Pic Carlit par le Grand Couloir Central (PD) et la crête Nord
05/05/2017 : Les Bouillouses – sentier des étangs – étang gelé – Grand Couloir Cental – Pic Carlit (2921m) – Carlit de Baix (2806m) – Pic de Soubirans (2785m) – Pic de la Stèle (2804) – Estany de Sobirans – Estany de la Coumasse – Les Bouillouses
Après un séjour sous la chaleur et l’aridité de l’ile de Ténérife, après avoir gravi le plus haut sommet d’Espagne, le volcan Teide et ses 3718 mètres, je profite de cette acclimatation pour gravir le plus haut sommet des P.O, certes moins haut mais autrement plus technique. Comme l’enneigement le permet encore, ce sera par le Grand Couloir Central que je vais aborder cette ascension ; mais c’est peut-être également le dernier couloir de la saison 2017, qui fut riche en nouveauté. Une nouvelle fois, Emma du C.A.F. de Carcassonne, se joint à moi dans cet exercice, avant de ranger définitivement les crampons et lancer la saison du rocher.
Le départ est donné à 7h28 sous le barrage des Bouillouses, en cours de travaux. Pas de neige sur place et température positive, l’approche n’en sera que facilitée. Nous suivons donc le sentier des étangs, balisé en jaune.
Le lac des Bouillouses est loin d'être plein
La neige est présente de façon continue à partir de la passerelle qui enjambe le déversoir de l’étang Bailleul. Il n’y a pas eu de regel et la neige porte très mal. Un court raidillon à franchir et à 9 heures, après 1h31 de marche, nous effectuons la première pause. Ici, plus qu’aucune autre région des Pyrénées, l’horizontalité des lacs s’oppose radicalement avec la verticalité des sommets.
Etang de la Coumasse
Au fond, le pic Carlit nous attend
Nous poursuivons l’approche, sans équipement, jusqu’à l’intersection du sentier des étangs, au dessus de l’étang de Soubirans. Nous chaussons là les crampons, et en avant dans le premier mur de neige molle. Sans en rendre vraiment compte, cela représente déjà un mur de plus de 150 mètres, qui conduit à l’étang gelé. Il fait déjà chaud.
Le premier couloir au premier plan en diagonale de droite à gauche
D'ici l'horizon n'est fait que de blanc et de bleu
Dur dur !
Le Grand Couloir Central est droit devant, plein Ouest, donc la neige prend les premiers rayons du soleil. Ceux ne sont pas exactement des conditions idéales, mais l’enneigement est suffisant pour gravir encore ce couloir. Pendant l’effort, la température corporelle monte et la chaleur est vraiment un handicap. Emma est un peu à la peine, mais sa motivation reste intacte. Il n’y a aucune difficulté technique, mais la partie physique est bien réelle et la section la plus raide arrive sur le haut du couloir ; heureusement, il ne reste plus que quelques dizaines de mètres à gravir, et à 11h29, le sommet est atteint. Une ascension de 3h39 pour se hisser sur les 2921 mètres du seigneur des Pyrénées-Orientales.
La photo écrase mais ça va se redresser vraiment
En pleine pente, pas technique mais bien cambrè
La cime n'est plus très loin au fond à gauche
Au sommet trônait une belle et récente croix en acier. Une bouffée de laïcité stupide a frappé. La croix fut victime de vandalisme, et nous la trouvons arrachée de son socle, jonchant le sol. Qu’il est triste de constater que la bêtise humaine ne reste pas dans les villes, et se déplace jusqu’à détériorer les cimes. Faisant acte de résistance, nous la relevons et la fixons au mieux pour embellir notre Carlit.
Vue vers l'Est
Un vent d’Ouest s’installe jusqu’à perturber ce moment, mais ce sera malgré tout sur le sommet que prendrons le repas de la mi-journée. Nous l’avons bien gagné (le moment et le repas). Une bonne heure donc à profiter de ce plaisir à haute altitude car la vue n’est malgré tout, pas encore bouchée.
Vue vers l'Ariège
La crête à suivre
Nous quittons le sommet à 12h33, pour un retour par un itinéraire aérien. Nous allons parcourir la crête Nord. La première section de la crête se passe sur un terrain pas réellement difficile, mais objectivement dangereux. Piolet au point, on parcourt lentement la partie la plus critique jusqu’à son point bas. La remontée est beaucoup plus facile, et débouche directement sur le Carlit de Baix à 13h13, pour 4h09. La météo semble se dégrader tout autour de nous, mais nous épargne temporairement, alors on ne traine pas sur cette cime.
Pic de la Grave
Pic Carlit depuis le Carlit de Baix
Le bout de crête suivante
Les étangs supérieurs avec le Madres au fond à gauche et le Canigou au fond à droite
La crête suivante est un régal de marche sur un fil, et tel deux funambules, nous avançons prudemment au dessus du vide. Un réel plaisir ! En contre bas, un isard nous observe marcher gauchement, et va nous faire la démonstration de ce qu’est l’agilité, à grands galops dans la combe enneigée. On ajoute ensuite le pic de Soubirans à notre collection.
Du pic de Soubirans le Carlit s'éloigne
Puis on enchaine aussitôt avec le quatrième sommet du jour, le pic de la stèle gravit à 13h44, en 4h33. Ce pic est un étonnant plateau d’altitude, ouvert aux 4 points cardinaux ; un lieu surprenant pouvant contenir un stade de football.
Mais la météo vient de se dégrader brutalement et une fine pluie s’installe sur nous. Il faut se résoudre à quitter la crête, et aller chercher rapidement le sentier du matin. On plonge donc dans la pente Sud/Est, totalement enneigée ; une chance, car le gispet glissant rendrait cet échappatoire plus compliqué. Ce raccourci nous mène directement à l’amont de l’étang Soubirans où la pluie a déjà cessé, laissant apparaître à nouveau un coin de ciel bleu ; il fait même chaud. Capricieuse météo printanière !
Estany de Sobirans
Il ne nous reste plus qu’à rejoindre le sentier du matin, fermant ainsi une boucle initiée 4 heures plus tôt. Nos traces de pas matinales dans la neige ont pratiquement disparue, ce qui en dit long sur l’accélération de la fonte de neige. D’ailleurs, le sentier du retour est un long ruisseau où coule l’eau qui alimentera plus loin le grand lac des Bouillouses. Que d’eau, que d’eau ! C’est à 16h16 que nous arrivons au parking, terminant là ce petit périple en 6h39. Et la chaleur a encore augmenté, il fait vraiment très chaud sous les 21°C. Pour l’anecdote, à partir de Mont-Louis soit 400 mètres plus bas, un épais brouillard recouvre l’espace et la température a chuté à 8°C. Décidément, en ce jour, le beau temps comme souvent était proche du ciel. Et quel plaisir de marcher un vendredi sans croiser quiconque, dans un secteur qui peut voir passer plus de 200 personnes par jour en été.
Tracé du jour sur carte IGN 1/25000
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 6h39 pour 16,7 km à 3,2 km/h
Dénivelé positif total : 1061m – Autant en négatif
Point culminant : 2921 m
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