Pic de Boum au col de Boum – Arête ouest (AD sup)
14/08/2022 : parking du Lys (1120m) – cabane de la Coume – Refuge du Maupas
L’idée première est d’aller parcourir une arête autour du pic de Maupas. Le secteur ne manque pas de possibilités, de difficultés variées et de sommets imposants. Les prévisions météo ne sont pas parfaites, mais il faut parfois forcer la chance. C’est avec Joël que nous partons dans cette découverte alpine dans le Luchonnais. Mais avant cela, il faut s’élever jusqu’au refuge, parfait camp de base pour la découverte des cimes environnantes. Départ à 9h45 par l’itinéraire des lacs. La première partie en forêt est agréable, monte régulièrement sur un très bon terrain. Dans un second temps la marche se passe dans des pelouses agréables pour les pieds. Le soleil est déjà chaud, le temps est radieux.
Deux itinéraires depuis le parking convergent vers ce point
Le sentier s’élève progressivement. La marche est ponctuée de belles cascades sur le versant sud. Au niveau de la cabane de la Coume, le sentier fait un virage à 90° et prend la direction du nord. Le terrain est encore facile, entre pelouse et forêt, mais on sent bien avec le changement de végétation que la haute montagne se rapproche.
Encore 2 heures pour atteindre le refuge
Paysage verdoyant, si rare cet été
Une mer de nuages en préparation
Au niveau de la prairie de Prat Long, le sentier met le cap au sup, pleine pente. Le sentier s’élève fortement plus ou moins le long de la conduite d’eau forcée. Nous choisissons d’affronter cette bavante avant de prendre le repas. C’est la meilleure option, car le ventre plein, dans cette forte pente, aurait rendu le moment désagréable. A 20 minutes du refuge, la première vue sur le cirque des Crabioules est spectaculaire. Cela récompense tous les efforts depuis le parking. Nous parvenons au refuge à 13h45 qui vient d’être happé par le brouillard.
Un mur végétal se dresse entre Prat Long et le refuge du Maupas
Les travailleurs à l'entretien des sentiers
Prat Long et le lac Noir d'où nous venons
A gauche la Tusse et le Pic de Maupas, à droite le pic des Crabioules
Voilà longtemps que nous n'avions pas vu cela
Ce voile de nuages ne quittera plus le refuge jusqu’à 21 heures. La température a fortement chuté. Sieste, puis conversations traditionnelles avec les occupants du refuge, et repas servi à 19h30. Copieux et délicieux, le repas sera vite englouti. Un regard sur les dernières lueurs du jour, et nous partons tous nous coucher en espérant une météo favorable pour ce qui nous attend.
Grand Quayrat (3060m) et Petit Quayrat (2847m)
Derniers rayons pour le pic de Maupas
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 3h30 pour 7,3 km à 2,4 km/h
Dénivelé positif total : 1295m – Dénivelé négatif total : 12m
Point culminant : 2430m
15/08/2022 : Refuge du Maupas – Pic de Boum (3006m) – Arête ouest – Col de Boum – Refuge du Maupas – cabane de la Coume – parking du Lys
Départ nocturne à 5h55. Mer de nuages sous les 2000 mètres, grand beau, froid et venté au-dessus. C’est donc couvert d’une doudoune, de bons gants et bonnet que nous prenons la direction du pic de Boum. Il faut s’élever vers l’est en direction du bâtiment EDF. On passe alors une sorte de col où le pic de Boum devient pour la première fois visible vers le sud. La suite est plus subtile. Il faut louvoyer dans un véritable labyrinthe de dalles et de blocs ; chacun cherchera au mieux son itinéraire. Il y a des cairns, mais en trop grande quantité pour être fiables. Le terrain monte et descend selon les profonds écrasements du terrain laissé par les antiques glaciers. Par endroit cela ressemble à des dolines profondes de plusieurs dizaines de mètres. Il faut pousser la marche jusqu’au pied de l’éperon nord-est qui descend du pic de Boum, pour passer dans le mini cirque formé par le Mail Barrat et le Boum. La voie normale remonte alors le long de l’éperon, proche du vide. Sur la partie haute il faut mettre les mains, et une « porte » ferme l’entrée du pic. Un pas en escalade sera nécessaire pour s’ouvrir le droit de fouler le sommet. Il est 8h35, nous avons mis 2h30.
Apparition du pic de Boum tout à gauche
Lever du jour à l'Est au dessus de la mer de nuages
Pic de Boum si proche visuellement, encore bien loin physiquement
Le sommet enfin, 3006 mètres au dessus de la mer.
Cime sobre, peu de place, pas de totem ni de foule bruyante, un sommet seulement pour initiés. De surcroit, le pic des Boums présente la particularité de se trouver à équidistance du secteur Balaïtous et du secteur Pique d’Estats. Il fait toujours froid, le vent souffle toujours vigoureusement, nous ne trainons pas. On enchaine sur l’arête ouest à 8h50. Le départ de l’arête demande déjà beaucoup d’attention, mais reste sur du très bon rocher granitique. Arrive très vite un rappel sur un anneau de corde. Le départ du rappel est inconfortable, pas adapté pour débutant ! Ce rappel nous fait sortir de l’arête et basculer en versant sud. Nous ne le savons pas encore, mais il sera impossible de revenir sur l’arête. Ce rappel long de 50 mètres nous conduit pratiquement à un nouveau point de rappel sur spit. Le terrain est totalement délité. Le rocher s’effrite comme du sucre. L’arête sur son fil est impraticable, car impossible à protéger, et totalement verticale.
