Pech de Bugarach depuis Caudiès-de-Fenouillèdes par la voie de la fenêtre
20/03/2021 : Caudiès-de-Fenouillèdes – GR36 – Malabrac – bergerie de la Couillade – voie de la fenêtre – Pech de Bugarach (1230m) – crête Est – col de Péchines (867m) – GR36 sentier cathare – Ravin de Missaut – Caudiès-de-Fenouillèdes
Pour rendre une nouvelle visite au point culminant des Corbières, j’ai choisi une façon originale qui débute dans les Pyrénées-Orientales. C’est la voie par le sud. Cela doit permettre de faire une longue boucle entre Fenouillèdes et Corbières en empruntant largement le sentier Cathare. Les conditions météo sont mauvaises depuis plusieurs jours, et elles doivent le rester durant tout le week-end. Il a même neigé à basse altitude. Il fait 3°C à cet instant de la journée. Alors le Pech de Bugarach sera-t-il une valeur sûre ? Yannick, Karine et sa fille Nina, se joignent à moi pour cette virée Cathare. Nous tournerons dans le sens des aiguilles d’une montre. Départ à 9h10 depuis l’office du tourisme de Caudiès-de-Fenouillèdes, direction le Nord, en suivant les balises blanches et rouges du GR36. Au niveau du pont tourner à gauche, poursuivre sur la route D9, puis tourner à droite à travers vignes.
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Il va falloir passer cette barrière calcaire
Le sentier apparait au bout des vignes pour s’élever brusquement dans un joli bois de buis. Le vent soufflant N/NW, nous sommes pour l’heure bien à l’abri, mais cela ne durera pas. La prise de hauteur est l’occasion de voir sous un autre angle la plaine de Caudiès. Le sentier franchit un col sans vraiment s’en rendre compte. A niveau d’un aven, la neige a fait son apparition de façon continue, mais en faible quantité.
Puis en forêt de chênes et buis
Qui a parlé de printemps ?
Route forestière proche de la bergerie de Malabrac
Le sentier se poursuit alors à découvert, tout en prenant toujours doucement de l’altitude. Mais à découvert, nous prenons cette fois les rafales d’un vent glacial qui est bien décidé de mener la vie dure aux intrépides randonneurs qui sont de sortie. Le sentier passe un nouveau col proche de la bergerie de la Couillade, pour suivre la variante nord du sentier Cathare. Cela nous mène au pied du Pech à 11h50, pour engager l’ascension par l’originale voie de la fenêtre. Voilà 2h40 que l’on marche.
Le Pech a une allure inquiétante
Surprenant paysage d'hiver pour un 20 mars
Il faut 1h30 pour accéder au pic par cette voie. Nous avalons de l’énergie en barre et c’est parti pour une directissime. Malgré un vent bien présent, nous ne sommes pas totalement en prise directe à ses rafales. L’ascension se passe sans difficulté autre que la présence de plus en plus importante de la neige. A partir de 1000 mètres, c’est plus de 15 centimètres qui recouvrent le massif. Ce paysage de haute montagne parait tellement décalé avec l’endroit, que cela galvanise l’équipe. Et puis du vent au Bugarach, quoi de plus normal ! Le passage de la fenêtre se fera par la vire à la gauche du trou, car le gel interdit toute escalade. Et comme nous le pressentions, plus rien n’arrête à cet instant la violence du vent.
Les escarpements du versant Sud
Le plus technique reste à faire
Saisissante sensation de froid
Ce n'est pas tous les jours que l'on voit ça au Bugarach
Un coin de bleu dans tout ce blanc
Un peu plus de 130 mètres de dénivelé à monter pour atteindre la cime, cela n’effraie personne. Impossible de parler, la voix est aussitôt emportée dans le lointain. Malgré parfois plus de 25 centimètres de poudre compacte, nous parvenons sur le point culminant à 13h13, après 1h15 de montée depuis le pied [3h54]. L’enthousiasme de tous aura eu raison du vent en délire. Malgré une vue ouverte sur 360°, nous ne pouvons rester sur place. Les rafales se succèdent sans relâche, comme des vagues incessantes sur un rivage. -1,5°C au sommet, avec le windchill cela donne un -10° bien mordant. En ce premier jour de printemps, l’hiver n’a jamais été aussi présent. Impossible de rester immobile sans se faire secouer, il faut fuir, vite. Retour arrière immédiat au niveau du piquet signalant le sentier de la crête Est.
Etrange ambiance à 10 mètres du sommet
Vue vers l'Est sur la crête que nous voulons suivre
L'équipe au complet
Nous croisons un homme qui arrive de la crête Est. Il ne nous fournit pas des informations rassurantes, mais il semble en état de choc face aux difficultés du jour. Nous convenons d’un commun accord que nous serons plus à l’abri du vent en marchant vers l’Est. C’est parti sur l’itinéraire certainement le plus technique que l’on puisse trouver ici. Après un court passage sur une vire, on se trouve face à un mur de 4 mètres en III sup mais tout en neige, exposé au vide sur la droite. C’est le passage le plus délicat, à négocier avec la plus grande prudence. Il y a une plaquette pour poser une corde. Puis un second passage presque aussi haut avec 2 bonnes mains en II sup. Là encore se trouve une plaquette. Enfin un troisième mur moins haut passe relativement bien, encore en II sup. Arrivent ensuite 2 goulets avec une corde fixe à demeure, très utile par ce jour de terrain glissant. Il reste un ultime passage aérien pour enfin poser les pieds bien à plat en forêt. 14h30 fin de la crête technique en 5h07. Il est grand temps de manger solidement. Il est préférable, si l’on peut, d’affronter ces 6 difficultés à la montée. Il y a plaquettes et pitons à chaque passage technique.
Le pic vu au départ de la crête
Au bord du premier escarpement d'où l'on peut voir le sentier plus bas en forêt
A l’abri du vent en sous-bois, nous nous restaurons malgré le froid général. Rouquilles du Vallespir vont accompagner richement un café chaud. 15h15 il faut enchainer, couvre-feu oblige. Il ne reste plus que de la descente à cet instant. Lorsque nous passons au col de Péchines à 15h50 [5h40], il ne reste quasiment plus de neige. Il faut suivre le GR jusqu’à la ruine de Campeau, puis quitter le GR pour un balisage jaune. Un étonnant sentier très propre suit un cours d’eau actuellement à sec. La marche s’accélère et les intempéries du pic sont vite oubliées.
Vue sur le versant Est du sommet
Le pic vu depuis le col de Péchines
En quittant le GR après Campeau
Le sentier rattrape le GR au niveau d’une piste. Nous ne quitterons plus le sentier Cathare jusqu’au point de départ. Fin de cette boucle parfaite à 17h30, pour un total de 7h21 de marche, dans des conditions très particulières. Ce fut un régal d’affronter de telles conditions avec des partenaires toujours souriants et volontaires. Le Pech de Bugarach est aux « 2000 », ce que l’Aconcagua est aux « 8000 », c'est-à-dire un « petit » 2000 qu’il ne faut pas prendre à la légère, avec son vent redoutable et ses pièges météorologiques. C’est certainement l’itinéraire le plus complet qu’il m’ait été donné de parcourir au Bugarach. Autre point à relever, le dénivelé positif est supérieur à l’altitude maximale de la boucle.
Trace du jour sur carte IGN 1/25000
La journée en chiffres :
Dénivelé positif total : 1265 m – Autant en négatif
Temps de marche 7h21 pour 19,8 km à 2,7 km/h
Point culminant 1230m
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