Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Traversée du Prieuré de Serrabona à Saint-Michel-de-Cuxa par les sentiers du Canigou

21/05/2022 : Prieuré de Serrabona (590m) – Col d’Arques (1022m) – Roca Durena (1201m) – Chapelle Sainte Anne de Quatre Termes (1348m) – Col de Palomère – Tour de Batère – Pic Saint Pierre (1791m) – Col de la Cirèra (1731m) – Ras de Prat Cabrera (1738m) – Ras dels Cortalets (2050m) – Roc Mosquit (1901m) – Coll del Joal (697m) – Coll de Clara (654m) – Abbaye de St Michel de Cuxa (452m)

 

J’avais imaginé depuis longtemps cette traversée pour rallier par des sentiers, deux magnifiques sites Roman du pays Catalan. Il fallait trouver simplement le moment idéal pour tenter ce parcours long et exigeant. Lorsque je me mets en marche depuis le parking du prieuré de Serrabona à 4h57, il fait déjà 15°C, c’est dire si la journée s’annonce chaude. Un hibou hulule semblant me saluer. La première partie de cet itinéraire jusqu’à la chapelle Sainte Anne, a été parcourue le 9 avril dernier. Sentier facile même dans l’obscurité d’une Lune décroissante. Je prends de la hauteur sur un terrain fait de schistes au milieu d’une végétation méditerranéenne. Alors que le jour est sur le point de poindre, le chant des oiseaux remplit l’espace ; ça piaille à tout rompre, c’est amusant de comparer cela à un réseau social animal, mais absolument pas virtuel. Une fois sur la crête, cap au sud. Une forte odeur de bouc semble me suivre. En fait, je ne tarde pas à découvrir un troupeau d’une vingtaine de chèvres paisibles qui ont passé la nuit sur ces hauteurs. A l’approche de la chapelle, c’est une bonne quarantaine de moutons paniqués que je croise. Cette montagne aux abords arides est finalement très nourricière. Je passe à la chapelle Sainte Anne de Quatre Termes à 6h38, en 1h41.

 

Le massif du Canigou tel qu'il apparait depuis la crête de Serrabona

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Le jaune sera la couleur dominante du jour
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Canigou vu depuis les ruines de la chapelle Sainte Anne
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Il faut toujours marcher vers le sud alors que la crête s’effondre. Il n’y a plus vraiment de sentier, il faut évoluer dans la pampa locale, en s’aidant plus ou moins des sentes de bétail. Il fait déjà jour est la température vient de dépasser les 20°C, alors que le soleil ne chauffe pas encore cette crête, ça promet pour la suite ! Je traverse un troupeau de vaches Highland, race bovine écossaise caractéristique par sa robe rouge clair et ses longs poils. On se salue respectueusement à plus de 10 mètres et je file de bon pas vers le col de Palomère que j’atteins à 7h35 après 2h39. C’est un col routier qui délimite le Conflent à l’ouest du Vallespir à l’est. Il y a plus de 12 ans en arrière, je traversais ce col à vélo, aujourd’hui c’est à pied. Après le piaillement des oiseaux, j’ai droit aux bourdonnements des insectes. Décidément, la nature en cette saison ne manque pas d’animation.

 

La longue Serra del Roc Négre

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Objectif tour en vue

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L'ancien site minier de La Pinouse
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Gros plan sur La Pinouse

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Col de la Creu d'en Turon
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Col de Palomère dans le creux
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Divergence d'altitude pour un même point
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Après une pause de 15 minutes, je reprends la marche à 7h50 en suivant la piste forestière et le balisage GR Ronde du Canigou, toujours cap au sud. C’est ombragé, c’est efficace, ça déroule bien. Puis le sentier quitte la piste pour s’élever efficacement en forêt. C’est une sorte de raccourci, car la piste mène au même endroit, la tour de Batère, ou plus exactement la Tooorrrre de Batèèèèèère selon la prononciation locale. Cette tour à signaux datant du début du XIVe siècle, faisait partie d’un réseau de communication utilisant la fumée. Cette dernière était essentielle car elle se situait au carrefour des tours du haut Vallespir pour communiquer avec le palais des Rois de Majorque de Perpignan. Je ne fais que passer à 8h49, après 3h37, et un peu plus de 1200 mètres de dénivelé positif.

