Crête du Monturull au Pic de Coma Extremera par la vallée de Madriu

14/06/2025 : Escaldes-Engordany – Refugi de Claror – Port Negre (2605m) – Pic Negre d’Urgell (2698m) – Monturull (2761m) – Pic de Perafita ou Tossal de la Truita (2752m) – Port de Perafita – Tossa del Sirvent (2749m) – Pic de la Colilla ou dels Estanyons (2836m) – Tossal Bovinar (2842m) – Pic de Coma Extremera (2809m) – Port de Setut (2687m) – Vall de Madriu – Escaldes-Engordany

Il faut avoir eu la curiosité de se promener loin au sud de la principauté d’Andorre pour avoir entendu parler du pic de Monturull, du Tossal Bovinar ou du pic de la Colilla ; des noms qui n’ont pas la renommée des grandes cimes de l’Ouest. Pourtant ces sommets dépassent largement les 2700 mètres voire même 2800 mètres, et se trouvent en Catalogne Est. La crête au programme du jour se situe exactement au Sud de la principauté d’Andorre. Elle marque la frontière Sud avec l’Espagne. Le versant Sud de cette crête est docile, abordable, alors que le versant Nord est fait de ravins et de falaises abruptes. Naturellement, c’est la voie au Sud qui est la plus souvent privilégiée, mais j’ai imaginé une boucle par le nord pour aborder ce périple. C’est donc depuis la vallée de Madriu en Andorre que je vais aborder cette boucle. Petite précision logistique, le parking est payant au coût de 1,10€ toutes les 12 heures.

Départ à 6 heures en remontant tranquillement l’axe principal de la vallée de Madriu jusqu’à trouver le premier croisement avant un pont, prendre la direction à droite en direction des refuges de Claror et Perafita. Cette direction permet d’entrer dans un vallon adjacent où coule le ruisseau de Perafita. La météo est agréable et ne présage en rien de ce que sera le reste de la journée. Le sentier longe le ruisseau au plus proche de l’eau. Le vacarme est entêtant, une présence très bruyante. Survient un nouveau croisement pour quitter l’itinéraire du refuge de Perafita et suivre celui de Claror.

Point de départ au parking

Départ de la vallée de Madriu

Intersection à suivre sur la droite

Un pied de coscoll vieux de 3 semaines, déjà immangeable

Le Perafita a un gros débit

Intersection entre les refuges de Perafita et Claror

Suivre Claror et laisser Perafita

Droit devant le Pic Nègre d'Urgell

Au moment où je change de cap, une bonne ondée vient arroser la vallée, ce n’était pas prévu. Le temps de me couvrir et voilà que la pluie cesse mais a laissé sur son passage un vent sournois. Le balisage est assez discret mais permet tout de même de naviguer sans difficulté par temps clair. Les premiers objectifs du jour apparaissent droit devant. Le Pic Nègre d’Urgell sera la première cime, un terril qui ne présente pas vraiment de difficulté. La forêt disparait bien vite au profit d’une pelouse bien grasse. L’eau coule un peu partout, parfait pour profiter tant que les troupeaux ne sont pas là. En deux montées franches le sentier arrive au refuge de Claror, il est alors 8h17 après 2h17 sans trop trainer.

En chemin vers le refuge de Claror

Pic Négre d'Urguell en ligne de mire

Refugi de Claror

Le sentier se poursuit dos au refuge pour reprendre de la hauteur brutalement. Il faut suivre systématiquement les balises du GRP tour d’Andorre qui conduisent en terrain glissant au Port Nègre. Il est alors 9 heures, et l’ascension aura demandé 3 heures. Cette fois le vent venant du sud est extrêmement violent et les rafales dépassent aisément les 80km/h. Un véhicule 4x4 se trouve au col sans propriétaire ni route pour arriver là. C’est assez déconcertant à une telle altitude. La vue est déjà très étendue à cet instant, et présage de ce que sera l’essentiel du panorama de la journée. Sans attendre j’enchaine la montée finale du pic Nègre d’Urgell, un terril sans envergure, mais qui aura demandé 1475 mètres de dénivelé positif. Premier sommet gravi à 9h18 pour un total de 3h18. La cime est très étendue, une véritable bouse molle. Cap à présent sur le Monturull en restant en crête.

