Etape 6 : Refugi Colomina – Refugi Ventosa y Calvell
Jeudi 25 août 2022
Etape 6 : Refugi Colomina –Estany Tort – Colladeta de dellui (2577m) – Refugi d’Estany Long (2000m) – Barranc de Contraix – Estany de Contraix – Collet de Contraix (2750m) – Estany Gran de Colieto – Refugi Ventosa y Calvell (2220m)
Je me réveille brusquement à une heure du matin et il pleut encore, avec d’incessants flashs d’éclairs qui illuminent l’horizon dans le lointain. Je repousse alors l’heure du lever à 2h15. La pluie a cessé de tomber lorsque nous nous préparons ; nous quittons le refuge à 2h53. C’est une journée qui contient deux étapes. Le but est simple : arriver à destination finale, c'est-à-dire au refuge Ventosa y Calvell, avant l’orage annoncé, en réalisant la première partie intégralement de nuit. Comme l’avait dit en son temps le grand Jules : « Aléa jacta est ».
Au départ, le sentier perd un peu de dénivelé. Nous suivons l’itinéraire des Carros de Focs qui longe l’Estany Tort que nous ne voyons pas. Seul le clapotis de l’eau trahit la présence de ce qui est certainement le lac le plus grand du parc. Le balisage est parfait pour évoluer à la lueur de la frontale. Nous aurons même le plaisir de surprendre des grenouilles, un crapaud, ainsi qu’un desman des Pyrénées, sans parler des vaches qui ne dorment que d’un œil. Nous suivons de niveau une antique voie ferrée, qui passe par le barrage de l’Estany de Mariolo, dans la structure même de la retenue d’eau. Puis le sentier s’élève pour franchir le premier col du jour. Bien que ce col nommé Colladeta de Dellui ne culmine qu’à 2577 mètres, son ascension est très raide, même épuisante. Cela s’apparente aux marches déstructurées d’un escalier très irrégulier, et il est presque impossible de trouver un rythme de marche convenable. La marche dans le noir nous évite de voir combien la pente doit être raide. Nous sommes heureux lorsque nous franchissons ce premier obstacle journalier à 4h43, pour 1h50 de marche. Il ne reste plus que de la descente jusqu’au refuge d’Estany llong. Mais au bord de l’Estany de Dellui, nous perdons un peu de temps à chercher notre chemin dans un champ de blocs. Nous renonçons vite à chercher un passage dans ce labyrinthe, pour revenir aussitôt sur une variante parfaitement balisée, mais dans l’obscurité, nous perdons malgré tout par moment le sentier, d’autant que les piles de ma lampe frontale sont en fin de vie ; la luminosité ne va pas au-delà de mes pieds. Heureusement, Yannick a un phare marin qui apporte l’éclairage suffisant pour nous deux. Petit à petit, le sentier des Carros de Foc devient parfaitement évident, et nous amène au refuge d’Estany Llong à 6h53, en 3h56. Le premier objectif est rempli. Le jour se lève à peine, nous avons gagné le droit de prendre le petit-déjeuner tiré du sac, sur la terrasse du refuge.
Refuge d’Estany Llong
C'est en face qu'il faut immédiatement remonter
Nous repartons à 7h26. En mettant pied dans la vallée de Contraix, nous trouvons de très beaux cèpes que l’on espère se faire cuisiner au refuge terminal. Le sentier est parfaitement bien tracé, dans un décor grandiose. La prise de dénivelé se fait de façon progressive, et même si la pente se cambre brusquement pour franchir un ressaut, cela reste agréable. Cette partie d’itinéraire s’effectue dans un amphithéâtre verdoyant vraiment sublime, où l’eau ne manque pas. Nous parvenons au très beau lac de Contraix à 9h26, et déjà 5h47 d’efforts.