 

Suivre la Ronde du Canigou - Torre de Batera

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La tour sort la tête hors du feuillage
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Premier objectif atteint
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La Torre de Batera
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Il fait à cet instant 25°C, et je dois gérer ma réserve d’eau. Je comprends vite qu’il faut aller là où se trouve l’eau, c’est-à-dire sur le balcon du Canigou. Je quitte le GR pour prendre de la hauteur sur le canal del Bolet, cap à l’ouest toute. On trouve une sente et quelques cairns mais il n’y a aucune difficulté sur ce terrain dépourvu de végétation haute et de roche. C’est très fleuri, un régal. J’évolue sur un terrain connu, puisque le site minier de Batère était un terrain de jeu des dimanches après-midi durant mon enfance. Il est plaisant de se remémorer des souvenirs lointains de quelques décennies, dans un paysage familier. Je fais l’impasse sur le Puig de l’Estella pour aller au plus direct sur la cime voisine. Petite page historique peu connue. Le 10 février 1917, sous les flancs du Puig de l’Estrella, au lieu dit « Roca Gelera », une avalanche meurtrière va prendre la vie à 12 personnes sur le site minier de la Pinouse. C’est à ce jour la seconde plus meurtrière avalanche après celle de Fontpédrouse en 1810 (27 victimes). Ce phénomène naturel ne se reproduira certainement plus dans ce secteur, puisque la montagne en ce temps-là était déboisée, accélérant le processus de glissement de plaques de neige. Depuis le débonnaire pic Saint Pierre, il n’y a qu’un pas pour se rendre au col de la Cirèra. Il est exactement 10 heures, et le thermomètre monte encore à 27,5°C. Voilà 4h45 que je marche et l’eau commence à manquer.

 

La tour vue d'un peu plus haut

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Plein centre la chapelle Sainte Anne et la crête déjà parcourue
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Puig de l'Estella tout à droite

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Gros plan sur le Puig Sec
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Douce crête menant au pic Saint Pierre
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Col de Pey, accès aux mines de fer de La Pinouse
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La crête venant de la tour de Batera
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Depuis l'age de 10 ans, j'ai toujours vu des chevaux ici
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Autre vue sur le site minier de La Pinouse
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Je poursuis la marche vers l’ouest en suivant le GR10. L’ombre des pins à crochets est la bienvenue. Ce sentier est justement nommé balcon du Canigou, c’est un plaisir de le parcourir à ce moment de l’année. J’ai usé de nombreuses chaussures entre 10 et 20 ans sur ce sentier, et je suis heureux de le retrouver inchangé malgré les années qui passent. Pour moi, il est et reste le plus beau sentier pour se rendre au Canigou. Au ravin du Gallinassa, je bois jusqu’à plus soif et je remplis la gourde. Le sentier descend jusqu’à la maison forestière de l’Estanyol, où coule également une fontaine, puis remonte aussitôt. Passage furtif à l’abri du Pinatell à 11h30 [6h09]. Je profite d’avancer un maximum tout en me désaltérant à chaque ravin, et je me pose enfin à midi exacte à la Font dels coscolls, cours d’eau bruyant descendant de la Serra del Roc Nègre. Voilà pratiquement 60% du parcours effectué en 6h40.

