Pic de Tristagne par l’étang Fourcat et l’arête Sud/Est
26/07/2020 : Pradières d’en haut – GR10 – Etang d’Izourt – Orri de la Caudière – Etang Fourcat – Etang de la Goueille – port de l’Albeille (2601m) – Pic de Tristagne (2878m) – col 2682m – Etang Fourcat – retour par le GR10
Le pic de Tristagne est le seigneur emblématique de la vallée d’Artiés dans le Vicdessos. Il trône au fond de la vallée, sur la frontière franco-andorrane. Il est le plus élevé des sommets qui entourent le bel étang Fourcat, en versant Nord, et les étangs éponymes en versant Sud. Il est de ce fait un incontournable du Vicdessos. Je dois comprendre ce qui m’avait contraint à faire demi-tour en février dernier, lors de ma première visite.
Départ à 6h30 du parking très surchargé de la centrale électrique de Pradiére d’en haut. Pour cause de travaux à la centrale, le GR10 est détourné dès le départ sur une centaine de mètres, mais c’est parfaitement indiqué. Puis le sentier s’élève agréablement en sous-bois jusqu’aux orris de la Coume où l’on ne trouvera plus d’ombre. Le sentier se poursuit paisiblement jusqu’aux baraquements de l’étang d’Izourt. Il est 7h35, montée en 55 minutes. Pour l’heure il n’y a rien à voir, la mer de nuages permanente n’est pas encore levée.
Il n'y a plus qu'à suivre la flèche
Je choisis de poursuivre sur le GR10, qui contourne l’étang par sa rive droite. A l’amont de l’étang, traverser deux ruisseaux, et s’élever dans le verrou. Les choses sérieuses commencent. Le sentier s’élève fortement en une succession de lacets serrés. Je suis ravi de passer cette bavante à l’ombre. Sur une distance très courte, on gagne 300 mètres de dénivelé, mais à quel prix. Voilà la passerelle des orris de la Caudière à 8h17 [1h49/55min depuis Izourt]. Arrive déjà le soleil. Il va dissiper le voile de ouate qui pèse sur l’étang d’Izourt.
Etang d'Izourt sous un capuchon de ouate
Passerelle aux orris de la Caudière
Le décor à présent devient plus ouvert et « montagnard ». C’est une riche idée que d’avoir fait passer le GR10 dans un endroit aussi beau. Puis arrive mon énigme où j’avais fait demi-tour en février avec Joel. Je trouve exactement la dalle rocheuse sur laquelle nous avions buté, et je ne vois aucune difficulté notable sur le sentier. Tout est évident à présent, le sentier se trouvait sous plus de 2 mètres de neige, dans une pente déversante. Voilà une information à retenir, mais qui soulève une autre question : est-il possible de monter par cet itinéraire au refuge de l’étang Fourcat au cœur de l’hiver ?
Le GR10 en corniche
L'étang d'Izourt se dévoile enfin
Le passage où j'avais fait demi-tour, la dalle est même équipée d'une main courante
Le sentier s’élève toujours jusqu’à parvenir au petit étang Fourcat. L’essentiel du dénivelé est à présent acquis. Le refuge est en vue, quelques derniers efforts et se dévoile enfin l’étang Fourcat. Le splendide cirque de l’étang Fourcat est fermé par la crête frontalière franco-andorrane, ponctuée de pics. Un monde démesuré si loin du fond de vallée. J’arrive aux abords du refuge à 9h24 en 2h56. Quelle montée ! Il est grand temps de boire et manger. Je repars à 9h45.
Large vue sur la vallée d'Arties
Petit étang Fourcat d'où l'on aperçoit enfin le refuge
Vue vers l'aval sur le petit étang Fourcat
Face Nord du pic de Tristagne vue depuis le refuge
A présent direction l’étang de la Goueille. Le contournement des pointes aval de l’étang passe par quelques dalles, puis change rapidement de vallon. Le sentier perd du dénivelé pour descendre au fond de la combe rocheuse. Je choisis de rester de niveau, où l’on trouve une vague sente en terrain exposé. A éviter si l’on est encombré d’un gros sac. Cela débouche pratiquement de niveau à l’étang de la Goueille. Il est 10h21 et déjà 3h32 de grimpette. A cet instant, je quitte les balises du GR pour m’élever dans la pente en suivant des balises jaunes.
Vue sur la frontière depuis l'une des pointes aval de l'étang Fourcat
Faux col droit devant débouchant à l'étang de la Goueille
Etang de la Goueille avec vue sur le pic de l'Aspre au fond
Pratiquement au passage d’un point haut se trouve une belle mare, puis la pente s’infléchit jusqu’à l’étang supérieur de l’Albeille. Encore une belle nappe d’eau d’un bleu intense. J’en profite pour me ravitailler en eau, et c’est parti pour l’ascension du port de l’Albeille. Le sentier se faufile dans un éboulement, puis se cambre brutalement. Cette fois je subis l’inclinaison de la pente. Heureux d’atteindre le port de l’Albeille à 11h13 [4h16], où la vue s’ouvre soudainement sur le cirque de Tristaina Andorran.
