Puig dels Tres Vents et Puig del Roc Nègre depuis Leca
27/07/2024 : Leca (905m) – Abri de la Devesa – Tres Vents d’Avalls (2183m) – Puig dels Tres Vents (2731m) – Portella de Leca (2594m) – Puig del Roc Nègre (2714m) – Puig Gallinás (2461m) – Cincreus – Coll d’en Cé – Leca
Le Puig de Tres Vents est incontestablement le seigneur du Vallespir, sommet phare par excellence, puisque visible de toute part dans la vallée du Tech. Culminant à 2731 mètres au-dessus de la mer, il est le second sommet par l’altitude dans le massif du Canigou, et pourtant il ne jouit pas de la même renommée de son grand frère Canigó, pour notre plus grand plaisir. Cela vient certainement de ses accès toujours longs et jamais aseptisés. D’où qu’on aborde ses flancs, il faudra se frotter à un dénivelé important sur un terrain souvent hors sentier, ce qui fait de ce sommet un pur plaisir pour qui aime encore « la montagne à l’ancienne ». Il s’agit d’une course classique du Vallespir avec l’enchainement du proche voisin el Roc Nègre et un long retour en crête.
Le départ du jour sera au hameau de Léca sous les 1000 mètres en compagnie de Corinne et Yannick. Nous passons la passerelle au niveau du parking à 7h05 pour s’élever efficacement dans une belle hêtraie. La fraicheur du sous-bois est appréciable ce qui permet de prendre vite de la hauteur sans transpirer. A la côte 1231m, suivre la direction de La Devesa.
Le soleil perce avec douceur l'épais feuillage
Le sentier est un modèle de régularité
Le sentier coupe le ravin du Cortal Triador où coule un ruisseau encore bien en eau. C’est en changeant de versant que nous allons faire une belle cueillette de cèpes et girolles qui va nous faire perdre un peu de temps, mais que l’on appréciera une fois préparés dans l’assiette, quelques heures plus tard. Puis le sentier traverse une zone où les hêtres sont remarquables par la densité des branches ainsi que la circonférence des troncs. C’est à découvrir tant la nature peut créer des œuvres remarquables. Puis le sentier débouche enfin à 1642 mètres à la clairière de la Devesa. Nous poussons la marche jusqu’à la cabane nous rafraichir à la fontaine locale. Il est 9h25, nous avons mis 2h20. Le temps de grignoter un peu, se « crémer » beaucoup, et nous repartons en quête de la Collada Llisa où la nature va nous opposer de la résistance.
Premier bolet du jour
Cabane de la Devesa en vue et Collada Llisa
La Collada Llisa est le col directement visible au-dessus de la cabane de la Devesa. Il serait vain de penser que l’on peut monter directement au col en ligne droite. Ici la végétation est trop dense, les genêts trop hauts, le rhododendron trop agressif. Entre les sentes de vaches et les sentiers des chasseurs menant à des postes de chasse, nous allons perdre une heure à chercher le sentier indispensable, pour monter avec aisance au col. Le sentier débute exactement à l’arrière du refuge, mais n’est pas clairement indiqué. A partir du col à 1992 mètres, tout devient plus évident, toute crête cap vers le haut.
Puig Roja à gauche vu depuis la Collada Llisa
Une sente se dessine par endroit, ainsi qu’un léger balisage. La pente se cabre, le soleil brule, le souffle s’accélère tandis que les foulées réduisent. Pas après pas une première bosse est franchie, il s’agit du Tres Vents d’Avall. La crête est richement fleurie ce qui détourne l’esprit de l’inclinaison du terrain et participe à s’élever sans trop subir la pente. La particularité de cette ascension est qu’une bosse en chasse une autre. Un fort vent du sud vient nous bousculer, rappelant s’il le fallait le nom de cette cime au trois vents. Même les rois des airs, les vautours fauves, ont du mal à prendre les ascendances dans les nombreuses turbulences aériennes. Pour nous, la partie la plus raide consiste à atteindre la côte 2658 coiffée d’un grand cairn, car la suite pour atteindre le point culminant n’est alors qu’une formalité. Nous parvenons au sommet à 13h15 en 5h30. Il s’agit du point culminant du jour, donc le repas sera pris sur place en terrasse, mais à l’abri du vent turbulent et de l’intense soleil brulant.
