Bourbourou et Pic d’Espaillat en boucle depuis Le Castelet
17/05/2025 : Le Castelet (666m) – GRP – Bourbourou (2021m) – Campalou (2132m) – Pic d’Espaillat (2263m) – Etang d’Embizon – Pont du Ressec – Granges de la vallée de Savignac – Savignac-les-Ormeaux – Le Castelet
Il y a des sommets à qui l’on ne prête que peu d’attention, parce que pas assez haut, parce que sans réputation, parce qu’un départ très bas ne suscitant pas l’envie, et que l’on finit par gravir un peu par hasard, à la faveur d’une préparation d’examen médical à venir de façon imminente qui n’incite pas à rester enfermé. Voilà donc la petite histoire de cette boucle qui trouve son point de départ au village Le Castelet en Haute-Ariège. Altitude 666 mètres, le chiffre de l’antéchrist pour les superstitieux, altitude du point de départ de la boucle pour les autres. Mise en action à 6h55 depuis la forge où il est bien difficile de trouver une place de parking. Après le passage sous la voie rapide, le GR débute ici sur une route forestière idéale pour commencer la marche sans que la pente ne soit trop raide. Puis il se convertit bien vite en un sentier qui va prendre brutalement de la hauteur par de nombreux lacets très serrés. La montée se déroule en versant nord, donc à l’ombre, donc au froid, mais c’est idéal pour se réchauffer dans cette pente bien raide. Au détour du sentier, une source coule en abondance, un cadeau du ciel pour celui qui emprunte ce sentier un après-midi d’été. Puis le sentier passe par la cabane de Bisort où coule le ruisseau Tessoula. Je ne fais que passer après 1h10 ; je suis surpris de trouver une cabane en forêt pouvant accueillir seulement une personne. A qui et à quoi peut-elle servir ?
Départ du sentier après être passé sous la voie rapide
Au moins un fan du plantigrade en Ariège
Source proche de la cabane de Bisort
La pente a un peu faibli ce qui permet de donner plus de rythme. La forêt de hêtres est magnifique, une forêt de rêves. A part le chant des oiseaux j’ai l’impression d’être seul, mais au bruit du feuillage qui bruisse, j’entends bien qu’un chevreuil ou une biche s’enfuit avant que je ne puisse le surprendre. La forêt est un lieu habité, à chacun qui ne fait que passer de le respecter sans déranger. En sortant de la forêt, le sentier débouche immédiatement dans une petite jasse à la cabane de Tessoula. Elle peut recevoir une personne, deux si l’on ne craint pas la promiscuité. La jasse est minuscule et se trouve sur une tourbière où vient naitre le ruisseau de Tessoula. Il est alors 8h35, et pour moi j’y parviens en 1h40. Et la prise de hauteur se poursuit inlassablement jusqu’à parvenir à 9 heures, après 2h05, à la cabane du Mouscadou, une nouvelle cabane ayant le même volume minuscule que la première. Par contre, la vue, depuis ce balcon, est tout simplement exceptionnelle, notamment sur le versant sud du massif de Tabe en regardant vers le nord, ainsi que les cimes du Donezan en portant le regard vers l’est. C’est un endroit où l’on y séjournerait volontiers.
Cabane de Tessoula
Proche de la cabane du Mouscadou
Vue vers le sud sur le massif de Tabe
A travers la pelouse et les genets, le sentier s’insinue pour toujours prendre plus de hauteur, mais cette fois la pente est nettement moins prononcée, or la cabane n’est qu’à 1700 mètres ; il reste encore 300 mètres à gravir pour parvenir au premier point haut environnant. L’on s’engouffre à nouveau dans la hêtraie. Le sentier, parfaitement balisé de rouge et de jaune conduit à la cabane Bretounels après 2h40. Il est alors 9h35. C’est un chapelet de cabanes que l’on égraine depuis le fond de vallée. Dans celle-ci, il y a une partie pour le berger et une autre pour les randonneurs. Cette jasse a tout l’air d’un carrefour où la vue là encore, est vraiment immense. L’eau est présente de toutes parts, je me pose un instant pour une brève collation.
Cabane Bretounels
Partie de gauche pour randonneurs
A cette altitude, les hêtres ont cédé la place aux pins à crochets, et le sol est une immense éponge gorgée d’eau. C’est en évitant de marcher trop souvent dans l’eau que je vais m’écarter du sentier. Rien de très pénalisant, mais la cime du Bourbourou est totalement invisible tant que l’on ne sort pas totalement du couvert végétal. Cap à l’est pour atteindre ce plateau informe. Le Bourbourou ressemble à une bouse molle immense sans réel point haut significatif. Mais quel belvédère ! Je viens de m’envoyer là un « 1410 mètres » de dénivelé positif sans répit. Il est 10h24, pour une ascension de 3h18. Tour d’horizon à présent, et tour du plateau pour en apprécier toute sa superficie.
