Roc de France depuis Amélie-les-Bains
11/02/2018 : Amélie-les-Bains – can Felix – Coll del Ric (958m) – Roc de France (1450m) – collada de Sant Marti – Coll Cerda (1057m) – Moulin Serradou – Montalba – pont de Riubanys – Amélie-les-Bains
Les Albères, premier bastion des Pyrénées depuis la Méditerranée, étirent depuis le rivage de la grande bleue une longue crête dentelée sur la frontière franco-espagnole. C’est dans la vallée du Vallespir que l’on trouve les éminences les plus hautes, notamment le roc de Frausa, ou roc de France. Culminant à plus de 1400 mètres il en est la plus haute cime. Sa modeste altitude ne doit pas faire oublier que son ascension est une véritable randonnée avec plus de 1000 mètres de dénivelé, en grande partie en forêt. En partant à 220m depuis la station thermale d’Amélie-les-Bains, nous avons affaire à une randonnée de grande envergure. L’itinéraire de la montée est directement repris d’un ancien topo guide du CAF édité en 1979. Le temps de montée en été est de 3h30.
Etant natif d’Amélie-les-Bains, j’ai eu quelques fois l’occasion de gravir le Roc de France depuis Montalba dans mon enfance, mais jamais en partant de la station thermale. Un objectif qui me tenait à cœur. Yannick va m’accompagner dans ce périple hivernal. La météo du jour est maussade, il pleut depuis le lever du jour. Mais nous allons appliquer ce vieux adage qui a fait ses preuves : «La pluie du matin n’arrête pas le pèlerin ». Yannick m’annonce d’entrée que nous allons rencontrer la neige de façon abondante. Trop confiant, je ne prends pas cette information au sérieux ; la suite va lui donner raison. Le départ se situe au niveau du rond-point à l’entrée de la ville. Il faut suivre les balises bleues à partir du grand parking sur la gauche. Nous débutons cette journée à 7h40. Le sentier prend de la hauteur de façon brutale. Nous évoluons en forêt donc la pluie fine ne nous dérange pas. A la première intersection, prendre immédiatement le sentier de gauche en quittant les balises bleues et en suivant les balises jaunes.
Amélie-les-Bains
Point de vue plongeant
La pluie tombe par intermittence mais semble cesser au fur et à mesure que l’on prend de la hauteur. Notre persévérance est payante. Le sentier est propre, la marche est facile. Le premier obstacle sera le contournement du mas Can Felix et ses dépendances. Il faut bien suivre les balises et même s'il arrive qu'on les perde comme dans notre cas, suivre la clôture de la propriété à main gauche.
Le Roc Saint Sauveur sur notre droite
La présence de la neige ne fait que commencer
Autre point de vue sur le majestueux Roc St Sauveur
Montalba d'Amélie dans le creux
La pluie a cessé mais la neige au sol est bien présente, effaçant par endroit la présence du sentier. Laisser à main droite la ruine La Garrigue pour prendre de la hauteur sur la gauche. On est surpris par l’état de la toiture, pratiquement comme neuve, de cette grange en ruine. L’état général ne demande qu’à s’écrouler. On dirait que le toit seul ait été restauré.
Pour parvenons au col del Ric à 10h31, après 2h50. Le col ne culmine qu'à 958 mètres, et pourtant l’épaisseur de neige dépasse déjà la hauteur des chaussures. Le sentier s’élève en suivant l’arête du Puig de la Porrassa, puis bascule doucement sous le sommet versant Ouest-Sud/Ouest.
Col del Ric
Vue sur le Roc St Sauveur depuis le col del Ric
Yannick ayant un genou en délicatesse, je fais une trace sur le bon sentier. En arrivant au croisement avec le GR10 et notre itinéraire, la neige atteint la hauteur de la moitié du tibia. Je n’avais pas cru utile d’apporter les raquettes, quelle erreur ! Heureusement Yannick a des guêtres à me prêter, que j’enfile aussitôt. Je poursuis la trace. Le sommet n’est plus très loin, moins de 200 mètres de dénivelé et il est 11h20. La hauteur de neige est de plus en plus importante et sans raquettes l’épreuve de force commence. Heureusement pour nous, le froid sur l’ensemble du corps reste supportable et le vent ne souffle pas en forêt. Par contre, le froid aux pieds commence à devenir insupportable. Au sortir du sous-bois, la couche de poudreuse dépasse par endroit les 70 cm, et je m’enfonce à mi-cuisse. Je n’avais jamais vu autant de neige ces 20 dernières années à cette altitude, dans le Vallespir.