L'info est donné, il n'y a plus qu'à se mettre en marche
Le bas de la vallée de Contraix est plein de charme
Le sentier passe au dessus de la cascade
L'Estany de Contraix se cache derrière cette muraille
Regard en arrière depuis la montée vers l'étang
Estany de Contraix et collet de Contraix plein centre
Estany de Contraix vu vers l'aval
Le temps de contourner le lac par l’Ouest, et d’engager la montée finale vers le Collet de Contraix, que voilà quelques grosses gouttes se mettent à tomber sur nos têtes. Il est bien trop tôt, les prévisions seraient-elles fausses ? Par précaution, nous enfilons à la hâte nos tenues de pluie, et l’on s’empresse de finir l’ascension du col. Or, la pluie cesse aussi vite que ce qu’elle est apparue. Très bonne nouvelle pour le moment, mais nous voilà trop couverts. Nous croisons de nombreux jeunes adultes qui nous encouragent vivement à passer le col avant la pluie, car ils nous promettent l’enfer dans la descente. 200 mètres de dénivelé séparent l’étang du col, et ils seront vite effacés. Le col est franchi à 10h20 après 6h23. C’est le point culminant du jour. Il y a des cols qui valent des sommets, celui-ci en fait partie.
Encore une montée classique dans les grands blocs
Tuc Blanc ou Gran Tuc de Colomèrs ?
Depuis le col vue vers el valle de Colieto où nous allons
De G à D Punta d'Harlé, Pa de Sucre, Serra de Tumeneia
La descente qui s’ensuit est un vrai moment d’anthologie. En effet, il y a un sujet à passer par là. La pente est très raide et le terrain passablement croulant. C’est autant dangereux pour nos chevilles que pour les personnes se trouvant en aval. Il est heureux de passer ce moment sans avoir à gérer en plus l’orage. Après le terrain croulant arrive un champ des grands blocs, mais nous y sommes habitués depuis 6 jours. C’est de la marche en pleine conscience ; toute notre attention est focalisée sur cette marche en équilibre précaire. Le grip des semelles fait des merveilles. Un bon sentier refait son apparition au niveau de l’estany Gran de Colieto. Un peu de marche en pelouse, et un final en balcon pour terminer cette très belle et spectaculaire étape. La fatigue et la faim se font quand même sentir. Nous arrivons au refuge à 12h34, pour un total de 8h14. Le temps théorique annoncé par les panneaux indicatifs aux différentes intersections donnait 9 heures. Objectif rempli puisque nous avons échappé à la pluie. Finalement, cet orage annoncé n’arrivera qu’à 20 heures. Ce fut la journée la plus longue en kilomètres. Paradoxalement, c’est aussi la journée où nous avons avancé le plus vite.
Une partie de la descente vue de dos
Versant Nord du Pic de Contraix
Collet de Contraix est sa carrière de granit à ciel ouvert
Il en faut peu à un pin à crochets pour prendre racine
Estany Negre vu depuis le refuge Ventosa y Calvell
Il y a pire comme point de vue
Plus rien ne presse puisque le beau temps semble même se maintenir, alors nous allons nous offrir un repas en terrasse face au massif des Besiberris. Le pique-nique attendra un jour de plus dans le sac. La suite de la journée ne sera que repos, non sans avoir pris une douche très froide pour moi, et presque aussi froide pour Yannick. En effet, pour 3€, il y a 5 minutes d’eau chaude dont la première minute est consacrée à purger les tuyaux. Invariablement cela conduit à se rincer brutalement de 37° à 10° sans transition. Je préfère m’adapter immédiatement à 10°, ainsi il n’y a pas de mauvaise surprise. Ce nouveau refuge est pratiquement plein, et c’est également le plus cher que nous ayons visité. Nouveau passage à table à 19 heures, où nous n’aurons pas les cèpes ramassés dans la matinée. La cena se compose d’une soupe de légumes, de l’indispensable salade composée, suivi de morceaux d’agneau en sauce, et pour finir une tranche de pastèque en dessert. Alors qu’il pleut copieusement à l’extérieur, nous partons nous coucher à 21h30.
¡Buen provecho!
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 8h14 pour 22 km à 2,6 km/h
Dénivelé positif total : 1340 m – Dénivelé négatif total : 1558 m
Altitude maxi : 2750 m - Altitude mini : 1915 m
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