Pic de Baxouillade par le couloir des Estanys de la Porteille (PD sup)
27/12/2020 : Espousouille – vallée du Galbe – Les Bassetes – Estanys de la Porteille d’Orlu – Couloir des Estanys de la Porteille (PD sup) – Pic de Baxouillade (2546m) – aller/retour
Préambule : Cette sortie est la résultante de la perte de semelles du 24/10/20 aux étangs de la porteille d’Orlu. Il ne fallait pas finir l’année sur un échec aussi ridicule. Le confinement est passé par là, et à présent un couvre-feu. Afin d’éviter le couvre-feu donc, et partir le plus tôt possible, il fallait dormir sur place, c’est-à-dire au village d’Espousouille, dans le Capcir, l’un des lieux habités les plus froids du département des Pyrénées-Orientales. En effet, la température est descendue à -6°C dans la voiture durant la nuit. Le ton est donné. Mon ami Joël se joint à moi pour partager ce qui sera une journée dantesque.
Avec 4 mètres plus haut que le Roc Blanc, le pic de Baxouillade est le plus haut sommet du Donezan. Sa face Ouest domine la vallée de l’Oriège par des escarpements spectaculaires. Mais par son versant Sud, il pose un pied solide dans le Capcir. Il ferme élégamment la vallée du Galbe où quelques petits étangs participent à alimenter le torrent du Galbe. C’est par ce versant que nous allons l’aborder. Départ à 5h15, depuis le village d’Espousouille. Il a neigé abondamment il y a un peu plus de 24 heures, et le décor est d’un blanc insolent. Dans l’obscurité de la nuit et dans un paysage uniforme, je ne trouve pas la route forestière rive droite, si bien que nous allons perdre un certain temps avant de s’engager sur la route forestière rive gauche. Un véhicule a tracé deux profondes tranchées permettant de marcher sans difficulté. Une fois mis sur les rails, il n’y a plus qu’à remonter la vallée. Nous parvenons au refuge de la Jaceta à 7h10, soit 1h55. Nous chaussons à présent les raquettes car il n’y a plus de trace.
Gros plan sur le massif du Canigou dans le lointain
Couleurs fauves matinales
Nous suivons au mieux le sentier estival dans une neige ouatée. La portance est médiocre, d’autant que nous avons les sacs à dos fortement chargés. Les couleurs du lever du jour sont exceptionnelles. C’est la récompense d’un départ matinal. Une première rampe nous dépose au plat des Bassetes à 9h23, après 3h50. Une véritable pause grignotage s’impose. L’éloignement du premier parking permet de préserver le lieu de présence humaine. Nous avons pour nous seuls un décor de cinéma sous nos yeux.
Pic de Terrers
Si en l’absence de neige la traversée de cette zone humide pose quelques questions, il n’en est pas de même en cette saison. Une fois au bout du pré, il faut se hisser à nouveau sur le mamelon en l’abordant par la gauche. Le prise de dénivelé se fait au prix d’une débauche d’énergie dans une neige cotonneuse. Nous voilà parvenus à 10h11 à la station météo, en 4h30. Toutes les prévisions d’horaires sont déjà explosées, il va falloir improviser pour la suite.
Première vue sur le pic de Baxouillade
Rude montée au dessus des Bassetes
Le plaisir de faire la trace
Porteille d'Orlu et pic de Baxouillade
En gros plan on remarque que la porteille a été déjà descendue
La rampe suivante est moins forte. L’effort à fournir est moindre, mais demande malgré tout son content d’énergie. Nous sommes écrasés par le poids des sacs. Puis une courte traversée nous dépose au pied de la porteille d’Orlu. Le temps passe vite, trop vite. Nous sommes si proches du sommet, qu’il nous semble impensable de faire demi-tour. Il faut simplement trouver la bonne stratégie. Durant cette pause, un skieur à la jeunesse insolente nous a rejoints comme une fusée. Il faut dire que le ski de randonnée est parfaitement adapté à ce type de neige, et qu’il va « seulement » à la porteille d’Orlu pour s’offrir une belle descente. Chacun change de cap et l’on se souhaite le meilleur.
Le pic de Baxouillade apparait plus distinctement
Couloir des Estanys de la Porteille
C’est en s’élevant vers les étangs supérieurs que la solution nous apparait clairement. Il faut se délester, et choisir le bon couloir. Après avoir quitté le matériel superflu, nous chaussons les crampons et partons en direction d’un petit couloir à l’ouest du sommet. Nous lui donnerons le nom de couloir des Estanys de la Porteille. Il est 12h23 quand nous sommes au pied de celui-ci.
Dans le fond la cime du pic de Terrers
Entrée du couloir non visible dans l'approche
La neige est en condition exceptionnelle. Elle est gelée, et une fine pellicule de glace la recouvre ; on ne pouvait espérer mieux. La fatigue s’évapore, il ne reste que le plaisir de grimper. Tout se fait sur les pointes avant, et ça monte très vite. Pas de difficulté technique autre que la vigilance que demande cet exercice, mais la neige et la glace qui tapissent la roche apportent une ambiance très particulière. C’est un grand plaisir que de se retrouver là, avec de telles conditions. Proche de la fin, une courte zone est dépourvue de neige, mais la sortie se fait en neige, et sans corniche. Il ne reste plus qu’à tourner sur la droite en suivant le bord de l’arête, pour gagner la cime. Nous voilà au sommet à 13 heures. Une ascension de 6h32, dantesque ! Noël cette année tombe pour moi un 27.
Le couloir dans sa longueur
Vue depuis la sortie du couloir
Partie terminale de la crête
La petite croix sommitale a été sciée depuis mon dernier passage. Le vandalisme n’a pas de limite ! La suite se passe de commentaires. La tempête a décapé quelques sommets, ce qui explique les grandes accumulations dans les vallons. Le ciel est gris mais la vue est dégagée. Nous profitons brièvement de ce spectacle chèrement gagné, pour repartir 10 minutes plus tard, car le temps est compté.
Vue du sommet vers le sud sur les Pérics
Roc Blanc versant sud
Etang de Laurenti
Crête du pic de la Tribune
Vue vers le Nord/Ouest
Gros plan sur la dent d'Orlu ou pic de Brasseil
Vue vers le Sud
Gros plan vers l'Ouest sur les pics de Coma d'Or et Pedros
Le retour se fera par le couloir de la voie estivale, le plus proche de la cime occidentale. La descente demande en grande partie de désescalader sur de la neige glacée. Nous prenons un repas rapide au niveau de la « zone de délestage », le temps de quitter les crampons et enfiler les raquettes, et à 14h14, nous engageons le retour. Il ne reste plus qu’à suivre nos traces matinales. Tout est plus facile quand on ne lutte pas pour s’élever contre la gravité. Il n’y a plus qu’à allonger le pas pour terminer à une heure raisonnable qui va nous permettre de rentrer avant le couvre-feu. Fin de cette journée mémorable à 17h09 à Espousouille, pour une descente éclair de moins de trois heures.
Premiers pas dans le couloir de la voie estivale
En rouge le couloir de montée, en vert la descente
Gros plan
De nombreux couloirs sont encore à découvrir
Réaliser un couloir si isolé, en plein cœur de l’hiver, avec une telle approche, n’est pas vraiment raisonnable, et il est logique de passer la nuit dans l’un des deux refuges de la vallée. Mais le monde actuel est-il sérieux ? Et si la raison ne serait pas justement de vivre intensément ?
Tracé du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 9h52 pour 24 km à 2,4 km/h
Dénivelé positif total : 1082 m – Autant en négatif
Point culminant : 2546m
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