Pic de Baxouillade par l’étang de Baxouillade en hivernale
27/11/2022 : Parking du Fanguil – Etang de Baxouillade – Couloir nord de Canras – Pic de Baxouillade (2546m) – Portella d’Orlu – Baxouillade d’en Bas – Parking du Fanguil
Cette sortie est le fruit du hasard et de la météo. Initialement, c’était vers le pic Péric que mon regard s’était tourné, mais l’avis et les photos très récentes de l’institutrice d’Orlu m’ont convaincu à changer de destination au dernier moment. Mon ami Joël est venu me retrouver au village d’Orlu où nous avons mangé à la belle étoile, et nous sommes vite tombés d’accord qu’il nous faut trouver un plan. Le plan B sera le plan Baxouillade. Je n’ai jamais parcouru le vallon de Baxouillade, pas plus que Joël, alors ce choix nous séduit aussitôt. Nuit froide au parking du chalet du Fanguil, départ à 4h50 sous un beau ciel constellé d’étoiles. Nous suivons la piste d’un bon pas pour se réchauffer activement. Dans cet empressement, et sans avoir étudié attentivement l’itinéraire, nous manquons l’intersection du vallon, et suivons la piste jusqu’à la jasse de Sahues, avant de faire demi-tour. Le sentier des étangs de Baxouillade est balisé en blanc et rouge. On traverse le torrent par une bonne passerelle, et on s’engouffre aussitôt en forêt. Pendant que le jour se lève, nous profitons émerveillés, de l’esthétique de la Dent d’Orlu.
Le sentier s’élève fortement, donc efficacement dans le sous-bois. Nous trouvons la neige à partir de 1650 mètres, mais cela ne gêne en rien la marche. La trace est faite. Nous allons découvrir plus loin que ce sont deux chasseurs d'isards qui nous devancent. Il ne faut pas quitter le sentier et son bon balisage. Nous entrons dans le vallon de l’étang de Baxouillade où la neige est de plus en plus abondante. Plus de trace au-delà de 1900 mètres, tout est encore vierge. Nous parvenons à l’étang de Baxouillade à 9h50, après 4 heures de marche. Le temps de marche est totalement faussé par l’enneigement, même s'il faut compter que nous avons perdu 30 minutes par étourderie de bon matin. Dans ce telles conditions, il faut oublier toute référence horaire, et s’adapter.
Vue vers l'étang d'en Beys
Portella d'Orlu et les faces N/E du pic des Recantous
Quelques clichés du pic de Brasseil
L'esthétique de cette belle Dent n'est plus à prouver
Portella d'Orlu droit dans l'axe
Proche de l'étang de Baxouillade
A partir de l’étang, nous oublions le balisage pour s’adapter au mieux au niveau d’enneigement du terrain. Nous passons alors dans un champ de blocs, au nord de l’étang. C’est mal aisé, cela demande beaucoup d’efforts pour une marche très lente. Mais quel décor ! A une altitude inférieure à 2000 mètres, l’ambiance haute montagne est bien présente. Cela incite même à persévérer, malgré les efforts importants à produire. Joël prend un immense plaisir à passer en tête et faire une belle trace ; je laisse volontiers ma place, je gère ma réserve d’énergie. C’est vraiment physique de s’élever dans une neige sans consistance, qui casse à chaque pas, où l’on voit la jambe disparaitre dans un trou, devoir se relever, rechuter, persévérer. Voilà des mois que j’avais oublié la morsure du froid sur les pieds, ce froid tenace qui glace les extrémités au point de bruler comme de la braise. Pas de doute, les conditions hivernales sont là.
Etang de Baxouillade vu de plus haut
Dans notre dos
Gros plan dans notre dos
Afin de trouver un meilleur terrain, nous abandonnons totalement l’axe de l’étang de Baxouillade d’en haut, pour partir dans l’axe du col de Laurenti. Le passage d’un verrou, conduisant à plus de 2150 mètres, est très physique, et toujours ce froid qui ne me lâche pas. Nous entrons dans un minuscule cirque encadré par le Roc Blanc sur notre gauche, et le Pic de Canras sur notre droite. Il est 11h55 lorsque nous découvrons un court et attirant couloir sur notre droite. Il est à l’ombre, les conditions doivent être meilleures que celles auxquelles nous faisons face ; de toute façon ce ne peut pas être pire. La décision est vite prise de s’engager et quitter cet enfer d’épuisement. Pause pour s’équiper puisque nous avons le matériel technique, et 20 minutes plus tard [12h15] je m’engage dans ce couloir de la face nord du pic de Canras. Joël, plus rapide que moi pour s’équiper, est passé tranquillement devant pour ouvrir la voie. Dans ses pas, je ne tarde pas à le rattraper et passer devant pour le soulager. C’est un vrai plaisir de retrouver l’enthousiasme de grimper un couloir, d’autant que la qualité de neige est excellente. C’était le choix gagnant ! Le couloir est très court, et nous sortons à 12h30 sur le grand plateau séparant le pic de Canras du pic de Baxouillade.
