Pic du Madrès par le Capcir
28/06/2014 : Réal – Col de Sansa – Pla de Gril - Coume de Ponteils – Fontaine de la perdrix - Roc Négre (2459m) – Pic de Madres (2469m) – Refuge Oller – Odellò - Réal
S’il est un massif que je ne fréquente pas assez dans les Pyrénées-Orientales, c’est bien celui du Madres. Il n’en demeure pas moins aussi attractif et riche que ses proches voisins. Dans cette montagne imposante, il n’y a aucune difficulté notoire. Pourtant, s’il existe une rudesse dans ce massif, elle est bien dans son climat. Parcourir le Madrès, en été comme hiver est à la portée de tout randonneur, mais s’il ignore les règles de la météorologie locale, il en sera pour ses frais. Je n’ai jamais connu un jour sans vent violent sur sa cime. Pour une nouvelle visite au pic du Madrés, c’est par son versant Capcinois qu’il va être abordé. C’est le versant que je connais le moins, et pourtant il offre un nombre important de points de départ.
Nous laissons nos véhicules à l’entrée du petit village de Réal et à 7h55, nous nous mettons en marche sur la route qui monte au col de Sansa. Il faut suivre un marquage jaune. On quitte rapidement le goudron pour s’engager sur une route forestière.
Dans un virage, le balisage nous invite à quitter la piste et partir sur un sentier en forêt. Cela permet de monter de façon plus directe au col. Le sentier débouche à nouveau sur la piste, où il faut tourner à droite pour se rendre aussitôt au col de Sansa (1775m). C’est plus un gros carrefour forestier, qu’un véritable col comme on l’entant.
Col de Sansa
Il fait déjà chaud et l’absence de vent rend l’air suffocant. Le temps de passer de la crème solaire et nous repartons en suivant le sentier de GR du pays, balisé de jaune et rouge ; c’est également un tracé pour piste en raquettes en hiver. C’est quasiment plat, donc on progresse vite.
Cette piste nous conduit rapidement au refuge des Estagnols, où il n’est pas nécessaire de passer. Nous laissons l’embranchement à droite, pour poursuivre dans le bois par un sentier. Le balisage est clairsemé, il faut donc être attentif ; il en va ainsi dans le massif du Madres. Sans prendre quasiment de dénivelé le sentier nous conduit paisiblement au bord d’un torrent qui a bien failli nous barrer la route.
Au fond, le pla de Gril que nous laissons, pour emprunter le sentier qui s’élève enfin.
La montée va commencer, il était temps. Le sentier s’insinue de plus en plus dans le massif, par la coume de Ponteils. C’est étonnant comment le décor en si peu de temps vient de se transformer. Au pla du Gril c’est de la forêt, alors qu’ici, de gros éboulis soulignent la base de nombreuses barres rocheuses à notre droite, tout comme sous la crête sommitale à notre à gauche. Le Madres est bien un sommet Pyrénéen à part entière.
Le sentier change brutalement de direction et quitte le torrent que nous remontions, pour grimper hors de l’abri des arbres. Et nous découvrons que les arbres nous abritaient vraiment d’un vent d’Ouest fort et froid. La végétation est d’ailleurs modelée par ce vent de direction constante.
On arrive sur un plateau qui s’apparente à une lande Ecossaise. Plus on avance, et plus on est surpris par le changement radical de décors, en si peu de temps et si peu d’espace. C’est tout le charme de ce massif. Comme c’est un plateau, la pente se radoucit jusqu’à devenir toute plate. Le sentier passe par la fontaine de la perdrix, une improbable source alors qu’il n’y a rien au dessus ; c’est un point d’eau providentiel. Nous allons rendre visite au refuge de la Perdrix, un solide abri avec poêle, pouvant accueillir 10 personnes. Il domine le gourg Nègre qui sommeille quelques 300m plus bas.
Le gourg Négre avec le Mont Coronat au fond et au loin le Canigou
Nous reprenons notre marche, et au premier abri du vent, derrière un bosquet, nous nous posons pour le repas de la mi-journée. Il 11h57 et seulement 3h19 de marche. L’endroit est idéal, car en l’absence de vent, il fait même bien chaud. Nous sommes sur un balcon qui domine le gourg Estelat. Le panorama portant loin sur le bas Conflent et une partie du Roussillon, est splendide. S’il n’y avait qu’un endroit pour être bien, alors nous l’avons trouvé.
