Crête du Pic des Bareytes au Pic de Médécourbe et Roca Entravessada depuis Soulcem
21/08/2021 : Orris du Carla – Port d’Arinsal (2778m) – Pic des Bareytes (2860m) – Pic de Racofret oriental (2836m) – Pic de Médécourbe (2913m) – collada dels estanys Forcats (2745m) – Roca Entravessada (2929m) – collada dels estanys Forcats – cirque de Baiau – port de Bouet (2509m) – étang de la Soucarrane – étang de Roumazet – orris du Carla
La Roca Entravessada est le second plus haut sommet de la principauté d’Andorre, mais il ne jouit pas de la même renommée que son ombrageux voisin, le pic de Coma Pedrosa. Cela doit au fait qu’aucun de ses itinéraires ne soit vraiment facile. C’est injuste car sa forme pyramidale rend ce sommet très esthétique. C’est par un itinéraire venant du Nord, que je vais aborder cette haute pointe, depuis Soulcem et ses nombreux passages frontaliers. J’ai manqué ce rendez-vous il y a seulement deux semaines pour cause de météo compliquée. Cette fois la météo est vraiment de saison. Départ à 4h55 cap sur le port d’Arinsal. La nuit est claire et étoilée ; un étonnant vent chaud balaye la vallée. Suivre la piste jusqu’au panneau indiquant le port de Rat, puis s’élever dans la pente. Malgré la clarté des étoiles et de la lampe, suivre le sentier n’est pas chose aisée, et je ne suis pas convaincu que cela soit plus rapide que la piste, certes plus longue. Peu à peu, les étoiles disparaissent, s’effacent, s’éteignent, seule la Grande Ourse persiste. A 6h15, la lumière d’un nouveau jour vient éteindre ma lampe, c’est parti pour une longue journée. Passage furtif à la cabane du Rat, afin de faire le plein d’eau. Il est 6h47 [1h53]. Suivre alors les balises jaunes en mettant le cap plein Sud sous les falaises du pic des Langounelles. L’itinéraire est bien tracé malgré la rude pente de ce couloir de roche. Cela me hisse jusqu’à la frontière à 2778m au port d’Arinsal à 7h50 en 2h51. 20 minutes de pause où un vent froid cette fois, s’invite de façon inattendue.
Cabane du Rat au petit jour
Port d'Arinsal en point de mire
Au port d'Arinsal vue sur le Pic de Tristagne tout au fond
Estanys de Montmantell au pied du port d'Arinsal
Le temps d’un petit-déjeuner et j’engage la crête sur ma droite, cap à l’Ouest. La crête ne présente pas d’autre difficulté technique que celle d’être effilée. Le pic de Bareytes est atteint vingt minutes après le col, passage rapide sur cet impressionnant sommet lorsqu’on le regarde depuis le bas.
Le bout de crête menant à la cime du pic des Bareytes
Vue vers le nord depuis le pic des Bareytes
Vue vers l'ouest depuis le pic des Bareytes
Gros plan
La vue est déjà très riche vers le nord/ouest
La crête se poursuit en passant par une nouvelle pointe, puis s’effondre jusqu’au port Dret. Je suis surpris que ce passage soit nommé, car le versant nord est très raide, et le versant sud impraticable après l’étang. Je doute que ce port fût un jour un réel passage transfrontalier. Et à partir de là, la crête prend à nouveau de la hauteur. La suite ne présente pas de grandes difficultés si ce n’est un passage en dalle versant nord. La suite ne demande qu’un peu d’attention, et après une montée constante, on se retrouve au pic de Racofret oriental à 9h30, après 3h55.
Port Dret où des isards "m'attendent"
Seuls animaux sauvages que je croiserai
Si l'on a un doute !
Seul passage en dalle un peu délicat
Roca Entravessada dominant l'estany Forcat
Vue vers le sud depuis le pic de Racofret
Vue vers l'ouest depuis le pic de Racofret
Vue vers le nord depuis le pic de Racofret
La suite va se compliquer passablement. La crête menant au pic de Médécourbe est accidentée, et faite de nombreuses brèches. Sans toutefois nécessiter l’usage d’une corde, il ne faut pas trébucher. Une courte perte de dénivelé amène à une première brèche, où il faut aussitôt reprendre de la hauteur. Et la particularité de cette crête ascendante, c’est que l’on descend souvent dans des brèches, parfois profondes. Un exercice qui stimule autant l’esprit que le corps, en bonne santé si possible. J’ai noté deux entailles plus techniques que l’ensemble de la crête, ou cela demande un surplus d’attention. Je ne manque pas non plus d’observer sur ma gauche la Roca Entravessada, prochaine destination du jour. Le point sommital se découvre au dernier moment, car chaque ressaut masque le suivant. C’est à 10h33 que je foule les 2913 mètres de la cime du Médécourbe [4h54]. Une heure aura été nécessaire pour relier le Racofret au Médécourbe. Jolie surprise en arrivant au sommet oriental en découvrant une plaque commémorative à la mémoire de Michel Sébastien. Tout un symbole pour ce sommet qui possède trois frontières : la France par le nord, l’Andorre par le sud et l’Espagne par l’ouest.
Une partie de la crête déjà parcourue
Le pic de Médécourbe est redoutable sous cet angle
Face nord de la Roca Entravessada
Vallon de Soulcem vu depuis une côte secondaire
Dans mon dos, on suit de loin mon périple aérien
Le passage maladroit d'un bipéde doit amuser ces virtuoses de l'équilibre
Passage vertical proche du sommet
Voilà ce que l'on trouve en haut du passage vertical, de quoi passer une corde dans le sens de la descente
Hommage : "A la mémoire de l’ami Michel Sébastien, initiateur et promoteur du parc Pyrénéen des 3 Nations."
