Etape 3 : Refugio de Bachimaña – Refuge des Oulettes de Gaube
Mardi 18 Juillet 2023
Etape 3 : Refugio de Bachimaña (2200m) – sentier de la conduite d’eau – Embalse de Brazato – Puerto Viejo de Brazato (2566m) – GR11 – Choza de los Batanes – Col des Mulets (2591m) – Refuge des Oulettes de Gaube (2151m)
Lever à 6 heures après une nuit chaude, nous déjeunons avec Marc et Jean-Michel. Nouveau contre temps avec le pique-nique qui cette fois n’est même pas prêt, alors même que le gardien nous avait garanti qu’ici nous traitons avec des gens sérieux ! Bref, l’organisation d’un refuge ne doit pas être simple. Marc nous explique la subtilité de la première partie du parcours, qui doit nous éviter de descendre inutilement à Baños de Panticosa, en suivant une conduite d’eau pratiquement de niveau, mais dont le balisage ne serait pas totalement établi. Fort de ces précieuses informations, nous quittons le refuge à 7h20, un peu plus tôt que Marc que l’on quitte pour de nouveaux projets. La distance à parcourir aujourd’hui parait importante sur la carte, alors il ne faudra pas trainer. Notre sentier part au sud du refuge, et pour le moment, il est parfaitement indiqué par des cairns. C’est la première journée où le vent a cessé de souffler, une journée parfaite s’annonce donc. Nous marchons à l’ombre, un vrai plaisir. Mais en suivant les cairns sans trop d’attention, ceux-ci nous entrainent au dessus de l’ibón de Coanga, hors de notre itinéraire. Une erreur que nous corrigeons bien vite, car nous savons que ne devons pas prendre de dénivelé. Descente dans un plissement de vallon et l’on retrouve aussitôt le sentier qui doit mener à la conduite d’eau. Rencontre avec des chevreuils sur le terrain des isards ; l’adaptation fonctionne bien chez ces petits cervidés. Au détour d’un virage plus prononcé que d’autres, l’information pour Brazato est parfaitement indiquée, balisage rouge, cap sur la conduite d’eau.
Refuge de Bachimaña
Le refuge est parfaitement camouflé dans son environnement
Les chevreuils ou corsos comme on dit localement
Le refuge passe au soleil - cette falaise est impressionnante
Finalement, ce qui devait être un itinéraire aléatoire est en définitive un sentier en parfait état de pratique, entretenu et sans doute possible. Il mène en effet à une conduite d’eau en surface, captage venant du barrage de Brazato, notre destination. La conduite d’eau est pratiquement de niveau, un régal à suivre. Passage de deux tunnels, puis cela se raccorde au GR11 qui monte de Baños de Panticosa. Cet itinéraire est parfaitement recommandable pour économiser une perte puis une reprise de dénivelé. Nous avons quand même mis 2h06 pour retrouver le GR11. Cela coïncide également avec la rencontre du soleil que l’on ne quittera plus de la journée. Le temps de se tartiner de crème solaire et l’on s’empresse de poursuivre la marche vers la retenue d’eau de Brazato. Le sentier prend de la hauteur brutalement, 100 mètres de dénivelé positif en quelques lacets, pour se mettre de niveau avec le barrage. Nous parvenons à l’embalse de Brazato à 10h10, en 2h35. Cet étang a une superficie moins importante que celle des barrages de Bachimaña ou Bramatuero, mais reste une des retenues d’eau majeure de la vallée de Panticosa, pour produire de l’électricité. Au passage du barrage de Brazato, nous sommes au point le plus au sud de notre périple.
Vue vers Baños 500 mètres plus bas
Vue vers les sommets dominant le refuge de Bachimaña
L'un des passages en souterrain de la conduite d'eau
Baños de Panticosa
Carrefour où l'on retrouve le GR11
Nous cheminons vers le Puerto Viejo de Brazato, et l’ascension n’est pas encore terminée. Nous nous élevons vers un faux col qui s’ouvre en définitive sur un minuscule cirque suspendu, où l’on découvre les trois étangs hauts de Brazato. C’est par une longue traversée dans un pierrier que l’on atteint le véritable col. Durant cette traversée, nous retrouvons Marc et Jean-Michel qui étaient passés devant nous lors de notre petite erreur d’aiguillage trois heures plus tôt. Nous conversons un peu, nous nous souhaitons le meilleur pour les jours à venir, et chacun suit son chemin. Il est 11h15 lorsque nous franchissons le Puerto Viejo de Brazato, après 3h15. Le col offre une vue spectaculaire sur le versant ouest du Vignemale. Cet imposant massif saute brutalement aux yeux au débouché du col. Il en ferait presque oublier la vue sur les bucoliques ibones altos de Brazato. Nous ne regrettons pas d’avoir choisi cet itinéraire.
