Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Grand raid au Canigou par le Vallespir

23/06/2012 - Jour 1 : chapelle St Guillem - Col de Serre Vernet - Les Estables - Pla Guillem - Mariailles - Pla du Cady - Pic du Canigou (2784m) - refuge des Cortalets

 

Voilà un an que mon frère et moi attendions ce week-end impatiemment pour revivre un nouveau raid sur notre massif fétiche. Cette fois, il va nous falloir 2 jours pour parcourir un maximum de territoire, et approfondir notre connaissance de ce massif. Afin de partir le plus tôt possible, et me mettre déjà dans l’ambiance montagne, j’avais décidé de passer la nuit dans le petit refuge de Saint Guillem au dessus du hameau de La Llau. Je me présente donc à 22h30 dans ce petit bâtiment où un groupe de Catalans du sud ont déjà investi les lieux. Je m’installe dans un coin pour trouver le sommeil mais la lumière, la cigarette et leurs conversations à voix haute vont fortement nuire à mon sommeil. A 4h30 en pleine nuit, le reste du groupe débarque et se trouvant en terrain conquis vont littéralement me chasser. Je vais donc descendre à La Llau attendre le lever du jour, et Yannick.

 

Chapelle de Saint Guillem de Combret

 

Une longue journée comme nous les aimons nous attend.

A 6h40 nous quittons la chapelle de Saint Guillem de Combret en direction du col Baxo en suivant le balisage jaune et rouge du GR « Tour du Canigou ». C’est une piste forestière qui évolue quasiment à plat jusqu’à trouver un premier croisement où il faut prendre à droite. Ici la piste monte légèrement dans une forêt de cèdres jusqu’au col Baxo.

 

Col Baxo

 

Nous avons alors un véritable carrefour avec 3 directions possibles mais pour nous, il faut prendre le chemin du milieu bien indiqué par le petit panneau. Le sentier monte un peu plus dans une forêt de résineux avant de se transformer en une belle forêt de hêtres.

 

 

Nous débouchons au col de serre Vernet à 7h45.

 

Col de Serre Vernet (1808m)

 

 

Panorama du col de Serre Vernet

 

Ce col à lui seul mérite une visite car il offre une vue remarquable allant du Pic Rotja qui le domine, jusqu’au pic de Costabonne avec tout le pla Guillem et les Esquerdes de Rotja. Nous traversons le col en prenant bien soin de ne pas suivre le balisage du Tour du Vallespir. Notre itinéraire doit nous conduire à la cabane des Estables via le ravin de Coumall. Le chemin descend légèrement au milieu de pins à crochets. La perte de dénivelé est de courte durée car le sentier va rapidement suivre le flanc de montagne en restant de niveau. Nous allons même ramasser 2 jolis cèpes sur le chemin. Le sentier descend jusqu’à franchir facilement le torrent de la Parcigoule, au niveau du ravin du Coumall, sorte de succession de murs pour éviter le ravinement en cas de crue.

 

Une Orchidée au bord du torrent

 

Nous allons remonter maintenant jusqu’à la cabane des Estables où un troupeau de vaches a déjà pris ses quartiers d’été.

 

Ancienne cabane de berger aux Estables

 

Une certaine idée du bonheur

 

Nous suivons ensuite la route forestière et nous arrivons rapidement au col de la Régine (1793m).Il est seulement 9h10 et déjà 2h30min que l’on marche. Le soleil darde ses rayons alors on se tartine de crème solaire pour se protéger la peau. A présent il faut quitter la piste et monter pleine pente d’abord Sud/Est puis W/NW, mais de toute façon c’est bien balisé. La pente est un peu plus rude que ce que nous avons déjà parcouru, mais après avoir franchit l’altitude des 2000m la pente s’adoucit jusqu’à nous mener à la fontaine de la perdrix. Il est temps pour nous de prendre un petit-déjeuner face au haut Vallespir.

