Etape 4 : Refuge Ventosa y Calvell – Refuge Ventosa y Calvell
Mercredi 10 juillet 2019
Etape 4 : Refuge Ventosa y Calvell – Estany Gran de Colieto – estany de la Roca – Punta Alta (3014m) – Pic de Comalesbienes (2993m) – aller/retour
Réveil à 6h10 après une très mauvaise nuit agitée par la chaleur et les bruits du dortoir. El desayuno est à 6h30. Fait exceptionnel, il s’agit d’un libre-service où il faut jouer des coudes pour se servir, mais ce sera copieux. Au programme du jour : l’ascension d’un 3000. La Punta Alta, est sans rapport avec le massif des Besiberri, parce que séparée par la profonde vallée de la Noguera de Tor, dont le lac Cavallers marque l’origine. Nous ambitionnons de gravir cette imposante pointe, mais à l’heure où nous quittons le refuge, 7h25, tous les sommets se trouvent dans les nuages. De ce fait, nous allons suivre l’itinéraire le plus direct. Le sentier descend aux deux étangs de Colieto, et tourne à droite pour s’élever jusqu’à l’étang de la Roca. Nous y parvenons en une heure, échauffement sans histoire. Mais à partir de ce point, tout change radicalement.
Etang sans nom sous le refuge
Estany de la Roca
Une rude montée permet de s’élever au-dessus de l’étang où un isard nous observe, le premier de ce périple. La rampe soutenue débouche dans un chaos de blocs immenses. Le sentier se perd alors dans ce véritable dédale minéral. C’est très raide, cela revient à monter un escalier avec des marches hautes de plus de 60 centimètres. Malgré cette inclinaison, nous n’avons pas l’impression de prendre de la hauteur. Tout est devenu minéral depuis l’étang de la Roca, un décor de haute montagne. A force d’analyser notre environnement, nous finissons par convenir d’un passage dans un couloir évident. La suite va nous montrer que c’était la bonne option. Ce couloir se grimpe rapidement et débouche sans encombre dans un second, d’où l’on peut enfin voir la cime, tout au bout. Le final de l’ascension est du même acabit, c’est-à-dire raide et minéral. C’est une vraie délivrance teintée d’une immense joie, lorsqu’à 10h34, nous foulons les 3014 mètres de la cime de cette Punta Alta. L’ascension totale n’aura finalement duré que 2h42. Nous venons d’effacer la frustration des deux précédentes journées sans sommet. La collection des 3000 de Catalogne vient de reprendre. Le ciel s’étant ouvert durant le temps de l’ascension, nous pouvons profiter pleinement d’un panorama somptueux.
Enfin un habitant permanent du massif !
Des cailloux, encore et toujours !
Le couloir "non officiel" que nous emprunterons
A quelques mètres du sommets
La Punta Alta la bien nommée, offre une vue panoramique exceptionnelle sur tous les grands sommets des environs. Et que dire de la vue plongeante sur les 1200 mètres plus bas sur le barrage de Cavallers ! De ce point, nous avons en visuel tous les 3000 de Catalogne, mais bien plus encore vers l’Ouest, comme le massif d’Aneto/Maladeta, le massif du Perdiguère, celui des Posets, et même le Néouvielle. Nous sommes là sur le dernier grand massif avant le massif de la Pica d’Estats, que nous rejoindrons dans 6 jours de marche. L’Estats est si loin dans le bleu lointain, que cela parait impossible d’y parvenir si vite. Mais chaque chose en son temps ! Pour l’heure, un vent glacial souffle, nous obligeant à sortir doudoune et gants ; un comble pour un 10 juillet. Comme nous avons toute la journée devant nous, je ne résiste pas au plaisir d’aller s’offrir un second sommet, le proche pic de Comalesbienes, au bout d’une élégante arête.
Du sommet immense vue vers l'Ouest
Panorama (cliquer sur l'image pour agrandir)
Gros plan sur le Posets
Gros plan à l'Est sur la Pique d'Estats et ses statelites
Les estanys de la Comalesbienes sous le pic de la Pala Alta de Sarradé
Nous nous lançons à 11h10, avec précaution, en analysant chaque pas, mais aucun n’excède le III. Quinze minutes suffisent pour gagner ce second sommet qui donne une nouvelle perspective sur la Punta Alta, et l’étang de Cavallers si bas. Le temps de prendre quelques photos, et nous retournons sur le faite du seigneur des lieux. La partie retour en désescalade fut une formalité. Entre temps, deux couples de catalans auront foulé le sommet sans y stationner. Nous avons donc pour nous, en exclusivité, cette haute cime. A 11H56, nous nous « mettons à table ». Nous n’aurons marché que 3h11 durant cette demi-journée, mais la rudesse du terrain aura marqué nos esprits plus que de raison. Le vent est tombé brusquement et à présent nous avons droit à un soleil brulant. Quel contraste en une heure de temps ! C’est le moment de disfrutar pleinement. Le repas fourni par le refuge est aussi bon qu’original. Voyons ça : tout est fait à la main, un wrap, une portion de ce que l’on pourrait nommer tielle sétoise, une barre de céréales maison au gout exquis, un fruit, et une boisson. Il faut dire qu’en montagne, pour passer une bonne journée, nous n’avons que deux sujets de conversation majeurs : la météo et la nourriture. Finalement, l’essentiel dans la vie est vite résumé, et l’on se passe rapidement de tout le superflu des villes Durant la pause, un sympathique couple de retraités français arrive pour partager le panorama en notre compagnie.
Punta Alta vue depuis le sommet du Comalesbienes
Les estanys de la Comalesbienes sous le pic de la Pala Alta de Sarradé
Vue sur le massif des Besiberris depuis le pic de Comalesbienes
Etang de Cavallers depuis le pic de Comalesbienes
Le proche Montardo d'Aran
Le vallon de l'estany de la Roca que nous allons redescendre
Etrange fenêtre sur le crête des Besiberris laissant apparaitre la cime de l'Aneto
Après un long bain de soleil, nous quittons ce fier sommet catalan à 13h54. A notre grande surprise, la descente du couloir desservant le sommet, est plus facile que prévue, et nous mène jusqu’à un large col. Depuis ce col, nous rattrapons un névé, qui par chance est encore praticable en neige pas trop dure. Cela permet de descendre rapidement le grand chaos qui nous avait fait tant souffrir à la montée. La suite pour retourner au refuge, n’est plus qu’une formalité. Fin de cette journée non itinérante à 16h25, pour seulement 5h30.
Pic de Contraix aperçu durant la descent
Estany de la Roca
Bonzaï géant proche du refuge
S’en suivent les habituelles tâches quotidiennes de la douche froide et la lessive, avant de fêter devant une claras (bière coupée de limonade), cette journée réussie. Le repas est servi à 19 heures, un horaire fort tôt pour l’Espagne. Il sera copieux comme la veille, et tout aussi bruyant. Il ne reste qu’à souhaiter que la nuit qui arrive soit plus reposante que la précédente. Demain, nous mettrons le cap à l’Est, avec 2 sommets trimillénaires sur 5 au compteur, concluant ainsi ce séjour en Val d’Aran.
Les pics de Comalespada face au refuge
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 5h30 pour 10 km à 1,8 km/h
Dénivelé positif total : 880 m – Autant en négatif
Altitude maxi : 3014 m - Altitude mini : 2173 m
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