Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Tour d’Eyne par le Roc del Boc et le Serrat dels Llosers

28/07/2018 : piste – Bassin d’Aumet – GR10 – Pic d’Orri (2561m) – Roc del Boc (2774m) – Serrat dels Llosers – La Tour d’Eyne (2831m) – Coma d’Infern – vallée de l’Orri – cabane de l’Orri – piste

 

Retour dans la vallée de l’Orri, que j’aime particulièrement dans les Pyrénées-Orientales, et plus précisément sur une belle crête orientée Nord/Sud, qui se termine sur la haute cime de la Tour d’Eyne. J’en connais une partie. La partie la plus complexe de cette crête se rencontre après le Roc del Boc où un rappel est obligatoire. Pour le reste, je ne connais pas encore, il n’y a plus qu’à aller à la découverte.

Départ depuis le passage canadien, sur la piste venant de Prats-Balaguer, à l’aplomb du bassin d’Aumet, à 6 heures exactement. Il faut remonter la vallée de la Riberola jusqu’au pont qui enjambe le torrent. Passage au refuge de l’Orri à 6h40. Je marche en suivant les balises du GR10 pendant 10 minutes après le pont, puis je pars sur ma gauche. Il y a un sentier non balisé qui conduit à la jaça del cortalet.

 

Dans l’axe de la vallée le Pic Rodò

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Pic d'Orri sur ma droite avec le grand couloir d'herbe à suivre

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Jaça del cortalet

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Ensuite c’est droit dans la pente. C’est du brutal sur 350 mètres de verticalité. Dans un premier temps, des genets entravent la marche, puis des herbes de la pampa recouvrent cette partie de montagne. Heureusement, pour casser la monotonie de l’ascension, j’ai le plaisir d’observer quelques cervidés craintifs. La hauteur des herbes me dépasse, c’est impressionnant, c’est surtout éprouvant. Aucun répit ! Par chance, je suis à l’ombre, sinon je serai liquéfié.

 

Quelques biches

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Dans cette verdure oppressante, où quelques sentes d’animaux en courbes de niveau cassent la verticalité, je vais croiser par le plus grand des hasards, un habitant rampant auquel je ne m’attendais pas. Rencontre avec un boa constrictor, heeuuu pas exactement mais une belle couleuvre verte et jaune qui a suffisamment d’envergure pour imposer le respect. Mon sang ne fait qu’un tour quand je réalise que j’allais lui marcher dessus.

 

Qui est le plus surpris ?

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Puis les ultimes mètres se passent sur du gispet, avant de sortir sur la crête. Une première cime est matérialisée par un cairn, mais ce n’est qu’une côte secondaire. La crête qui se présente sous mes pas est vraiment belle, où on a le plaisir de rencontrer tous les niveaux de difficulté intermédiaires, juste ce qu’il faut avant la cotation alpine.

 

En contre bas le bassin d'Aumet d'où je viens

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La silhouette du Canigou entre le pic Gallinàs et pic Redoun

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En avant pour une marche de funambule. Je parviens sur le pic de l’Orri en 8h38. Cette ascension par son versant Est m’aura demandé 2h40, c’est donc un peu plus long que par le versant Ouest gravi en 2016 en 2h16. Avec ses 2561 mètres, il ne s’offre décidément pas d’où que l’on vienne. Je ne fais que passer, car le plus intéressant pour moi ne fait que commencer.

 

Vue vers le Nord depuis le Pic d'Orri

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Vue vers le Sud depuis le Pic d'Orri

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La crête nommée Serrat de les Esques, est un ensemble de pointes qui masquent la suivante. Comme a dit l’illustre G. Véron en d’autres lieux : « Il n’est pas utile de poser les mains si l’on n’oublie pas de poser les pieds ». La marche sur le fil passe sans encombre. On ne rencontre seulement que des pas de II au plus technique. Seule une brèche demande un peu d’attention, mais se négocie facilement.

 

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La brèche, sortie également d'un couloir hivernal

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La partie terminale se passe de commentaire, le sommet est tout proche. C’est un réel plaisir que de fouler pour la seconde fois de mon existence, le sommet du Roc del Boc ou Rocher du Bouc. Chose faite à 9h35, pour 3h25 d’efforts ; le mot n’est pas usurpé. Le panorama sur 360° sur l’ensemble des sommets du département, est une immense récompense. Avec ses 2774 mètres, le Roc del Boc fait partie des sommets majeurs du secteur. Fait rare pour être relevé, il y a une boite aux lettres au sommet, avec un livre d’or, où chacun peut y rédiger un message. Et à la vue des nombreux messages laissés, ce sommet pas si facile au demeurant, reçoit régulièrement de la visite, principalement par les habitants du Sud de la frontière.

 

Le sommet à quelques pas

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Au sommet du Roc del Boc

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La crête à suivre

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Gros plan sur le pic dels Nou Fonts et le pic Rodò

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Je quitte la seconde cime du jour à 9h55, toujours cap vers le Sud. Après 5 minutes arrive une belle dalle qui peut se négocier en désescalade pour les plus aguerris à l’exercice, mais que la raison incitera à utiliser une corde. Je ne suis pas Rostropovitch ni Pablo Casals, mais je vais jouer une partition de soliste au Violoncelle, et j’aurai même droit à mon rappel. Rappel donc sur deux plaquettes. Il est 9h28 quand j’en termine avec le rappel. Puis je rejoins sans difficulté un large col herbeux caractéristique.

