Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Bony d'Envalira - couloir Nord gauche (AD inf)

29/01/2020 : Grau Roig – couloir Nord Gauche – Bony d’Envalira (2645m) – retour station

 

Retour en Andorre, après un épisode neigeux important. Grau Roig est un point de départ idéal pour réaliser un couloir dans la matinée, sur le Bony d’Envalira par exemple. C’est l’un des meilleurs ratio approche/couloir que l’on peut trouver. Le Bony d’Envalira propose quelques couloirs de niveau de difficultés variés. Je pars à la découverte de l’un des couloirs Nord. Départ à 8h30, par -3°C avec une légère brise. Le Bony est la canine bien identifiable à l’arrière de l’hôtel. L’approche s’effectue à vue, en coupant quelques pistes de ski. En quittant le domaine skiable, les raquettes ou skis sont nécessaires, la portance est médiocre. Je me présente au pied des couloirs à 9h10, pour seulement 40 minutes d’échauffement. Quand je disais que le ratio était intéressant !

 

Le Bony d'Envalira au petit jour

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Pic Blanc d'Envalira et un bout de crête menant au Pic Négre d'Envalira
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Le cône déjection commun aux deux couloirs Nord
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Le temps de m’équiper, et je me lance dans le cône de déjection à 9h27. La neige ne porte absolument pas. A chaque pas, la jambe s’enfonce jusqu’au genou. Le couloir n’est pas tracé, le chantier commence. Tous les 4 pas, je dois temporiser pour retrouver le souffle. Le cône parait interminable, et voilà qu’un vent puissant se lève. Le froid me prend aux pieds, pas de doute, un couloir en hiver, c’est quelque chose de bien différent du même au printemps. Je compte sur l’entrée dans le couloir pour m’abriter du vent et trouver de la portance, mais hélas je n’aurai ni l’un ni l’autre.

 

Les deux couloirs N, gauche et droite

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Gros plan sur le couloir N gauche
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Le cône n'en finit pas
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L'entrée du couloir dévoile la forme ombilicale
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Je nage alors dans cette poudre qui demande un déploiement d’énergie insensé. Le couloir n’est pas bien long, à peine plus de 100 mètres, mais quel chantier ! C’est comme un entrainement de fractionnés en course à pied ; ce n’est pas long mais ça épuise vite. Tout le contraire de l’endurance. Le couloir est très esthétique et forme un ombilic depuis lequel on aperçoit la sortie. La pente se redresse sur la partie haute. Durant le dernier tiers, la neige porte enfin, sans pour autant être gelée.

 

Dans le couloir

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La sortie approche

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Vue de dos

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Je me présente confiant face au « mur » de sortie. Quand je me penche sur l’avant, le casque touche la neige, c’est dire le degré d’inclinaison. Ce passage ne représente seulement que 5 mètres de haut sans corniche, je pense déjà que c’est gagné. Or la neige ne porte plus. Quand je prends appui sur la jambe droite déjà enfoncée jusqu’au genou, je disparais totalement jusqu’au bassin. Pas terrible ! Je me déporte sur la droite, nouvelle déconvenue. Décalage à gauche, pas mieux, et me voilà dans une tranchée enneigé jusqu’à la taille. Un rapide état des lieux me montre un rocher qui affleure la neige au-dessus de mon épaule gauche. Me viennent à l’esprit quelques citations de Paulo Coelho.

 

« Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d’aller de l’avant. ».

« Il n’y a qu’une façon d’apprendre, c’est par l’action ».

 

Le passage clé est là, à portée de crampons et piolets. Il faut retirer la neige pour dégager la roche et avoir des appuis fermes. Cinq pas avec ancrage des piolets seront nécessaires pour franchir l’obstacle. Le dernier pas me dépose sur l’arête faîtière. Je sors du couloir à 10h50 pour 2h04 depuis la station. Un vent puissant me pousse à poursuivre la marche.

 

La sortie tout juste visible

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Ça penche fort !
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Le couloir vu de haut
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Le bout d'arête à prendre à gauche en sortant du couloir
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Panorama à la sortie du couloir (cliquer sur l'image pour agrandir)
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Il ne reste plus qu’à suivre l’arête vers le Sud, en évitant les obstacles par la droite, ou en suivant le fil qui reste encore l’accès le plus sûr. Je parviens au point culminant à 11h04 [2h17]. Malgré le vent, je m’accorde un plaisir visuel gagné durement, ainsi qu’un café bien chaud. La vue n’est pas la plus spectaculaire du secteur, car ce sommet n'est pas le plus haut, et se trouve à l’écart de la frontière, mais il est un bon belvédère sur l’ensemble du cirque des Pessons.

 

Le chantier de sortie vu de haut

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Gros plan sur le passage retors
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La facile arête terminale
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Vue vers l'Est depuis le sommet
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Vue vers le Nord depuis le sommet
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Le vent trop présent m’incite à prendre rapidement la direction du retour. A 11h25 je poursuis l’arête vers le Sud jusqu’à parvenir à un col. Attention à la présence de corniches sur la gauche, prêtes à se rompre à la moindre vibration. Je bascule à la hâte dans le vallon du cirque des Colells sur ma droite. C’est entièrement blanc, un rêve pour skieur. Je coupe un reste d’avalanche à la base de l’éperon du Bony, ce qui coïncide avec les premiers arbres. La neige nécessite alors l’usage des raquettes pour finir la marche jusqu’à la station de ski. Fin d’une belle matinée d’hiver à 12h40, pour seulement 3h12 d’efforts, mais intenses.

 

L'arête menant au col de la descente

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Cap sur la station de ski

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Les couloirs sont bien visibles depuis la route
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Tracé du jour :

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Les chiffres de la journée :

Temps de marche total 3h12 pour 5,5 km

Temps du couloir : 1h24

Dénivelé positif total : 555m – Autant en négatif

Point culminant : 2645m

 



30/01/2020
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