La vallon du refuge de Claror

Pic de Monturull versant nord

Au Port Negre d'où je viens

Vue vers le nord sur les plus hauts sommets locaux

Port Negre vu depuis la cime du Pic Negre d'Urgell

Monturull vu depuis le Pic Negre d'Urgell

Pic de Perafita ou Tossal de la Truita vu depuis le Pic Negre d'Urgell

Pic de Font Blanca ou Pic du Port vers le nord

L’enchainement vers la cime suivante ne présente aucune difficulté, si ce n’est la présence trop oppressante du vent. Une descente puis une montée et voilà le Monturull et ses 2761 mètres gravis à 9h45 [3h45]. C’est une taupinière mais avec une vue un peu centrale sur son secteur. Ce sommet est également nommé Tour des Soldats. Posé sur la frontière, la vue est largement ouverte sur l’Espagne et les étangs de la Pera. L’arête nord qui va suivre est nettement plus rocailleuse, fortement inclinée mais un sentier se faufile dans la pente étroite. Au point bas, où arrive un sentier depuis le refuge dels Estanys de la Pera, l’arête sud du Pic de Perafita se cambre fièrement. Sans être technique, il faut parfois mettre les mains pour s’élever sur cet escalier irrégulier. Le pic de Perafita ou Tossal de la Truita est gravi à 10h39 et déjà 4h28. La lutte contre le vent latéral consomme beaucoup d’énergie, et face à la longue crête chaotique, j’en arrive à me demander s’il est raisonnable de poursuivre. Mais il y a quelques cols permettant à tout instant un retour rapide en vallée de Madriu, alors je poursuis plus vers l’est la marche en crête.

C'est écrit dessus

Pic de Perafita ou Tossal de la Truita vu depuis le Monturull

Les estanys de la Pera en versant nord/est

Gros plan sur le refugi dels estanys de la Pera

Crête sud du Pic de Perafita ou Tossal de la Truita

Monturull versant nord vu depuis la cime du Pic de Perafita ou Tossal de la Truita

Pic Negre d'Urgell vu depuis la cime du Pic de Perafita ou Tossal de la Truita

Cime du Pic de Perafita ou Tossal de la Truita

La suite de la crête

Le vallon de Claror

Nouveau regard sur les sommets de la Coma Pedrosa au Montcalm

La partie qui arrive est facile mais grandement énergivore. Il faut toujours garder un œil sur la carte et l’esprit clair pour savoir vers quelle cime j’avance, et laquelle a été quittée. C’est sur une pelouse verte parsemée de nombreuses fleurs que j’avance vers la cime suivante. Passage rapide sur la Tossa del Sirvent à 11h30 et 5h13. La suite est plus chaotique avec un enchainement de multiples pointes. Rien de difficile mais lent, et toujours ce vent qui ne cesse pas, me fait parfois tituber, m’agresse fortement. Il est possible de passer sous la crête afin de lisser un peu les ondulations, mais il est plaisant de voir les versants abrupts nord ainsi que les pierriers immenses ; un contraste avec les versants sud verdoyants. C’est le même profil que la proche Sierra de Cadi.

En descendant au Port de Perafita

Estany de Perafita en versant ouest vu depuis le Port de Perafita

Panorama arrière

Tossa del Sirvent

Vue vers le nord

D'où je viens avec une vue sur l'estany de la Pera

Sur la cime du Tossa del Sirvent vue arrière

La pointe avant le sommet du Tossa del Sirvent

Pic de la Colilla

La crête poursuit son invariable profil avec des pointes rocailleuses, quelques sorties de couloirs, de nouvelles pointes et ainsi de suite. Pas simple pour réellement identifier une cime secondaire d’un véritable sommet sur ce versant. Et le vent, toujours le vent qui me pousserait dans le vide si je n’y prenais garde. Je passe sur la cime du Pic de la Colilla ou dels Estanyons à 12h27 pour une marche de 5h58. Encore une taupinière ! La fatigue est là, certainement la faute aux 2188 mètres de dénivelé positifs déjà gravis. Il s’agit du premier sommet de plus de 2800 mètres sur cette crête. Mais pas le temps de flâner, une nouvelle cime m’attend, pas le plus technique, mais le plus haut. Il est toujours possible de marcher assez bas en versant espagnol pour trouver une bonne sente, mais d’une façon ou d’une autre il faudrait rattraper cette perte de dénivelé tôt ou tard. Je reste au plus proche du fil de la crête pour aller chercher la cime du Tossal Bovinar, sommet le plus au sud de cette crête. Il est enfin 12h56, il est temps pour moi de me poser, si possible à l’ombre et à l’abri du vent. Voilà 6h18 de marche et 6 sommets ascensionnés.

