Pic Quazemi en boucle depuis Vernet-les-Bains
11/11/2022 : Vernet-les-Bains (666m) – Coll de Llevant – Avet Gros – Morà – Coll de Segalers (2040m) – Roc dels isards (2369m) – Pic Quazemi (2422m) – GR10 – Coll de Segalers – refuge de Bonne Aigue – Vernet-les-Bains
Les départs pour le massif du Canigou depuis la station thermale de Vernet-les-Bains sont très nombreux. J’ai choisi celui qui débouche directement au col de Segallers, sur le GR10. C’est aussi, un itinéraire que je ne connais que partiellement, d’où une nouvelle découverte pour ce massif du Canigou que j’ai déjà tant arpenté. Départ 4h50 sous une lune décroissante. Au niveau du rond-point, à la sortie de Vernet, prendre le sentier dit « du belvédère » sur la gauche, soit rive droite du Cadi. Le sentier monte doucement jusqu’au Pic de l’Alzina, puis perd du dénivelé jusqu’à un croisement. Un départ depuis Casteil serait donc également envisageable. Puis le sentier ondule plus ou moins de niveau jusqu’à parvenir à une fontaine, la Font del bac dels Monjos, totalement à sec. Il faut souhaiter que les moines ne comptent pas sur cette source pour approvisionner les bénitiers. Ce passage au niveau de la source est équipé d’une main courante câblée, vraiment nécessaire pour éviter toute glissade sur des dalles de pierres recouvertes de feuilles sèches. Ce sentier rattrape celui venant de l’abbaye de Saint-Martin du Canigou, au niveau de l’Avet Gros. J’entends d’ailleurs les cloches de l’abbaye, étonnante ambiance où je suis accompagné par le carillon alors que tout porte à croire que la civilisation est éloignée. Nouveau changement de vallon, l’un des nombreux plissements de ce qui compose le sous-bassement de la montagne, et me voilà à l’abri de La Cicerola en 2h18. La pente va à présent se redresser fortement, enfin le dénivelé positif va s’envoler. Je vais croiser quelques isards dans ce sous-bois, ils semblent affolés. Je parviens à l’orri de Moura à 8 heures, après 3h12 de marche continue. Première pause casse-croute. Alors que jusqu’à présent j’étais à l’abri de tout souffle d’air, un vent fou frappe la jasse. Je sais dès lors que cela va se compliquer passablement sur les cimes.
Morá, carrefour des sentiers
Versant Ouest du Roc des Isards
Reprise de la marche à 8h25. Le sentier monte toujours mais de façon plus modérée. Avec le vent de face, je vais même surprendre sur le sentier, un nouvel isard à moins de 10 mètres, qui ne m’aura ni senti ni entendu. Bonne journée l’ami ! Le sentier conduit au col de Segalers, chose faite à 9 heures, en 3h46. Au niveau du col de Segalers, on débouche sur le GR10, que je ne vais pas suivre. L’itinéraire naturel serait de rester sur le sentier et de se rendre au refuge Arago. A la place, je préfère prendre pleine crête en forêt pour quitter le couvert forestier au plus vite, et ouvrir la vue sur les environs.
Col de Segalers, nouveau carrefour pour le GR10
Dans la partie de la crête forestière
Cette large crête que je dois suivre est agréable, à cheval entre le versant du cadi au Sud et le versant des Conques au Nord. Je découvre qu’elle est même occupée par des bovins pendant la saison d’estive. La marche à travers les genets est d’ailleurs facilitée par le travail des vaches qui ont taillé des labyrinthes végétaux. Il ne reste plus qu’à suivre au mieux un fil de crête assez vaste. Le vent joue sa partition et n’aide en rien à la prise de hauteur. Ce cheminement hors sentier me dépose à 9h49, après 4h35, sur le Roc des Isards. Le final est rude, mais l’effort est récompensé par la vue.
