Etape 2 : Refugi de Colomèrs – Refugi d’Amitges
Dimanche 21 août 2022
Etape 2 : Refugi de Colomèrs (2135m) – Estanh Gelat – Gran Tuc de Colomèrs (2933m) – Estanhs deth Cap de Colomèrs – Estanh Obago – Port de Ratera (2594m) – Refugi d’Amitges (2365m)
L’étape du jour consiste à rallier le refuge d’Amitges en passant si possible par la cime du Tuc Gran Colomèrs, l’un des très nombreux « 2900 » du parc national. Debout à 5 heures après une nuit chaude, comme prévu, le petit-déjeuner nous attend. C’est un vrai plaisir de se préparer dans le calme. Nous démarrons à 6h10 alors que le jour n’est pas encore levé. Nous suivons dès le départ le balisage du Port de Colomèrs qui part vers le Sud dans le cirque éponyme. Le cirque lacustre d’origine glaciaire de Colomèrs, situé au versant Nord de la chaine axiale, se trouve en Val d’Aran. Le versant Sud de la crête de Colomèrs domine directement la vallée d’Aigüestortes et le refuge d’Estany Llong de 1000 mètres de haut. Le nom du secteur est celui de l’ingénieur de Tarbes Charles Colomèrs qui, dès l’année 1838, a exploré cette partie des Pyrénées. Le cirque de Colomèrs constitue un exemple caractéristique de l’érosion glaciaire dont résultent d’innombrables lacs après le retrait de la glace. En effet, nous allons d’un étang à un autre, de toutes tailles, de toutes formes. Le balisage est parfait, le terrain n’est pas trop agressif, et le dénivelé faible. Mais tout cela changera ! Le jour se lève à pas feutrés et nous éteignons les lampes pour profiter de la plus belle lumière de la journée. Nous allons d’une traite jusqu’à l’Estanh Gelat sous le Tuc de Pódo en 1h41.
Suivre le Cóth de Pódo
Une vache se prenant pour un isard
Là où nous allons
Creu de Colomèrs 2895m plein centre
Tuc de Lluçá 2778m sur notre droite à l'Ouest
Gran Tuc de Colomèrs à gauche, Tuc Blanc à droite depuis l’Estanh Gelat
Tuc de Pódo depuis l’Estanh Gelat
Nous voilà au carrefour où l’on peut envisager l’ascension du Gran tuc de Colomèrs ou l’éviter par le col de Pódo. Après une longue observation de cette face nord décomposée, nous choisissons l’ascension de cet imposant sommet qui trône au centre du cirque qui porte son nom. Il doit y avoir une faiblesse dans la muraille ! A cet instant, ce sera totalement hors sentier, en terrain typé haute-montagne. Des isards nous ouvrent la voie, semblant nous appeler ; mais évoluer dans des blocs granitiques de plusieurs dizaines de tonnes pour des bipèdes maladroits que nous sommes, cela demande plus de temps et d’attention que les caprins locaux. Nous avons une carte avec une indication d’itinéraire qui doit être vaguement fréquenté. Sur le terrain, quelques cairns nous rassurent sur la bonne lecture de l’itinéraire que nous avons envisagé. Un couloir monte derrière l’Aiguille de Gran Tuc, face au sommet principal. Nous remontons ce couloir pour arriver dans une brèche, mais impossible d’aller plus haut. Une dalle se dresse sur la face Nord. Il faut se rendre à l’évidence que nous sommes dans une impasse ! Nous parvenons à ce point à 9 heures. il est difficile de renoncer à ce moment de la journée, alors je cherche durant 30 minutes une solution qui n’existe pas à cet endroit. Trop de questions sans réponses, alors dans le doute, demi-tour.
L’Estanh Gelat vue vers l'aval
Gros plan par delà le Port de Caldes
Suivez le guide !