Droit devant la cime du Bourbourou
Gros plan sur la cime du Mont Valier
Gros plan sur les sommets dominant la vallée du Najar
Marche facile ensuite sur le sarrat de Campalou. C’est long mais sans difficulté, même la faible inclinaison de la pente est ennuyeuse. Cime du Campalou 11h10 et 3h57. Une cabane fermée à clef et cadenas trône sur ce nouveau plateau d’altitude. Une cabane sans eau à proximité cela pose question. Le Campalou est à mi-chemin entre le Bourbourou et l’Espaillat. Poursuite de la marche sur cette agréable crête où il ne ferait pas bon de se retrouver là par temps de brouillard. Pic d’Espaillat à 11h42 pour 4h24. Le panorama est toujours aussi ouvert sur 360°. Cette cime surplombe l’étang d’Embizon et son petit cirque glaciaire où il va falloir de rendre. Mais pour le moment, il est temps de profiter de la vue et d’un repas, sous un soleil écrasant.
Le Bourbourou dans mon dos
Vue en direction du pic d'Espaillat
Plein centre le Pic d'Espaillat
Cirque de l'étang d'Embizon
Gros plan sur l'étang d'Embizon
Vue sur les sommets du plat de la Peyre dans l'Aston
Vue vers l'ouest dans le Vicdessos
Vue vers le sud/est
Gros plan vers le sud/est
Les Pérics pointent leurs cimes
Il est 12h30 lorsque je quitte la cime avec l’objectif de me rendre à l’étang d’Embizon, mais rien d’évident pour plonger sur sa berge. Cela parait impossible. Mais il est possible que l’impossible soit possible. Comprenne qui pourra, moi je m’engage. « L’impossible est un possible qui n’a simplement pas encore eu lieu ». Steve Crawshaw. Juste après la côte 2276 mètres, un couloir d’herbe s’impose comme une évidence, pas une barre rocheuse, pas de pierrier, pas de neige. Descente donc rapide et sans encombre pour se rendre au bord du petit étang. Pour la suite, c’est en observant la carte que j’imagine sortir de ce petit cirque glaciaire vraiment confidentiel. Il y a 2 cabanes proches de l’étang, un véritable village ici, mais où est le sentier. Il y a bien quelques bouses sèches qui trahissent la présence de bovidés en saison estivale, mais point de sentier évident, tout au plus des vagues sentes. L’idée générale va consister à suivre le ruisseau.
Autre plan sur le couloir herbeux
Dans la partie la plus haute, le ruisseau est insignifiant donc facile à suivre, mais en perdant du dénivelé, la végétation devient plus présente, plus envahissante, plus haute. Un sentier se dessine puis disparait pour réapparaitre plus loin et disparaitre à nouveau. On trouve de-ci de-là un cairn aux endroits les plus évidents. Il faut un peu de flair pour naviguer dans cette jungle ariégeoise. La meilleure façon de se faufiler dans cette pampa consiste à rester proche du cours d’eau en rive droite ; c'est le fil d'Ariane. Lorsque le sentier entre en forêt ce n’est pas mieux. Le ruisseau des Pradels dans cette partie s’est converti en un puissant torrent qui a creusé une gorge dans un terrain rocheux. A la première occasion, je change de rive où le sous-bois semble plus praticable. Si c’est moins encombré de bois mort, il n’y a pas plus de sentier. Par le plus grand des hasards, je parviens à un captage d’eau avec une canalisation. Je fais le choix de suivre la conduite d’eau qui court à l’horizontale, ou presque. C’est le choix gagnant qui amène à la maison EDF de Savignac, et donc dans la vallée du Najar. Enfin un sentier évident et balisé.
De dos les Pic de Baune et Pic de Lauzate
L'omni présence des Pic de Baune et Pic de Lauzate
Il faut se faufiler dans ce terrain végétal typiquement local
Toujours pas de sentier proche de la jasse de Berdoulas
Captage sur le ruisseau des Pradels
Complexe de vannes appartenant à EDF
A présent, je suis en terrain connu pour avoir déjà parcouru ce vallon. Il ne reste plus qu’à suivre les balises jaunes et le beau sentier. Mais la vallée est longue, interminable. Je parviens aux granges de la vallée de Savignac à 15h40, après 7h39 et un peu plus de 27 km. J’avoue avoir eu à cet instant un coup de fatigue, mais il faut encore plonger plus bas. Le plus direct est aussi le plus monotone, suivre la route goudronnée jusqu’à Savignac-les-Ormeaux. On rattrape alors le GRP qui va me conduire au point de départ à 17h07. Fin d’une boucle de presque 9 heures. Jusqu’aux granges, je n’ai croisé aucun bipède de la famille de l’homo-erectus, mais pas plus d’isard, de marmotte ou de chevreuil. Décidément un sacré secteur sauvage, qui pourtant, doit résonner des cloches du bétail lorsque s’installera l’été. De très beaux belvédères que l’on doit encore plus apprécier après une nuit en cabane.
Vallée du Najar avec la Pyramide de Lherbés dans le fond
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 8h52 pour 34,5 km à 3,8 km/h
Dénivelé positif total : 1810 m – Autant en négatif
Point culminant : 2263m
Autres randonnées dans ce secteur :
Pic de l’Etang Rébenty par la vallée du Najar
Pic de l’Etang Rébenty depuis Bazerque
A découvrir aussi
- Puig de la Cometa d’Espagne – couloir NW « Paco Pipo » (AD sup)
- Pic de l’Etang Rébenty depuis Bazerque
- Périple aux Pic Péric par l'arête N/W et Pic de la Grande Porteille depuis le Fanguil
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 340 autres membres