Nous arrivons sous un bastion rocheux que l’on laisse sur notre droite, pour marcher un peu vers l’Est jusqu’au bastion rocheux suivant. Avec cette profondeur de neige, aller plus loin n’a pas de sens, donc nous nous hissons sur cette éminence, exactement sur la frontière. Quel plaisir d’arriver enfin à destination dans de telles conditions. Il est 12h20, les estomacs crient famine. Cette ascension nous aura demandé 4h37 d’efforts biens réels. Mais finalement qu’une heure de plus qu’en version estivale. On tient la forme.
Une autre cime plus à l'Est pour le Roc de France
Depuis le sommet, la baie de Rosas et le lac de Darnius
Autre cime plus à l'Ouest
Il ne reste plus qu’à trouver un abri contre le vent glacial qui vient du Nord. Ce sera en versant Espagnol que nous trouverons ce répit. C’est parti pour une heure de pause face au lac de Darnius. C’est le seul repos de la matinée. Les nuages vont et viennent nous privant d’un panorama encore plus grandiose, mais ils nous épargnent de la pluie, c’est déjà ça. Nous ne reviendrons pas sur nos pas pour le retour. A 13h22 nous repartons pour la seconde partie de cette boucle en Vallespir. C’est sur un itinéraire connu que nous évoluons à présent. En effet, nous suivrons les balises rouges et blanches du GR10 jusqu’à Montalba. Il y a encore une heure de marche dans la poudreuse profonde, mais en descente, ce n’est plus vraiment un problème ; c’est même plaisant. Il ne manque qu’une luge pour dévaler la hêtraie après la collada de Sant Marti.
Une partie du GR10 qui ne voit pas souvent la neige
Carrefour à la collada de Sant Marti
Yannick en action
Gros plan sur le pyramidal et lointain Costabonne
Le Roc Saint Sauveur a des allures de petit Cervin
Nous parvenons au col Cerda à 14h32, avec 5h45 de marche dans les jambes. La neige est nettement moins profonde, mais il reste encore 800 mètres de dénivelé à perdre, et beaucoup de distance. Au passage du moulin en ruine de Serradou, la neige a pratiquement disparu. On enchaine en restant sur le GR10 jusqu’à hameau de Montalba.
Montalba d'Amélie
Nous abandonnons le GR10 au niveau du parking du hameau, pour suivre un petit sentier balisé en jaune qui descend efficacement. Cela débouche sur la route D53 au niveau du pont de Riubanys où il faut remonter sur la droite un peu de goudron jusqu’au premier virage en lacet. On trouve là la suite du sentier qui s’enfonce alors dans la forêt de chênes verts. Le sentier va évoluer un long moment en balcon, en dominant les gorges du torrent le Mondony.
Les hauts sommets du Vallespir culminent à plus de 2700m, au centre le cirque du Riuferrer
La perte de dénivelé est faible sur cette partie du parcours. Ce sentier débouche au premier carrefour rencontré de bon matin, là où un panneau indique Le Drapeau. C’est la fin de la boucle. Il ne reste plus qu’à descendre jusqu’au point de départ. Nous terminons à 17 heures cette longue journée hivernale avec 8h06 de marche dont plus de 3h30 dans la neige. De quoi laisser des souvenirs lactiques dans les jambes et un flot d’images dans la tête. Pour ceux qui voudraient gravir le Roc France autrement, je conseille de partir de Montalba et d’effectuer une boucle plus courte en passant par le très accueillant écogite Moulin de la Palette.
Tracé du jour sur carte IGN 1/25000
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 8h06 pour 22,1 km à 2,8 km/h
Dénivelé positif total : 1508 m – Autant en négatif
Point culminant : 1450m
Autres itinéraires possibles :
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