Du Pic d’en Beys au Puig de la Cometa d’Espagne depuis les forges d’Orlu
28/10/2022 : Forges d’Orlu (912m) – Etang de Naguille – Cabane d’Eychouze – Pic d’en Beys (2532m) – Couillade d’en Beys (2345m) – Etang d’en Beys – Coll de la Grava (2478m) – Pic de la Cometa d’Espagne (2763m) – Portella Gran (2603m) – Jasse de Delà – Prairies de Gaudu – Forges d’Orlu
Ce circuit original en forme de périple est inspiré en partie du livre de Michel Sébastien « Randonnées dans les Pyrénées du soleil », mais pas seulement. J’avais envie de mettre à profit les connaissances que j’ai engrangées cette année sur ce secteur, autant en hiver qu’en été, pour composer une belle boucle. Cela permet de parcourir des montagnes proches aux caractères bien différents. C’est également le prétexte pour découvrir un nouveau sommet, celui d’En Beys.
Départ à 4h05 depuis le parking des forges d’Orlu, après une nuit bercée par les hurlements des loups du parc tout proche. Montée en forêt par l’efficace sentier qui me mène à 6h10, en 2h05, à l’étang de Naguille. Dans le noir sombre de la nuit, la montée n’est pas bien rapide mais l’essentiel n’est pas là. Suivre ensuite le sentier le long de la rive, jusqu’à son extrémité. Traverser la passerelle, et rester sur le sentier GRP balisé de jaune et rouge, jusqu’à trouver la cabane d’Eychouze. Je parviens au refuge à 6h52, en 2h47 de marche. En ce matin de semaine, personne n’occupe le petit bâtiment. Première pause petit-déjeuner, et je me remets en marche à 7h10, toujours à la lueur de la frontale. Il faut toujours rester sur le GRP jusqu’à se rendre à la verticale du pic d’en Beys. Quitter alors le sentier et prendre pleine pente direction l’Est. La luminosité est à présent suffisante pour se passer de la frontale, idéal pour mieux chercher son chemin à la lumière naturelle. Il n’y a pas le moindre cairn.
Vue sur le cirque des Peyrisses
Pic d'en Beys versant Ouest
Une patte d'ours au pied de la face
Vol presque stationnaire de vautours
Le terrain est plus compliqué que la carte ne le laisse paraitre, comme souvent dans ce bout d’Ariège. C’est un terrain morainique agencé en étages. Il faut viser une brèche sur la crête, et aller au mieux à travers les blocs erratiques. On croise quelques minuscules étangs, grands comme des mares, mais toujours avec de l’eau claire. Une fois sur la crête, je comprends vite qu’il faut rester sur le versant ouest. Il faut rester sur le fil ou juste sous le fil, avec un passage en II sup dans une écaille. Comme toujours, techniquement ce n’est pas exceptionnel, mais tout faux pas serait fatal ; il faut bien garder cette information à l’esprit avant d’aller au-delà. Une fois ce passage effacé, le final est une formalité. Le sommet est atteint à 9 heures, après 4h31. Ce sommet ne doit pas recevoir beaucoup de visite, car il n’a même pas droit à un cairn sommital. Pourtant, la vue sur les environs vaut l’effort qu’on lui apporte.
Vue vers le Sud sur coll de la Grava où je dois me rendre
Regard d'où je viens depuis l'étang de Naguille
L'arête à suivre versant Ouest, partie la plus technique
Il a fallu trouver un passage dans ce glacier rocheux
Les ultimes pas de l'arête, plus simple qu'il n'y parait
Etang inférieur des Peyrisses vu depuis le sommet
Vue vers le Nord sur le pyramidal pic d'Ouxis
Gros plan sur les sommets du Donezan
Etang d'en Beys quelques 570 mètres plus bas
L'itinéraire que je vais emprunter pour franchir le coll de la Grava
Gros plan sur le pic d’Agnel gravi 15 jours plus tôt
Gros plan sur le pic de Nabre
Vue sur l'étang de Naguille et la cabane d'Eychouze
Gros plan sur la cabane d'Eychouze
Un vent froid mais raisonnablement fort, me pousse à ne pas trainer sur place. Direction à présent l’étang d’en Beys. Inutile de revenir sur la couillade d’en Beys pour changer de versant. Il faut prendre le second couloir juste après le sommet. Bien que très raide et recouvert de gispet, cela se descend aisément, néanmoins avec l’aide des bâtons. Le couloir reste assez court et débouche sur une sorte de terrasse. Ne pas descendre directement vers l’étang d’en Beys, mais rester de niveau, cap S/W jusqu’à couper le sentier du GRP, sous la couillade d’en Beys ; il n’y a pas d’erreur possible. Cette descente sur sentier, sera l’occasion de croiser quelques isards. Il y a même une source improbable où l’on peut s’approvisionner en eau. Rapide passage au Gourd Gaudet, et j’engage un virage à l’ouest pour entrer dans le vallon où coule le ruisseau de l’étang Faury.
