Pic du Canigou en boucle par la Serra del Roc Negre
09/06/2025 : Batère (1480m) – Coll de la Cirera (1731m) – Pic Gallinás (2461m) – Puig del Roc Nègre (2714m) – col 2509m – Puig Sec (2665m) – Portella de Valmanya – Pic du Canigou (2784m) – Refuge des Cortalets – Ras de Prat Cabrera (1738m) – Coll de la Cirera – Batère
Longue marche pour parvenir au sommet de l’Olympe des Catalans. C’est pour moi le plus bel itinéraire que l’on puisse parcourir en tant que randonneur pour se rendre au sommet des 2784 mètres qui dominent toute la plaine du Roussillon, et la vallée du Conflent. Des crêtes, encore des crêtes puis de la forêt et des fleurs, sont au programme de cette merveilleuse boucle. Je connais cet itinéraire pour l’avoir parcouru dès mes 10 ans alors en deux journées, mais je vais effectuer cette boucle pour la première fois dans le sens horaire. Même si la difficulté majeure va consister à descendre le passage délicat des dalles du Roc Nègre jusqu’au col 2509m, le reste est plus cohérent dans ce sens pour de multiples raisons : la gestion de l’eau, de la chaleur et le risque d’orages. Ma Corinne me fait confiance, se fait également confiance en ses capacités techniques et va découvrir cela pour une première fois. Pour le passage technique des dalles jusqu’au col 2509m sous le Roc Nègre, un balisage frais de 24 heures a été effectué par Yannick. Le départ depuis le terminus de la route des mines de Batère à 6h45 n’est pas très matinal, mais il faut ménager sa monture. Nous suivons le GR10 pour effectuer la montée au coll de la Cirera. Il faut compter 35 minutes sans se presser. Puis nous bifurquons à gauche, pas de balisage mais un très beau sentier.
Les premiers objectifs matinaux Pel de Ca et Cincreus
La pente vers le coll de la Cirera
Puig de la Soca à gauche (photo Corinne)
Passage clé sur le tour du Canigou
Nous tournons sur notre gauche
La pente s’incline encore un peu plus durant la montée du Pel de Ca. C’est une prise de dénivelé brutale de plus de 300 mètres. Le sentier passe 30 mètres sous la cime, car la végétation dense et touffue occupe la place. Puis le sentier poursuit son ascension en direction de la cime du Cincreus en suivant parfaitement la ligne de crête. La végétation se raréfie et apparait en quelques dizaines de mètres le paysage habituel que l’on rencontre au-delà de 2000 mètres, c’est-à-dire du gispet et de la roche. Juste au niveau de la cime du Cincreus, la ligne de crête change de cap pour partir vers l’ouest. Durant l’ultime rampe pour gravir le pic de Gallinás, nous allons surprendre un couple de lagopèdes dans son plumage estival. Cette rencontre confirme bien que le nom du sommet où nous nous trouvons n’est pas usurpé. Nous terminons l’ascension de la première cime du jour, le pic de Gallinás (grosse poule) à 9h05 en 2h20. Le ciel est pur, le soleil déjà chaud, mais un vent inattendu nous oblige à nous couvrir. Une petite prise alimentaire et c’est reparti.
Dans la montée du Pel de Ca
Pel de Ca au premier plan, Cincreus dans le second plan
La Serra del Roc Negre apparait depuis le Cincreus
Gentianes printanières au sommet
Juste après cette cime survient une descente pour traverser le plat de les Eugues, une perte de 90 mètres de dénivelé pour repartir sur la crête qui est ponctuée de nombreuses pointes, c’est la Serra del Roc Nègre. Un sentier évite en versant sud les nombreuses pointes, mais nous ne nous échapperons pas et toutes seront gravies. Ne pas sous-estimer la Serra del Roc Nègre, c’est vraiment long, et entre le vent qui succède à la chaleur excessive en alternance, la marche n’est pas bien rapide. Il est déjà 11h17 lorsque nous nous trouvons sur les 2714 mètres de la cime la plus sauvage du haut Vallespir. Cela aura demandé 4 heures depuis le départ, et 1h40 depuis le Gallinás. La vue sur la portella de Leca et la face nord du Puig dels Tres Vents s’ouvre à nous. Le versant sud du pic du Canigou nous appelle, mais le plus technique va débuter. La partie qui va suivre peut raisonnablement être évitée en passant par la portella de Leca et la descente sur les gorgs de Cadi.