 

La fontaine de la Perdrix au pla Guillem

 

 

Après cette pause nécessaire nous reprenons notre marche et nous franchissons le sommet du pla Guillem à 10h35. Nous allons croiser une colonne d’Espagnols revenant du sommet du Canigou apportant la flamme vers Camprodon mais la flamme s’est éteinte dans leur lampe tempête.

 

Chevaux sur le pla Guillem, au loin le Puig de la Collada Verda

 

Allez à présent on change de vallée pour plonger dans le Conflent. Nous passons d’abord tout prêt du refuge du pla Guillem avant de s’engager sur le sentier qui va nous conduire jusqu’au refuge de Mariailles. Le sentier entre dans une zone couverte de pins à crochets sans pour autant ressembler à une forêt. Il descend rapidement jusqu’à la collade de la Roquette symbolisée par une croix.

 

Croix de la Llipodére

 

Panorama depuis la croix en direction du pic du Géant jusqu'au Pic du Tres Estelles

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Nous arrivons sur une piste forestière qui jadis montait jusqu’au pla Guillem mais dont c’est à présent ici le terminus. Le sentier coupe quelques lacets de la piste ; pour ceux qui trouveraient la descente en sentier trop raide, suivre la piste est une bonne option moins traumatisante pour les articulations. C’est sans difficulté que l’on arrive à 11h50 au refuge de Mariailles. Nous restons sur le sentier « Tour du Canigou » qui emprunte ici le GR10.

 

Nous nous engageons quelques dizaines de mètres jusqu’à trouver des tables en bois et une fontaine pour prendre notre repas de midi. C’est une petite aire ombragée et très accueillante en contre bas du sentier. Un vrai luxe pour les randonneurs que nous sommes. Par contre nous prenons rapidement conscience que nous sommes sur la voie royale qui mène au sommet du Canigou et qu’il en est fini de la solitude. Après une heure de pause nous nous remettons en marche à 12h55 pour affronter le gros morceau du jour : 1000 mètres nous séparent du sommet. Heureusement le chemin est au départ assez plat.

 

Passerelle sur le torrent de la Llipodére

 

Le sentier évolue en balcon en donnant l’impression de ne pas monter, ce qui est bien agréable. Le passage du torrent du Cady se franchit en mettant les semelles dans l’eau mais rien de méchant. A cet instant la pente se redresse jusqu’à atteindre une intersection. Nous quittons le GR10 qui part tout droit en direction du col de Ségales, pour tourner à droite dans une épingle en direction du pla de Cady. La montée est constante et le soleil bien présent. A 14h25 nous atteignons la cabane Arago qui est en si mauvais état qu’il est interdit d’y entrer. Nous ne faisons que passer et l’on s’engage sur une sente bien marquée par le va et vient incessant des randonneurs. Les genets sont en fleurs et donnent une couleur jaune vif au décor qui nous entoure : un vrai plaisir pour les yeux et les narines.

A présent il n’y a qu’à suivre « l’autoroute » qui mène au sommet. Le passage du pla de Cady se termine au niveau d’une fontaine sous le sommet du Puig Sec. Cette fontaine est un miracle de la nature à un endroit si haut où commence le monde minéral. Nous allons nous réhydrater et nous rafraichir abondamment pour mieux gravir le final en beauté.

 

Font Nostre

 

Le sentier est maintenant marqué dans les dalles de pierres. Il passe légèrement sous la porteille de Valmanya pour entrer encore plus dans le cirque. Encore quelques centaines de mètres et nous voilà au pied de la cheminée. Enfin !!!

 

C'est bien ici qu'il faut aller, heureusement plus impressionnant que difficile

 

Personne dans la cheminée donc un risque de chute de pierres en moins, on peut se consacrer uniquement à notre ascension. La cheminée, c’est plus de la randonnée et pas encore de l’escalade mais il faut quand même poser les mains. A 16h25 on atteint la cime de notre Olympe Catalan. Comme toujours le plaisir de se retrouver sur ce sommet nous procure beaucoup de joie. En ce jour de veille de la Saint-Jean, la croix sommitale est ensevelie sous des fagots qui seront brulés dans quelques heures.

