannick voir à son tour cette rencontre insolite, et nous découvrons avec joie, comme des enfants le matin le Noël, 6 bouquetins. Oui oui, à moins de 10 mètres de nous, on ne rêve pas, des bouquetins dans les Pyrénées !
Vue d'ensemble
Gros plan
Cette rencontre est aussi rare qu’unique, puisque la réintroduction de cet animal emblématique des milieux montagnards, ne date que de 2014. Elle avait eu lieu au cirque de Cagateille en Ariège, à quelques jours de marche de là où nous nous trouvons. Voilà un détour qui nous récompense d’un moment exceptionnel. Les 6 bouquetins paraissent autant étonnés de nous voir, que nous le sommes. On s’observe mutuellement pendant de longues minutes, puis ils poursuivent leur chemin en direction des étangs de la Tartera. Nous ne sommes pas bien loin du sommet, quelques pas supplémentaires et à 11h27, on s’est hissé sur les 2763 mètres du pic de la Gallina. Cela nous aura demandé 2h30 depuis le départ. La vue est à peine différente du sommet voisin. On peut voir sur l’arête face à nous vers l’Ouest, Anthony qui gravi le Vertice ou pic de la Tartera de Mont Rouch.
En face ça grimpe aussi
Nous ne faisons que passer, il reste encore le principal sommet à atteindre. La descente du Pic de le Gallina est une formalité. On vise à présent l’arête que l’on va éviter pour marcher sur un terrain aride, incliné, mais étonnamment facile. En apercevant Anthony sur la partie haute de ce plateau incliné, nous dévions notre marche pour aller à sa rencontre. Nous nous retrouvons alors au bord de l’abime du versant Nord de ce Mont Rouch d’Espagne. C’est par une simple randonnée que l’on arrive au cairn culminant à 2864 mètres. Marc a déjà fait demi-tour, il laisse donc les novices tout à leur bonheur de découvrir ce panorama Ariégeois au Nord, Catalan au Sud. Il est 12h20 quand nous avons le plaisir de compter le Mont Rouch d’Espagne parmi nos sommets. Cela nous aura pris 3h19 pour l’atteindre. Il y a une brèche profonde de 40 mètres pour se rendre sur la cime du Mont Rouch de France. Nous ne la franchirons pas cette fois. Un étrange brouillard montant du Sud va nous masquer rapidement la vue.
Versant Nord du Mont Rouch depuis la crête sommitale
Dans le lointain la "plaine" ariégeoise
Gros plan sur le massif de Certescan
Pic de Ventolau
Pic de Ventolau et les estanys de la Gallina
Le temps de quitter le sommet et le brouillard se dissipe comme par enchantement. Il ne reste plus qu’à piquer plein Sud pour retrouver en contre bas notre guide qui s’impatiente à l’heure du repas. Il faut dire que nous avons marché 3h34 durant cette matinée musclée. La pause face au pic de Ventolau et le cirque de la Gallina sera prise dans la bonne humeur, accompagnée de la célèbre charcuterie Bonzom. A 13h45 nous prenons la direction du retour. Par une marche subtile, nous allons passer en versant Est des pics de la Gallina jusqu’au col de Calberante. Il y a de nombreux cairns et le sentier semble parfois avoir été pavé. Néanmoins, il faut rester vigilant et se tenir à 2600 mètres pour trouver ce col mal défini, et ainsi éviter de partir trop au Sud pour s’enfermer dans de gros éboulis. Nous franchissons le col à 14h52 [4h27].
Descente vers le col de Calberante
Au col de Calberante
L'arête du pic Inferior de la Gallina que nous avons gravi
La descente du col est un passage bien connu de la HRP en venant du refuge Enric Pujol. Un bon sentier nous mène au bord du charmant étang Curiòs, puis au col éponyme. Nous aurions pu depuis ce col partir dans la vallée de Nyiri, mais le groupe se serait à nouveau partagé en deux. La découverte du secteur s’arrêtera là pour aujourd’hui, et il nous faudra revenir donc pour en voir un peu plus. Il ne nous reste plus qu’à prendre l’itinéraire matinal.
Planell de Sartari
C’est en suivant la piste empruntée le matin en taxi, que nous regagnons la voiture se trouvant proche du village de Cerbi. C’est chose faite à 17h15, clôturant ainsi une journée de 6h38 de marche, et 3 sommets en prime. Il fait bien chaud au parking, l’été n’a pas encore laissé vraiment la place à l’automne. Encore un beau secteur Pyrénéen découvert grâce à l’ami Marc. Les idées ne manquent pas pour y remettre les pieds, et le pic de Ventolau est un prétexte à lui seul pour revenir voir de nouveaux étangs, et ce panorama étendu sur les hauts sommets du Val d’Aran et secteur des Encantats.
Merci à Anthony pour avoir suggéré cette rando, merci à Marc pour l'avoir rendue possible, et merci à Yannick pour me suivre sans le moindre doute dans mes variantes scabreuses qui ont permis cette observation unique des bouquetins.
Trace GPS : http://www.openrunner.com/index.php?id=6625644
Tracè sur carte espagnole 1/25000
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 6h38 pour 20 km à 3,7 km/h
Dénivelé positif total : 1300m – Dénivelé négatif total : 1705m
Point culminant : 2864 mètres
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