Pic de l’Aspre par les étangs de Petsiguer
08/07/2023 : Pradières d’en Haut (1155m) – GR10 – Etang d’Izourt – Etangs de Petsiguer – Pointe 2672m – Pointe 2765m – Pic de l’Aspre (2744m) – Etangs de Petsiguer – Etang d’Izourt – Pradières d’en Haut
Au fond de la vallée d’Arties se trouve le très bel et emblématique étang Fourcat. Il est entouré de hautes cimes de plus de 2800 mètres, formant une enceinte à la manière de remparts protecteurs. Et plus en avant vers le nord, comme deux avant-postes, le Picot rive gauche et le Pic de l’Aspre rive droite se présentent telles deux sentinelles. C’est le pic de l’Aspre qui m’intéresse en ce jour de canicule. On peut y accéder depuis les discrets étangs de Petsiguer, ou par l’arête Nord venant de l’Endron. J’avais fait une première tentative par l’arête avec mon ami Joël en septembre 2021 mais une météo incertaine avait mis un terme à notre progression sur l’arête. Cette fois ce sera par l’itinéraire classique que j’aborderai ce pic, mais je vais découvrir qu’il y a un autre accès encore plus improbable.
Départ à 6h30 depuis le parking de la centrale électrique de Pradières, en suivant le sentier du GR10 parfaitement balisé depuis ce point d’accès. Un orage nocturne a délavé la vallée, l’humidité est ambiante, et une agréable odeur d’humus embaume le sous-bois, mais point de champignons. La montée vers la retenue d’eau d’Izourt est agréable sur ce sentier, jamais raide, et le terrain est roulant. Je parviens à Izourt à 7h30, en exactement une heure. La vue de l’étang sans eau est choquante, mais cela semble être pour une bonne raison d’entretien. En effet, un village provisoire de baraques type « Algéco » a pris place sur le site existant, et des ouvriers s’affairent sur le barrage.
Izourt au plus bas
Au bout des baraquements, le sentier se divise en deux branches, mais il faut être attentif pour trouver l’intersection. Pour se rendre aux étangs de Petsiguer, il faut suivre le sentier qui s’élève de la rive de l’étang, balisé en jaune très pâle. Les moutons semblent entretenir cette sente faussement de niveau. Remonter peu à peu jusqu’en amont de l’étang, puis s’engager dans le vallon suspendu de Petsiguer. Le pic de l’Aspre est droit devant, clairement imposant. Le sentier débouche sur une petite zone plane, vaguement marécageuse. Je traverse alors le ruisseau de Petsiguer pour monter en hors sentier en visant un faux col. Cela se passe au milieu des rhododendrons et des genévriers. Il est 8h40, l’estomac crie famine. Courte pause au bord d’une source et je repars aussitôt.
Pic de l'Aspre tout au fond
Plein centre le Picot versant N/E
Pic de l'Aspre tel qu'on le voit en montant aux étangs de Petsiguer
Lorsque je me présente au faux col, je ne suis plus aussi certain d’identifier le pic de l’Aspre. Est-ce celui que j’observe depuis la montée, ou est-ce cette pointe un peu plus au fond du cirque ? Voici ce qu’écrit G. Véron dans son topo : « Etang de Petsiguer. Franchir le ruisseau de Petsiguer au déversoir du grand lac (2305m) et gravir une croupe au Nord-Est (sentes). Remonter ensuite la crête à l’Est-S.E : cette ascension n’est pas très difficile mais il faut utiliser les mains par endroits ; 2h45 Pic de l’Aspre. » Je regarde la carte tout en comparant à mon environnement immédiat, et je n’arrive pas appliquer les consignes du topo. Je mets donc le cap sur cette pointe au fond, qui a un profil semblable en tout point au pic de l’Aspre. Cette erreur me permet de me rendre plus au sud et de voir sous différents angles les jolis étangs de Petsiguer. Car si ces étangs ne sont pas les plus vastes du secteur, ils sont pleins de charme.
L'itinéraire que je vais suivre
Déversoir de l'étang le plus en aval
J'ai suivi la pente à l'ombre tout à gauche
Les étangs principaux de Petsiguer
Je m’élève donc en hors sentier sur le pilier Ouest de ce que je crois être l’Aspre. La pente est fortement inclinée, mais ce n’est que de l’herbe, et encore à l’ombre. Je me présente sur cette cime, à la côte 2672m à 10h15, en 3h30. Je réalise que j’ai mis 45 minutes de plus que le topo pratiquement sans pause, que l’altitude n’est pas la bonne, et que tout proche au nord un sommet me domine. Je connais à présent ma position exacte. Le temps de m’imprégner du paysage que je n’aurais pas pu voir si je n’avais pas fait cette erreur, et me voilà reparti.