Le couloir dans mon dos dans son intégralité
La face S/W du pic d'en Beys s'éloigne
Quelques isards ayant échappé à la chasse 2022
Etang de la Couillade et l'étang d'en Beys
Je dois monter au coll de la Grava mais je ne trouve aucun itinéraire visible sur le terrain. Je choisis de monter en suivant au plus près le cours d’eau qui s’échappe des étangs de la Grava. C’est un hors sentier mal commode, où chaque pas demande un véritable effort. C’est le ravin de la désolation. Comme souvent avec un cours d’eau, on rencontre un canyon ou une cascade, obligeant à faire un contournement pour se hisser au-dessus de l’obstacle naturel. Chacun choisira au mieux un passage ; impossible de décrire quoi que ce soit de façon fiable. Après le canyon, la pente devient moins prononcée mais le terrain n’en est pas meilleur pour autant. J’arrive à l’étang inférieur de la Grava 2229 mètres à 11h45 et 6h51, un temps considérable depuis le pic d’en Beys. C’est déjà une satisfaction d’arriver sur la berge de ce beau plan d’eau, d'autant qu'il est vraiment très beau.
Toujours le pic d'en Beys versant Sud
Le long ravin à remonter pour se rendre à l'étang inférieur de la Grava
Ruisseau de l'étang Faury, j'ai suivi le goulet rocailleux
Désolation, vous avez dit désolation !
Quelque part sous le soleil se cache l'étang
Panorama dans mon dos
La suite de l’itinéraire est du même acabit, pas mieux, pas pire, le canyon en moins. Comment vais-je trouver le prochain étang ? Pas comment s’y rendre, mais quelle est sa couleur, son niveau d’eau, son étendue. Là encore c’est un étonnement d’admiration lorsque je parviens à l’étang supérieur 2315 mètres. Je le trouve encore plus beau que le précédent, même si mon jugement est très relatif au niveau de fatigue qui est le mieux à ce moment-là. Contrairement à l’étang inférieur qui a une couleur bleue, l’étang supérieur a des reflets verts avec une eau très cristalline. Il parait même être à sa côte d’eau maximale. Enfin, depuis ce dernier, le coll de la Grava est visible, et c’est encore 160 mètres à gravir pour y parvenir. Je trouve des cairns qui doivent être extrêmement utiles en cas de brouillard, mais on peut marcher droit dans la pente couverte de roches instables. Il faut s’élever en arc de cercle sous la paroi ouest des Tres Piques Roges. Enfin le coll de la Grava est atteint à 12h18, pour 7h17 au total. Franchir ce col est une course dans la course. La vue s’ouvre à présent sur la haute vallée de la Têt et ses doux méandres. Je suis au point le plus éloigné de la boucle.
Etang inférieur de la Grava
Etang supérieur de la Grava et coll de la Grava dans le fond
Etang de la Grava vu depuis le coll éponyme
Pic Carlit dans le fond
Objectif tout au fond vers l'Est
Prendre à présent les pentes catalanes en direction de l’est, sous la crête des Trés Piques Roges. Cette crête des trois pics rouges est agréable, spectaculaire, mais ne permet pas d’avancer vite. Pour autant, la marche en dévers sous cette dernière n’est pas non plus un sentier aseptisé. La spécificité locale est que le terrain est composé de grosses bosses, tel des terrils, et que la marche en ligne droite est pratiquement impossible. Il faut donc louvoyer au gré des bosses et des creux. Sous la pointe centrale des Piques Roges, je découvre un étang minuscule, anomalie climatique où un bloc de glace est présent malgré la température positive. Ce coin de fraicheur est connu par les animaux locaux, puisque je croise quelques femelles mouflons toutes proches. Il faut s’élever encore et encore jusqu’à parvenir à un étang en forme de haricot, où l’on domine le superbe estany de la Grava, celui-ci versant catalan. Le nom correct aurait dû être « estany de la Cometa d’Espagne », puisqu’il est exactement sous ce sommet. Je parviens sur sa rive à 13h25, un peu en perte de vitesse par la matinée longue de 8h16 de marche, et quand même 2210 mètres de dénivelé positif. Il est plus que temps de s’alimenter sérieusement.