Vue vers le Nord
Etang Bleu et Etang Vert visibles depuis le sommet face au Mont du Lys
Au loin le pic du Midi de Bigorre
La longue arête ouest menant au pic du Maupas
Départ sur granite dans la partie haute de l'arête
Au loin le pic de Perdiguère (3222m) se dévoile légèrement
Nous engageons donc un second rappel sur un terrain croulant. Le rappel était obligatoire car toute glissade entraine une chute dans le vide. Voilà à nouveau 50 mètres de perdus dans la face. Le fil de l’arête s’éloigne. Joël tentera vainement de trouver un passage sur le fil, passage qui n’existe pas. C’est de la recherche d’itinéraire permanente. Cela nous coûte du temps, mais jamais du plaisir. C’est de l’alpinisme à l’état pur, rien d’aseptisé, shoot d‘adrénaline garanti. Il fait très froid durant l’attente, la température avoisine le 0°.
Second rappel sur terrain croulant
Arête Est du Maupas
Le second rappel nous dépose à un nouveau relai, composé de 3 plaquettes et d’une corde effilochée. C’est à 2 mètres d’une falaise totalement verticale. A-t-on suffisamment de longueur de corde pour arriver au bas ? Normalement oui puisque le bout de corde arrive au pied ! Joël s’engage pour un troisième rappel, et me confirme que tout va pour le mieux. Rappel très tendu à cause du vent. Il est 11h45 quand nous sommes au pied de la falaise, versant Valle de Remuñe. Il reste encore un gros morceau, celui de remonter au col de Boum. Mais avant, repas léger et rapide, car le temps presse. L’endroit est d’une beauté brutale. La minéralité est éblouissante ; mais quelle tristesse d’imaginer qu’il y avait encore des glaciers ici il y a 40 ans. Aujourd’hui, il ne reste que la roche polie.
Départ plongeant dans le vide du 3ième rappel
Le col est là, tout proche, mais c’est de l’escalade. Ça tombe bien, nous sommes là pour ça, avec le matériel adapté. Pour autant, le terrain est pourri et ne permet pas de protéger sérieusement l’escalade. L’engagement sera total. Ce col n’est clairement pas pour randonneur, ce n’est pas une porte frontalière à conseiller. Le passage le plus exposé est la sortie au col, heureusement équipée d’une sangle en parfait état. Joël est dans son élément, comme un poisson dans l’eau, ou comme un isard en crête. Je suis heureux de passer cet obstacle en second, un pas de 5 en terrain d’aventure c’est particulier.
La brèche où il faut se rendre
Départ délicat difficile à protéger
Une sangle neuve au relai dans la brèche
Sur notre gauche le pic Perdiguère
La même chose après le recto voici le verso
Depuis le col, nous jugeons raisonnable de prendre la direction du retour, par un 4ième puis un 5ième rappel pour se rendre au pied du col en versant nord. C’est une grosse dalle sans glacier, qui d’ailleurs ne représente plus que quelques lambeaux de glace là où il se meurt. Il est 13h35 lorsque nous sommes au pied du col, versant français. Nous pouvons ranger le matériel d’alpinisme, et reprendre la tenue du randonneur. Cap vers le refuge à travers le labyrinthe. Parfois la ligne droite n’est pas l’itinéraire le plus rapide. Il faut composer avec le terrain et ses spécificités. Nous parvenons au refuge à 15 heures, où nous y prendrons un nouveau repas plus copieux.
Départ du 4ième rappel dans la brèche du col de Boum
Suivre le pli de la roche
Joël au départ du dernier rappel
Il faut ensuite remonter au point haut de la fausse crête
Pic de Maupas et Tusse de Maupas versant Est
Crête du pic des Crabioules au Petit Quayrat
A 15h35, retour vers la vallée par l’itinéraire classique. Le pas léger, nous avalons les nombreux lacets, nous dévalons les prairies, nous galopons dans la forêt de hêtres. Malgré le matériel, les sacs lourds et la course alpine que nous venons de vivre, pas un seul randonneur ne peut suivre la cadence ; c’est grisant. Nous voilà rendus au parking à 17h42, après une descente de 2h07. C’est aussi le retour de la chaleur pesante et étouffante. Une course alpine qui nous appris beaucoup, autant sur la qualité médiocre du terrain, que sur le pic de Boum lui-même, sur toutes ses faces. A refaire en enchainant vers le Maupas. Le temps retenu est celui sans le temps passé à la préparation des rappels.
Lac d'Enfer au bord du refuge
Image insolite où les charognards attendent le faux pas
Trace du circuit :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 8h07 pour 15 km
Dénivelé positif total : 738 m – Dénivelé négatif total : 1903m
Point culminant : 3006m
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