Premier plan l'étang de Médécourbe, au fond le barrage de Soulcem
Les Estanys de Baiau
Après avoir observé attentivement la belle arête nord de la Roca Entravessada, je décide que ce sera par cet accès que je vais aborder ce sommet. La descente de la face sud du pic de Médécourbe se passe sans difficulté. D’abord sur des petites terrasses, un cheminement se dessine peu à peu au fur et à mesure que l’on perd du dénivelé. C’est plus impressionnant que technique. On se retrouve bien vite à la collada dels estanys Forcats, col frontalier hispano-andorran. Je rencontre là un homme circonspect quand à la possibilité de gravir cette face sud si verticale, mais je le rassure bien vite et chacun prend une direction opposée. Les 70 premiers mètres de dénivelé, ne sont rien d'autre que de la randonnée, mais ensuite cela se corse un peu plus. Il y a un ensemble de dalles et deux brèches qui viennent apporter un supplément de complexité. C’est là qu’il faut réveiller le gecko qui dort en soi. Les échappatoires se trouvent toujours versant ouest. De toute évidence, je ne redescendrai pas par ici ; mais ce sera pour plus tard. Il est appréciable de trouver le rocher sec et les semelles accrocheuses. Le sommet est atteint à 11h46, après 5h51. En-fin ! Cela faisait de nombreuses années que je caressais l’ambition d’atteindre cette cime qui oppose une certaine résistance, c’est chose faite. Pause repas à présent, en compagnie d’un vent froid !
Roca Entravessada telle que je vais l'aborder
A 2700 mètres, piscine privée pour bovins en villégiature !
Viser le cairn tout en haut
Itinéraire que j'ai emprunté pour descendre dans la brèche
Il faut réveiller le gecko qui dort en soi, où passer un peu à droite
Les estanys Forcats et la crête frontière
Les estanys de Baiau
Versant nord du pic de Coma Pedrosa
Au premier plan la face sud du pic de Médécourbe
Je suis exactement sur la bonne cime. Quelques personnes se hissent sur le pic de Médécourbe. La foule commence à s’amasser sur la Coma Pedrosa ; ça crie, ça chante, ça aboie. Y aurait-il une course de trail ? En tout cas personne sur la Roca, quelle chance. J’ai tout loisir de profiter de l’instant présent.
« Hier est derrière, demain est un mystère, mais aujourd'hui est un cadeau, c'est pour cela qu'on l'appelle présent. » Proverbe chinois
Pour la suite de la journée, j’ai envie de contemplation, de confort, de simplicité. Je range dans le sac l’esprit minéral du rocher, pour l’esprit végétal du sentier. Le retour se fera par le port de Bouet.
La crête parcourue
J’engage le retour à 12h40 en suivant un court instant la crête Est, facile dans la partie supérieure. Au premier couloir à gauche, on peut plonger sans risque dans cet éboulis de roche fine. Il suffit de rattraper le sentier et revenir à la collada dels estanys Forcats. J’enchaine en entrant en Espagne afin d’aller chercher le GR11. C’est grisant de franchir des frontières purement administratives, bien loin des tracas du monde « d’en bas ».
Crête Est de la Roca Entravessada et Arinsal en fond de vallée
Plongée vers les estanys Forcats
Frontière entre l'Andorre de dos et l'Espagne en face
Le bon sentier conduit proche des estanys de Baiau, pour moi l’un des endroits les plus beaux que je connaisse. Le bleu profond de l’eau est une merveille. Un lieu aussi beau attire forcément du monde, mais la promenade ne s’offre pas si facilement. Le sentier du GR11 descend jusqu’au plat de Bouet, où je trouve qu’il n’est pas nécessaire de passer. La chaleur est insupportable, je suis en surchauffe. Le torrent va offrir une fraicheur incomparable et bienvenue. Depuis les estanys d’Escorbes, je repère vers le nord une pente d’herbe sans barre rocheuse. Il n’y a plus qu’à viser et mettre le cap au nord. On peut suivre le ruisseau de Baiau jusqu’à un plat, puis s’élever dans la pente. La présence de quelques cairns montre que je n’ai pas été le premier à avoir eu cette idée. On ne doit certainement pas trouver mieux comme raccourci.
Estany de Baiau
Petite cascade bienvenue pour faire baisser la température corporelle
Au centre versant ouest de la Roca Entravessada
Gros plan versant ouest de la Roca Entravessada et l'arête suivie
Malgré le hors sentier dans le gispet, la prise de dénivelé se fait rapidement. La partie la plus raide débouche sur un balcon où se promènent quelques chevaux. Plus que 150 mètres de dénivelé pour se hisser au port de Bouet. Là, ce sont des vaches qui broutent à plus de 2500 mètres. La montagne est un véritable parc à animaux domestiques. Je parviens au port de Bouet à 15h20, après 8h08.
Port de Bouet, vue vers l'Espagne
Depuis le port de Bouet cap vers la France
La suite est connue, le sentier de l’étang de la Soucarrane, avec un bref passage à la cabane du berger pour se ravitailler en eau. Depuis l’étang de la Soucarrane, je pars chercher l’étang de Roumazet. C’est personnel, mais je préfère le sentier de descente de l’étang de Roumazet. Une fois au fond du vallon, suivre la sente jusqu’à la passerelle de la cascade de Labinas, et rentrer par la piste, fermant ainsi la boucle transfrontalière des trois nations. Il est 17h10 quand je retrouve le parking. Une journée de 9h50 de pur plaisir s’achève.
Vue sur la piste du port de Rat et une partie de la crête parcourue
Trace du jour :
Profil de la sortie :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 9h50 pour 25,5 km à 2,6 km/h
Dénivelé positif total : 2040 m – Autant en négatif
Point culminant : 2929m
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