Pic du Madres en hivernale
28/01/2012 : col de Jau (1506m) - refuge de callau - cabane de la Balmette - Pic du Madrès (2469m) - aller/retour
Départ du col de Jau à la frontière entre les départements de l’Aude et Pyrénées-Orientales. Il a neigé légèrement durant la nuit et une fine pellicule de poudreuse recouvre le paysage.
Le départ se fait sur la route forestière à droite de la route départementale.
Il est 8h15 quand je me mets en route et déjà la température est de -3°C. La piste conduit le randonneur jusqu’au refuge de Callau, fermé en cette saison. Le massif du Madres est resté beaucoup plus sauvage que ses proches voisins du Canigou ou du Carlit, si bien que la faune est ici plus abondante. J’aurai le plaisir de voir à l’orée du bois quelques biches et un chevreuil. A l’approche du refuge, la neige fraiche trahit également la présence d’écureuils. Ce côté sauvage a également un prix, c’est le peu de trace de balisage. On est bien loin des GR et autre tour de pays. Pas étonnant que des présences de loups soient régulièrement observées dans ce massif.
La piste monte maintenant au dessus du refuge. En se retournant on peut déjà voir le chemin parcouru.
Col de Jau et pic du Dourmidou
Il faut quitter la piste et prendre le sentier qui doit se trouver quelque part sur ma gauche.
Après de nombreuses hésitations je vais poursuivre sur la piste jusqu’à enfin trouver un balisage bien identifié.
Le sous bois est si « sale » et la neige de plus en plus abondante que je vais perdre à plusieurs reprises le sentier. Tout se ressemble et rien ne ressemble à un chemin. Des arbres déracinés jonchent le sol et coupent souvent le chemin. Grace au GPS je finirai par trouver enfin le bon itinéraire.
Suivre les cairns et le balisage jaune
La neige fraichement tombée masque la glace qui recouvre le sol. Ici le chemin coupe par deux fois le ruisseau de la Castellane. A la sortie de la forêt je vais chausser les crampons.
Les derniers arbres et le chemin quelque part au milieu
Le chemin va entrer dans un vallon étroit qui se termine par la montée sur la cabane de la Balmette. C’est un premier couloir tout en glace vive qui verrouille l’accès au plateau. Avec prudence je vais le franchir sans encombre.
Cabane de la Balmette à droite
Sur le plateau des sources de la Castellane le vent souffle vraiment très fort. Le sol ressemble à une banquise avec d’immenses étendues de glace vive. Le brouillard s’est posé sur moi. L’itinéraire n’est pas bien difficile puisqu’il s’agit de se rendre au pied d’un magnifique bloc de roche nommé le salt del burro et de le contourner sur sa droite. Dans ce brouillard et ce vent et ce froid pourquoi poursuivre ? Il est 10h32 et je me fixe comme objectif de franchir le « Salt » et de faire le point ensuite.
Le Salt del Bourro
A 11h ce passage est franchi, mais à cet instant Eole se déchaine ; de violentes rafales s’abattent sur moi comme pour me dire qu’en ce jour personne n’est autorisé à gravir le sommet. C’est un défi que je vais essayer de relever en mesurant le danger à chaque pas et reconsidérant à tout instant le niveau de risque acceptable. Ici il ne reste plus que 2 couloirs à gravir pour atteindre le plateau qui compose le sommet. La glace est toujours vive toute chute est interdite. Par bonheur, Eole va me laisser une chance et son souffle retombera. C'est maintenant où jamais !
Dans le dernier couloir
Le sommet est atteint à 11h35 après 3h22 d’ascension.
J’ai bien fait d’insister, il fait « beau » et la vue porte sur le Canigou et son massif, le Pic du Cambre d’Aze ainsi que le Carlit et ses sommets satellites. En Ariège le Tarbésou se démarque par l’absence totale de neige. Ce temps clair a un prix qui est de -6,5°C et le premier à le payer sera mon appareil photo dont la batterie rendra l’âme après 2 ultimes clichés.
Sommet du Madres 2469m
Le massif du Canigou vu depuis le sommet
Quel plaisir d’être seul sur un sommet, de pouvoir jouir de la vue et du calme à volonté. J’avais prévu de manger au sommet mais le vent, toujours lui, me contraint à quitter la cime à 11h55. Le retour se fait par le même itinéraire.
Pic du Bernard Sauvage et le département de l'Aude au loin
Comme l’a écrit Jon Krakauer dans son best-seller "Tragédie à l'Everest", « le plus difficile n’est pas d’atteindre le sommet, c’est d’en revenir vivant ». Il s’agit de redescendre les couloirs de glaces gravis quelques minutes plus tôt. C’est à reculons que je vais les descendre. Le premier couloir passé, je vais prendre mon repas assis sur un rocher qui émerge de la glace et avec le soleil en prime. Il est 12h10 et malgré le soleil la température est de -5°C ; cette pause sera de courte durée et 18 minutes après je me remets en route dans le second couloir. Même risque, même technique, on plante le piolet, on fait 2 pas, on déplace à nouveau le piolet et ainsi de suite jusqu’au pied. Le couloir du Salt del Burro est moins raide, j’ai pu l’aborder de face. La traversée des sources du torrent est une formalité.
Pour le retour, je vais profiter de mes traces laissées durant la montée. Le retour par la forêt sera même plus évident dans ce sens de l’itinéraire. A l'approche du refuge, je quitterai enfin les crampons. Retour au point de départ à 15h03 et le thermomètre n’a toujours pas franchis le 0 de la journée (-1°C).
Pic du Canigou vu depuis le col de Jau
La journée en chiffres :
Dénivelé positif total : 1093m
Temps de marche 6h14 pour 19,7km.
3h22 de montée pour 2h52 de descente
Point culminant 2469m et 2h33 passé au dessus de 2000m
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