Pic de Besalí et Pic de Font Blanca par l’arête Sud, depuis le Bouychet
09/10/2022 : Bouychet (925m) – Etang de Peyregrand – Port de Siguer (2395m) – Pic de Besalí (2639m) – Portella de Rialb (2509m) – Pic de Font Blanca (2903m) – Etang du Rouch – Etangs de Llassiés – Jasse de Bélesta – Etang de Peyregrand – Bouychet
L’idée première de cette randonnée est d’aller se hisser sur le pic de Font Blanca ou pic du Port mais par le Sud, donc par son versant Andorran. Avec un départ en versant Nord, le défi n’est pas gagné d’avance. C’est la quatrième fois que je mets les pieds dans la vallée de Peyregrand, et le hasard des saisons a fait que c’est toujours en automne. Hasard ? Pas tout à fait. Cette vallée est bien trop longue pour être parcourue en hiver en raquettes, et en été je préfère des destinations nouvelles, où la vue s’ouvre plus vite sur l’horizon. Voilà ce qui explique que je que ne vienne qu’en automne, juste avant que la vallée ne soit fermée par la neige. Connaissant le terrain, je sais qu’il est raisonnable de partir très tôt, d’autant que l’essentiel de l’approche ne présente que peu d’intérêt visuel. Départ à 5h05 heures du parking aménagé du Bouychet, au fond de vallée de Siguer. Dès le point de départ, le sentier est parfaitement balisé pour ne pas s’égarer de nuit. La prise de dénivelé est rapide jusqu’au pont de la Peyre le bien nommé. Puis le terrain ne dénivèle plus avec la même efficacité. Un troupeau de bovins occupe le haut de la vallée. Malgré la place disponible, les vaches aiment bien dormir à même le sentier, ce qui occasionne un dérangement pour tout le monde, mais sans conséquence. Passage au refuge de Brouquenat d’en Haut en 1h35, où là encore, un nombre important de vaches couchent sur le sentier. Pour les éviter, il faut naviguer dans un terrain marécageux, où les pieds s’enfoncent dans les tourbières ; ce n’est pas le meilleur moment du début de journée. Au niveau de la jasse des Planes, un nouveau cheptel de bovins occupe lourdement le sentier ; nouveau contournement pour éviter de se frotter aux cornes. Le sentier s’élève un peu à présent pour se hisser sur la plaine de l’étang de Peyregrand. Le jour se lève pour moi, fin de l’éclairage artificiel. J’y parviens à 7h30, en 2h25.
Pic de l'Etang Blaou vu depuis l'étang de Peyregrand
Etang de Peyregrand vu vers l'aval
Pic d'Arial, à sa gauche le Port Vieux de Siguer
Le terrain ne dénivèle plus ou si peu, une nouvelle fois. Interminable vallée de Peyregrand qui ne semble jamais prendre fin. La particularité de cette vallée, est qu’elle n’est pas parfaitement perpendiculaire avec l’axe frontalier, donc on ne voit jamais l’objectif final. Si cela peut représenter un avantage, pour moi qui connais, autant avancer en nocturne. Je vise sur la partie gauche de la crête le Port de Siguer, plus bas de 40 mètres que son proche jumeau à l’ouest, le Port vieux de Siguer. Après avoir traversé le torrent, la pente se lève enfin à travers un terrain de rhododendrons et gispet. Le sentier est marqué par de pâles balises jaunes, mais il est parfaitement lisible sur le terrain. La fatigue se fait sentir pour moi, le pas est lourd, le souffle court. Je traine avec moi un virus quelconque qui m’empêche de respirer correctement. J’en arrive même à avoir la vue trouble, la vision devient en noir et blanc. Je marche sans arrêt jusqu’à venir à bout de mon content d’énergie. Enfin le port de Siguer arrive à 9h11 en 4h07. Il a fallu « avaler » 1470 mètres de dénivelé et 12,4 km pour arriver sur la frontière franco-andorrane. ¡Una locura ! Le plus intéressant pour moi commence enfin. Mais quelle destination, avec si peu de force ? Le temps d’un petit déjeuner riche et copieux, et je me fixe comme objectif raisonnable le pic de Besalí. Il y a un paramètre à prendre en compte, celui de la météo qui doit apporter une averse localement après 16 heures. Je garde cette information bien présente dans un coin de l’esprit, et je plonge vers le sud à 9h35.