Vue vers l'Ouest en direction du Pic de Tres Estelles
De G à D, Pic Quazemi, Quazemi de Dalt, Pic du Canigou
Gros plan sur le profil de la crête Quazemi/Canigou
Vernet-les-Bains sort de l'ombre du Quazemi
Le temps de quelques clichés, et j’enchaine au plus vite vers la cime suivante, le Pic Quazemi. Le terrain est facile, tout en roche, et peu d’inclinaison. Le vent semble s’être renforcé mais cela n’empêche en rien d’atteindre le Pic Quazemi à 10h15, pour une ascension de 4h54 et quelques 1900 mètres de dénivelé positif. Je suis occis par les conditions du jour. Que ce fut dur d’atteindre ce sommet satellite du grand Canigou, dans de telles conditions. Mais j’apprécie à sa juste valeur la vue sur l’arête Quazemi qui mène sur un fil au pic du Canigou. La moralité : “Hijo sin dolor, madre sin amor.” On apprécie ou l’on aime ce qui coûte à obtenir. Trop de vent aujourd’hui. Le seigneur Canigou est fermement gardé par un vent autoritaire, une Tramontane de gala. En d’autres temps, j’aurais eu la prétention de croire que j’eusse pu forcer la cime, mais quand je titube aux rafales incessantes, l’avertissement est assez clair pour ne pas aller jouer là où il ne faut pas. Les 2422 mètres du pic Quazemi seront l’altitude maximale du jour.
Pic du Canigou vu depuis le pic Quazemi
Vernet-les-Bains dans le creux
Pour le retour, j’ai pensé basculer en versant Nord dans les Conques, seulement il y a un paramètre de plus du vent à prendre en considération : une fine pellicule de glace sur les rochers. Impossible de poser le pied sur un rocher sans prendre le risque de glisser lourdement. Même assis ça glisse. Oups ! Demi-tour d’urgence en direction du sud sur des roches sèches. Je parcours un moment la crête en direction de la collada Llarga, puis, au plus évident, je bascule dans la Solana del Quazemi. La partie la plus haute est couverte d’éboulis, puis le terrain se couvre de genets. Je me trouve alors dans le ravin de Mollera Llarga, pratiquement à sec. Sans aucune hésitation, cela conduit sur le sentier du GR10. Direction le Coll de Segalers que je retrouve à 11h53 [6h16]. A midi exactement, et 6h25 de marche matinale, je fais une pause repas sur le GR, le regard tourné vers le Nord/Ouest.
Profil de la crête menant au Roc dels Isards
Très beau versant Est du Roc dels Isards
Même s’il ne reste qu’essentiellement de la descente, la distance est grande avant de retrouver le point de départ. Au moins, sur le GR10, je suis à l’abri du vent, et je vais pouvoir dérouler mes foulées. Le GR reste de niveau jusqu’au col de la Jaça d’en Vernet, puis descend pour perdre doucement du dénivelé. Le sentier passe à l’aplomb du pic du Canigou 860 mètres plus bas. Mais la cime reste et restera toute la journée sous les nuages. Je parviens au refuge de Bonne Aigue à 13h40 et 7h37. Le site est agréable, et la bonne eau à la fontaine coule encore. La température générale est telle qu’il faut se mettre les bras à l’air, 17°C à 1700 mètres pour un 11 novembre, rien ne va plus sur la planète.
Dans le creux, l'abbaye de Saint-Martin du Canigou
Gros plan sur l'abbaye de Saint-Martin du Canigou
Passage dans les Conques, la cime du Canigou restera invisible
La fontaine des Conques à sec
On devine le refuge de Bonne Aigue
Refuge de Bonne Aigue, toujours plein de randonneurs, victime de son accès facile
La bonne eau
Je quitte ici le GR10, pour descendre directement par le sentier PR. La partie en sous-bois jusqu’à la Portella de Dalt dénivèle fort et reste à l’ombre. Mais ensuite, à partir de 1200 mètres, la chaleur est vraiment pénible. La végétation est de type méditerranéen, et l’on ne retrouve pas le couvert végétal de cette altitude dans d’autres lieux Pyrénéens. La marche est efficace, le retour au point de départ a lieu à 15h45, avec un total de 9h28. Cette plaisanterie représente quand même la bagatelle de 2050 mètres de dénivelé. Mais quel plaisir de découvrir ou redécouvrir ce magnifique versant bien différent, de son opposé au sud.
Pic Quazemi vue depuis le refuge de Bonne Aigue
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 9h28 pour 28,5 km à 3 km/h
Dénivelé positif total : 2050 m – Autant en négatif
Point culminant : 2422m
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