Pic de Balbonne par la couillade des Bourriques
30/09/2018 : La Restanque – étang de Balbonne – Couillade des Bourriques – Pic de Balbonne (2305m) – col de l’Egue (2121m) – étang de l’Estagnet – La Restanque
Il est l’un des sommets qui manquait à ma connaissance dans le Donezan. Il domine par le versant Ouest la vallée de l’Oriège. Sa face Nord regarde le Tarbésou tandis que sa face Sud observe les pics de la Camisette et Roc Blanc. Il est un peu le pic central du Donezan, en bordure de la réserve d’Orlu. Le pic de Balbonne est un sommet qui a tout le caractère du pays qui l’abrite : fier et austère à la fois. Le sol est bien trempé, il a dû pleuvoir une bonne partie de la nuit. La température n’est que 9°C, tout comme 2 mois plus tôt où je me suis rendu au pic de la Tribune ; il y a des constantes dans ce pays, comme le plafond nuageux bas et gris. Je prends le départ dés 7h55 à 750 mètres en aval du nouveau parking de la Restanque. Bien que la piste soit en parfait état, j’ai préféré me garer dès l’instant où elle devient abimée par de gros nids de poule. On avance vite à pied sur une piste, cela ne pénalise en rien l’approche. Le gris morose se déchire finalement pour laisser la place au bleu étincellent.
La Restanque au petit jour
Au lieu dit La Restanque, il faut traverser sur la gauche par une passerelle, le torrent du Balbonne, puis suivre les balises jaunes qui ondulent dans le fond du vallon. On trouve de-ci de-là des zones marécageuses avant de venir buter sur un ressaut caractéristique : l’échelle de Balbonne. C’est un mur végétal. Par de nombreux lacets courts, on gagne vite du dénivelé et on se joue facilement de cette difficulté. Cela conduit aussitôt aux rives de l’étang de Balbonne, à 8h49 et seulement 55 minutes.
Qui a parlé de sécheresse ?
L'étang de Balbonne vu de l'aval
Enchâssé entre le pic de la Camisette à l’Est et le pic de Balbonne à l’Ouest, l’étang de Balbonne est l’un des étangs les plus secrets du Donezan, malgré un accès rapide. Seule la rive droite est praticable par un sentier étroit qui permet d‘aller à l’amont du lac, où les rares emplacements à bivouacs sont convoités par les pêcheurs.
A partir de ce point, il n’y a plus de sentier, pourtant quelques sentes de vaches et des cairns, aident à trouver un cheminement propre dans la coume de Balbonne. J’arrive rapidement au petit étang sous le roc de la Musique. Je préfère cette petite nappe d’eau minuscule, à son voisin sombre et profond, pour son coté bucolique et accueillant. L’itinéraire cairné s’insinue parfaitement entre les ressauts jusqu’à retrouver le balisage du GR tour du Pays de Donezan. Puis, en quelques enjambés je me retrouve à la Couillade des Bourriques à 9h50, en 1h55.
Roc de la Musique
Etang sous le Roc de la Musique et Couillade des Bourriques au fond
Le même étang
Linaigrettes en fleurs
Versant Nord du pic de Balbonne, comme un défi !
A la couillade des Bourriques je suis la seule bourrique.
Pic de Brasseil ou Dent d'Orlu
Le panorama sur la haute vallée d’Orlu est déjà exceptionnel. Ce col peut à lui seul être une destination de choix tant le regard porte loin. Mais j’ai un sommet en vue, si proche, mais si peu accessible. Je n’avais jamais trouvé de topo officiel pour gravir ce sommet, et pour cause, il n’y a pas de sentier. Il serait même déraisonnable d’envoyer des novices vers ce sommet, tant ses pentes sont un défi à la gravité. La crête depuis la couillade des Bourriques devient rapidement impraticable à cause de la végétation trop dense entre les nombreux dièdres.
