Tose de Pédourrés par le couloir central Nord (PD sup) et Pic Vaillette d’Esteil
25/02/2021 : Parking bois de l’Ubac – GR10 – Refuge de Mourgouillou – Etang de Comte – Jasse des Estagnols – couloir central N – Tose de Pédourrés (2468m) – Pic Vaillette d’Esteil (2427m) – Jasse d’Esteil – Etang Comte – GR10 – Parking bois de l’Ubac
Préambule : Je n’ai jamais mis les pieds dans la vallée du Mourgouillou, et j’ai pour objectif d’aller gravir le Tose de Pédourrés par un couloir que je choisirai au moment venu. En raison du couvre-feu, de la longueur de la vallée et pour trouver un regel convenable, j’ai décidé d’écourter l’approche en allant passer la nuit au refuge de Mourgouillou. Départ du parking du bois de l’Ubac à 18h45. Après 15 minutes, on trouve un pont de pierre pour monter par le sentier rive gauche, qui n’est autre que le GR10. Le sentier est totalement libre de neige mais pas sec pour autant. L’eau coule de toute part sur les dalles. Arrivée au petit refuge à 19h20 pour une courte approche de 35 minutes. Il est libre, je vais donc passer la nuit seul. Seulement deux places sur un bat-flanc.
Refuge de Mourgouillou
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 0h35
Dénivelé positif total : 225 m – Dénivelé négatif total : 3 m
Quelques 9 heures plus tard et une qualité de sommeil toute relative malgré les 10°C dans le refuge, je suis debout à 5h50. Mise en marche à 6h30 sous un ciel clair d’une lune décroissante. Le vent est nul, voilà longtemps que je n’avais pas connu de telles conditions. Absolument pas de neige jusqu’à l’étang de Comte. Je parviens à l’étang en 17 minutes. Le jour se lève au moment où je longe la rive gauche.
Etang de Comte, vue vers l'aval
Le même étang vu d'un peu plus haut
Il faut ensuite franchir un verrou en s’élevant sur la rive droite de la vallée. Le regel nocturne a été suffisant pour que la neige porte sans avoir à utiliser des raquettes, que je n’ai pas. Le vallon se rétrécit au niveau de la jasse des Estagnols. Il aura fallu 1h10 [7h40] pour arriver à cette mare d’eau. C’est à cet instant que l’on découvre le versant Nord du Tose de Pédourrés. Droit dans l’axe du vallon, le pic de l’Albe affiche un versant Nord/Est qui a fière allure.
Verrou à franchir, Tose de Pédourrés tout à gauche
Jasse des Estagnols et pic de l'Albe
Versant Nord du Tose de Pédourrés
A cet instant, je tourne à 90° pour mettre le cap au Sud en direction du Tose, qui propose un versant Nord rayé de quelques couloirs. Je n’ai aucune documentation, c’est de la découverte totale ; je n’ai plus qu’à choisir le plus esthétique. Je jette mon dévolu sur un couloir étroit et sinueux, bien au centre de la paroi. Je parviens au pied du couloir à 8h36, pour une approche de 1h46.
Le couloir central Nord
Gros plan sur le couloir
Pic de l'Albe
Imposante face Est déjà au soleil
Le couloir Central Nord est légèrement à droite donc ici invisible
Le temps de chausser les crampons et j’engage l’ascension le long du cône de déjection obstrué par les restes d’une avalanche. La qualité de neige est parfaite, dure, presque béton. Le cône est plutôt court et l’on se trouve rapidement dans le vif du sujet. La pente se redresse encore d’un cran pour avoisiner les 50°. Le ressaut le plus raide se trouve à mi couloir. Les conditions de grimpe sont plus que parfaites, un rêve.
