Pic de la Pelade depuis Réal en hivernale
26/03/2017 : Réal – Col de Sansa (1775) – refuge des Estagnols – ravin de Pinouseil – Pic de la Pelade (2370m) – col de Passeduc – refuge de la Perdrix – coume de Ponteils –Pla de Gril – Col de Sansa – Réal
Sommet isolé au Sud du massif de Madres, le pic de la Pelade n’en demeure pas moins une des cimes majeures de ce vaste massif. Ce pic mal connu, à cheval entre Capcir et Haut-Conflent, domine pourtant de plus de 950 mètres le village de Sansa dans les Garrotxes. Il est certainement délaissé car aucun sentier ne conduit à sa cime. Pourtant, par sa position excentrée, il n’en demeure pas moins un belvédère intéressant offrant un panorama allant des sommets du Capcir à l’Ouest jusqu’à la mer à l’Est. L’itinéraire du jour est directement inspiré d’un site ami dont voici le récit en version été : http://gilbertjullien.kazeo.com/le-pic-de-la-pelade-2-370-m-et-la-coume-de-ponteils-depuis-le-col-de-s-a120392586
Nous avons beau être depuis une semaine au printemps, l’hiver fait pourtant de la résistance. 36 heures après une chute de neige abondante, nous reformons l’équipe du Vermicelle et avec Emma nous partons à la découverte des blancs paysages du Capcir. Le départ est donné depuis la mairie de Réal à 8h05, sous une température de -1°C mais sans vent. Il faut suivre pendant quelques hectomètres la route allant à Villeneuve, puis s’engager sur la piste de gauche, balisage jaune. Il faut suivre cette piste sans se poser de question, jusqu’à rencontrer le panneau indiquant la direction du col de Sansa. L’avantage sur la neige, c’est que l’on voit le passage des animaux, là un chevreuil, là un renard, ici un sanglier. Emma est la spécialiste pour les identifications. Ce coin est vraiment peuplé d’une faune variée.
Village de Réal
Les hauts sommets du Capcir
Croisement piste/sentier à 8h45
Nous chaussons les raquettes et l’on s’engage sur le sentier. Au départ, on peut couper aisément le premier lacet, en montant droit hors sentier. Puis il ne reste plus qu’à suivre ce bon sentier un peu raide, qui débouche sur la piste puis en deux pas au col de Sansa. Premier objectif atteint à 9h23 en 1h17.
Col de Sansa
Ce col est un véritable carrefour de pistes forestières. Il faut bien s’orienter, mais de nombreux panneaux sont là pour aider à trouver sa destination. Pour nous, ce sera vers l’Est, en suivant les panneaux de l’itinéraire 15 pour raquettes.
Pic de la Pelade coiffè d'un nuage
Sur cette piste forestière la prise de dénivelé est pratiquement nulle. Nous faisons un détour par le refuge des Estagnols, et l’on reprend aussitôt la piste. Plus aucune trace de bipède dans la neige à présent. Nous faisons notre trace dans un décor immaculé. Mais ce rêve à un prix, celui de la marche lourde en raquettes. La piste semble interminable, mais il faut la suivre jusqu’à déboucher sur une clairière. Beaucoup de distance et peu de dénivelé. La sanction arrivera lorsqu’on s’engage dans le vallon bien visible du Pinouseil. La pente se cabre brutalement. Ce n’est pas un couloir, mais c’est malgré tout soutenu. Faire la trace est un exercice très physique. S’engage alors une épreuve de force entre la montagne et nous. Impossible d’aller chercher sur notre droite l’arête ; la pente est beaucoup trop inclinée et les raquettes n’accrochent pas dans la poudre. Alors, il faut se résoudre à remonter ce vallon. La dépense d’énergie fait monter la température corporelle. Heureusement qu’il y a dans notre dos une large vue des pics Péric au Roc Blanc pour récompenser nos efforts.