Sur la Serra del Roc Negre
Face N du Puig dels Tres Vents à main gauche
Dernières mètres sous le Roc Nègre
En se retournant d'où nous venons
Panorama sur le versant sud du Canigou
L’enchevêtrement de roches qui survient juste après le sommet est relativement technique. Ce passage demande une certaine aisance sur une arête rocheuse. Ma Corinne découvre cet exercice avec beaucoup d’application, même si la présence permanente du vide l’impressionne. Les meilleurs passages sont main gauche versant sud. Il faut viser une pointe rocheuse représentant le nœud de trois arêtes, puis pousser la marche main droite lorsque l’arête devient un peu plus large, et cap au nord. Une descente nettement plus fréquentable arrive alors jusqu’à parvenir sur la pointe 2622. A cette côte débute le passage des dalles. C’est ici que nous trouvons les cairns dressés par Yannick, il y a seulement 24 heures. Sa parfaite connaissance de ce passage couplée à sa très bonne lecture de terrain va nous faire gagner beaucoup de temps, toute proportion gardée. Par un système de vires on se joue des dalles trop verticales et l’on perd du dénivelé pratiquement sans l’usage des mains. Pour une première, ma Corinne se débrouille vraiment bien, avec beaucoup de sang-froid et d’application. Nous gagnons le col 2509 à 12h33 après 5 heures depuis Batère ; il nous aura fallu une heure depuis la cime du Roc Nègre pour arriver à ce point bas.
En direction des dalles
Primevère hirsute ou Primula hirsuta
Il faut viser la pointe 2622 au tout premier plan
C'est bien vers le bas que ça se passe !
Col 2509m au niveau des tout petits névés
Pour moi il fait faim mais il faut encore et toujours avancer, alors sans tarder nous enchainons. Sur le fil de l’arête qui remonte sur le Puig Sec, il faut passer la côte 2554 par des passages étroits où l’usage des mains est obligatoire. Il est conseillé d’évoluer versant ouest nettement moins vertical que son opposé à l’est. Cette partie demande un peu d’attention, ce n’est pas de la randonnée aseptisée. Une fois cette côte effacée, il ne reste plus qu’un long plan incliné à remonter pour poser les pieds sur cette nouvelle cime. 13h19, voilà les 2665 mètres du Puig Sec et son colossal cairn atteints, le tout en 5h44. C’est un sommet central pour observer les plus hautes cimes environnantes, mais également aussi loin vers l’est que l’ouest. Je dois m’octroyer une pause alimentaire alors que Corinne aurait pu poursuivre dans l’élan sans rien manger. Mais cette pause est aussi l’occasion de profiter encore un peu du calme de la solitude car la suite de l’itinéraire en sera autrement. Le seigneur Canigou attire comme un aimant une multitude de marcheurs, traileurs, randonneurs.
Dans la remontée vers le Puig Sec
Pente terminale sud du Puig Sec
Dans notre dos d'où nous venons
Du Pic de Gallinás et la Serra del Roc Négre
Regard sur la face sud du Canigou depuis la cime du Puig Sec
Vue vers l'ouest sur les Plans de Cadí
Il n’y a plus à présent de parties réellement techniques. Descente sur la portella de Valmanya où il est tout à fait envisageable de partir main droite pour retrouver 1000 mètres plus bas le balcon du Canigou, tout comme passer par la crête du Barbet. Ce n’est pas le choix que nous ferons pour le moment. Nous retrouvons le sentier qui arrive des plans de Cadí, puis une traversée conduit au pied de la cheminée finale. C’est la partie ludique du parcours et comme toujours, la prise de hauteur est rapide dans cet escalier géant. Il faut croiser quelques personnes qui descendent la cheminée avec moins d’aisance que nous qui montons, et c’est à 14h25 que l’Olympe est gravi. Cela aura demandé 6h33 pour réussir cette fantastique ascension. Une brume de chaleur ne permet pas de voir la mer en ce jour, et timidement les sommets du Capcir, mais la vue grandiose est bien là. Un 36ième Canigou réussi, un partage de tous les instants, profitons un peu malgré la vingtaine de personnes au sommet. Nous prendrons enfin le repas à 14h42, 4 minutes sous la cime. C’est que la moitié de l’itinéraire n’a pas encore été effectué.
