Pic Carlit par le col des Andorrans et l’arête Sud
17/07/2025 : Coll del Pam (2001m) – Les Bouillouses – Estany Llat – Coma dels Forats – Coll dels Andorrans (2749m) – Puig Carlit (2921m) – retour par la voie normale
La voie normale du Puig Carlit, plus haut sommet des Pyrénées-Orientales, étant sur-fréquentée, il y a possibilité de se détourner de l’itinéraire principal pour réaliser une belle boucle pratiquement sans rencontrer le moindre monde. Pour cela, il ne faut pas avoir peur de s’éloigner du sentier des lacs, ne pas craindre les pierriers et avoir l’esprit joueur pour s’élever sur l’arête sud en posant les mains. C’est donc un itinéraire pour aventuriers aimant la solitude.
C’est avec ma Corinne que nous partons sur cette boucle emblématique de ce secteur populaire pour touristes. Pour des raisons logistiques liées aux contraintes horaires de la route des Bouillouses, nous avons opté pour un départ plus lointain, mais qui laisse plus de liberté. Départ à 7h40 depuis le coll del Pam sur les hauteurs de la station de ski de Font-Romeu. Le sentier est parfaitement balisé et débute par une descente à travers les pins à crochets. Nous ne tardons pas à apercevoir l’objectif du jour, mais également les hautes cimes locales que nous ne manquons pas d’identifier. Le sentier perd 100 mètres de dénivelé brutalement, qu’il va reprendre tout en douceur jusqu’au barrage des Bouillouses. Nous y parvenons à 9 heures. Ce départ décalé aura demandé 1h25 d’approche.
Départ depuis le coll del Pam
Objectif du jour en point de mire
Gros plan sur le col des Andorrans, l'arête Sud et le Pic Carlit
En descendant du coll del Pam (photo Corinne)
Flânerie sur le bord de l'étang de la Pradella
Esatny de la Pradella avec le pic Carlit au loin
(photo Corinne)
En s'approchant des Bouillouses face aux pics Pérics
L'herbe est encore bien grasse
Regard vers le coll del Pam d'où nous arrivons
Depuis le barrage, nous rattrapons la voie normale qui passe sous l’hôtel des Bones Hores, ainsi que la cohorte de randonneurs qui partent marcher autour des étangs pour certains et gravir le Carlit pour d’autres. Nous hâtons le pas pour doubler le plus possible ces marcheurs et s’engager sur un itinéraire nettement moins fréquenté, pour ne pas dire pas fréquenté du tout. A la pointe amont de l’estany Sec, nous quittons le sentier du tour des lacs pour s’engager main gauche sur un sentier vers le sud/ouest. Nous traversons un plateau très peu boisé caractéristique du paysage local, et nous parvenons sur les berges de l’estany Llat.
Estany de la Coumassa
Linaigrettes à l'estany Sec (photo Corinne)
Estany Llat
(photo Corinne)
Un beau sentier cairné s’élève à travers les pins pour se faufiler sur ce gros talus d’un peu plus de 130 mètres de haut. Notre itinéraire s’immisce dans le plissement entre le Puig de Solana Carnicera à gauche et le Tossal Colomer à droite ; c’est là que se niche la coma dels Forats. Une fois sorti de la végétation, il n’y a plus réellement de sentier, mais l’on peut toujours suivre les cairns qui indiquent un passage au milieu d’un long pierrier. Nous parvenons proche de l’étang 2384m après 3h13. C’est l’occasion de faire une halte pour reprendre de l’eau qui accompagnera quelques barres énergétiques. Le sol est richement fleuri, un plaisir pour les yeux. Seules les marmottes semblent occuper de façon permanente ce lieu inhospitalier, pourtant si proche de la foule par-delà le Tossal Colomer. Nous pouvons noter que ces eaux formeront le ruisseau de l’Angoustrine qui se jettera dans le Raür puis le Sègre qui à son tour viendra alimenter l’Ebre pour finir loin en Méditerranée espagnole.
En s'élevant au dessus de l'estany Llat
L'entrée de la Coma dels Forats
Gros plan sur le col des Andorrans et le couloir à remonter
Etang à 2384m (photo Corinne)
Aster des Alpes
Il faut encore remonter ce vallon caché avec ses nombreux trous comme son nom l’indique, ou plus exactement des dépressions rocheuses causées après la disparition d’un antique glacier. Il subsiste encore de ce temps très lointain, les étangs qui étaient encore gelés en juillet il y a seulement 10 ans en arrière. Les chaleurs permanentes actuelles ont relégué cela aux rayons des souvenirs. Nous avançons au mieux dans un enchevêtrement de roches jusqu’à parvenir au pied du col des Andorrans à la verticale de ce dernier. Il va falloir s’élever sur un terrain croulant et malgré les nombreux questionnements pour trouver le meilleur itinéraire, seule la ligne droite restera le chemin le plus efficace. A la force du mollet et avec l’aide des bâtons nous nous élevons. Ne pas partir trop à gauche sur la rive droite du couloir, n’est-ce pas ma Corinne ! Rien de bien pénalisant car l’on peut revenir de niveau dans l’axe du couloir, lorsque l’on vient buter sur un pilier du puig de Solana Carnicera. Nous nous appuyons alors sur la roche le plus possible en minimisant les appuis dans le couloir croulant. Après de véritables efforts, nous voilà rendus à 12h45 après 4h20. Ce col culmine quand même à 2749 mètres, cela vaut bien un sommet.
