Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Cambre d’Ase par le couloir du Gigolo (AD sup)

06/12/2013 : station d’Eyne – pied du cirque – couloir du Gigolo – grande cheminée – station d’Eyne

 

Quoi de mieux pour débuter la saison hivernale 2013-2014 par un couloir au Cambre d’Ase ! Ce cirque glaciaire est un spot idéal pour cela, car il y a un choix de couloirs assez exceptionnel pour un seul sommet. Il y en a pour tous les niveaux. J’avais fait la découverte du célèbre Vermicelle au mois de février, cette fois je vais me frotter au fameux Gigolo.

Je suis accompagné par une partenaire pleine d’expérience et de sagesse, en la personne de Laurence. Pour l’expérience, elle a réalisé son 100ième couloir au Cambre d’ Ase depuis peu, et pour la sagesse, elle sait combien l’approche peut fatiguer prématurément. De plus, le cône de déjection du Gigolo est horriblement long, donc elle me conseille dés le départ, de ne pas partir trop vite.

Nous quittons le parking de la station d’Eyne à 8h35, jour d’ouverture de la saison soit dit en passant, et en avant sur la première piste bien damée. Nous progressons tous les 2 en raquettes, sans difficulté. On abandonne rapidement les pistes, pour prendre à droite en forêt. Cette fois, les traces sont à faire ; je passe devant et Laurence emboite mes pas.

 

Laurence en forêt

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Cette mise en jambe nous aura bien réchauffée. Il nous faudra 1h50 pour se rendre au pied du cirque du Cambre d’Ase.

 

Cirque du Cambre d'Ase, le couloir du Gigolo est de suite à droite de la grande cheminée

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Gros plan sur le couloir du jour

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Nous faisons une pause à 10h25 au pied du cône de déjection. Nous quittons ici les raquettes et les bâtons, et nous chaussons crampons et piolets. Nous repartons 15 minutes plus tard. Le plus long à présent consiste à remonter l’interminable et épuisant cône de déjection.

 

Le cône à remonter

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La neige ne nous porte pas vraiment. Laurence débute cette remontée et je suis derrière confortablement. Puis c’est à mon tour de passer devant, et je me rends compte immédiatement combien il est épuisant de faire une trace dans cette semoule. Il faut s’aider des bras pour éviter de reculer.

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Sans le savoir, je vais laisser beaucoup d’énergie dans cette portion d’approche. Laurence me relai une dernière fois et nous entrons dans le Gigolo. Le passage se trouve sur notre gauche.

 

Entrée du Gigolo

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La neige est abondante et l’entame du couloir se passe sans difficulté technique. Puis arrive un ressaut en mixte. Laurence me précise qu’en condition normale, ce rocher est recouvert entièrement de neige. On s’encorde, et l’on utilise la plaquette en place pour s’assurer. Laurence se lance donc dans la résolution du problème. Après plusieurs tentatives, et après avoir bien détruit la semoule sous nos pieds, il faut se rendre à l’évidence : ça ne passera pas par ici aujourd’hui.

 

Le passage infranchissable

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Nouvelle tentative sur la gauche. Cette fois, dans une position peu académique, Laurence va se jouer de cette difficulté. Elle remonte plus haut pour se sécuriser et c’est à mon tour de franchir l’obstacle. Un bon ancrage de piolet à gauche, un bon appui du pied droit puis gauche, et hop, ça c’est fait.

 

Obstacle une fois franchit

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On poursuit en corde tendue jusqu’au ressaut suivant. Moins complexe, ce passage va être franchi plus rapidement. Le couloir ondule parfois sur la gauche pour revenir sur la droite, ce qui lui donne un côté ludique, et casse la monotonie. Nouveau passage en roche, et nouvelle complexité qu’il faut résoudre grâce à quelques coinceurs qu’avait pris Laurence, au cas où. Et le cas où, c’est ici ! Il faut se battre un peu pour sortir de ce nouveau passage.