 

Le rappel du Violoncelle d'où l'on distingue les plaquettes

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Dalle très esthétique du Violoncelle

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Dans mon dos le sommet du Roc del Boc s'éloigne

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Gros plan

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A la côte 2662 mètres, on peut facilement basculer dans l’une des deux vallées parallèles, selon d’où l’on vient, pour éviter les obstacles à venir. Ici commence le dernier tronçon des difficultés. Il s’agit du Serrat dels Llosers. Un ensemble de tours fracturées. Changement d’ambiance ! Terrain très péteux, c'est-à-dire croulant, sur une roche claire et délitée en forte pente. Rester sur le fil est impossible. Il faut passer versant Orri. Si je perds l’adhérence, il faudra parler de moi au passé ! Ce passage n’est guère plus long que 50 mètres, mais on respire un grand coup une fois sorti d’affaire. Puis il faut contourner le dernier petit bastion rocheux par le versant Planés. Terrain toujours pourri, mais nettement moins exposé. Je vais baliser mon passage, ça pourra toujours servir. Cela mène immanquablement au pied de la Tour d’Eyne.

 

Tour d'Eyne au fond et col 2662

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Serrat dels Llosers au premier plan et face Nord de la Tour d'Eyne

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Moment de solitude face à un mur de dalles. Mais ce ne sont que des passages en III maxi. Il n’y a finalement que deux terrasses de dalles à escalader, et l’on quitte le mur minéral, pour feinter sur la gauche, par un mur végétal. Néanmoins ce dernier est facile, semblable à un escalier de verdure, il conduit sans faillir exactement sur la cime de la Tour d’Eyne. 11h37, en-fin ! Cela m’aura demandé 5h05. Le plaisir que j’éprouve en foulant la cime, est proportionnel aux efforts déployés pour l’atteindre. Coiffée d’un piolet et d’une croix, la Tour d’Eyne fait partie des rares sommets culminant à plus de 2800 mètres (2831m) dans le Haut-Conflent, compris sur le chainon Canigou-Puigmal. On peut l’aborder facilement en venant du Cambre d’Ase, mais cela lui enlève un peu de son prestige, que lui confère son impressionnante face Nord. La vue est à peine différente du sommet précédent, juste plus étendue vers le Sud. On y voit par exemple la Sierra de Cadi, le Puigmal et une partie de la haute Cerdagne. Le vent d’Ouest souffle, il est froid. Comme une constante en cette saison, des cumulus se développent préparant les orages qui s’abattront en milieu de journée ; la pause doit être courte. Plus de 5 heures pour s’offrir ce moment éphémère de 15 minutes, seul et comblé. Ainsi va la loi de la montagne.

 

Au pied des dalles

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Dans mon dos les difficultés sont passées

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L'ultime mur de verdure

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Du sommet de la Tour d’Eyne vue sur le Roc del Boc

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Vue sur le versant Sud du Cambre d'Ase et la Cerdagne

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Vue sur le Nou Fonts et la crête frontière

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11h55, je poursuis cette chevauchée jusqu’au col entre la Tour et le Pic d’Eyne. Retour par la Coma d’Infern. Nom étonnant pour ce vallon suspendu qui n’a pourtant rien d’infernal. Bien au contraire, c’est un vallon de verdure où il n’y a aucun pierrier à traverser, aucune pente raide, aucun névé tardif ; de plus le pic de l’Infern est bien trop loin vers l’Est pour donner son nom ici. Nous avons affaire là à une anomalie de dénomination.

 

La crête du Roc del Boc au Serrat dels Llosers, et la coma d'Infern

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Un sentier se dessine d’abord sur un terrain caillouteux et meuble, puis se poursuit sur la pelouse où vivent les immanquables marmottes. On peut admirer les nombreux rognons rocheux de couleur claire du Serrat dels Llosers. Et de la base de ceux-ci d’où je me trouve, il est bien difficile d’imaginer le moindre passage fréquentable. C’est ici, à 12h35, que je me pose pour le repas. Déjà 5h45 que j’arpente ce secteur. L’étang non permanent porté sur la carte, a déjà disparu en ce milieu d’été ; soit il y fait très chaud, soit le sol a tout absorbé. Je penche pour la seconde hypothèse.

 

A l'heure du repas je ne suis pas seul

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Un mâle mouflon étrangement solitaire

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Courte pause néanmoins, car la chaleur excessive à l’abri du vent cette fois, annonce des orages imminents. 12h55 il faut repartir. C’est à présent sur un sentier balisé que se déroule le retour de cette boucle en partie aérienne. Il faut suivre le torrent, qui apporte un peu de fraicheur. La différence majeure avec la vallée parallèle de la Carança, c’est qu’ici on perd ou on prend du dénivelé régulièrement, selon le sens dans lequel on marche ; chaque pas est valorisé par un gain. La boucle se referme au franchissement du pont en retrouvant le GR10.

 

Il n'y a plus qu'à ce laisser glisser en suivant le torrent

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C’est tout naturellement que je termine ce beau périple à 14h17, conclu en 7h08. Voilà un circuit qui vous récompensera par trois sommets au caractère bien différents, et gratifient toujours d’une vue lointaine. Pour le rappel du Violoncelle, une corde de 40 mètres suffit. Seule la vallée de l’Orri est fréquentée, pour de multiples raisons, mais pour le reste, c’est la solitude garantie.

 

Fichier GPX à télécharger

 

Tracé du jour sur carte IGN 1/25000

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Les chiffres de la journée :

Temps de marche total 7h08 pour 19,4 km à 3,1 km/h

Dénivelé positif total : 1560 m – Autant en négatif

Point culminant : 2831m



04/08/2018
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