Vue sur la crête du pic de Castille
Vue arrière sur la partie gravie
Au rétrécissement la pente faiblit
Dans la seconde moitié du couloir, la pente se couche légèrement. Etrangement, la neige porte moins bien, mais reste convenable. La sortie semble toute proche, presque trop facile, mais le couloir réserve une surprise. Ce qui semblait être la sortie n’est qu’un ressaut qui masque la crête terminale. Et la crête est barrée de corniches suffisamment prononcées pour bloquer la sortie. Je quitte le couloir pour basculer dans un autre couloir sur la droite, afin de trouver une faiblesse dans les vagues pétrifiées. Sur la partie où la lèvre est la moins haute, je taille une ouverte dans la corniche. La neige est suffisamment dure pour y planter fermement les crampons. Ce type de sortie est intéressante mais ne tolère aucune erreur. Voilà pourquoi je pousse un grand soupir une fois la difficulté franchie. Il est à cet instant 9h34 quand je pose les pieds sur le dôme sommital [2h44].
Gros plan sur le pic de l'Etang Rébenty
La sortie n'est pas là où l'on croit
Bosse permettant de changer de couloir, d'où l'on découvre les corniches
Pic de l'Albe à gauche, pic de Rulhe au centre et étang de Couart
Gros plan sur le Pic de l'Albe
Gros plan sur le Pic de Rulhe
Gros plan sur l'Etang de Couart
Juste pour avoir une idée de la corniche
Le sommet est tout proche, et à 9h48 je parviens au point culminant du jour après 2h52. Comme ce sommet est loin d’être le plus haut du secteur, la vue est partiellement réduite sur une partie du panorama, mais il offre une vue étendue vers l’Est et Sud/Est. Du sommet, on domine un vallon suspendu au sud/est, étonnamment isolé, d’où prend sa source le ruisseau de Coume Vieille. Je suis cueilli par un vent très froid. Impossible de rester pour profiter pleinement. J’écourte donc par force le temps sur cette cime, pour avancer trouver un abri.
Le couloir Central Nord vu de haut
Gros plan sur le pic de l'Etang Rébenty et le massif de Tabe au second plan
Pour la suite de l’itinéraire, j’ai le choix entre la couillade de Pédourrés, ou un bout de crête vers un proche sommet voisin. C’est ce second choix, plus aérien et technique, que je retiens. Cela va compléter avantageusement cette sortie alpine. Il faut partir vers l’Est en suivant le fil de l’arête. Pour les deux brèches que l’on trouve, passer versant Sud et revenir sur le fil. Je me pose au sommet du pic Vaillette d’Esteil à 10h30, après 3h30. Le plus complexe est derrière moi.
Gros plan sur le pic d'Auriol à gauche et Puig Pedros et Coma d'Or à droite
L'arête ondule, il faut rester sur le fil
Ultime bout de crête finissant au sommet du Pic de Vaillette d'esteil
Tose de Pédourrés et pic de l'Albe vu depuis le sommet du pic Vaillette d'Esteil
Gros plan sur l'arête parcourue
La suite n’est plus que de la descente. Direct dans la pente pour plonger dans la combe, un lieu connu des skieurs vaillants. On gagne la jasse d’Esteil où le luxueux refuge pastoral n’est pas autorisé aux randonneurs. C’est ici, à 11h13, que je me pose pour la pause repas [3h57].
Descente dans grand goulet du pic de Vaillette d'Esteil
Reprise de la marche à 12h05. A travers la végétation et au jugé, on gagne l’étang de Comte. Au moment où je passe au bord de l’étang, il y a plus de 25 personnes. Je vais encore en croiser une quinzaine qui montent après 13 heures. C’est dire si cette destination est prisée. Combien croise-t-on de personnes en période estivale ? Retour au point de départ par le même itinéraire qu’à la montée. Fin de cette belle découverte à 13h19 pour un total de 5h13.
Au vu de la longueur totale de la course, cela peut se faire à la journée sans nuit en refuge, mais actuellement le regel est devenu très aléatoire, même en plein cœur de l’hiver. Chacun choisira donc sa stratégie en fonction des conditions du moment.
Dernier regard sur le haut de la vallée
Etang de Comte
Jasse du Mourgouillou et son refuge
Couloir en vue 3D
Tracé du jour sur carte IGN 1/25000
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 5h13 pour 11,65 km
Temps pour faire le couloir : 0h58
Longueur du couloir : 200 m
Dénivelé positif total : 893 m – Dénivelé négatif total : 1123 m
Point culminant : 2468m
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