La crête menant au sommet du Balbonne
Dans mon dos quelques sommets connus
Panorama sur une forêt de sommets
Sur ma droite l'étang de Balbonne
Il faut passer au mieux versant Est. La bonne idée depuis le col serait de partir de niveau jusqu’à la base du pic. En refusant de perdre du dénivelé, j’ai compliqué le cheminement dans une végétation luxuriante, et rendue glissante par l’humidité générale. Pourtant les conditions météo du jour sont parfaites, il faudra simplement redoubler de prudence sur le gispet gorgé d’eau. Par une sorte de vire herbeuse suspendue, on évite pendant un temps la raideur de la pente, puis il faut se lancer dans le mur végétal. Heureusement, à l’approche de la cime, la pente s’assagit et me voilà sur la cime du Pic de Balbonne à 10h42 après 2h40. Je n’ai plus qu’à profiter des vues plongeantes vers le Nord et le Sud.
Pic de Tarbésou et étang de l'Estagnet
Crête Ouest
Ce sommet, culminant à l’altitude modeste de 2305 mètres, ne s’offre pas, il se gagne même de haute lutte. Pourtant, je vais trouver une coquille d’œuf fraiche et des écrous qui devaient fixer un objet métallique sur une dalle. Je vois également 2 personnes qui arrivent par un couloir de pierre depuis l’étang de l’Estagnet. Ce sommet serait-il abonné aux visites régulières, malgré les défis qu’il impose ? Vers l’Ouest, une belle arête se dessine. Je décide d’aller m’y promener, je quitte le Balbonne à 10h55. C’est la mauvaise idée du jour. Un versant Nord totalement vertical, un versant Sud végétal fortement incliné et l’arête entièrement encombrée de végétation. Nombreux pas de IV sup sur des dalles, ce n’est pas tenable seul, en mode randonneur. Je parviens à une pointe avancée qui permet d’avoir une autre perspective sur le Balbonne [11h11 en 2h57].
Pic de Balbonne et Roc Blanc tout à droite
Vallée de l'Oriége menant à l'étang d'En Beys
Je décide de prendre le premier couloir en herbe en versant Sud pour retrouver le sentier GR tour du Pays de Donezan. Cette descente n’est pas le meilleur moment de la journée, pourtant, ce fut la seule possible. Il doit y avoir mieux depuis le sommet du pic de Balbonne, mais il m’était impossible de faire demi-tour. Une fois sur le GR tout devient plus simple, tout devient plus rapide. L’endroit est très humide. Tiens ne serait-ce pas le thème majeur de la journée ? On laisse à sa gauche l’étang des Llauses, et le sentier s’élève à nouveau sous les escarpements du pic des Llauses, jusqu’à atteindre le col de l’Egue à 12h04, pour 3h45 d’errance. Je laisse dans mon dos le pic de Brasseil, et je plonge dans la coume de l’Estagnet. Il n’y a plus que de la descente à présent.
Etang des Llauses
On quitte le GR pour suivre un vieux balisage jaune. J’aurais également pu suivre le GR jusqu’aux étangs de Rabassoles, mais la météo ne semble pas assez stable pour rallonger l’itinéraire. Il n’y a aucun piège pour se rendre sur le rivage de ce bel étang. A 12h25, je m’arrête au déversoir pour y prendre le repas. Une matinée de 3h45 de marche pour seulement 900 mètres de dénivelé, ça ouvre l’appétit. Le dénivelé n’est pas important, pourtant les efforts pour gagner mètres après mètres les pentes voisines sont immenses.
Coume de l'Estagnet
Etang de l'Estagnet vu vers l'aval
Pas le moindre pêcheur, pas l’ombre d’un randonneur, juste le tintement des cloches des gasconnes qui broutent tout proche ; un bon moment plénitude. 13h10, poursuite de la descente. Tout comme l’étang voisin, l’étang de l’Estagnet est gardé par un passage qui rappelle l’échelle de Balbonne, mais en moins raide et plus courte. Beaucoup de similitude entre les deux vallons parallèles. Il ne reste plus qu’à suivre le sentier des étangs. Je vais flâner durant le retour pour une cueillette de cèpes et lactaires. Fin de cette balade dans le Donezan à 14h38, pour 5h36 cueillette comprise. Le Donezan en cette saison, mérite bien par ses couleurs vives et chatoyantes, le surnom de « Québec Ariégeois ». Le pic de Balbonne est un challenge pour les plus opiniâtres, et pour tous, la boucle des étangs forme une belle et facile destination.
Pic de Tarbésou vu durant la descente
Tracé du jour sur carte IGN 1/25000
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 5h36 pour 15 km à 2,7 km/h
Dénivelé positif total : 1000m – Autant en négatif
Point culminant : 2305m
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