 

La chapelle Sainte Anne vue depuis le balcon du Canigou

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Festival de jaune genet
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Maison forestière de l'Estagnol
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Ravin de Font Negra
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Abri de Pinatell impraticable à cause des puces de lit
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Le balcon passe en face dans les genets
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Puig Sec
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Gros plan sur les couloirs du Levant
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Le lieu dit "Carnisseria" pas encore peint de rouge rhododendron
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Font dels coscolls
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12h40, c’est reparti pour la seconde partie du périple. Je me délecte de la vue sur le versant Est du Puig Sec et le cirque de la Lentilla. Les couloirs hivernaux ne sont plus des terrains de jeux pour alpinistes, mais d’éphémères réserves d’eau pour les semaines à venir, d’où s’écoule de l’eau en abondance. D’ailleurs, le franchissement du ravin de la Congesta Grossa est un sujet tant le torrent coule avec un fort débit. Puis le sentier change de versant et entre dans un champ de genets en fleurs. L’air est tellement saturé de parfum des genets que cela en devient entêtant ; je suis ivre de pollen. Tout est magnifique, et malgré le fait d’être un samedi, je n’ai croisé personne ; unique pour moi en cet endroit. Le balcon du Canigou débouche sur la piste forestière du Llech, où je m’engage à 13h13 [7h11]. Le temps s’écoule trop vite, alors j’évite le sentier qui monte directement au refuge des Cortalets, pour évoluer sur la piste. C’est monotone, pas très passionnant, mais c’est rudement rapide. Je vais croiser à cet instant deux fois une personne descendant du refuge des Cortalets, à peine un bonjour pour casser le silence et déjà nous ne nous voyons plus. J’arrive au Ras des Cortalets à 14 heures après 7h57, soit 46 minutes depuis Ras de Prat Cabrera. Ce sera le point culminant du jour. Durant cette dernière heure, la température aura dépassé les 32°C. A une telle altitude et à ce moment de l’année, nous pouvons craindre le pire dans les années à venir.

 

Ravin de la congesta Grossa perpétuellement encombré de débris d'avalanches

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Le torrent une fois traversé
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Au coeur des genets, ça embaume
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Regard sur la Serra del Roc Nègre
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Je ne me lasse pas
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Regard sur une partie déjà parcourue
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Ras Prat Cabrera, deux choix possibles pour monter aux Cortalets
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Ras dels Cortalets
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Le seigneur Canigou enfin !P1140124.JPG

 

A cet instant, je mets le cap au nord vers le Roc Mosquit. Il me reste 1600 mètres de dénivelé à perdre, un vrai plongeon. L’ombre de la forêt arrive à point nommé, je commençais à cuire. Il suffit de suivre le bon sentier qui dénivèle très peu jusqu’au roc Mosquit, puis tombe enfin vers la plaine. C’est long, mais c’est long ! Le sentier sort de la forêt au site pastoral de Llaceres, et là pratiquement plus d’ombre. Cet endroit marque également un changement de végétation, la chaleur est insupportable. On peut aussi voir de cet endroit, le monastère de Saint-Michel de Cuxa, point final du périple. Je croise un couple qui monte à la recherche de fraicheur, les derniers marcheurs du jour. La descente jusqu’au col de Joal parait interminable. Lorsque j’y parviens, il est 16h35 [10h20]. Il reste encore une petite bosse à effacer pour passer au col de Clara, d’où l’on récupère une piste forestière. Il suffit alors de se laisser guider par les indications qui conduisent sur la D27, et enfin l’abbaye de Saint-Michel de Cuxa. J’arrive cuit à 17h23, après une marche effective de 11h07, sous un soleil écrasant. Je suis occis plus par la chaleur que par l’effort physique. La nature m’a offert ce que j’attendais, le reste ne compte pas. Je retrouve là ma fidèle Amédine qui me réhydrate à l’ombre de son camion. Quelle belle journée !

 

La face Est du Canigou

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Prades en fond de vallée
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Village de Taurinya à gauche et l'abbaye dans l'axe
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Gros plan sur Saint Michel de Cuxa
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Fin du périple au bout de la route
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Trace du jour :

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Les chiffres de la journée :

Temps de marche total 11h07 pour 44 km à 3,9 km/h

Dénivelé positif total : 2287m – Dénivelé négatif total : 2447m

Point culminant : 2050m



24/05/2022
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