Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Pic de Canalbonne et Rodó de Canalbonne depuis Soulcem

22/07/2021 : Orris du Carla – vallon de Riufret – étangs sans nom – Port de Rioufret (2797m) – Pic de Canalbonne (2960m) – Rodó de Canalbonne (3004m) – pointe 2957 – côte 2700 – port de la Gardelle (2700m) – étangs de la Gardelle – vallon de la Gardelle – Orris du Carla

 

A l’Ouest du barrage de Soulcem, entre la Pointe de Roumazet et la Pique d’Estats, il y a une multitude de hautes cimes portant toutes le dénominatif de Canalbonne. Entre la carte IGN et la carte espagnole voire la carte catalane locale, il n’y a pas de consensus sur le nom et l’emplacement des sommets de Canalbonne. Une chose est certaine, il y a de nombreuses pointes dépassant les 2900 mètres, et aucune n’est facile d’accès. Je décide d’aborder cet enchainement du nord vers le sud pour une raison simple : je refuse de descendre le vallon de Riufret. C’est un point du cahier des charges indiscutable.

Après une nuit pratiquement blanche dans la fournaise estivale Carcassonnaise, la mise en action est difficile. Départ des orris du Carla à 7h15 sous un ciel bleu profond, direction le vallon de Riufret. 25 minutes suffisent pour entrer dans cette vallée étroite. Ça monte immédiatement de façon brutale. C’est efficace. Les fleurs apportent un peu de douceur dans cet environnement austère.

 

Nombreux iris des Pyrénées à la base du vallon

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Champ d'oeillets
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A monter, ce vallon est rude, mais à descendre, c’est un enfer innommable. Donc je persiste dans mon idée que je ne redescendrai pas par là. Je constate que depuis mon dernier passage en 2019, le balisage est nombreux, mais pas vraiment normalisé. De plus, l’itinéraire initial a été légèrement dévié vers le nord. Cela évite de marcher sous des barres rocheuses proches du torrent. Cette déviation débouche bien au dessus de l’étang de Riufret où je tombe avec étonnement sur un troupeau d’une centaine de têtes de moutons.

 

Un bout de la montée vu de dos

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Tous les balisages se valent
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Le haut du vallon se dessine plus distinctement
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La tondeuse géante écologique
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Salut les ovins !
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Etang de Riufret
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Pensant bien connaitre le secteur, je ne prends pas le temps de lire la carte, et je m’engage, confiant, dans le premier vallon après l’étang de Riufret, sur la gauche. Dans mon souvenir, cela était rude d’accéder à l’étang, voire technique. Or là, ça monte vite et d’une facilité déconcertante. Je ne me doute absolument pas d’une erreur. Même l’étang que je découvre à 9h55 [2h40] me semble plus petit que dans mon souvenir. Heureux de vivre pleinement ma journée, je poursuis allégrement la montée dans un couloir que je sais croulant.

 

Le cours d'eau issu du déversoir des étangs sans nom

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Port de Riufret au fond
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Regard sur la suite de la grimpette
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Couloir croulant
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Pour éviter de reculer sur ce tapis de pierres fines, j’utilise efficacement le long névé. Puis, je vais chercher la paroi de droite dans sa partie la plus étroite, pour grimper le plus haut possible avant le col. C’est de l’escalade tendue, dans du bon IV. Ne pas reproduire si l’on n’est pas à l’aise avec cette pratique. Tout à mon bonheur, je débouche sur le col frontalier à 10h36, après 3h13. Or je découvre rapidement que je ne suis pas là où je devrais être. Cette fois je sors la carte pour confirmer la position et c’est le choc : je suis trop au sud. Je viens de recevoir un uppercut. Je reste KO sans savoir quoi faire. Il est trop tard pour faire demi-tour pour corriger l’erreur. Il est trop tôt pour rentrer, d’autant que je reste sur mon idée première de ne plus descendre le Riufret. Un tour d’horizon me permet d’entrevoir une possibilité de gagner les étangs de la Gardelle, mais au prix d’une marche avec des hauts et des bas. Je ne suis pas plus emballé que ça, mais pourquoi pas ! Et puis, ici en solo, je vais passer une très belle journée sans masque loin des bruits médiatiques anxiogènes d’en bas.