Gros plan sur le versant Est du Pic de l'Arial
Port de Siguer visible au fond
Depuis le Port de Siguer, vue sur le Pic de l'Etang Blaou
Depuis le Port de Siguer, vue sur le Pic de Bourbonne
Vue vers le Nord sur le haut de la vallée de Peyregrand
Vue vers l'Ouest
Gros plan sur le Pic de Besalí
Dans le creux les Planells de Rialb, menant à la Portella de Rialb
Un beau sentier balisé en jaune et rouge parcourt ce versant. La pente est plus douce et l’on remarque immédiatement l’absence de rhododendrons. Quand l’imposant étang Blaou a trouvé une place en versant nord à 2335 mètres, ici en versant sud, pas la moindre flaque d’eau. La perte de 300 mètres de dénivelé est rapide. Au point bas, le sentier passe par une cabane qui fait plus office de garde sel que d’habitation. Cap à l’Ouest à présent en remontant la partie haute de la vallée de Rialb. Ça déroule, le terrain se prête bien à avancer vite. Je quitte l’axe du vallon afin d’aller chercher un bout de crête, et prendre le pic de Besalí à revers. L’ascension hors sentier ne pose pas de difficulté, pas plus que la crête qui suit. Voici le pic de Besalí gravi à 11h08, après 5h40. La vue que je découvre sur l’Andorre n’est pas des plus spectaculaires, mais elle permet de découvrir des hautes cimes locales sous une autre perspective. Le pic de Casamanya bouche la vue vers le Sud. Le pic de Besalí est le point le plus éloigné de la journée, alors je prends congés à 11h20, pas de temps à perdre.
Pic de Font Blanca dans le fond
Dos à la cabane, le Port de Siguer d'où je viens
Le vallon menant à la Portella de Rialb
Vue plein Sud
Les sommets proches du Port de Siguer
Vue sur la station de ski d'Arcalis
Vue vers l'Ouest sur la crête frontière
Comme l’appétit vient en mangeant, l’envie de grimper vient en marchant. J’enchaine avec le pic de Font Blanca par son versant sud. Descente directe sur la Portella de Rialb, par la voie normale. C’est très raide. Ce versant étant au nord et n’ayant pas encore vu le soleil, les pierres sont encore recouvertes d’une fine pellicule de glace. Je marche sur des œufs. Ravi de retrouver le soleil au col, 11 minutes après avoir quitté le Besalí. Depuis la portella de Rialb, il reste exactement 400 mètres de dénivelé pour se hisser sur le pic de Font Blanca. Le versant sud de ce dernier paraît sévère, mais un excellent sentier se lève sans embuche à travers un terrain caillouteux. Puis l’on sort à la côte 2733m pour terminer sur un meilleur terrain, moins raide et moins pierreux. Finalement, c’est un accès très facile pour un tel sommet. Je croise des trailers Andorrans qui ont gravi le pic en fast-hiking ; une formalité pour eux qui ont pu se garer à 2000 mètres. Je parviens à mon tour au sommet à 12h17 en 6h37. Je suis seul et je vais le rester. La vue depuis le 7ième des 7 sommets de plus de 2900 mètres de la principauté d’Andorre offre une très belle récompense visuelle. J’avais gravi ce sommet en septembre 2016 en venant par le nord avec Yannick, mais le brouillard nous avait privés de la vue d’où nous venions. Cette fois le plaisir est total.