Le panorama s'ouvre vers le Nord
Tout le bassin lacustre de Petsiguer
Etang de la Goueille et pic de Tristagne
Pointe 2672m
La crête que je ne ferai pas
Vue vers l'Ouest
Gros plan sur le Mont Valier par delà la Pointe des Trois Comtes
Pic de Font Blanca et étang de Marqueille
Suivre l’arête me parait compliqué en voyant de sombres dalles. Je choisis une solution de contournement par le versant Est. Cela consiste à passer en versant Est côté étangs de Marqueille, en trouvant un passage entre des dalles claires. Puis, suivre le bas de l’arête en perdant le moins de dénivelé possible. Ce passage se compose de pelouses entrecoupées de pierriers stables. Il suffit ensuite de se présenter à la base d’un long couloir herbeux, à la verticale du point culminant de l’arête. Ce couloir est extrêmement raide, plus de 45° de pente. Le remonter est un enfer, mais par chance, son exposition Sud ne voit pas encore totalement le soleil à ce moment de la journée, ce qui m’évite de trop transpirer. Comme auraient dit les Tontons Flingueurs : « C’est du brutal ». Heureusement aucun problème technique dans ce mur vert. Il débouche exactement à la cime de la côte 2765m où je me trouve à 11h25, après 4h35. J’aurai mis 1h05 pour me rendre d’une pointe à l’autre, mais en toute sécurité ; l’arête étant plus directe, mais quid des brèches et dalles à franchir ?
Passage en dalle pour basculer versant Marqueille
Etang de Marqueille côte 2514 avec en fond le Font Blanca
Crête terminale en versant Sud
Pic de Tristagne et pic de Médécourbe à sa gauche
La longue crête aboutissant à la Pique d'Endron
Les "3000" au fond, le Picot au premier plan
Le bout de crête restant n’est qu’une formalité. Enfin le pic de l’Aspre est atteint à 11h15, pour un total de 4h45. Voilà un autre itinéraire pour se hisser sur cette fière cime. Un homme vient d’arriver au même moment par l’accès naturel, ce qui me permet d’échanger avec lui sur la voie normale que je vais emprunter au retour. Mais pour l’heure il est grand temps de manger et profiter. Une heure après, deux jeunes trailers arrivent par la crête de l’Endron. Ils auront mis 6 heures en partant de Pradières sans passer par l’Endron, c’est dire si c’est long.
En avant pour la partie finale !
La longue crête Endron/Aspre et étang de Gnioure à droite
Etang d'Izourt depuis le Pic de l'Aspre
Nouvelle vue sur le massif Estats/Montcalm
Je repars à 13h15 accompagné du marcheur solitaire. L’itinéraire est plutôt bien balisé par de nombreux cairns. Sur la partie sommitale, il faut emprunter une petite cheminée légèrement à la gauche de la cime, puis l’essentiel de ce versant se compose de pelouses. Il n’y a plus qu’à suivre les cairns, mais globalement cela passe partout. Eviter néanmoins d’aller dans la face nord, et rester toujours le plus proche de l’arête en versant sud. Il ne faudra que 45 minutes pour se rendre au déversoir de l’étang principal de Petsiguer. En effet, une sente se dessine discrètement, et des cairns donnent la direction.
L'unique passage demandant à poser les mains
Autre point de vue durant la descente vers les étangs de Petsiguer
La face descendue très verdoyante
Cap sur Izourt et le replat herbeux dans le creux
La voie normale menant au sommet du pic de l'Aspre
Il ne reste alors qu’à suivre à la lettre le sentier matinal. Il fait une chaleur écrasante, mais l’eau n’est pas encore une denrée rare dans cette vallée. Plus la moindre pause à présent, je cherche l’ombre à tout prix. Nous croiserons deux pêcheurs qui se rendent vers ces étangs, et très peu de monde au barrage d’Izourt. L’endroit reste préservé de la randonnée de masse, et c’est bien ainsi. J’en termine à 16h10 une journée de 7h45. Il fait 28°C à 1155 mètres. Et certains doutes encore que la terre se réchauffe ! Mon erreur matinale m’aura permis de faire une boucle sur un sommet qui se fait habituellement en aller/retour.
Sous cet angle, l'itinéraire apparait clairement
Le replat dans le creux où j'avais quitté le sentier
Une partie du tracé du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 7h45 pour 18,2 km à 2,3 km/h
Dénivelé positif total : 1745 m – Autant en négatif
Point culminant : 2765m
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