Mont Rouch de France par la vallée du Léziou
19/07/2021 : Salau – vallon de Léziou – cabane des clos de dessus (2023m) –col 2688m – Mont Rouch de France (2868m) – aller/retour
Georges Véron écrivait dans « 100 sommets des Pyrénées » édition 1991 : « Cette ascension inoubliable est une parfaite illustration de la sauvage beauté de la haute montagne ariégeoise. Du sommet, un des plus beaux panoramas des Pyrénées, une merveilleuse démonstration des contrastes entre les versants espagnols et français où le regard plonge jusqu’à Salau. » Il n’y a plus qu’à y grimper pour s’en rendre compte par soi même. On peut partir du village de Salau, en fond de vallée du Salat, mais il est préférable de démarrer la marche au parking à 980m, tant la journée promet d’être longue. Départ donc à 7h55 sur la piste pastorale du port de Salau. Suivre la piste durant 25 minutes, où l’on parvient à la cascade de Léziou. A deux pas plus loin, être attentif au panneau indiquant l’entrée de la vallée du Léziou sur la gauche. A cet instant, ce sera l’unique information pour gravir le Mont Rouch, c’est dire si l’endroit est confidentiel.
Panneau au point de départ
Le ton est donné, c’est ici qu’il est encore temps de faire demi-tour si les 9h font peurs
Le sentier est envahi partiellement par la végétation. Il s’élève énergiquement pleine pente dans la forêt. Il est signalé par un discret balisage rouge presque effacé par le temps. Peu de temps après la sortie de la forêt, il faut traverser l’entaille d’un ravin. Par temps sec, c’est une formalité, mais par temps humide, il est conseillé de s’aider de la main courante mise à demeure. Puis commence une longue traversée ascendante au dessus de la partie basse du cirque de Léziou. La végétation est luxuriante, envahissante, oppressante. On peut également relever qu’aucun bétail de transite sur ces pentes pour faire reculer l’enfer vert. Mais à cet instant de la saison, c’est richement fleuri, ce qui fait oublier la rudesse de la pente.
La partie basse du cirque est encore à l'ombre, le haut baigne déjà au soleil
Peu à peu, le sentier coupe un premier ravin puis un second où persiste un névé colossal. Cela permet de passer sous les barres rocheuses main droite. Et malgré une ascension continue et raide, on se trouve seulement à 1800 mètres. Le chemin reste visible malgré la végétation et l’absence de cairn. Sans vraiment s’en rendre compte, il débouche enfin au creux du cirque supérieur du Léziou au lieu dit « les clos de dessus ». On remarque rapidement une cabane et sa fontaine. Il est alors 10h40 ; il aura fallu 2h45 pour dépasser seulement les 2000 mètres. C’est la porte d’entrée à la haute montagne, sonnant le glas aux herbes hautes. Ici débute le monde minéral.
Vue sur la vallée
Vue sur ce qu'il reste à gravir - Mont Rouch au dernier plan
Cabane des clos de dessus, fermée au public
La suite consiste à suivre le cours d'eau
Dos à la cabane sur la gauche, un écoulement d’eau bien visible coupe un long couloir herbeux. C’est la suite à suivre. Le sentier est suffisamment bien marqué sur le terrain pour évacuer tout doute. Quelques cairns balisent cette sente agréable. Après avoir gagné 200 mètres de dénivelé, quitter le cours d’eau sur la gauche en allant chercher une crête main gauche. La sente est évidente et débouche alors à 2397 mètres où l’on découvre une cabane en bois perchée sur ce promontoire improbable.
Le cirque où se situe la cabane des clos de dessus
La vallée du Mail plongeant vers celle du Salat
Mont Rouch bien visible à main droite
Etrange cabane faisant face au Mont Valier au second plan
Il faut alors à suivre cette crête montante vers le sud. Légèrement encombrée de blocs, elle est relativement agréable à gravir. Elle conduit sans faillir sur la crête frontière à la côte 2688 mètres. C’est un vaste col en forme de dépression où résident quelques névés. Il reste encore un final de presque 200 mètres avant d’atteindre la cime.
La crête suivie depuis la petite cabane
La crête frontalière terminale
A cette altitude plus la moindre touffe d’herbe, c’est rocailleux comme on aime ou pas. On comprend à cette hauteur pourquoi un tel nom de Mont Rouch ou Roig en catalan. Rapidement, seul un petit mur de 4 mètres en III peut s’avérer délicat à escalader, mais il y a toujours des échappatoires en versant sud espagnol. Rester sur le fil ne retarde en rien l’ascension, c’est même plaisant. La crête se couche soudain au niveau du cairn sommital, laissant apparaitre un sommet plat. Il s’agit là du Mont Rouch de France, s’éparé par une profonde brèche de sa seconde tête, le Mont Rouch d’Espagne tout proche. Il est 13h02, 4h46 pour se hisser à 2868 mètres. En effet, le panorama est à la hauteur des espérances. Situé en périphérie nord du parc naturel des hautes Pyrénées Catalanes, il dispense un panorama grandiose sur une grande partie des Pyrénées.
Sommet en bout de crête
Pic de Ventolao et les étangs de la Gallina
Refuge Enric Pujol idéalement placé sur la H.R.P.
Le proche Mont Rouch d'Espagne, seconde pointe d'un sommet bicéphale
Vue vers le N/O
Panorama vers l'Ouest (cliquer sur l'image pour agrandir)
Gros plan sur le massif des Besiberri
Gros plan sur la Punta Alta
Gros plan sur les sommets du parc national d'Aigues Tortes
Gros plan sur le pic de Néouvielle
Vue vers l'Est sur le massif Estats/Montcalm
Gros plan sur les hautes cimes de Soulcem
Surprenante vison sur le Donezan
Gros plan sur le massif de Tabe
Le repas sera bien entendu pris sur place, avec l’immense plaisir de ne voir aucun nuage gâcher la vue. D’ailleurs regarder le village de Salau si petit en fond de vallée, ne donne guère l’envie de redescendre. A 14h25, il faut pourtant quitter la place avec un retour par le même itinéraire. Pour varier un peu, je décide de ne pas suivre intégralement la crête et je plonge dans la pente nord. Ce n’est pas une idée formidable, car le sol ne se dérobe pas comme je l’aurais espéré, c’est même un sol dur et inconfortable. A ne pas rééditer donc.
La descente pleine pente jusqu'à la pelouse
La sortie des éboulis coïncide avec le retour sur le sentier. Il ne reste alors qu’à le suivre à l’identique. La source de la cabane des clos de dessus est appréciable, et permet de ne jamais manquer d’eau en ce jour de forte chaleur. Le retour semble interminable, il ne faut jamais relâcher l’attention sur ces pentes très raides. La fatigue de la descente ayant marqué les cuisses, la dernière heure est vécue comme une punition. Mais il reste la vue exceptionnelle du sommet pour oublier le reste. Fin à 18h12, en 8h16 de marche totale. Ce sommet est un défi à l’abnégation, et puisqu’il fait partie des plus hauts du Couserans, il mérite une visite, qui restera mémorable.
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 8h16 pour 17,5 km à 2,1 km/h
Dénivelé positif total : 1935 m – Autant en négatif
Point culminant : 2868m
Autre version par le sud pour le Mont Rouch d'Espagne ici.
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