 

Vive la Saint-Jean

 

La Table d’orientation

 

Les nuages ont recouvert les versants du Vallespir mais le Conflent et la Cerdagne restent biens visibles. Nous allons profiter un maximum de temps de ce belvédère royal avant de prendre le chemin de la descente par la voie dite normale.

 

Le pays Catalan a sorti ses plus belles couleurs

 

A 18h nous avons rejoins le refuge des Cortalets pour passer la nuit. Après avoir passé une soirée animée par l’anniversaire de Jacky (un randonneur qui fêtait ses 50 ans) nous trouvons le sommeil vers 23h.

 

Perpignan et la plaine du Roussillon

 

Tracé sur carte IGN

 

Les chiffres du jour résument l'intensité de la journée :

Temps de marche total 9h41 pour 29,6 Km

Vitesse de déplacement : 4km/h

Dénivelé positif total : 2192m – Dénivelé négatif total : 1413m

Point culminant 2784m.

 

 

24/06/2012 - Jour 2 : Refuge des Cortalets - Pic du Barbet - porteille de Valmanya - Puig Sec - sous le Signal du Roc Négre - porteille de Leca - Puig dels Tres Vents (2731m) - St Guillem

 

Debout à 6h30 le soleil est déjà haut et chaud. Aujourd’hui la quasi intégralité du parcours va être effectué hors sentier et le plus souvent sur une ligne de crêtes. Il est donc plus que prudent de prendre une bonne réserve d’eau dès le départ car nous n’en trouverons pas durant toute la journée. A 7h50 nous nous mettons en marche vers le second sommet local. Pour prendre la direction du Pic Barbet, il faut se rendre à la fontaine du refuge des Cortalets et suivre le balisage du GR10 jusqu’à trouver un ancien panneau de bois. Ici le sentier du pic quitte le GR pour monter à droite sur les pentes du Barbet, en se transformant en balisage jaune. D’abord au milieu de rhododendrons et de pins à crochets le chemin ne tarde pas à prendre une allure plus sauvage, laissant la place au gispet et au schiste.

 

Panorama en montant au Barbet en direction du Canigou

 

Nous allons voir sur les flancs de cette montagne notre premier troupeau d’isards.

 

Le sommet du Barbet est atteint à 9h17. Juste le temps d’une pose photo, d’un regard vers la mer, et l’on change de versant en direction de la porteille de Valmanya. Cette dernière est vite atteinte sans difficulté ; nous avons même droit à un spectacle de marmottes qui batifolent sur les pelouses de la porteille versant Vallespir (versant Conflent ce n’est que de la roche). A partir de ce point nous allons entreprendre un itinéraire à ne conseiller qu’aux plus aguerris ayant le pied sur et pratiquant un peu l’escalade. Nous partons plein Sud en direction du Puig Sec.

 

Rapide aperçut de ce qui nous attend

 

Puig Sec, pour nous c’est droit devant

 

On peut franchir le sommet mais nous préfèrerons passer légèrement plus bas versant Ouest pour aller plus vite. La suite est une succession de passages aériens sur la crête. Il est impossible à décrire avec précision si ce n’est qu’avec prudence ça passe.

 

De la d'où on vient, le Puig Sec en premier plan ainsi que le passage "péteux"

 

Encore un isard peu farouche

 

On arrive ensuite au pied de la face Nord du Puig del Roc Nègre à la côte 2509m. C’est une face assez austère où de prime abord on ne sait comment l’aborder. Un très ancien balisage rouge indique le meilleur passage mais nous ne le trouverons pas. On va devoir faire quelques pas d’escalade facile mais sans équipement. On débouche sur une partie moins verticale où l’on peut évoluer plus surement. Pour nous il n’est pas utile de monter jusqu’au sommet alors nous allons contourner cette difficulté en ayant les gourgs du Cady sous nos pieds.