Couloirs de la face Nord du Baxouillade
En avant vers le col de Laurenti
Roc Blanc versant ouest et col de Laurenti
Etang de Baxouillade d'en Haut
Le Tarbésou en point de mire à la sortie du couloir
Roc Blanc vu à la sortie du couloir
Il faut encore traverser le grand plateau d’altitude. Le sommet n’est plus très haut mais semble encore loin. Les conditions météo du jour sont parfaites pour aller au bout de notre ascension, d’autant que nous trouvons le soleil, et avec lui la disparition du froid au pied. Nous parvenons au sommet du pic de Baxouillade à 13h10, soit en 7 heures de marche. Une folie, le genre de folie que nous aimons partager avec Joël. Nous sommes sur le point culminant du Donezan, mais pas de la réserve d’Orlu. Pourtant, le panorama valait bien tant d’efforts. C’est la 4ième fois que je gravis le pic de Baxouillade, par 3 itinéraires différents, mais surtout 3 fois en hiver ; cela en dit long sur mon attachement à ce sommet singulier. Repas sur place, repos enfin.
Le sommet est tout au fond, la pointe à gauche
Le Roc Blanc impose sa présence colossale
Belles meringues en direction du Laurenti
La croix n'est plus, qu'importe !
Comme un rituel immuable, je passe en revue les sommets connus et à venir. Je prends plaisir à voir et revoir ce paysage que je connais et dont je ne me lasserai jamais. Je remarque avec tristesse le manque criant de neige sur la grande majorité des sommets des Pyrénées-Orientales, les Pyrénées du soleil comme aimait le dire Michel Sébastien. Ce soleil qui offre une lumière unique est aussi un problème pour la neige depuis l’accélération du réchauffement planétaire. Alors que les sommets Ariègeois sont déjà plongés dans l’hiver, les sommets du pays catalan attendent toujours la neige.
Pic et massif du Canigou
Plein centre le cirque du Cambre d'Ase
Vue vers le sud sur les Pics Péric
Autre vue sur les sommets de la réserve d'Orlu
Plein centre la Pique d'Estats et Montcalm à sa droite
Autre vue vers l'ouest où l'on devine la brêche de la portella d'Orlu
Il est 14 heures quand nous levons le camp. Le retour se fera par la portella d’Orlu. Descente jusqu’au col permettant de basculer en versant sud, vers les estanys de la portella d’Orlu. Pour un versant sud, l’enneigement est considérable et la neige est encore bien portante. Nous descendons au jugé vers les petits étangs sous la portella. Il n’est pas nécessaire de gagner l’étang. Par une marche en dévers ascendante, nous arrivons au pied de la portella, qu’il faut encore gravir à la façon d’un couloir. Ce col frontalier entre la réserve d’Orlu et la vallée du Galbe est franchi à 15h05, après 8h05. La qualité de l’enneigement a bien aidé à passer ce col rapidement.
Descente vers les estanys de la Portella
Le haut de la Portella d'Orlu où l'on va
Vue vers l'Ouest du haut de la Portella d'Orlu
Dernier regard vers l'est depuis la Portella d'Orlu
Retour dans la réserve d’Orlu, pour une longue descente sur de la neige pourrie. Le haut de la portella d’Orlu dans son versant ouest est constellée de gros glaçons ; c’est très étrange. Puis une couche de neige toujours aussi malcommode, où il faut anticiper les pièges sous chaque pas. Mes tibias porteront au final les stigmates des nombreuses chutes, mais sans casse. L’itinéraire de la portella d’Orlu est balisé de cairns, pas toujours visibles sous la neige. Nous suivons plus ou moins le torrent jusqu’à venir faire la jonction avec le sentier, et retrouver ainsi les traces matinales. Fin des crampons, et retour en forêt, puis la longue piste. Nous sommes surpris par la nuit, et les frontales seront à nouveau de service. Fin de cette sortie bien hivernale à 18h15, avec un total de 11h05 de marche. Nous avons mis deux fois plus de temps que nécessaire en conditions estivales, mais le but est ailleurs. Quelle belle journée ! Quel beau plan B. Premier couloir de la saison, certes court et facile, mais couloir quand même. Merci Joël pour me suivre dans mes aventures décalées.
Dans la descente de la portella d'Orlu
Portella d'Orlu au fond à droite
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 11h05 pour 22,2 km à 2 km/h
Dénivelé positif total : 1680 m – Autant en négatif
Point culminant : 2546m
Autres accès au pic de Baxouillade :
Pic de Baxouillade par la vallée du Laurenti
Pic de Baxouillade par le couloir des Estanys de la Porteille (PD sup)
Pic de Baxouillade par le couloir du Gypaète (AD sup)
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