Refuge des Estagnols
Paysage hivernal
Ravin de Pinouseil
On ne dirait pas mais ça monte fort
En quittant le couvert boisé, la pente faiblit légèrement, permettant ainsi d’éviter le passage par le col de Passeduc, et d’aller chercher directement le sommet. Bientôt nos efforts seront récompensés. On comprend à présent la signification du nom de pic de la Pelade. Le vent y souffle si fort qu’à 2250 mètres plus rien ou presque n’y pousse. Un ultime effort et à 12h15 nous voilà parvenus sur le point culminant du jour, après 3h45.
Rencontre furtive avec un gypaète
Sommet droit devant
On se fait violemment secouer par un vent rageur et glacial. Mais la vue, si difficilement acquise, vaut la peine de rester un peu. Étrangement, un relais de secours trône en ce lieu désolé. Quid de l’utilité d’un tel appareil ! Le reste en images.
Sommet face à l'Est
Sommet face au Nord
Sommet face au Nord pic de Madres
12h35 il faut quitter cet endroit trop inhospitalier en ce jour. On prend droit dans la pente jusqu’au col de Passeduc. Une bosse se dresse devant nous, mais nous l’évitons aisément en restant pratiquement de niveau sur la droite. A la première occasion, nous nous abritons derrière une congère pour prendre un peu de repos et manger enfin. Il est 12h55.
Travail du vent dans la descente vers le col de Passeduc
Il y a pire comme point de vue
Seulement 20 minutes d’arrêt, et à 13h15 nous reprenons la marche sur cette banquise. Il serait bien difficile de s’orienter par temps de brouillard. Mais en ce jour c’est à vue que l’on chemine vers le refuge de la Perdrix, prochain havre de paix.
Dans le dos le pic de la Pelade
Banquise et lutte contre le blizzard
Depuis le Roc des Gourgs, vu sur le refuge
Le pic de la Pelade s'éloigne
Nous parvenons au refuge à 13h55. Il est ouvert, propre et offre un réel abri contre le vent. Seconde partie du repas. Il ne faut finalement que 40 minutes dans ce sens pour parcourir la distance qui sépare ce sommet du refuge.
Gourg Négre
Gourg Estelat
Roc Négre second sommet du massif de Madres
Quand nous reprenons la marche, il ne reste que de la descente, et beaucoup de kilomètres. On trouve quelques piquets, balises rouge et jaune Tour du Capcir, pour plonger dans la coume de Ponteils. Il n’y a aucun piège, c’est droit dans la pente que ça se passe. En perdant du dénivelé, nous voilà à nouveau à l’abri du vent, mais c'est aussi le retour de la chaleur. Il n’y a pas eu de juste milieu, soit il fait trop chaud au point de cuire, soit il fait un vent glacial au point de risquer les gelures. Ce massif de Madres ne connait que les extrêmes, voilà pourquoi il est extrêmement attachant, ou extrêmement effrayant selon les points de vue.
Au fond de la coume de Ponteils, où coule le torrent éponyme, nous croisons de nombreuses empreintes de raquettes, que nous allons suivre. Cela nous amène au pla du Gril avec sa cabane pastorale, puis l’on retrouve la piste matinale au niveau d’un radier. Fin de la boucle initiée 4 heures et demi plus tôt. Il ne nous reste plus qu’à mettre nos raquettes dans les traces matinales et revenir sur nos pas. La fatigue rend ce retour un peu monotone, mais n’enlève pas le plaisir de cheminer dans ce paradis blanc.
Dernier regard sur le pic de la Pelade tout au fond
A l’approche du village, nous constatons combien la neige a fondu depuis le début du jour. Il existe bien une réelle différence de climat avec les hauteurs et les basses terres. On termine notre périple dominical à 17h30 après 7h25 de purs efforts et de pur bonheur. C'est un parcours en hiver qui est exigeant, car long, et la marche en raquettes énergivore. C’est tout indiqué pour du ski de randonnée. Il ne me reste plus qu’à redécouvrir ce sommet par une belle journée d’été.
Tracé du jour sur carte IGN
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 7h25 pour 22,3 km à 3,8 km/h
Dénivelé positif total : 1125m – Autant en négatif
Point culminant : 2370m
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