 

Les étangs d'où je viens avec la face sud du Montcalm au fond

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La pointe 2914m à gauche du colP1120962.JPG

 

Le pic de Canalbonne au bout à droite du col

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Le haut vallon de l'estany d'Areste

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Après 15 minutes pour reprendre mes esprits, je mets le cap au nord sur le pic de Canalbonne et sa crête sinistre. C’est une crête ascendante. Je réalise très vite que mon erreur d’itinéraire m’a évité bien des ennuis s’il avait fallu désescalader cette crête. Finalement, ce contre temps était un mal pour un bien. La crête présente quelques brèches que l’on contourne toujours versant français. Il faut rester le plus possible sur le fil de l’arête. Quelques pas d’escalade sont parfois nécessaires pour se hisser d’un bloc à une dalle. Du col au sommet il y a en tout 3 passages réellement techniques avant d’atteindre enfin un majestueux cairn sommital à 11h25, et 3h50.

 

Vue de dos vers le Sud

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Face sud de la pointe 2957m
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L'arête et ses obstacles
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Au fond la Pique d'Estats apparaît
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Premier rognon rocheux à franchir
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Le sommet est au bout après une brèche
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Il faut descendre dans la brèche - Mais qu'est-ce que je fais là moi !
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Le point sommital est plat et ne reflète en rien la pointe élancée que l’on peut lui trouver selon le profil d’où on l’observe. En effet, il est le plus haut de la crête venant du Sud, avant que celle-ci ne se dresse encore jusqu’à la Pique d’Estats. Un tour d’horizon pour analyser les futures difficultés à venir, et cap vers le nord pour grimper toujours un peu plus haut.

 

Sommet du pic de Canalbonne sur fond de pic de Sotllo à gauche et Estats à droite

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Vue vers l'Ouest

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Le haut vallon de l'estany d'Areste

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Le col d'où je viens

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Le bout d’arête descendante demande un peu d’attention mais rien d’exceptionnel. Cela conduit au col 2919 nommé Port de Riufred (avec un D et pas un T) sur la Carta Alpina. J’en profite pour aller m’approvisionner en eau à l’estany de la conca gelada, et je me hisse jusqu’à plus de 3000 mètres sur le Rodó de Canalbonne à 12h20. Une matinée conclue en 4h33. Je décide alors de prendre le repas ici, malgré un vent de sud très soutenu. Ce sera une séance d’une heure de fabrication d’érythropoïétine (EPO). Juste un bonheur de respirer un air plus près du ciel.

 

Encore un étang sans nom sous la face sud de la pointe 2957m

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Plein centre pic de l'Estany Fondo
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Pic de Canalbonne déjà loin au fond
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Pic de Monteixó au dernier plan et estany Fondo
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Estany de la Conca Gelada à 2880m
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Etang de Canalbonne
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Sommet du Rodó de Canalbonne à 3004m
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A gauche du pic de Sotllo les Mont Rouch

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Gros plan sur le pic des Mont Rouch où je me trouvais il y a 3 jours
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La vida es vertical
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Maintenant que j’y vois plus clair, et que le beau temps semble s’installer durablement, je m’engage vers un retour très personnel. Cela va consister à jouer à saute mouton entre 3 vallons, avec une recherche permanente d’itinéraire. Mais avant cela, je veux résoudre le problème de la pointe 2957m toute proche avec sa brèche. C’est parti à 13h20. Rapide retour au col 2919m, et la crête est vite gravie jusqu’à cette fameuse brèche. Elle n’est pas si profonde est se descend très bien ; les derniers pas sont rapides. 13h40 [4h53] voilà ce sommet atteint. Mais il faut enchainer.

