Pic de Maupas depuis la vallée du Lys
27/08/2021 : parking du Lys (1120m) – cabane de la Coume – refuge du Maupas – Tusse de Maupas (2900m) – Pic de Maupas (3109m) – lac Bleu – lac Vert – lac des Graués – cabane de la Coume – parking du Lys
Le pic de Maupas est l’un des sommets majeurs du Luchonnais. Il domine le cirque du Lys par sa masse imposante. C’est un sommet de grande envergure qui impose par son altitude et la longueur de son itinéraire. Pour une fois dans les Pyrénées, l’accès en versant nord est plus accessible que par le sud, d’où il domine la vallée de Remuñe. C’est donc un pic frontalier qui s’offre là à qui ne craint pas le mauvais pas. Je n’ai encore jamais mis les pieds dans ce secteur des Pyrénées, et afin de préserver intact le plaisir de la découverte, je n’ai lu aucun autre topo que celui qui conduit au sommet ; pour le retour, j’improviserai. Départ à 5 heures sous un ciel clair et une température douce. Les conditions sont idéales pour s’élever sur un superbe sentier dépourvu d’obstacle. C’est une autoroute tant la qualité du terrain est parfaite. Chaque carrefour est parfaitement pourvu d’informations pour choisir son itinéraire. La prise de dénivelé est efficace. Il est un peu plus de 6h40 quand je passe tout proche de la cabane de Prat Long, la lumière du jour est à présent suffisante pour éteindre la frontale.
Lever du jour dans le dos
En fond de vallée le point de départ
Il faut s’élever alors sur un terrain nu, le long d’une conduite d’eau forcée. Les pylônes dénaturent un peu le paysage, mais servent de point de repère. Il faut laisser sur la gauche le sentier du lac Vert, puis plus haut, à nouveau laisser sur la gauche le sentier du lac Bleu. Le refuge est alors tout proche. Passer sous la conduite d’eau, cela permet de changer de versant et de découvrir enfin le refuge du Maupas et une vue incroyable sur le cirque des Crabioules. Le sentier me dépose au refuge à 8 heures, à 2430 mètres, en 2h57. Voilà 1300 mètres d’avalés, mais c’était les plus faciles. Grosse pause petit-déjeuner avant de se lancer sur un tout autre terrain.
Refuge du Maupas face au cirque des Crabioules
Gros plan sur le Grand Quayrat à gauche et Petit Quayrat à droite
Première vue sur le pic de Maupas tout au fond
8h25, en avant pour l’acte 2. Un sentier se dessine sur la gauche du refuge et s’élève au dessus du petit lac d’Enfer, invisible depuis le refuge. On ne parle plus de sentier à présent, mais d’itinéraire, car la roche a fait brutalement son apparition au niveau de la cheminée d’équilibre de la conduite d’eau. Le cheminement est assez évident, car il consiste à prendre pour point de mire la Tusse de Maupas. Il faut alors s’élever sur les dalles moutonnées par l’antique glacier. Cela passe partout, même s’il faut parfois lever haut la jambe, où faire quelques détours. La prise de hauteur ouvre déjà un panorama sur un paysage grandiose. J’arrive à 9h43 au sommet de la Tusse de Maupas, après 4h09 d’ascension continue.
Le chemin ? C'est pourtant évident, non !
A ma droite le cirque des Crabioules toujours plus impressionnant
Sommets dans le Couserans
Gros plan sur le versant nord/ouest du pic de Boum
L'arête reliant la Tusse au Maupas
De g à d Crabioules, Lézat, Grand Quayrat
Dans le bleu lointain de l'Est, des connaissances apparaissent
Entre la Catalogne et l'Aragon
Il faut poursuivre le bout d’arête facile jusqu’à la base de la muraille du Maupas. C’est là que se trouverait le mauvais pas qui a donné son nom au sommet. Il s’agit de gradins plus ou moins hauts pour gagner 20 mètres qui séparent de l’arête nord. Après un été à arpenter l’Ariège et notamment le Vicdessos, je n’ai trouvé aucune difficulté notable, autre que l’environnement strictement minéral. Le rocher est exceptionnel, les prises sont saines, pas de piège en apparence. Une fois sur l’arête, il faut alors louvoyer dans un amas de roches colossales, en s’aidant autant des pieds que des mains, et souvent de la tête. Un vent glacial venant de l’ouest du cirque des Crabioules impose de garder une veste fermée, mais le versant est apporte aussitôt une chaleur bien venue. C’est avec ces deux courants d’air antagonistes qu’il faut composer durant tout le final. L’air devient plus rare, le souffle plus court, le plaisir plus grand. Je débouche sur la longue cime à 10h35, pour 4h50 totale d’ascension et 2000 mètres de dénivelé vertical. Premier véritable 3000 de la saison, et un tour d’horizon incomparable.