C'est un miracle qu'il reste encore de la neige
(photo Corinne)
Le chantier à remonter
La coma dels Forats vue d'en haut
On peut apprécier l'ampleur du site en voyant Corinne en bas à gauche
Dans la partie terminale, finalement la plus verticale mais la moins pénible
La coma dels Forats vue depuis le coll dels Andorrans
Se présente alors l’arête sud, sombre, austère, déconcertante, mais très large. Cela représente 172 mètres de presque verticalité. L’entame de l’arête est si large qu’il n’est pas évident de trouver spontanément un itinéraire. Nous choisissons de partir sur la gauche versant Ouest. Rapidement il faut revenir dans l’axe, bien sur la ligne de partage ; l’usage des mains est nécessaire mais rien de dépasse le II sup. En restant sur le fil, l’ascension est ludique et ne présente pas de piège, mais l’on peut également s’élever plus sur la droite versant Est où de bons passages se dessinent nettement sur un sol plus terreux que rocailleux. Malgré l’appréhension du vide, Corinne fait face avec beaucoup de concentration, quant à apprécier l’exercice, nous verrons une fois au sommet. C’est chose faite à 13h20, pour un total de 4h50. Finalement, l’arête se monte vraiment bien, un accès très élégant pour un sommet majeur des Pyrénées de l’Est. Trop de monde au sommet comme nous nous y attendions, trop de vent froid également, alors nous changeons de cime pour prendre le repas à l’abri du vent et du monde.
Dans l'arête
Traditionnelle vue vers l'ouest sur l'étang du Lanoux
(photo Corinne)
Traditionnelle vue vers l'est sur les étangs des Bouillouses
(photo Corinne)
Vue vers le nord
Gros plan
Il est déjà 14h50 lorsque nous nous remettons en marche avec un vent bien soutenu en crête. Il est trop tard pour poursuivre en crête vers le pic de la stèle si nous espérons rentrer à une heure raisonnable. Le retour se fera donc par la voie normale, itinéraire le plus direct. Nous croisons de nombreux marcheurs terrorisés par cette ascension et il en vient encore. Nous filons bien vite pour échapper à ce nouveau public qui n’a pas les codes de la montagne, qui reste au milieu sans laisser passer alors qu’il n’avance pas, où pire qui reste assis au milieu de sentier sans même s’écarter alors qu’il faut les enjamber. Il faut espérer qu’un peu d’éducation fera évoluer ce comportement. A l’approche de l’estany de Soubirans nous suivons le sentier de droite, celui menant directement à l’estany Vallell. Cet itinéraire vient frôler l’estany de les Dugues pour partir directement jusqu’au barrage des Bouillouses. Nous ne faisons que passer à 17h15 après 7h15. Mais il reste encore à se relancer vers le coll del Pam.
L’estany de les Dugues
Gros plan sur le pic Carlit depuis l’estany de les Dugues
Enfin les Bouillouses et le coll del Pam à droite
C’est du terrain connu, il fait très chaud et les 1h50 annoncées nous semblent être un défi de trop. Pourtant le terrain est facile, la marche agréable, la pente raisonnablement prononcée, si bien que nous avalons cette distance bien plus vite que nous l’avons fait dans la matinée en seulement 1h15. Nous terminons cette très belle randonnée à 18h40 pour un total de marche réelle de 8h30. La particularité de ce circuit est de proposer une journée presque exclusivement au-dessus de 2000 mètres et pourtant avec bien peu de dénivelé positif. Le lieu est victime de son succès mais il est tellement beau qu’il est difficile d’en être autrement. Encore une fois, au risque de me répéter, je suis vraiment fier et heureux d’avoir partagé ces efforts avec ma Corinne qui aura fait preuve de beaucoup d’abnégation face aux diverses difficultés qu’aura proposé cet itinéraire sauvage.
Encore 1h50 et 5,3km (photo Corinne)
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 8h30 pour 25,2 km à 3 km/h
Dénivelé positif total : 1170 m – Autant en négatif
Point culminant : 2921m
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