Etape 1 : Pont de Ressec – Refugi de Colomèrs
Samedi 20 août 2022
Etape 1 : Pont de Ressec (1403m) – GR11 – Lac de Seslósses – Montardo (2833m) – Port de Caldes (2572m) – Refugi de Colomèrs (2135m)
Préambule : Nous arrivons dans l’obscurité sur le parking qui sera le point de départ de cette boucle, afin de passer la nuit sous tente. Un marché médiéval dans le cœur du village d’Arties, à l’entrée de la vallée, nous a posé des problèmes pour pénétrer dans cette dernière, d’où l’arrivée nocturne. La nuit sera très fraîche, seulement 8°C au réveil, alors qu’il faisait encore 35°C à Carcassonne lorsque nous avons pris la route 12 heures plus tôt. Choc thermique mais salutaire !
Point de départ. Nous apprendrons dans 7 jours que c'est un parking privé interdit, mais aucune information ne le mentionne.
Levés à 7 heures pétantes, le temps de ranger le bivouac et de nous alimenter, qu’il est 8h30 quand nous débutons enfin la marche. L’étape du jour doit nous conduire au refuge de Colomèrs, mais en passant par la cime du Montardo, par un itinéraire plutôt confidentiel. Cela signifie découvrir le versant le plus austère et intime du Montardo, beaucoup moins parcouru que la voie habituelle passant par l’étang de la Restanca. Nous suivons la piste par l’itinéraire du GR11 qui remonte la vallée du Rencules. Nous marchons d’un bon pas dans la fraîcheur de l’ombre de ce versant Ouest. Nous parcourons la piste forestière jusqu’à son terminus. Nous avons mis 1h30 ; on trouve à cet endroit les vestiges d’un départ de funiculaire datant de la réalisation des travaux hydro-électriques réalisés dans les années 40. Sans informations concrètes, nous passons beaucoup de temps à chercher un sentier sur notre droite qui n’existe pas. C’est donc hors sentier que nous partons à la recherche de l’Estanh de Seslósses. Nous découvrirons plus tard qu’il aurait fallu rester encore un peu sur le GR11 avant de changer d’itinéraire. Cette « légère » erreur de lecture de carte nous jette dans une végétation dense sur un terrain tourmenté. Le hasard nous met sur la dépouille d’un chevreuil. Après une bonne lecture du terrain, nous finissons par le retrouver un peu plus haut vers 2000 mètres. Le chemin n’est jamais difficile, mais parfois est peu évident dans les zones très rocailleuses, héritage d’une nature glaciaire exceptionnelle. Ce sentier est parfaitement cairné jusqu’à l’étang. Durant ce moment de hors sentier, nous aurons le plaisir de profiter grandement de framboises sauvages délicieuses ; cela récompense notre entêtement à sortir des sentiers battus.
L'une des aiguilles de Montardo
La montée à l’étang demande parfois de poser les mains, mais cela reste bien balisé par de nombreux cairns. Il faudra s’élever dans un canyon sans eau. Ce spectaculaire cirque rocheux peut faire douter d’une possibilité de passage pour franchir cet obstacle, mais cela passe pourtant sans difficulté. Nous sortons à un petit col herbeux qui domine l’étang. Nous parvenons alors sur la berge de l’Estanh de Seslósses perché à 2160 mètres, à 10h55, après 2h30. L’endroit ne manque pas de charme, situé dans le cirque de Montardo. Ce solitaire recoin réunit tous les ingrédients d’un lac glaciaire de haute montagne. Petite pause contemplative et désaltérante, et nous repartons vers l’est après avoir traversé le déversoir.
Passage qui mène dans un canyon
La vallée d'où nous venons avec au loin le Maubermé
Lac de Seslósses et Tuc de la Ribereta
La suite va se faire sans pratiquement aucun cairn. Il faut alors une bonne dose de découverte pour s’aventurer dans ce terrain décomposé, d’autant que la cime du Montardo ne se voit jamais. Malgré la présence de quelques cairns épars, le cheminement impose de faire des détours pour s’élever entre pelouses et dalles calcaires. Nous observons des isards qui nous narguent sur les crêtes. En s’élevant trop à l’Est sur ces gradins en direction des isards, nous venons buter sur la Serra de Sauvadies. Cela interdit tout passage dans le barranco (canyon) de Montardo, même si les isards trouvent la possibilité de nous fausser compagnie dans ce terrain improbable. Il va falloir trouver le point de faiblesse dans la partie la plus haute des crêtes Sud. Il faut mettre le cap vers le S/W et à 12h30, juchés à 2450 mètres, nous faisons une halte repos repas. La chaleur à ce moment de la journée est écrasante, et trouver de l’ombre est indispensable pour apprécier ce moment de détente.