Les étangs dit de Nohèdes
A 12h40, on lève le camp et nous repartons dans le vent fort et vif. Nous suivons le plateau jusqu’à ce que le sentier s’élève pour nous conduire au Roc Nègre. Cela ressemble plus à une éminence rocheuse qu’à une vraie cime. Mais ne boudons pas notre plaisir, là encore la vue est immense, avec un surplomb sur le vallon de la Castellane.
Sommet du Madrès vu depuis le sommet du Roc Nègre.
Il est 13h06, nous ne faisons que passer. Vient ensuite un court passage où il faut s’aider des mains pour franchir un escarpement rocheux. Nous serons plus gênés par la force du vent, que par la difficulté technique.
Dans notre dos, la Coume de Ponteils
Ensuite la marche est rapide pour atteindre le point culminant du massif du Madrès, toujours orné de son abri de pierres. Chose faite à 13h37 ; nous avons mis 4h14 pour effectuer cette première partie montante.
Là encore, le temps d’immortaliser notre passage à la cime, et on ne s’attarde pas. Le vent violent semble nous dire que nous ne sommes pas les bienvenus. Pourtant, la vue depuis ce sommet, est vraiment immense. Les hauts sommets du Capcir et du Donezan n’ont jamais paru aussi proche.
Baxouillade à gauche et Roc Blanc à droite
Nous suivons un court instant la crête, pour aller surplomber l’étang de l’ours, encore pris dans la glace. Mais le vent, toujours lui, nous contraint à rejoindre le sentier pour ne pas subir ses assauts.
L'étang de l’ours partiellement en glace
Une fois sur le sentier, la descente ne pose pas de difficulté et l’on descend même très vite.
Le sommet derrière nous s'éloigne, à gauche le Bernard Sauvage, au centre le Madres
Parfaitement balisé, on se laisse conduire avec plaisir au milieu des genets en fleurs. C’est une merveille pour les yeux et le nez, tellement ça embaume l’air ambiant.
Le Capcir en fleur
Le sentier débouche sur une piste forestière abandonnée, que nous choisissons de laisser sur notre gauche, pour partir tout droit. Cette piste rejoint le sentier du GR de pays Tour du Capcir, pour revenir au col de Sansa, mais ce n’est pas notre itinéraire. Le sentier nous amène au refuge d’Oller, un bel abri en parfait état pour 6 personnes. A cette altitude, le vent a disparu, et il fait même trop chaud. Nous poursuivons la descente en sous-bois cette fois, et l’on croise un nouvel abri, plus petit, mais en tout aussi bon état, le refuge de Becet, comportant 3 couchages. Dans ce sous-bois ombragé, nous allons croiser une vipère pour le plus grand plaisir de Yannick. C’est la première fois que j’en croise en montagne, depuis que je m’y promène. Loin des légendes qui se racontent de tout temps, ce reptile ne cherche que la tranquillité et ne va pas au devant des randonneurs. Le plus simple est de les ignorer.
La vipère
Le sentier, encombré par quelques arbres déracinés, croise une nouvelle piste, où il suffit de suivre la direction du panneau indicateur, pour rejoindre rapidement le village d’Odellò. Alors que nous nous rafraichissons à la fontaine du village, nous nous déconcentrons et l’on oubli de repartir sur le sentier. Nous cheminons un court instant sur la route avant de plonger vers le lac de Puyvalador, à travers champ. Là, nous retrouvons un large sentier qui nous ramène à notre point de départ. On referme ainsi à 16h50, une boucle commencée 6h49 plus tôt.
Je conseille cette boucle pour la variété des paysages rencontrés et le panorama depuis le sommet. On peut raccourcir le circuit, en montant en 4x4 au col de Sansa. Pour les familles, le refuge des Estagnols est une destination idéale.
Je dédis cette journée anniversaire à mon père, celui qui nous initia à la montagne, et qui a quitté ce monde voilà 20 ans jour pour jour.
Tracé du jour sur carte IGN 1/25000ième
La journée en chiffres :
Temps de marche total 6h49 pour 23,1 Km à 4 km/h
Dénivelé positif total : 1170m – Autant en négatif
Point culminant : 2469m.
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