Deux mouflons sur l'image en tenue de camouflage
Je suis au royaume des mouflons
Serra de l'Orri au second plan
Le col d'où je viens
Totalmente agotado, ¡no aguanto más!
Il m’aura bien fallu 45 minutes pour retrouver l’énergie de reprendre la marche. En cette fin de mois d’octobre, le jour laisse place à la nuit à 19 heures, je dois rentrer au plus direct à présent, non sans me hisser encore une fois sur une cime. C’est le tout proche Puig de la Cometa d’Espagne qui ne peut m’échapper. Reprise de la marche à 14h10. Contourner l’étang par sa rive occidentale, puis s’élever le long du bout de crête Sud. C’est une formalité, il y a même un sentier qui conduit paisiblement à 14h45 au sommet du Puig de la Cometa d’Espagne et ses honorables 2763 mètres [8h52]. La vue s’est ouverte sur la Coma de la Llosa et principalement sur l’original Estany Blau. Le temps de profiter du panorama et de trouver la meilleure suite à donner à la journée, et je me remets en action.
Monter sur la crête en face depuis son point le plus bas
Estany de la Grava vu de l'aval
Cherchez bien, il y a des mouflons sur la photo
Puig de la Cometa d’Espagne et la crête sud
Portalla Gran, point bas sur la crête
L'étang en forme de haricot au dessus de l'Estany de la Grava
Estany de la Grava vue depuis le sommet
Gros plan sur les sommets dominant le cirque des Peyrisses
Face Ouest du Puig de la Portella Gran
Le versant Catalan est plus doux que son opposé Ariègeois ; la crête Est du Puig de la Cometa d’Espagne est très facile et passe par un point bas nommé portella Gran. Cela permet de basculer en versant Nord, mais il y a un très bon sentier. Il ne reste plus qu’à le suivre jusqu’à la jasse de Delà. Il y a dans ce mini cirque de tous petits étangs et une source qui est la bienvenue. Je n’aurai jamais pensé trouver de l’eau qui court dans un tel endroit, une bénédiction. Le sentier permet d’avancer sur un bon rythme et d’arriver à 16h03 à la cabane de la Delà, en 9h57. Là également, une fontaine coule pour la cabane.
Les estanys de la Portalla Gran
Un des étangs de la Portalla Gran
Vue depuis le jasse de Delà
Suivre alors le sentier qui descend directement en forêt, par de nombreux lacets, jusqu’à parvenir sur le plancher de la haute vallée de l’Oriège. Chose faite à 16h50 [10h35]. Il ne reste alors que de la piste, certes monotone, mais qui permet d’accélérer la cadence. Le pas devient plus rapide, l’esprit libre de toute recherche d’itinéraire, tout à la contemplation de ce fond de vallée cerné par des versants abrupts recouverts de forêts luxuriantes. Je croiserai à la jasse de Justiniac les premières personnes de la journée. La boucle se termine par l’arrivée sur le musée observatoire de la montagne et le parking initial, à 16h50, pour un total de 12h05. Je dois avouer que les jambes sont lourdes, mais heureux de l’avoir fait. Deux sommets au final, mais avec des caractères bien différents. L’ironie du secteur veut que le sommet le plus technique soit aussi le moins haut, et le plus facile est également le plus haut. L’avantage de ce secteur est de ne jamais manquer de sources d’eau potable.
Un oeillet de Montpellier en fleur fin octobre, il n'y a pas une anomalie ?
Il n'y a rien qui choque ici ? ..............3 ...................2 ...............1 C'est vert ! Etonnant non !
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 12h05 pour 34 km à 2,8 km/h
Dénivelé positif total : 2452 m – Autant en négatif
Point culminant : 2763m
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