Le Montardo apparait enfin depuis la Serra de Sauvadies
Gros plan sur deux sommets qui ne sont pas sur la frontière
13h25, nous repartons. Toujours par un système de gradins successifs, nous nous élevons en trouvant quelques rares cairns. La trace GPS aura été bien utile pour se jouer de ce labyrinthe d’altitude. L’inclinaison de la pente décroit lorsque l’on atteint un premier laquet de taille réduite, plus une mare sans profondeur, qu’un véritable étang ; d’ailleurs, ce dernier est totalement à sec. Le second un peu plus haut se meurt également. Ce sont les Basses de Montardo. C’est précisément à partir des Basses de Montardo, que l’on voit pour la première fois tout le parcours final de la pyramide du Montardo. Ainsi, nous avançons à vue en direction de la cime, sur un terrain tantôt rocailleux, tantôt sablonneux, avec des intervalles d’herbe, sur le bord de la Serra de Sauvadies. Nous parvenons ainsi au sommet du Montardo à 14h17, après 4h46 d’ascension. Nous trouvons beaucoup de monde sur place où qui ascensionnent encore la voie normale. Notre itinéraire est à coup sur une ascension solitaire vers un sommet pourtant très fréquenté. La cime du Montardo est réputée pour être l’un des plus spectaculaires belvédères du Val d’Aran, sinon le plus beau. En effet, la météo parfaite du jour nous offre une vue grandiose sur toute la région. Le regard plonge dans le Vall d’Arties au Nord, d’où nous venons. Nous assistons à un lâcher d’eau depuis le Lac de Mar vers l’Estanh de la Restanca. Il manque une grande quantité d’eau partout dans les retenues d’eau, et le glacier lointain de l’Aneto vit certainement sa dernière saison.
La cime du Montardo est visible mais il y a encore du chemin
Panorama vers l'Ouest avec le Lac de Mar en premier plan
Barrage de la Restanca en bas de l'image
Massif d'Aneto à gauche, massif du Luchonnais à droite
Gros plan sur le massif du Luchonnais
Très loin vers le Nord/Ouest le pic de Néouvielle
Massif de la Punta Alta au Sud et l'Estany des Monges
Gros plan sur le Pic de l'Estany de Contraix
Gros plan sur le massif de la Pique d'Estats
Après avoir bien profité du panorama et s’être imprégnés des cimes locales que l’on connait déjà ou à découvrir, paysage que l’on va côtoyer dans les jours prochains, nous quittons le point culminant de la journée à 14h40. Descente en versant Sud pour raccrocher le GR11 qui coïncide avec le Carros de Foc. Les prochains efforts à venir seront pour le Port de Caldes. Franchir ce col dans ce sens Ouest/est n’a rien d’exceptionnel, mais nous faisons quand même une halte au pied à l’Estany del Port de Caldes pour se réhydrater, tant la chaleur est écrasante. Le Port de Caldes est franchi à 16h07 après 6h03 de marche. Il ne reste que de la descente pour parvenir au terme de cette première étape. Le panneau au col annonce le refuge en 2 heures. Le sentier ne permet pas d’avancer vite, mais nous parvenons au refuge de Colomèrs à 17h15, pour un total de marche effective de 7 heures. La descente aura finalement pris une heure.
Estany del Port de Caldes et Port de Caldes
Estany des Mangades avec vue au loin sur le massif des Besiberris
Pic de Montardo en bout de crète
Commence alors le rituel des refuges. Douche froide pour moi, 5 minutes payantes d’eau chaude pour Yannick. La « caña de clara » traditionnelle, composée cette fois manuellement d’une bière et d’un Schweppes limon viendra parfaire cette première journée réussie. Le repas est extrêmement bruyant avec plus de 50 personnes dans le comedor ; c’est autant pénible que fatiguant. Les refuges du parc ont un tel succès qu’il est vain d’espérer y trouver le repos. Pourtant le repas est de qualité, composé d’un bouillon de vermicelles, suivi d’un plat de lentilles, d’une salade composée, puis d’un poisson marin, et pour finir par un flan à la vanille. ¡Qué rico! Coucher à 21 heures en dortoir, pour un lever prévu à 5 heures, car nous avons finement négocié un desayuno muy temprano, seulement pour nous deux. Cela nous laisse 8 heures théoriques de sommeil.
Lac Major de Colomèrs vu depuis le refuge
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 7h00 pour 16,42 km à 2,3 km/h
Dénivelé positif total : 1624 m – Dénivelé négatif total : 897 m
Altitude maxi : 2833 m - Altitude mini : 1367 m
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