Tusse de Maupas et l'arête reliant au Maupas
Qui n'a pas rangé sa chambre ? Il faut se faufiler dans ce dédale
Un bout de l'arête parcourue depuis la Tusse
Pic de Maupas 3109m au cas où l'on aurait un doute
Ici, les Pyrénées sont en version XXL, grandioses, imposantes, impressionnantes, fières, fascinantes. C’est de la Haute Montagne majuscule. Et j’ai la chance d’être seul sans même un souffle d’air, la montagne m’accueille avec bienveillance. Il fallait être fou ce matin pour partir face à autant de dénivelé, mais de nos jours, je crois qu’être un peu fou aide à garder l’esprit sain. Mes yeux ne savent où regarder qu’ils en perdent la tête. La suite se raconte en images.
Vue vers l'est sur l'arête menant au pic de Boum
Gros plan sur le massif d'Aneto/Maladeta
Vue vers l'Ouest
Gros plan sur la face nord/est du pic des Gourgs Blancs
Gros plan sur le pic du Midi de Bigorre
Gros plan sur le pic de Néouvielle
Gros plan sur le Vignemale et le glacier d'Ossoue
Après 30 minutes en solitaire où j’ai eu ma ration de plénitude, je quitte le sommet à 11h05. Le retour jusqu’à l’arête entre la Tusse et le Maupas est identique au cheminement de l’aller. Le pseudo mauvais pas est un pas de désescalade sans grande envergure. Je décide alors d’aller en direction du pic de Boum. A partir de 2850 mètres, partir vers l’est en suivant au mieux une courbe de niveau. Seulement la disparition du glacier a laissé place à de nombreuses dalles et un chaos de roches innommable. La marche n’est pas aisée, lente, pénible. Le pic de Boum si proche, ne semble jamais se rapprocher, car une dépression en masque toujours une autre. J’ai perdu 150 mètres de dénivelé en essayant de rester de niveau, c’est dire si le terrain se prête mal à la marche. A 12h22 [6h05], je n’insiste pas plus dans cette direction, et je me pose proche d’un cours d’eau provenant d’un étang apparu après la disparition du glacier de Boum, étang d’ailleurs inconnu sur la carte IGN. Je constate tristement les ravages du réchauffement climatique sur ce qui furent d’imposants glaciers, et ne sont plus à présent que de minuscules névés agonisants. Tout est éphémère en ce bas monde, ne l’oublions jamais !
Vue arrière sur le Maupas et la Tusse
Face nord/ouest du pic de Boum et feu le glacier de Boum
Un étang sans nom à 2750 mètres
Une fois l’estomac plein et les oreilles réchauffées par un soleil bien présent, j’engage la descente à 13 heures. Direction le nord en suivant au mieux les dalles les moins inclinées. Cela conduit à un tombant où se dévoile le lac Bleu. Impossible de s’engager face à la pente, il faut contourner par l’est sur des sentes à moutons, la partie en roche la plus accidentée, jusqu’à trouver une pente d’herbe qui me dépose au lac Bleu. Une sente se poursuit vers le nord, permettant de descendre directement au lac Vert. Seul le passage d’une dalle peut poser quelques difficultés, mais des piquets d’acier plantés dans la dalle sont d’une grande aide. Passage rapide au lac Vert à 14h15, en 7h18.
Partir plein nord jusqu'au "tombant"
Trois brebis isolées dont l'une semble avoir une patte cassée
D'où je viens, le Maupas au centre
Nouveau regard dans le rétroviseur
La pointe du pic de Boum vue depuis le lac Bleu
Lac Vert vu depuis le lac Bleu
Je décide de partir sur ma droite pour élargir la boucle, car le sentier de grande qualité permet de marcher vite. Ayant été seul durant toute la journée, à cet instant je remarque pourquoi. Les lacs sont des destinations privilégiées des campeurs et autres familles, l’état du sentier est là pour en attester. Au niveau de la cabane de la Coume, l’itinéraire est identique à celui du matin. Je découvre à la lumière du jour ce paysage parcouru en nocturne. C’est fait de cascades et de pelouses. Je termine à 15h35, après 8h32 d’une marche jamais pénible, une très belle journée dans le Luchonnais. Je n’ai plus qu’une envie, revenir au plus vite pour découvrir de nouvelles cimes locales qui nous rapprochent un peu plus du ciel. Il est conseillé de passer une nuit au refuge pour rendre plus digeste cette longue ascension. Je voudrais terminer par une citation classique de John Ruskin : "Les Montagnes sont les Cathédrales de la Terre, il faut les respecter et ne pas y monter comme on monte aux mâts de cocagne."
Depuis le sentier le pic de Maupas tout au fond de l'horizon
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 8h32 pour 20,75 km à 2,4 km/h
Dénivelé positif total : 2045 m – Autant en négatif
Point culminant : 3109m
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