Vue d'ensemble de l'embalse de Brazato
Etang haut de Brazato et Puerto Viejo de Brazato tout à droite
Etang le plus haut sous le Puerto Viejo de Brazato
Gros plan sur le pic de Pondiellos
Le Vignemale tel qu'il apparait au Puerto Viejo de Brazato
Gros plan sur le versant Ouest du massif du Vignemale
Nous basculons sur l’autre versant, orienté Est, en direction de los ibones de los Batanes. Ce territoire que nous ne faisons que traverser est si vaste, qu’il demanderait à lui seul un séjour d’une semaine pour découvrir bien plus en profondeur, l’étendue de ses richesses. Ce sera pour une autre fois. Nous avançons jusqu’à l’étang supérieur de los Batanes où coule une source. C’est l’endroit idéal pour prendre le repas. Nous nous écartons du sentier pour aller chercher la fraicheur d’une ombre bienveillante, et élisons l’endroit comme lieu de pique-nique idéal. Il est alors 11h40, et nous avons marché seulement 3h30. C’est bien peu, et pourtant nous partageons un sentiment commun avec Yannick, celui d’une grande fatigue sans explication évidente à ce moment là. Qu’importe, c’est la mi-journée et nous avons effectué 40% de l’itinéraire du jour. Le pique nique du jour se compose de deux sandwichs dont un à l’omelette, très original. Seront-ils suffisamment nourrissants pour la suite de la journée ? La réponse ne tardera pas à arriver.
Nous sommes si bien à l’abri du feu ardent du soleil, et en l’absence de vent, que nous laissons filer le temps pendant cette pause relaxante. Nous reprenons finalement la marche à 12h50, non sans avoir fait le plein d’eau à la source. La descente de ce vallon est agréable, nettement plus agréable que le passage de la H.R.P. par le col de Letrero, légèrement plus au nord. Nous avançons face au massif du Vignemale, et le fait de se rapprocher de sa base le rend encore plus impressionnant, imposant, omni présent, écrasant. Afin de perdre le moins de dénivelé possible, sur les conseils que nous avait donnés Marc, nous quittons à 2150 mètres le GR11, pour aller chercher de niveau le sentier qui parcours la vallée du rio Ara. S’engage alors la remontée finale de cette vallée, et quelques 440 mètres de dénivelé pour franchir le col des Mulets, sous un soleil brulant. Je n’avance pas, j’ai la mauvaise impression de me trainer. Je ne dis mot, je m’accroche à mes bâtons mais ce qui vient me rassurer, c’est que Yannick m’informe qu’il a également une baisse notable d’énergie. Nous partageons la même difficulté à reprendre de l’altitude alors que nous sommes sur un bon sentier. C’est à cet instant que nous réalisons que cette faiblesse doit venir de l’absence de féculents du repas de la veille et des pique-niques pas assez calorifiques. Il faut donc adapter la marche à cette contrainte. Cette ascension du col des Mulets qui nous paraît plus longue qu’elle ne l’est en réalité se termine à 15h25 après 6 heures. Ouf, le plus dur est fait !
L'étang le plus bas de los Batanes
Sous l'impressionnante face Ouest du Pic de Cerbillona
Vue vers l'ouest depuis le col des Mulets
Vue vers l'est depuis le col des Mulets
Versant nord du Vignemale apparaissant depuis le col des Mulets
Il reste encore la descente vers la destination finale. Le terrain est moins bon sur ce versant, plus raide, raviné, et ce n’est pas si rapide que ce que nous pourrions penser, pour se rendre au refuge des Oulettes. Nous terminons cette étape à 16h18, avec un total de 6h50 de marche effective. Je suis choqué par le monde et l’agitation au refuge. Le contraste est immense avec l’ambiance que j’avais trouvée pendant l’hiver dans ce même établissement. Le bruit m’agresse, je ne me sens pas à ma place, alors que je pense être l’un des seuls à venir là été comme hiver. Allez, faisons abstraction des résidents et profitons de la plus belle vue d’un versant nord des Pyrénées Françaises. Il y a par contre une constante : cette face nord faite de roche et d’un glacier moribond garde toute sa prestance et sa majesté, quelles que soient les saisons.
Pique Longue et le glacier des Oulettes
Refuge des Oulettes de Gaube
Ici pas d’autre douche que l’eau gelée du glacier. L’avantage de se laver avec une eau à 8°C, c’est qu’on en consomme très peu. C’est violent, mais le résultat est étonnant. Yannick n’est pas d’humeur à tester sa résistance au froid, moi j’ai pris l’habitude des lavages à froid. Le repas est servi à 19 heures, très copieux, un régal. L’accueil est de grande qualité et se soucie des gouts de chacun, que l’on soit végétarien, vegan ou autre intolérant au gluten, chacun trouvera de quoi manger. Quelle organisation ! Nous sympathisons avec nos voisins de table que nous devons retrouver à la prochaine étape, mais chacun avec des projets différents. Ce sera intéressant de partager de nouveaux échanges sur le ressenti de la fatigue, des sentiers ou de la météo.
Pique Longue et le glacier des Oulettes
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 6h50 pour 17 km à 2,5 km/h
Dénivelé positif total : 1131 m – Dénivelé négatif total : 1227 m
Altitude maxi : 2591 m - Altitude mini : 2151 m
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