Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Gorges de la Carançà et pic Gallinàs par l’arête Sud/Est

09/12/2017 – jour 1 : Thuès-Entre-Valls – gorges de la Carançà – ras de la Carançà – cabane de Bassibès

 

Aussi surprenant que ce soit, je n’ai jamais parcouru les gorges de la Carança dans leur intégralité. La vallée de la Carançà est une des plus longues vallées des Pyrénées dont l’accès ne peut se faire qu’à pied. Un jeu de passerelles et un chemin en balcon dans la corniche apportent à ce bas de vallée un attrait particulier et unique. Il était temps d’aller le parcourir, loin de la foule estivale. Le départ s’effectue au village de Thuès-Entre-Valls au niveau d’un parking payant. Avec Yannick, nous nous mettons en marche à 9h46, pas un horaire qui nous ressemble, mais cela aura laissé le temps au faible soleil de faire son apparition.

 

Entrée des gorges

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Le sentier démarre rive droite et rapidement demande de faire un choix au niveau d’un pont. Nous choisissons l’itinéraire de droite, celui de la rive gauche orographique, qui monte vers une corniche. Ce choix impose une prise de dénivelé brutale. Mais la vue sur la profondeur des gorges est vertigineuse. Personnes sensibles au vertige s’abstenir.

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Le passage taillé dans la roche pour faire une corniche demande un peu d’attention ; il ne faut pas trébucher. Un câble servant de main courante est là pour rassurer les moins téméraires ou les jeunes enfants. Il suffit alors de remonter le cours d’eau.

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La rencontre avec le premier pont suspendu intervient après 1h10. On change ainsi de rive. Commence alors le jeu ludique des passerelles qui permettent de rendre praticables certains passages qui ne pourraient l’être autrement.

 

Première passerelle

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Nouvelle passerelle

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La neige, de façon éparse au départ, se fait de plus en plus abondante. La glace forme sur l’eau d’étonnantes sculptures éphémères. Nous étions venus dans ce congélateur pour voir cela, nous ne sommes pas déçus. Après 1h45, nous trouvons un pont de pierre. Nous avançons encore un peu afin de trouver un coin au soleil, et à 12h10, après 2h10 d’une marche avec un faible dénivelé, nous nous posons pour le repas.

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Le torrent semble se figer

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Toujours plus de glace

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Reprise de la remontée des gorges à 13h03. Il n’y a pas de question à se poser sur la suite de l’itinéraire : toujours tout droit.

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Nous parvenons au croisement du sentier de Dona Pa à 14h10 [3h17]. Cela permet de faire une boucle à la journée. C’est également le moment où l’on sort des gorges et où la vue s’élargit sur le haut de la vallée. Mais pour l’heure, il s’agit pour nous de poursuivre toujours plus haut.

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Nous parvenons au refuge du ras de la Carança à 14h53. Cela nous aura demandé 3h54 depuis le départ, le même temps qui est donné en été. Le refuge est vide, mais il semble avoir été occupé récemment. Il n’y a ni couverture ni matelas, pas vraiment accueillant en cette saison froide. Alors nous convenons d’aller dormir plus haut, dans la vallée de Bassibés.

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Il faut alors suivre le GR10 en direction du col del Pal et au premier torrent que l’on traverse, quitter le balisage rouge et blanc pour remonter cette vallée suspendue. Pas de balisage mais la suite consiste à suivre au mieux le torrent de Bassibès jusqu’à trouver la cabane éponyme. Fin de cette journée de marche à 14h53, pour seulement 4h31 de marche, essentiellement de la montée. C’est ici que nous passerons la nuit. J’avais entendu beaucoup de choses négatives sur cette cabane, mais force est de constater qu’elle est bien construite et ne manque de rien. Ne cherchez pas, les couvertures et le matelas se trouvent ici.

 

De gauche à droite, pic Redoun, col Mitja et pic Gallinàs

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Cabane rustique de l'extérieur mais qui ne manque d'aucun confort, jusqu'à un ingénieux rappel de porte avec un contre-poids

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On trouve à l’extérieur un four, un barbecue, une table en bois et une fontaine où l’eau coule alors que le torrent est partiellement sous la glace. A l’intérieur c’est le luxe, avec pas moins de 15 couchages, une très grande table, un foyer qui chauffe l’étage et un poêle à bois. Après la corvée de bois obligatoire, la soirée peut commencer. Il fera au plus chaud 0,8°C, mais l’ambiance est agréable face au feu qui crépite. Nous serons les seuls, un luxe de plus. Nous retardons l’heure du coucher jusqu’à 21h car le passage dans le couchage est toujours une épreuve contre le froid. Première journée réussie, que nous réserve la suivante ?