Le versant à grimper, plus impressionnant que difficile
De la Portella il reste 1 heure
C'est plus facile qu'il n'y parait
La partie la plus rocailleuse de l'ascension
Vue plein Nord sur le proche étang du Rouch et la retenue d'eau de Gnioure
Les petits étangs de Llassiès sur la droite
Etang Blaou dominé par le pic de Thoumasset, dans le lointain les sommets du Donezan
Gros plan sur les sommets du Donezan
Etonnante perspective qui semble mettre tous ces sommets éloignés sur le même plan
Massif de Bassies en second plan, Mont Valier au troisième plan
Gros plan sur le massif du Mont Valier
Il fait froid pendant cette pause repas, trop froid pour rendre le moment agréable, trop froid pour avoir faim. De plus, de gros nuages sont venus masquer le soleil, ceci expliquant cela. 12h50, retour par le versant nord. Depuis le sommet, suivre la crête ouest moins de 100 mètres et s’engager, dans le premier couloir oblique sur la droite. De prime abord ce n’est pas engageant, mais j’ai repéré les points clés. Je n’avais pas prévu que ce versant nord allait déjà créer de la glace sur une grande quantité de roches. Impossible de mettre le pied sur ce sol vitrifié. Il faut casser la glace avec les bâtons ou contourner quand c’est possible. Même la neige fraiche résiduelle est un meilleur atout antiglisse. Il faut se faire plus léger qu’une plume, c’est dire si ce passage est délicat dans les conditions du jour. En cherchant les passages qui mènent sur la lèvre d’une cuvette, j’entends un sifflement tout proche, comme un oiseau qui fendrait l’air. Mais le pseudo oiseau vient s’écraser devant, car au lieu d’un oiseau c’est une pierre grosse comme deux pouces ! Je suis interloqué devant le danger qu’il y a à être sur cette face. Tout en perdant du dénivelé, j’entends par 3 fois des pierres qui se détachent. La face nord se délite doucement mais continuellement. A garder dans toutes les têtes. Une fois sur la lèvre de la cuvette, le danger est moindre et la marche meilleure. Enfin le bord du bel étang du Rouch est d’un bleu incroyable.
Descente légèrement en oblique sur la droite
J'ai plus ou moins suivi la neige puis descente sur la gauche jusqu'à l'étang
Etang du Rouch et Pic de Font Blanca
L’étang du Rouch se contourne facilement pour aller chercher ce que j’appelle une porte d’entrée sur le vallon suspendu de Llassiès. Je rencontre à cet instant deux marcheurs français venant de l’étang de Gnioure. Nous allons cheminer ensemble pour traverser le vallon suspendu de Llassiès. Il n’y a pas de sentier, mais suffisamment de cairns pour traverser ce surprenant petit plateau. Globalement ça passe partout. On peut suivre le ruisseau issu des étangs, jusqu’à son émissaire. Au niveau de la rupture de pente, le ruisseau a creusé une profonde gorge. Il faut alors descendre bien à gauche du ruisseau, donc rive droite. La pente est forte mais paradoxalement facile. Nous parvenons sur le plancher principal de la vallée de Peyregrand à 14h37, au niveau de la jasse de Bélesta, après 8h35. Le temps passe et la météo est de plus en plus incertaine. Je prends congé des deux randonneurs pour descendre au plus vite en fond de vallée.
Etang du Rouch et la porte menant au vallon des Llassiès
Etang du Rouch et pic de Tristagne dans le fond vus depuis la porte des Llassiès
Pic de Font Blanca versant Nord
Etang mineur des Llassiès avant la gorge que forme le ruisseau
Je vois différemment cette longue vallée, mais même avec la lumière du jour et dans le sens de la descente, elle reste définitivement interminable. Passage à l’étang de Peyregrand à 15h20, et 9h05 de marche. Pratiquement aucune pause, la course contre la pluie est engagée. Je retrouve les vaches au niveau de Brouquenat d’en Haut, mais cette fois bien loin du sentier. Ouf, pas de stress. Le retour se fait sans la moindre halte, mais le ciel a décidé d’être clément et l’eau annoncée semble retarder son heure. Très bonne fin de randonnée qui arrive à son terme à 17h20, pour un total de 11 heures de marche effective. C’est une longue journée mais pratiquement toujours sur sentier, ce qui a rendu possible une telle distance. Heureux d’avoir découvert le pic de Besalí et le panorama du Font Blanca.
Crocus, les fleurs de l'automne
Etang de Peyregrand vu vers l'amont et le Pic de l'Etang Blaou
Quelques couleurs d'automne proche de Brouquenat d'en Haut
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 11h00 pour 33 km à 3 km/h
Dénivelé positif total : 2450 m – Autant en négatif
Point culminant : 2903m
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