 

Laurence à la manœuvre

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La sortie du couloir se rapproche à grands pas, car nous trouvons une neige de meilleure qualité.

 

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Une partie du  couloir que l'on vient de parcourir

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Nouveau ressaut en mixte

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Puis, il faut enjamber une grosse accumulation, que l’on traverse en roulant dessus. La corde nous aura bien sécurisé là encore. Une dernière difficulté se dresse devant nous, à quelques mètres seulement de la sortie. Je passe devant cette fois. C’est moins technique que le premier passage mixte, alors je vais le franchir en force.

 

Le passage se fait en opposition

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Bien caler sur mes crampons, il faut passer en opposition. Je mets beaucoup d’énergie pour me redresser et je passe. Seulement je viens de vider ma batterie interne, et je me sens complètement vidé. Je monte jusqu’au point de relais, je fixe une sangle et je m’effondre sur la neige. Je n’ai plus d’énergie. Je suis au bord de la perte de connaissance. Laurence, un peu plus bas, me rassure, m'encourage, en attendant son tour. Son expérience va ici, donner sa pleine mesure. J’ingurgite à la hâte, une compote, une dose de sucre en poudre, mais ça passe mal. L’eau dans la gourde est pleine de cristaux de glace, rien de bon pour m’aider à surmonter cette faiblesse. Une fois le relais en place, je donne le top départ à Laurence, qui ne tarde pas à me rejoindre. Je n’ai pas récupéré, comme ko. Même le chocolat et les biscuits de Laurence ont du mal à passer dans l’œsophage. Il est temps que ça se termine. Je reste vacher à la sangle, pendant que Laurence finit par sortir au soleil, sur la cime.

 

Au bord du KO, le Gigolo vient de me donner une leçon

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La sortie, que nous choisissons à gauche, ne présente aucune difficulté. Laurence va m’aider en me hissant au sommet. C’est fait ! Le Cambre d’Ase, par le couloir du Gigolo pas vraiment en condition, vient d’être vaincu à 13h10. Quel plaisir de se réchauffer. La bise est de rigueur, tant le plaisir est grand d’être venu à bout de ces obstacles. C’est pour cela que l’on aime autant l’alpinisme.

 

Dernier effort avant la sortie

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Au sommet du couloir

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La face Sud du Carlit

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Nous profitons enfin du soleil. Je m’assois pour rassembler mes forces.

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Le temps de se réchauffer au soleil et nous prenons la direction du retour. On suit un court instant la crête, et l’on plonge dans la grande cheminée. La neige est présente, mais en quantité inégale, et toujours avec une portance médiocre. Nous retrouvons à 13h50, le matériel laissé à l’aller. L’heure est tardive, il est temps de prendre le repas. A nouveau à l’ombre, on se pose sur le rocher, comme un ilot perdu dans cette mer de neige. Ce repas est le bien venu, et le café chaud qui le conclu va nous remettre d’aplomb.

Bien revitalisé, nous troquons les crampons par les raquettes, et nous prenons le chemin du retour, en suivant nos traces laissées à l’aller.

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Le retour est alors une formalité. Nous croiserons quelques jeunes skieurs quand nous coupons les pistes de la station. C’est en suivant les pistes que nous rejoignons le parking de la station à 15h35.

 

Les pics Pérics et les pistes de la station des Angles

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Pour mon second couloir au Cambre d’Ase, je découvre qu’une fois de plus, les conditions du jour, rendent le couloir plus ou moins difficile. Aujourd’hui, l’absence de neige dans les ressauts rocheux a fait monter d’un cran le niveau de difficulté. A refaire dans de meilleures conditions, pour en apprécier toute sa saveur. Un grand merci à Laurence pour sa patience, et son calme à toute épreuve.

 

Les chiffres de la journée:

Temps de marche total 6h06 pour 10,5 Km à 3km/h

Dénivelé positif total : 946 m – Autant en négatif

Point culminant : 2722m.



05/12/2013
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