 

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Les chiffres de la journée :

Temps de marche total 4h31 pour 12,8 km à 2,8 km/h

Dénivelé positif total : 1186m – Dénivelé négatif total : 20m

Point culminant : 2036m

 

10/12/2017 – jour 2 : cabane de Bassibès – refuge du ras de la Carança – Serra de les Torres – Pic Gallinàs (2624m) – arête Nord – Planell de Campilles – Cami Ramader – refuge de Dona Pa – Thuès-Entre-Valls

 

Malgré le froid à l’heure du coucher, la nuit fut bonne, si bonne que nous avons prolongé d’une heure le moment du lever, à cause d’une panne de réveil. Nous verrons durant le déroulement de la journée que cette heure supplémentaire de repos dans les plumes, aura été une bonne chose côté météo. En effet, le fond de l’air s’est nettement radouci et le ciel est sinistrement gris. Nous quittons cette charmante bâtisse à 8h45, alors que quelques gouttes venant du Nord viennent perturber ce début de journée.

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Pic de Gallinàs déjà sous les gouttes

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Heureusement pour nous, cette perturbation sera éphémère. Nous revenons sur nos pas de la veille pour entrer dans la vallée de la Carança. Passage rapide au ras de la Carança et l’on s’engage sur le GR10 en direction du col Mitja. Au premier lacet de l’antique route, nous quittons cette dernière pour s’engager hors-sentier. Le but de l’exercice consiste à aller chercher un ensemble de rochers sur l’arête Sud/Est. A présent c’est simple, c’est pleine pente, cerveau dans bocal, bocal dans sac, azimut sanglier. Plus exactement azimut isard, puisqu’ils sont les habitants permanents du massif, d’ailleurs un petit groupe nous toise quelques 400 mètres plus haut.

 

Dans notre dos

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Gros plan sur les deux pics de Racò

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Le terrain se compose de genets très ras. Bien que la pente soit prononcée, il n’y a pas de difficulté à progresser sur ce terrain. L’absence de neige est pour beaucoup à cette marche « facile ». Je citerai le vénérable Jean d’Ormeson : « Tout le bonheur du monde est dans l’inattendu », et la rencontre improbable avec une salamandre en est la parfaite illustration. Comme nous le souhaitions, nous prenons pied sur l’arête au niveau d’un amas rocheux caractéristique. Cette arête se nomme la Serra de les Torres, à cause des nombreux amas qui la ponctuent, tels des tours à signaux médiévales. Il ne reste plus à présent qu’à remonter cette crête.

 

Improbable rencontre avec une salamandre

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La crête à remonter

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Etonnamment, il y a de la neige sur cette crête, et par endroit la couche peut être profonde. Le vent s’est levé, apportant un froid hivernal. L’ascension serait facile si l’on n’était pas gêné par les amas de roches rendus glissants par une fine pellicule de glace ou de lichen congelé. Chaque pas doit être considéré avec attention. Nous parvenons au sommet du pic Gallinàs à 11h26, après 2h23 de marche. Ce sera le point culminant du week-end. Bien que le pic Gallinàs soit le plus petit sommet du secteur, il peut s’enorgueillir d’offrir le plus large panorama local. De par sa position avancée vers le Nord, il permet également d’ouvrir l’horizon jusqu’à la mer.

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Au sommet, chaque caillou est transformé en savonnette

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Vue vers l'Est et le massif du Canigou

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Au Nord le massif du Madres

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Au Sud le proche pic Redoun et tant d'autres

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A l'Ouest gros plan sur les pics Pérics

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A l'Ouest gros plan sur le massif du Carlit

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Le vent souffle, le froid mord, l’heure tourne, on ne reste pas plus de 10 minutes. Tant d’efforts pour si peu de temps passé en cime, mais le plaisir n’est heureusement pas proportionnel aux minutes écoulées sur un sommet. A présent, j’ai choisi de poursuivre notre marche par la descente de l’arête Nord. La partie supérieure du sommet est un enchevêtrement de rochers qui n’opposerait pas de difficulté par temps sec, mais avec cette neige et la glace qui recouvre sournoisement chaque pierre, cette descente reste périlleuse. C’est un piège pour les chevilles ou les genoux.