Nous évoluons dans un parterre de fleurs
Quelques cairns pour se rendre tout au bout du bout de la crête
Ce n'est pas encore le point culminant, mais certainement la rampe la plus rude
Versant Sud/Ouest du Puig Gallinás
Depuis le sommet du Tres Vents le versant sud du Canigó s'offre à nos regards
Après une longue pause indispensable, nous repartons à 14h35. Nous mettons le cap sur la portella de Leca, col séparant les deux cimes jumelles qui se font face. Même si le terrain a une apparence austère et encombré de roches, un sentier se dessine astucieusement, toujours sur le versant Ouest de cette fine crête, donc côté gorgs du Cadí. Nous passons à 15h08 à la portella de Leca en 6h02 avec un long regard vers le Vallespir, comme à travers une fenêtre ayant une taille hors norme. Puis l’arête remonte doucement en direction de la seconde cime. Cette fois il faut rester sous l’arête en versant Est donc côté Plans du Canigou. L’usage des mains est parfois utile mais jamais complexe, un régal pour s’initier au toucher du terrain. Nous posons les pieds sur le Puig del Roc Nègre à 15h35 après 6h30 d’ascension. C’est la seconde fois cette année qu’avec Corinne nous parvenons sur cette rude cime par deux itinéraires totalement différents. Nous pouvons voir l’agitation sur le sommet du proche Canigó alors que nous sommes seuls pour pratiquement le même point de vue.
Les Gorgs de Cadí, trois petits étangs
Un peu de recherche d'itinéraire au milieu des blocs
Vue vers l'Est depuis la Porteilla de Leca
Montée finale vers le Puig del Roc Nègre
Versant nord du Puig dels Tres Vents
Toujours ce singulier versant sud du Canigó
La longue vallée supérieure de la Lentilla sur notre gauche
Courte halte et nous enchainerons rapidement car nous n’avons parcouru que la moitié de l’itinéraire. Même si l’essentiel de ce qui nous attend est de la descente, ce sera long et parfois fastidieux. La crête perd du dénivelé mais passe par de nombreux points hauts. Nous n’avons pas la force de les gravir et pour avancer plus vite nous empruntons un facile sentier qui lisse le profil. Pourtant, au niveau du Pla de les Eugues, il y a 90 mètres à gravir que l’on ne peut éviter. Ce sera une formalité. Voilà un troisième sommet parcouru à 17h07 pour 7h46. Il reste encore quelques 1550 mètres de dénivelé à perdre à cet instant.
Serra del Roc nègre menant au Puig Gallinás
Une partie de la crête parcourue dans notre dos
Poursuite de la descente jusqu’à la cime du Cincreus où nous nous posons un instant pour reprendre des forces et analyser la suite de l’itinéraire. Cela consiste à se rendre à la jasse des Roquetes, puis rattraper la sentier GRP Tour du Canigou. Une sente et quelques cairns, ainsi que de nombreuses bouses aident à se rendre au Roquetes où se trouvent vaches et chevaux. Nous allons lever par inadvertance une famille de lagopède et leurs petits, ainsi qu’une marmotte peu farouche à moins de 2 mètres. La suite se fera au GPS, car nous n’avons pas trouvé le moindre sentier sur un terrain qui recèle de nombreux pièges. La végétation est dense, par endroit impénétrable avec des fougères arborescentes, ou des barres rocheuses insoupçonnées, sans parler des nombreux arbres morts jonchant le sol. Péniblement nous trouvons le GR, mais nous y laisserons un temps précieux. Le GR est totalement indispensable pour évoluer dans cette forêt tropicale catalane. Nous parvenons enfin au coll d’en Cé exactement à la verticale de notre point de départ, mais une longue piste reste encore à être parcouru.
Le pré des Roquetes où nous allons, au second plan La Soca
Un point important avec un antique balisage, mais pas de sentier
Coll d'en Cé, carrefour pour se rendre soit à Batère soit au Faig
Il s’agit de la route forestière qui monte au Faig, dans un état très dégradée. Pour nous, c’est direction le bas. La foulée s’allonge pour écourter la fin de journée, mais c’est encore très long. Pourtant, malgré la fatigue générale, un peu de lassitude et les heures de marche déjà parcourues, cela n’altère en rien la bonne humeur générale. C’est quand même avec un grand plaisir que nous en terminons à 21h13 et pas moins de 11h13 de marche effective. Les pieds mâchés, les jambes un peu lourdes, mais la tête pleine d’images et des champignons dans le sac, ce parcours ne nous a ni déçu et même gâté. Chanceux d’avoir encore l’énergie pour faire un tel circuit avec une équipe au top et pas un randonneur sur tout le circuit.
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 11h13 pour 29,1 km à 2,6 km/h
Dénivelé positif total : 2222 m – Autant en négatif
Point culminant : 2731m
A découvrir aussi
- Roc de France depuis Reynès
- Pic Gallinasse en hivernale
- Cabane de la Devèse par la vallée du Riuferrer
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 328 autres membres