Petite mare avec vue sur le port de l'Albeille
Regard sur le port de l'Albeille depuis l'étang supérieur
Depuis le col, deux solutions s’offrent à nous pour la partie finale. Pour le randonneur, descendre légèrement en écharpe sur la droite pour rattraper le sentier venant de la station d’Arcalis, et suivre ce dernier sur la face Sud. Pour le plaisir et l’esthétique, je choisis de remonter l’arête Sud/Est plus impressionnante que difficile, quelques passages en II tout au plus. Les traces sur le terrain prouvent que cette arête est empruntée fréquemment. C’est sur le fil de l’arête que l’on trouve les meilleurs passages. La fatigue se fait sentir, le dénivelé commence à peser dans les cuisses. Heureusement la cime n’est plus très loin, et la vue permet d’échapper au sentiment de lassitude. 12h09, le point culminant du jour est atteint. Un proverbe chinois dit : « L’important n’est pas le but mais le chemin », aujourd’hui les deux ont leur importance. Le repas sera pris sur place, et je profite de la solitude tant que je suis seul.
L'arête à remonter
Petite connaissance "Soulcemienne"
Regard sur une partie parcourue
La haute vallée de Gnioure
Gros plan
La partie terminale de l'arête Sud/Est
Vue en arrière sur une partie gravie
Premier regard depuis le sommet
Sur le livre d’or, on peut facilement constater que ce sommet est plus visité par les catalans que par les français. Depuis la station d’Arcalis, le sommet n’est qu’à 2 petites heures, quand par le versant Nord il m’a fallu pas moins de 5h10 soutenues. On peut lire sur tous les topos que ce sommet est un belvédère exceptionnel ; le terme n’est vraiment pas galvaudé. Pour voir autant d’étangs de superficie aussi importante, il faut aller au pic de Ventolao beaucoup plus à l’Ouest. Les sommets majeurs du secteur sont tous à portée de vue, jusqu’au lointain massif d’Aneto qui se perd dans le bleu de l’horizon. Il fait chaud, presque trop. Je partage ce moment de contemplation avec une famille de catalans, dont deux enfants, en oubliant un instant qu’un étrange virus génère la peur d’autrui plus bas dans nos villes.
Etang Fourcat et étang de la Oussade
Vue somptueuse sur le cirque de Tristaina
Gros plan sur la Pique d'Estats
Panorama vers le Nord/Ouest
Gros plan vers l'Est sur le pic Carlit
Versant Sud du pic de Font Blanca
Gros plan sur les cimes à gauche du Font Blanca
La crête de la Pique d'Endron au pic de l'Aspre
13h15, je prends la direction de la crête Ouest. C’est parfaitement balisé en jaune. Cela conduit rapidement au col 2682 mètres. Je ne poursuivrai pas plus loin la crête cette fois, et je plonge à nouveau en versant Nord, dans une pente croulante désagréable. C’est la voie directe depuis le refuge, mais je pense qu’il est préférable de la descendre que de la monter. Le temps de passer par une source pour se réhydrater, et je passe une nouvelle fois au refuge à 14h30 [6h23]. Retour direct par le même itinéraire matinal.
La crête Ouest
A cheval sur la crête frontière
Le temps pour le pic est pessimiste, celui pour le refuge est optimiste !!
Etang Fourcat avec la Pique d'Endron en fond
La chaleur m’écrase. Le retour me parait interminable. La descente vers Izourt n’en finit pas. L’horloge tourne, j’allonge le pas, les kilomètres défilent. Il est 16h22, déjà 8h05 quand je passe pour la seconde fois aux baraquements d’Izourt. Ne pas manquer de se souvenir des malheureux qui ont perdu la vie lors de l’hiver 1939 (le 24 mars 1939, une violente tempête fera 31 victimes).
Descente sur les orris de la Caudière
A partir du barrage, beaucoup de monde sur ce tronçon. Je force l’allure pour doubler les badauds, mais la fatigue va avoir raison de ma cheville droite qui vacille sur un pas mal assuré. Crac, bis repetita, comme en juillet 2019. Sur la lancée je termine cette journée exceptionnelle à 17h08, pour un temps effectif de 8h52. Que de paysages parcourus en pratiquement 9 heures de temps. La météo a récompensé mon départ matinal. Cette vallée mérite bien tous les superlatifs qu’on lui donne. Des lacs bleus suspendus au milieu de chaos rocheux, des sommets élancés, un solide refuge idéalement placé. Peut-on trouver plus beau dans les Pyrénées ? Chacun apportera une réponse différente, mais tous s’accorderont pour dire que le site de l’Etang Fourcat fait partie des plus beaux.
Tracé du jour sur carte IGN :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 8h52 pour 24 km à 2,7 km/h
Dénivelé positif total : 1930 m – Autant en négatif
Point culminant : 2878m
A découvrir aussi
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