Pic de Lustou et Pic de Bocou depuis Frédancon
26/09/2021 : Frédançon (1378m) – cabane de Lustou – Pic de Lustou (3023m) – col de Lustou (2649m) – Pic de Bocou (2714m) – cabane de Lustou – Frédancon
Pour une découverte dans cette région de la vallée d’Aure qui m’est à ce jour inconnue, je n’ai rien choisi de plus original que le pic de Lustou. Je vais emprunter la voie normale qui démarre depuis Frédançon, dans la vallée de Rioumajou. Ce haut sommet dépassant les 3000 mètres, trône au fin fond de la vallée d’Aure. Il demande une bonne condition physique pour avaler l’important dénivelé qui le sépare du fond de vallée. Son versant Est pose un pied dans la vallée de la Pez.
Préambule : J’ai rendez-vous à 18 heures à Frédançon avec Amédine ; elle m’annonce qu’à 16h30 il pleut des trombes d’eau. Lorsque je parviens au parking, la pluie a cessé. Pourtant une nouvelle averse va sévir à 20h30, nous précipitant promptement au lit. Et durant les heures qui vont suivre, trois nouvelles averses vont s’abattre sur le secteur. Quid de ce que sera notre rando !
Levés à 4 heures exactes, nous quittons nos véhicules à 4h25, sous un ciel partiellement voilé qui laisse malgré tout apparaitre une belle lune lumineuse. Depuis le parking, suivre la route forestière jusqu’à trouver un pont environ 20 minutes après le départ. Ne pas traverser le pont et s’engager rive droite le long du torrent. Suivre sur quelques mètres ce départ de sentier, et traverser le torrent au plus vite pour changer de rive afin de s’engager aussitôt en forêt. Ce court passage en forêt fut l’unique moment d’incertitude, car le sentier se perd vaguement, et en l’absence de lumière naturelle, il n’est pas simple de suivre une pâle trace. Puis au sortir de la forêt, le sentier remonte le ruisseau de la Piarre. A la confluence de deux torrents, on aperçoit une haute cascade. A cet instant, il faut changer de cap, pour monter Sud/Est. Ici chaque pas permet de s’élever, il n’y a pas de mètres inutiles. C’est raide mais efficace. De plus, le terrain est de très bonne qualité, rien de comparable à ce que l’on peut trouver en Ariège avec la végétation luxuriante et glissante, ou bien le terrain agressif du Val d’Aran où l’on trébuche tous les deux pas. Je suis déjà sous le charme de cette montagne. Amédine qui avait peur de ne pas pouvoir suivre, avale le dénivelé avec la facilité toute relative de son âge. Mais le rythme est bon et la prise de hauteur ne semble pas entamer ses forces. Le sentier change à nouveau de cap pour obliquer vers le Nord/Est lors du nouveau franchissement du cours d’eau. Puis le sentier reprend son cap naturel vers le Sud/Est. Le jour ne tardera plus à se lever. Nous faisons le plein d’eau à la source sous la cabane du Lustou, dont nous ne savons pas encore qu’elle se trouve à 5 minutes plus haut. Les premières lueurs du jour laissent enfin apparaitre le décor qui sera le notre durant toute la journée.
Première découverte de notre objectif
Joli lever de jour sur le pic d'Aret
Nous ne faisons que passer à la cabane, qui n’est pas ouverte aux randonneurs. Le rythme est bon, alors nous poursuivons la prise de hauteur aux pas cadencés d’Amédine. Après 30 minutes, nous rencontrons un piquet métallique qui n’a d’autre fonction que celle de sa présence. Je veux profiter au maximum du fait que l’on soit à l’abri du vent et du froid, pour avancer le plus haut possible avant de faire une véritable pause. Nous parvenons dans le plissement de la pente, à 2430 mètres, pour faire une véritable pause. Il est alors 7h40 et cela fait exactement 3 heures que l’on marche.
La face Ouest du pic de Lustou est totalement visible à présent. Nous pouvons ainsi mieux observer ce que sera la seconde partie de l’ascension. Et la suite va confirmer notre intuition sur l’itinéraire à suivre, même si le point culminant est difficilement identifiable. Sur notre droite, le pic de Batoua n’arrive pas à se défaire d’une écharpe de nuages qui coiffent sa tête depuis l’aurore. Nous mesurons la chance d’être encore sous le vent, ce qui n’entravera pas encore l’ascension. Nous reprenons la marche à 8h10.
Beaucoup de pelouse à 2450 mètres avant d'atteindre le pied de la face
La prise d’altitude se poursuit selon la même direction, tout en suivant la pelouse rase. Le végétal cède définitivement sa place au minéral à 2750 mètres environ. Il faut alors changer de cap et naviguer dans un glacier rocheux plutôt correct. Il faut viser un couloir très caractéristique, ver le Nord/Est. Chacun cherchera le meilleur passage à travers l’éboulis sans se laisser faussement guider par de nombreux cairns qui suivent les ondulations du terrain. Amédine est nettement plus à l’aise lorsque ses semelles caressent le minéral. Elle avale cette partie, normalement pénible, en un rien de temps. Nous venons de dépasser l’altitude du Canigou (2784m), le plus « dur » est fait.