La crête est bien fleurie

Sur la crête entre le Sirvent et le pic de la Colilla

L'un des couloir de la face nord

Autre vue vers le nord

En arrivant au sommet du pic de la Colilla

En regardant en arrière

En regardant devant depuis le pic de la Colilla

Vue vers le nord sur l'estany de l'Illa

Panorama vers le nord/est

Gros plan sur le Puig Pedros et Puig de la Coma d'Or

Gros plan sur le Pic Carlit

Vue vers le nord les étangs des Estanyons

Sur la cime du Tossal Bovinar vue vers l'avant

Sur la cime du Tossal Bovinar avec une vue vers l'arrière

Autre panorama pendant la pause méridienne

Gros plan sur l'arête ouest du Pic de Setut et le Tossa Plana de Lles

Pic Estanyó à gauche et Pic de Serrère à droite

Je trouve un abri en versant nord à quelques mètres de la cime, je me restaure et je me remets en action à 13h38. A cet instant de la journée, j’ai croisé 6 personnes, toujours des trailers qui ne savaient pas exactement où ils se trouvaient, mais étaient déterminés à faire de la distance. Ce que me réserve la suite de la journée est encore plus surprenant. L’enchainement se passe dans une face décomposée, une pente glissante mais dépourvue de danger. Nouveau col nommé Collada Fonda mais qui ne semble pas être raisonnablement franchissable vers le nord, puis la montée du pic de Coma Extremera. Si la coma est extrême, le sommet ne l’est pas et il est atteint à 14h10 en 6h50. C’est décidé, ce sera le dernier sommet du jour, je n’ai pas assez de temps pour pousser la marche jusqu’au Tossa Plana, d’autant que pour retrouver le plancher de la vallée de Madriu, cela ne passe pas où l’on veut. Je descends donc jusqu’au port de Setut où je mets alors le cap vers le nord.

Tossal Bovinar versant nord

Sur la cime du Pic de Coma Extremera face au pic de Setut

Depuis le Pic de Coma Extremera vue vers le nord

Nouveau gros plan sur l'estany de la Illa et son refuge

Face nord du Tossal Bovinar depuis le Pic de Coma Extremera

Vue vers le sud sur la Sierra de Cadi

L'arête ouest du Pic de Setut

Pic de Setut et l'Estany Gran de Setut

Port de Setut

Dans ce décor décomposé, une sente marquée par quelques cairns se faufile astucieusement à travers un terrain rocailleux, tout en évitant le pierrier. Par des banquettes herbeuses, la marche pénible sur la roche est évitée et la pelouse vite retrouvée. De nombreuses sources s’échappent du pierrier pour former un ruisseau qui sera le fil conducteur afin d’entrer dans la vallée de Madriu. Le passage à la cabane de Barracola à 15h22, après 7h56, marque le retour sur un bon sentier et la « civilisation ». Par une passerelle de rondins, j’entre dans la vallée de Madriu où je croise 5 puis 10 puis 20 trailers et ça n'en finit pas. Je vais croiser des trailers par dizaine, à bout de force, en panne d’énergie. Ils sont sur le trail tour d’Andorre et pour l’essentiel d'entre eux, le week-end sera très long.

La descente en versant nord

Port de Setut dans le dos

Vue arrière depuis la cabane de Barracola

Cabane de Barracola (fermée)

Passerelle permettant de se raccorder à la vallée de Madriu

Le retour par la vallée de Madriu est long de presque 10 km. La suite n’est qu’une longue mais belle descente sur un sentier agréable et ombragé. Depuis l’axe de la vallée, la crête parcourue apparait sous un autre aspect où il m’est impossible de reconnaitre les sommets gravis, mais leur aspect est plus sévère de ce point de vue. J’active le pas pour arriver avant que 12 heures ne soit écoulé et ne payer qu’une demi-journée de parking. Je termine donc à 17h27 pour un total de marche de 10h01 et 7 sommets gravis. Il m’aura manqué le Tossa Plana de Lles pour compléter à cette crête, mais je le réserve par la voie sud une fois prochaine. La vallée de Madriu vaut à elle seule l’objet d’une randonnée, tout comme le tour des refuges de Claror, Perafita et Fondverd.

Les mêmes sommets en versant nord nettement plus impressionnants