Mont Fourcat depuis Montferrier en hivernale
16/01/2021 : Montferrier (665m) – Col du Four – hameau de Frémis – GRP – le Coulobre – Mont Fourcat (2001m) – le Coulobre – hameau de la Peyregade – GRP – Montferrier
Le Mont Fourcat est le premier « 2000 » du massif de Tabe. Sommet rondouillard sans prétention, et qui n’a rien de fourchu d’ailleurs, il offre un panorama de choix sur les hauts sommets Ariégeois. C’est la destination favorite des skieurs après une chute de neige, car facile d’accès depuis Croquié par l’Ouest. Je choisis une ascension plus longue, par le Nord/Est, depuis le pied de cette montagne. Je quitte la voiture au village de Montferrier à 7h20. Le sentier qui quitte Montferrier s’élève doucement en forêt sur un sol pavé, jusqu’à trouver une route. La neige est déjà bien présente à 800 mètres. Au col du Four, il faut poursuivre la route jusqu’au hameau de Frémis. C’est à la sortie du hameau que l’on trouve les balises jaunes et rouges du GRP, qu’il va falloir suivre jusqu’au sommet.
Route allant au col du Four
Le sentier vient croiser une nouvelle route. C’est à cet instant que je chausse les raquettes. Il est 8h30, cela fait 1h10 que je marche. La prise de dénivelé est très faible. La neige est cotonneuse, d’ailleurs tout est cotonneux, des sons de mes pas à l’ambiance générale. Tout est calme, presque trop. Ce paysage est féérique.
Croisement du GR avec la piste, 30 cm de neige, raquettes obligatoires
Quelques cairns colossaux jalonnent le sentier
En sortant du bois à 1500 mètres, un vent glacial se fait sentir. Il est 10h10. Rien pour le moment d’insurmontable, mais rien n’annonçait sa présence. L’objectif du jour apparait soudainement, imposant, majestueux. Un sommet de 2001 mètres ne peut pas prétendre à de la prestance, et pourtant sur ce versant oui. Il culmine à une altitude qui serait en Andorre le point de départ d’une randonnée ; mais ici chaque sommet se mérite à la force des mollets. Malgré les raquettes, la neige porte très mal.
Objectif à vue, mais on distingue déjà ce que sera la difficulté majeure
Le vent a décapé toute la crête
Pic de Saint Barthélémy sur la gauche
La neige est arrachée du sol, ça souffle très très fort
A partir de 1560 mètres, sur le Coulobre tout change radicalement. Un vent fou de trois-quarts face est l’obstacle majeur. Je me couvre au maximum, et en avant. La neige est tôlée, et par endroit c’est du carrelage. Les griffes des raquettes font des merveilles. A partir de 1700 mètres c’est intenable. Un vent constant de plus de 70 km/h souffle sans faiblir. Je lui oppose une obstination rageuse née au plus profond du confinement, et qui a mûri pendant le couvre-feu. Je forcerai coûte que coûte le sommet. Je titube mais ne tombe pas. C’est l’affrontement de ma volonté de m’élever, contre un vent en délire qui n’en a rien à faire. Emmitouflé dans ma carapace de textile, je ne crains pas le froid. Je le brave même. Mais le nez reste l’organe le plus fragile, car exposé à cette température extrême. Le protéger tout en marchant n’est pas une mince affaire. Depuis le Coulobre, c’est une succession de bosses qui cachent la suivante et ainsi de suite. Il faut être fou ou désespéré pour insister. Le cairn sommital sonne la délivrance à 11h36. Une ascension de 4h06 depuis Montferrier.
2001 mètres, mais aujourd'hui il en valait 1000 de plus
Vue vers le Nord
A présent les éléments se déchainent, la nature est en délire, la montagne est quasi hystérique. La température est de -3°C mais avec le windchild (refroidissement éolien) le ressenti est de -15°C. Il fait si froid que l’on pourrait conserver les vaccins contre le coronavirus, enfin, presque. Trois skieurs arrivent par l’Ouest depuis Croquié ; ils resteront 5 minutes puis demi-tour. Il est si rare de vivre un tel moment où la nature est hors de contrôle, que je reste le plus longtemps possible, 15 minutes, 15 minutes intenses. Il reste encore une longue descente et un couvre-feu à gérer. 11h50, il faut partir, non sans avoir pris quelques clichés.
Sommets majeurs du massif de Tabe
Une partie du panorama vers le Sud
Le Mont Valier
Pic de Serrére sous le lenticulaire
Les gardiens du pays de Sault pics d'Ourtiset et Bentaillole
Pic de la Coume d'Enfer dans l'Aston
La descente est bien plus rapide que ce à quoi je m’attendais. Il faut tout de même lutter contre le vent qui me pousse vers les corniches. Je parviens au pré du Coulobre, et les traces de raquettes de la montée ont déjà été effacées. Sans plus attendre, je me presse pour aller trouver un abri dans la forêt. Je vais prendre le repas au carrefour sous le pla de Mounoye à 12h45. [5h00]
La crête battue par les vents
Regard sur le pic de Han à droite et pic Galinat au centre
Dernier regard sur le Mont Fourcat et la tempête
Un couple arrive depuis le hameau de la Peyregade. Ils ont donc tracé la voie, ce sera l’occasion de faire une boucle pour le retour. Je me remets en marche à 13h25. La perte de dénivelé est rapide et facile. A 1000 mètres, je peux quitter les raquettes, la neige n’est plus assez profonde. Après la Peyregade un bout de route puis un agréable sentier ramène au point de départ à 15h16, pour un total de 6h47. Le timing est respecté. Aujourd’hui ce n’est pas du muscle qu’il fallait, mais de l’esprit.
« La force ne provient pas de la capacité physique, elle provient d’une indomptable volonté » Mahatma Ganghi
Mont Fourcat vu depuis Montferrier
Tracé du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 6h47 pour 22,5 km à 3,3 km/h
Dénivelé positif total : 1380 m – Autant en négatif
Point culminant : 2001m
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