Sortie de la brèche Durier
Au pied de la cheminée terminale
(photo Corinne)
Quelques vues depuis le sommet
Vue sur le clots dels Estanyols
A l'heure du repas (photo Corinne)
Il est déjà 15h25 quand nous prenons la direction du retour en suivant l’itinéraire de la voie normale. C’est en terrain connu que nous évoluons. Les genets purgatifs sont en fleurs, un jaune vif éclaire les pentes de la montagne. L’Estanyol mérite une pause contemplative malgré la distance qui nous reste encore devant. Puis passage au refuge des Cortalets à 16h46 pour 7h52 d’efforts, pour une bière indispensable, et enfin faire le plein d’eau. C’est la première source que l’on croise depuis le départ. A cet instant tout va pouvoir s’accélérer. Nous sommes sur le GR10, cerveau dans bocal, bocal dans sac et direction Batère. Le passage au Ras dels Cortalets offre la possibilité d’éviter la piste du Llech en prenant un sentier passant sous la piste mais cela imposerait une petite remontée. Nous allons aller au plus direction et bien que monotone, c’est nettement plus rapide. Pour preuve, nous parvenons au Ras de Prat Cabrera à 17h56 après 8h52, soit seulement une heure après les Cortalets. Nous nous trouvons face au coll de la Cirera à l’est et à la même altitude, mais il y a encore tout le cirque de la Lentilla à parcourir. Une courte pause alimentaire car les indications annoncent 5 heures avant Batère, puis nous poursuivons sur le balcon du Canigou toujours sur le GR10.
En descendant du sommet
L'Estanyol
Refuge des Cortalets (photo Corinne)
En quittant les Cortalets par le sentier de la piste
Sous le refuge des Cortalets (photo Corinne)
Au Ras dels Cortalets (photo Corinne)
(photo Corinne)
Batère 6h50 - 14km, oups ça va faire long !
Sur la piste du Llech bien fleurie (photo Corinne)
Où nous devons nous rendre
La Serra del Roc Nègre que nous avons parcouru
Gros plan sur la descente au col 2509
Cette portion de GR10 est la plus belle que l’on puisse trouver en cette saison, par la variété et l’abondance de ses fleurs. Il manque encore les lys mais c’est déjà bien fleuri. Un véritable régal pour les yeux. Le sentier est parfaitement tracé et ne perd pas un mètre d’altitude jusqu’à l’abri du Pinatell. Nous cheminons 1000 mètres sous les crêtes parcourues dans la matinée. Nous passons à l’abri du Pinatell à 19h07 et 9h53, cap sur la cabane de l’Estanyol. Nous allons entrer dans le sous-bois, le sentier devient plus forestier. Après 10 heures de marche Corinne allonge le pas comme jamais. Il n’est pas question de courir, non bien sûr que non, mais bel et bien de sprinter. Nous basculons dans l’irrationnel. Pas de fatigue, que de la joie et du plaisir, et c’est au pas de course que nous avalons la distance qui sépare les deux cabanes. Nous parvenons à la cabane forestière de l’Estanyol en 30 minutes à 19h35 pour un total de 10h21. La source coule, je m’abreuve et l’on enchaine car nous venons de perdre 300 mètres qu’il faut immédiatement reprendre.
Sous la crête du Barbet les gentes purgatifs en fleurs (photo Corinne)
Un champ d'asphodèles (photo Corinne)
Ravin del Prat del Prior
La Carnisseria (photo Corinne)
(photo Corinne)
La remontée qui arrive aussitôt après la cabane calme nos ardeurs, mais ne nous stoppe pas pour autant. La température est agréable à cet instant de la journée, ce qui facilite la reprise de hauteur. Le sentier est propre, la marche facile. Il est alors 20h31 quand nous repassons pour la seconde fois au coll de la Cirera [11h15], puis descente sur le point de départ toujours en suivant le GR10. Fin de ce beau périple à 20h55 pour un total de 11h40. Malgré la longueur de l’itinéraire, en cette saison nous n’avons pas eu besoin d’utiliser la lampe frontale. Un grand merci à Yannick pour le balisage parfait des dalles. Je suis fier de ma Corinne face à cette première devant les obstacles rencontrés.
(photo Corinne)
Ici il est indiqué 5km et 2h, noue mettrons 1h20
En descendant du coll de la Cirera
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 11h40 pour 30,6 km à 2,6 km/h
Dénivelé positif total : 2011m – Autant en négatif
Point culminant : 2784m
La même boucle dans le sens inverse 13 ans plus tôt : Raid au Canigou par les crêtes de Batère
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