 

On aperçoit le planell de Campilles, le pré blanc

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La seule technique qui vaille reste encore de se laisser glisser sur le postérieur pour franchir les pas les plus hauts. 20 minutes nous auront suffi pour quitter ce terrain accidenté et trouver la pelouse, puis le couvert forestier. Dans le sous-bois, de nombreux pierriers se cachent encore, mais il est facile de les contourner. Nous ne sommes pas les seuls, car ce massif très boisé est habité par une grande population de cervidés.

 

Rencontre avec l’un d’eux

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En forêt domaniale de Campilles

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La ligne de crête devient de plus en plus floue mais cela ne pose pas de difficulté pour trouver le planell de Campilles, qui ressemble fort à un large col. C’est une clairière dans ce massif très boisé. Nous y parvenons à 13 heures exactes, après 3h49. Etant à l’abri du vent, ce sera donc au bord de l’un des orris que nous prendrons le repas.

 

Planell de Campilles

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L'un des 2 orris du planell de Campilles et le pic d'où l'on vient au fond

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L’endroit est paisible, loin de tout. Nous ne trouvons aucun sentier qui mène à ce lieu d’estive qui pourtant semble fréquenté par le bétail, aux vues des crottes qui jonchent la pelouse. 13h40, déjà l’heure de se remettre en marche. Pas de sentier, nous piquons plein Est, donc sur notre droite, dans la forêt. De nombreux arbres sont couchés, brisés, abattus, stigmates d’une tempête qui les a déracinés. Cette partie est donc très encombrée et il est mal aisé de s’y déplacer. Il faut perdre 70 mètres de dénivelé plein Est pour tomber sur un antique sentier, plus emprunté par les animaux sauvages que les hommes. Ce sentier, matérialisé sur la carte IGN par des pointilles noirs, conduit à un ensemble d’orris en bon état. A partir de cet endroit, le sentier est balisé et parfaitement entretenu. Cela s’apparente à un village fantôme d’orris, car il y a également quelques ruines de maisons et de nombreux murs en terrasses. Nous sommes toujours émus par la volonté et l’énergie qu’il a fallu déployer pour aménager ces endroits escarpés et bâtir ces ouvrages, avec la seule sueur du front, pour une agriculture de subsistance. Le temps a fait son œuvre de destruction, mais les ruines sont encore là pour nous rappeler que cette montagne a nourri quelques générations d’anciens.

 

Orri de Campilles

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Le plus grand de tous ces orris

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Ce sentier débouche sur le Cami Ramader (chemin de transhumance) au niveau de la fontaine de l’ours, toute en glace. Ce chemin, balisé en jaune, est nettement plus large et plus propre. Nous allons avancer vite. Il ne perd pratiquement pas de dénivelé jusqu’au refuge de Dona Pa. Ce refuge, en très bon état, se trouve 50 mètres à l’écart du sentier, au détour d’un col. Bref passage à 14h45. C’est donc en changeant de versant que l’on va prendre le vent d’Ouest de plein fouet.

 

Refuge de Dona Pa

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La suite du sentier n'est qu'une succession monotone de virages, qui doivent nous faire perdre 800 mètres en 1 heure. Pas drôle mais efficace ! Le Cami Ramader débouche sur le sentier des corniches, à la verticale du torrent. Fin de la boucle initiée 24 heures plus tôt, retour à notre point de départ par le même itinéraire que la veille. Fin de cette randonnée automnale, aux conditions hivernales à 16 heures, et en 6h07 effective. Nous n’avons rencontré personne sur la totalité de la journée, tant le secteur est sauvage. Très belle découverte des gorges de la Carança, de la cabane de Bassibès et des orris de Campilles, sans parler de la vue offerte par le pic Gallinàs. Voilà autant de raisons pour arpenter ce massif si mystérieux de prime abord.

 

Fichier GPX à télécharger

 

Tracè du jour sur carte IGN 1/25000

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Les chiffres de la journée :

Temps de marche total 6h26 pour 15,5 km à 2,5 km/h

Dénivelé positif total : 823m – Dénivelé négatif total : 1974m

Point culminant : 2624m



12/12/2017
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