Le pic d'Aret sous un nouvel éclairage
Vue élargie sur la face Ouest du pic de Lustou
Gros plan sur le pic de Néouvielle
Fixer le petit col à gauche pour prendre le cap
Pierrier plus sûr qu'il n'y paraît
Il faut quand même remonter le cône de déjection
Le couloir est très court et n’oppose aucune difficulté. Il faut poser les mains, mais rien d’exceptionnel. Ma partenaire regrette même que cette partie verticale et rocheuse soit si brève ; elle commençait juste à s’amuser ! La sortie nous dépose à 2900 mètres sur la crête à 9h48, après 4h30. Une nouvelle vue s’ouvre sur le versant Nord/Est, mais le brouillard nous masque une partie du panorama. Il n’y a plus qu’à remonter la crête jusqu’au point culminant.
Entrée du couloir rocheux
Le pic de Batoua se découvre partiellement
Amédine à deux pas de la sortie
Un bout d'arête vers le Nord/Ouest au col 2900m
La crête est ludique, jamais difficile, et malgré l’humidité ambiante, nous évoluons sur cette roche avec aisance. Chute interdite il va s’en dire ! Les possibles échappatoires se trouvent sur la gauche, versant Est. Tel un cabri dont l’âge n’aurait pas d’emprise, Amédine caracole en tête, oubliant le vide abyssal du versant Ouest, oubliant l’air plus rare au-delà de 3000 mètres, oubliant les tracas médiatico-sanitaires de « la vie d’en bas ». Il est 10h23 quand nous foulons les 3023 mètres de la cime du pic de Lustou, après 4h58 de marche effective. Le topo annonçait 4h20, notre temps est plus que correct.
Suivre au mieux le fil de l'arête
Vue plongeante d'où l'on vient
Tel un volcan, le pic de Batoua n'en finit pas de fumer
Le sommet n'est plus très loin
Le point culminant tel qu'il apparait en sortant de l'arête
La funambule arrivant au sommet
Fait rare pour un « 3000 français », il ne se trouve pas sur la frontière, ce qui lui permet d’être un belvédère de premier choix. Hélas pour nous, en ce jour de brouillard, nous ne verrons pas tout le versant Est du vallon de la Pez. Le temps d’immortaliser ce moment, nous partons un peu plus loin sur la crête afin de mieux comprendre le passage d’une brèche nous séparant du pic d’Estiouère. Amédine la funambule serait partante pour aller jusqu’au Batoua si je ne la raisonnais pas. Mais il y a encore la descente, puis un retour routier interminable qui nous attendent, alors à 11h10, nous faisons demi-tour.
Vallon de la Piarre d'où l'on vient
La météo est agitée tout autour du sommet
Pic de Batoua (3032m) au centre et Pic de Guerreys (2975m)
Afin d’aller un peu plus vite, nous ne suivons pas le fil de la crête, mais nous passerons quelques mètres en dessous versant Est. Lorsque nous parvenons à la côte 2900 mètres au dessus du couloir, nous convenons de nous séparer momentanément. Je prends la direction du pic de Bocou en suivant la crête qui l’attache au pic de Lustou, tandis qu’Amédine va descendre à son rythme pour retrouver l’itinéraire de la montée. Rendez-vous pris au piquet métallique. Le bout de crête est facile et descend jusqu’au col de Lustou. Cela permet de basculer dans le vallon de Lustou. S’engage aussitôt la remontée sur le nouveau pic qui m’attend. C’est très pierreux, très désordonné, mais sans difficulté. Pic de Bocou atteint à 12h21, en 6h02.
La crête Nord/Ouest menant au col de Lustou
Le pic de Lustou vue depuis le pic de Bocou
Ce n’est pas un sommet de grande envergure mais il permet d’avoir le recul nécessaire pour mieux découvrir l’imposante masse du pic de Lustou, et son petit lac éponyme. Dix minutes de pause et retour définitif vers la vallée. Il faut suivre les pentes d’herbe en cherchant toujours le plus facile. Un court éboulis coupe la pelouse, puis le sentier est vite retrouvé. Toute autre tentative de marche plus au nord conduirait à des difficultés dans de hautes barres rocheuses. Avec une précision étonnante, Amédine et moi arrivons au même instant au piquet métallique du rendez-vous. Il est 13h01, et 6h31 de marche. Il est temps de manger sérieusement. Le temps est radieux, un moment simple de contemplation.
Autre vue sur le pic de Lustou depuis le pic de Bocou
Imposante face et la crête parcourue
Descendre droit dans la pente en direction du vallon de la Piarre
Pour des raisons personnelles d’emploi du temps différents, nous décidons de nous quitter ici, puisqu’à présent, le retour est identique à celui de la montée. Chacun descendra donc à son rythme naturel. Retour vers le fond de la vallée à 13h46. Le sentier est aussi agréable de jour que de nuit, à la descente qu’à la montée. Et il est efficace pour rentrer promptement. Je parviens au point de départ à 14h48, concluant la journée en 7h33. Un secteur grandiose qui demandera du temps pour mieux le connaitre. J’apprendrai que mon amie Amédine a mis une heure de plus pour effectuer la descente. Mais je reste admiratif et envieux devant une telle énergie à 71 ans.
Cap vers le bas
Cascade du ruisseau de la Piarre
Croisement de la route forestière avec le ruisseau de la Piarre
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 7h33 pour 14,6 km à 1,9 km/h
Dénivelé positif total : 1710 m – Autant en négatif
Point culminant : 3023m
La même journée vue et racontée par Amédine : http://balades-lison.blogspot.com/2021/09/htes-pyrenees-pic-de-lustou-3023-m-un.html
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