 

Les Gourgs supérieurs du Cady

 

De loin on observe l’hypothétique passage qui doit nous conduire à la porteille de Léca. Nous ne connaissons pas alors il faut improviser, c’est tout le côté intéressant de la journée. C’est fortement déconseiller par temps de brouillard bien sûr. Une harde de isards va surgir des hauteurs pour nous montrer le meilleur passage. Nous nous y engageons quand nous découvrons avec étonnement qu’il y a des cairns pour « tracer » le passage. C’était plus impressionnant de loin que lorsqu’on si trouve dedans. Nous atteignons la porteille de Léca à 11h52 soit 3h42 seulement depuis le départ. A droite les plans du Canigou sous le sommet du Tres Vents, à gauche les gourgs du Cady sous le pic des gourgs. La suite du passage se fait rapidement et nous allons contribuer à marquer la voie en construisant notre cairn là où il en manquait un.

 

Quelques instants avant de sortir sur la pointe du Tres Vents

 

Joli coeur de neige sous la porteille des Tres Vents

 

A 12h40 on se pose enfin sur le plus haut point du jour, le sommet du Tres Vents à 2731m. C’est également le second plus haut sommet du massif après le pic du Canigou ; c’est donc bien lui le seigneur du Vallespir. N’ayant pas la même aura que son grand frère, cette partie du massif est désertée par les randonneurs, et c’est très bien ainsi. Le brouillard a maintenant envahi notre horizon. Nous mangeons donc au sommet sans rien voir.

 

Sommet du Tres Vents

 

A 13h30 nous prenons à présent le chemin de la descente, c’est facile puisqu’il faut suivre la large crête en direction du Sud/Est. A peine quelques mètres de parcourus, qu’une marmotte s’enfuit dans son terrier ; nous sommes à 2700m d’altitude quand même, incroyable. Allez cette fois il ne faut plus se distraire et l’on essaie de garder le bon cap. Mais ne marchant pas les yeux rivés sur la boussole, le brouillard va nous masquer la bonne crête et l’on va dévier sans s’en apercevoir sur le mauvais versant.  Lorsque qu’enfin il se lève légèrement nous découvrons avec étonnement notre erreur . Allez il faut redresser la course sur notre droite pour aller tangenter la bonne crête. Une erreur qui va nous faire perdre un peu de temps car il s’agit de remonter. Notre surprise n’est pas terminer puisque à peine le bon cap retrouvé qu’un patou gardant quelques brebis se dresse sur notre route.

 

Crête du Tres Vents

 

On dévit à nouveau notre route pour éviter la confrontation et l’on se remet sur le bon axe. Vers les 2000 mètres nous quittons la crête pour plonger droit devant dans la vallée de la Coumelade. Cette fois l’orientation est plus facile puisque le brouillard est maintenant derrière nous ; nous allons visiter une cabane de berger appelée Cabane Vieille. C’est un grand-oncle qui l’aurait bâtit dans les années 1930 alors qu’il habitait à La Llau et gardait un troupeau sur ces versants.

 

Cabane Vieille

 

A présent on va suivre un sentier non balisé, très propre, qui évolue de niveau jusqu’au col de Coucoulère. Puis on retrouve le sentier du Tour du Canigou qui descend fortement au milieu des sapins. C’est très étroit et peu agréable car le sous-bois est dense. En entrant dans les hêtres cela redevient plus clair et plus « moelleux ». A 17h07 nous avons rejoint la chapelle de notre départ et fermé ainsi notre GRANDE boucle après 7h59 de marche.

 

Enfin arrivée

 

Un raid de plus qui se termine dans la bonne humeur avec les jambes lourdes de souvenirs. Ce massif que nous pensions connaître nous a une nouvelle fois émerveillé par ses couleurs, sa rudesse et récompensé de nos efforts. Toutefois c’est un circuit à n’entreprendre qu’en bonne condition physique et par beau temps.

 

Tracé sur carte IGN

 

Les chiffres du jour :

Temps de marche total 7h59 pour 17,4 Km

Vitesse de déplacement : 3km/h

Dénivelé positif total : 1068m – Dénivelé négatif total : 1858m

Point culminant 2731m.



16/06/2012
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