 

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Plein centre le Rodó de Canalbonne d'où je viens
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Pic de Montcalm et étang de Canabonne
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Sommet 2957m
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Pour le second passage à la brèche, je découvre que l’on peut facilement l’éviter par la gauche dans le sens du retour, donc versant sud. Je vise ensuite un petit col permettant de passer sous l’arête nord du pic de Canalbonne. Un isard solitaire se trouve sur mon passage et il ne semble pas bien farouche. Etonnant ! Il va se coucher dans un névé et ne me quitte pas du regard. Pourtant, mon itinéraire me conduit à le déranger, et je découvre le pourquoi de son calme apparent : il boite. Pauvre bête, un handicap sur ce terrain peut vite être fatal. Chacun suit sa route, en espérant que la sienne soit longue et la mienne sans encombre.

 

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Cryothérapie

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J’ai bon espoir qu’en arrivant à ce qui me semble être un col, je trouve un passage « facile » sur le versant opposé, mais il n’en est rien. C’est un couloir plongeant sans voir le fond qui se présente là. Sans aucune garantie, je ne me risque pas. Il doit y avoir mieux plus au sud. La crête à suivre n’est pas complexe mais ne permet pas d’avancer vite. Un second couloir fait de l’œil, mais là encore aucune garantie. Ce sera le troisième couloir tout en herbe qui sera le bon. C’est une perte de dénivelé de 150 mètres pour couper au plus haut le vallon de l’étang d’Areste, et repartir sur le versant opposé. Voilà à présent autant de dénivelé à reprendre.

 

Vue arrière

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Le point bas visé sur la crête sud/ouest du pic de Canalbonne
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Chemin envisagé hors sentier pour rattraper la frontière
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De G à D vallon de l'estany d'Areste, pic d'Areste, vallon de l'estany Fondo
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Comme l’a écrit Sir Ernest Shackleton : « Par l’endurance, nous conquérons ». C’est tellement vrai quand je vois le parcours effectué. Et le plaisir ne faiblit jamais malgré le dénivelé qui s’accumule. C’est un vrai bonheur de pouvoir déambuler sans restriction en se jouant des barrières naturelles et humaines. Et quel paysage ! Voilà dans quel état d’esprit je passe une nouvelle fois la frontière à 15h42, après 6h43 d’errance en altitude. Je dois avoir le cerveau mal irrigué car tout me semble exceptionnel par ici. Des paysages aux couleurs contrastées, en passant par l’immense possibilité d’ascensions diverses, tout me semble exceptionnel. Inutile d’aller hors de l’atmosphère pour avoir les pieds hors sol.

 

Crête frontière

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Le couloir d'herbe permettant de passer d'un vallon à l'autre
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Pic d'Areste et étang éponyme - au fond pic de Monteixó
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Col frontière
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Me voilà rendu au dessus du vallon des étangs de la Gardelle. Objectif rempli, il ne reste plus qu’à le descendre. 1200 mètres de dénivelé à perdre, ce n’est pas rien. Un bon sentier permet de visiter les étangs. Puis il perd doucement du dénivelé sans que jamais ce ne soit monotone. Mais la grande retenue d’eau de Soulcem constamment en point de mire, ne semble jamais se rapprocher, et après 8h de marche, ce serait mentir que de dire que la fatigue ne pèse pas. Ce sentier a le bon goût de ramener le marcheur directement au point de départ, chose faite à 18h05, concluant une belle boucle de 8h48, toujours soutenue. L’erreur matinale est à l’origine d’une très belle journée, que je n’aurais pas savourée autant sans cette erreur. La providence m’a permis d’éviter bien des ennuis. J’en sais à présent un peu plus sur les Canalbonnes qu’ils soient pics, étangs ou cols.

 

Les étangs de la Gardelle

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Pic Sud de Canalbonne 2849m, à faire dans le futur
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Etang de Canalbonne de la Gardelle
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Grand étang de la Gardelle
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Etonnante cabane que l'on trouve actuellement partout en Ariège
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Soulcem encore si loin
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Trace du jour :

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Les chiffres de la journée :

Temps de marche total 8h48 pour 17,5, km à 2 km/h

Dénivelé positif total : 1810 m – Autant en négatif

Point culminant : 3004m

 



23/07/2021
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