Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Malaza, Couloir Central (D+)

06/01/2019 : Planès – Estany de Planès - Couloir Central (D+) - retour en rappel après L5 - retour par le même sentier

 

La vallée de Planés est bordée à l’Ouest par le Cambre d’Ase et à l’Est par le Roc del Boc, et se termine par le verrou de la Conca sous le versant Nord de la Tour d’Eyne. La face Ouest du Roc del Boc est appelée également El Malesa (le malaise), à cause des nombreux couloirs qui composent ce redoutable versant. Les conditions météo actuelles ont favorisé des mises en conditions exceptionnelles pour la saison, dans le couloir principal : le Couloir Central. C’est une ligne de neige, de glace et de roche, haute de 400 mètres ; une référence dans les Pyrénées Orientales. C’est à 4 que nous allons nous frotter à cette course majeure.

Lever à 3h15, départ à 5h52 depuis l’église du village de Planès, la journée promet d’être longue. Alors que le vent souffle à plus 90 km/h sur la plaine, pas un souffle d’air ne vient compromettre l’approche. Il fait nuit noire, un froid mordant, pas de neige sur le sentier, l’approche dans ces conditions n’en est que plus efficace. C’est à 7h55 que nous arrivons à l’Estany de Planès pour 1h59 de marche. Le jour se lève, nous prenons un déjeuner et nous nous équipons, crampons/piolets. 8h25 c’est parti pour la partie technique.

 

Le Malaza apparaît enfin

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La partie du couloir que nous avons avons parcouru

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Vue sur le massif du Madres au Nord

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La traversée du glacier rocheux est une formalité ; direction le cône de déjection, le seul encore tout en neige. La neige est béton, ça se grimpe tout seul. L’entrée du couloir est coupée en deux parties par du mixte dans les deux cas. A R0 nous choisissons de partir à droite, erreur qui nous coûtera le couloir. Durant ces instants perdus, un couple de catalans va nous doubler en libre par la gauche, mais ils vont perdre du temps car la dame n’est pas à l’aise sur cette partie en mixte, elle se stoppe brutalement. Le temps s’écoule avant que nous puissions démarrer. Les cordées vont s’établir dans cet ordre : Nicolas et moi pour la première, David et Pierrick pour la seconde.

 

L1 se compose d’un bombé en glace, les mollets brulent déjà. Cette entrée en matière consomme instantanément beaucoup d’énergie. Le relais sur spits se trouve rive droite. Les Catalans vont poursuivre devant nous pour notre malheur. Ils vont mettre plus de 45 minutes à franchir la L2 ! C’est une éternité quand on a les pieds dans la glace, que la température est négative et que l’on ne voit pas le soleil. Nous savons déjà qu’il faudra faire demi-tour à un moment ou un autre, sans pouvoir sortir au sommet.

 

Droit dans l'axe l'entrée du Central

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Entrée du Couloir Central, il faut passer sur le mixte à gauche

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Dans le mixte

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Voilà ce qui se passe quand on attend 45 minutes dans une glacière

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L2 : c'est une langue de neige qui vient buter dans un goulet étroit, appelé le canyon. On entre dans le vif du sujet. C’est un ressaut en glace fine haut de presque 10 mètres. Comme le couloir a été maintes fois parcouru les dernières semaines, il y a les placements des pieds et des piolets qui sont bien « dessinés » dans la glace. Cela reste quand même un passage clé du couloir. C’est le passage le plus technique qui m’ait été donné de franchir. Le relais sur spits rive droite se situe exactement à la sortie de l’étroiture.

 

Départ de L2

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Le passage du canyon

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Départ de L2

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L3 : il s’agit d’une longueur de 40 mètres en neige se terminant par un court ressaut en glace et mixte ; à nouveau le relais sur spits se trouve sur notre gauche (donc rive droite)

 

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L4 : c’est une longue pente de neige dure, de plus de 60 mètres, sans difficulté notable. Le relais est placé rive gauche (donc sur notre droite), juste avant un nouveau ressaut en glace vive.

 

L4 vue depuis R4

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L4 vue depuis R5

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L5 : un court ressaut de glace très vertical, le dernier passage vraiment technique du couloir. Mais il ne faut pas le prendre à la légère. Une plaquette à droite juste après le relais, puis 4 broches sont nécessaires pour bien protéger. Nouveau relais sur spits rive droite à la sortie du ressaut. Cela fait déjà 6h04 que nous avons quitté Planès. Nous commençons à percevoir quelques secousses du vent qui fait rage sur les crêtes. Des nuages de neige s’échappent du sommet de la Tour d’Eyne. Il n’est pas raisonnable de se risquer en crêtes.

 

Nicolas à la sortie de l'ultime difficulté de L5

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Dans la sortie du ressaut

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R5 vue depuis le ressaut

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La sortie du ressaut

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La suite du couloir que nous ne ferons pas

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C’est à cet instant que nous choisissons de faire demi-tour par une succession de rappels. Il reste encore 200 mètres de dénivelé pour parvenir au sommet. Il est 12h30 quand on engage l’échappatoire. Nous laissons les espagnols poursuivre, ainsi qu’une seconde cordée d‘ibères. Il est certain pour eux qu’ils vont rentrer extrêmement tard. Les rappels s’enchaînent aussi vite que possible, et le passage du canyon reste autant spectaculaire à la descente qu’à la montée. Retour au pied du couloir à 14h15, le premier moment où l’on entre dans la lumière chaude du soleil. Il est grand temps de manger, de ranger notre harnachement technique, et reposer un peu les mollets.

 

Le cône déjection en neige dure

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Le versant Est du Cambre d'Ase et le glacier rocheux

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15 heures précises, nous prenons la direction du bas de la vallée, par le même itinéraire que celui matinal. Le vallon est déjà à l’ombre, il n’y a pas à trainer si on ne veut pas rentrer de nuit. Nous apercevons une cordée encore au sommet. C’est irréel ! A cette époque de l’année, il faut au bas mot 4 heures pour rentrer du sommet au point de départ, une folie. Enfin, chacun est maitre de son destin en montagne. C’est pratiquement d’une traite que nous allons arpenter le sentier encore en glace, et à 16h51, nous parvenons au point de départ, après 9h12 d’efforts en tous genres. Quelle journée ! Il nous faudra revenir par une journée plus longue et moins ventée, afin de réaliser dans son intégralité, cette course majeure des PO. Mais nous avons eu le plaisir de grimper les 5 longueurs les plus techniques du couloir, en étant à l’abri d’un vent tempétueux sur le reste de la chaine des Pyrénées.

 

L'estany de Planès

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Tracé du jour sur carte IGN 1/25000

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Les chiffres de la journée :

Temps de marche total 9h12 pour 14,5 km

Dénivelé positif total : 1050 m – Autant en négatif

Point culminant : 2560m



09/01/2019
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