Estanh deth Cap de Colomèrs
Nous monterons derrière l'aiguille
Etang sans nom sous le Tuc Blanc
Montée du couloir menant à la base de l'Aiguille
L'aiguille vue 30 mètres plus haut, Yannick est au pied dos à la dalle
Refuge et barrage de Colomèrs
Retour à la base de l’aiguille où nous trouvons de nouveaux cairns au pied d’un nouveau couloir caché plus à l’ouest. Nous suivons précautionneusement ces cairns qui nous élèvent dans ce couloir fortement vertical. La grimpette est sévère, totalement avec les pieds et les mains, de l’escalade continue et soutenue. Cette cheminée sort sur la crête à l’Ouest de la cime du Gran Tuc. A présent c’est un peu plus simple à suivre, mais il y a encore une brèche sur cette crête, profonde de 30 mètres. Attentif à toute forme de balisage, nous apercevons un cairn en contre bas de la crête, puis un autre, qui permettent d’éviter le piège de la brèche. Le terrain reste malgré tout croulant et fortement incliné, à ne pratiquer que par conditions sèches. Peu à peu, les difficultés s’estompent et à 11h20, nous pouvons admirer tout le cirque depuis le faîte du plus haut sommet local, culminant à 2933 mètres. Il ne s’offre pas, il faut une certaine pugnacité pour en venir à bout, ce qui valide un certain niveau de compétence en terrain hostile. Repas obligatoire à ce moment de la journée. Il y a même du réseau 4G. Le pique-nique fourni par le refuge est copieux.
Vue vers le Nord/Ouest
La cime protégée par une profonde brèche que l'on devine à peine ici
Cirque de Colomèrs
Nous sommes au coeur du cirque de Colomèrs
Au premier plan le Tuc de Ratera versant Sud/Ouest
Vue vers l'Est
Après avoir observé le terrain et comparé à la carte, nous convenons l’aller au plus simple, même si cela ne semble pas être le plus court. Assez de tension nerveuse pour la journée ! A 12h10, nous repartons en versant S/E puis sur la crête Est, pour basculer à nouveau par un couloir croulant mais sans danger potentiel, dans le cirque de Colomèrs. Partout le terrain est croulant, mais c’est la constante locale au dessus de 2500 mètres. Par une traversée dans un champ de blocs, nous parvenons à l’Estanh supérieur deth Cap de Colomèrs ; voilà la partie la plus critique passée. La suite de l’itinéraire n’est qu’un jeu de lecture de terrain pour se faufiler entre les petits étangs, avec comme point de mire le lac Obago. Nous devons franchir le Port de Ratera, encore invisible depuis où nous nous trouvons, masqué par le versant Ouest du Tuc de Ratèra et ses contreforts. La solution serait de se rendre jusqu’au lac Obago et retrouver le GR11 au prix d’une perte de dénivelé que nous ne voulons pas. En suivant judicieusement une courbe de niveau, nous parvenons à passer derrière le pilier Nord du Tuc de Ratèra, limitant ainsi la perte de dénivelé, si bien que lorsque nous parvenons à raccrocher le GR11, il reste moins de 100 mètres à gravir pour traverser le Port de Ratèra. Ce sera fait à 15 heures en 6h30. Pause goûter au col pendant 20 minutes pour se détendre, la fin de l’étape est proche. Juste sous le col, le sentier des Carros de Foc quitte le GR11 pour se rendre d’une traite au refuge d’Amitges. Nous arrivons au refuge à 16h20, soit une heure après le col. Nous bouclons l’étape en 7h30.
Versant Nord du Gran Tuc de Colomèrs et le couloir emprunté
Le Tuc de Ratera qu'il nous faut contourner
Sur le GR11 sous le Port de Ratera
Encore 45 minutes avant la fin de l'étape
Estany del Port de Ratera
Cette arrivée plutôt tôt nous permet de prendre une douche chaude pour 2€ mais eau chaude raisonnablement illimitée, lessive et écriture. On trouve du wifi gratuit et une grappe de chargeurs pour Smartphones à disposition. Le monde moderne à 2365 mètres, est-ce une bonne chose ou une calamité ? Le monde a changé d’ère, c’est certain. Le confort est indéniable, mais c’est à nouveau un refuge de grande capacité, donc bruyant. L’accueil est au top, avec de nombreux conseils pour l’étape du lendemain. Le repas servi à 19 heures se compose d’une soupe de légumes, puis d’un mélange de pâtes aux champignons, haricots, tomates, noix ; un plat très copieux. Et arrive ensuite une délicieuse joue de porc dont on regrette qu’il n’y en ait pas deux ; de postre un fruit pour terminer ce repas réparateur. Coucher à 20h30, la nuit sera chaude et peu confortable.
Les Aigulles d'Amitges vues depuis le refuge
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 7h30 pour 15 km à 2 km/h
Dénivelé positif total : 1106 m – Dénivelé négatif total : 884 m
Altitude maxi : 2933 m - Altitude mini : 2135 m
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