Pic du Pas du Chien – couloir Transe Erotique (PD sup) – en boucle depuis La Riète
29/03/2021 : Parking de Coudènes (1035m) – Pont du Pas de la Crabe – vallon Rieutort de Gascous – Cabane Rieutort de Gascous – Etang de Mille Roques – couloir Transe Erotique – Pic du Pas de chien (2491m) – Pic de Mille Roques (2464m) – vallon de Calvière – GR10 – parking de Coudènes
J’ai aperçu récemment sur une photo des petits couloirs s’ouvrant sur un sommet qui m’est inconnu, dans l’Aston ariégeois. Aucune littérature sur les couloirs en Ariège, les approches souvent très longues découragent 99 % des skieurs alpinistes. C’est pratiquement une page blanche qui s’ouvre à moi, car à part le sentier du départ, j’ignore tout le reste, du refuge qui doit m’héberger, au couloir que je dois trouver, jusqu’à la vallée du retour. Je suis friand de ce type de découverte qui aiguise tous les sens.
Je laisse la voiture sous le barrage de la Riète, et départ à 17h23. Prendre le sentier vers la jasse de Quioulés, au niveau de la centrale de Laparan. Passage sur le pont de la Crabe à 18h15 en 52 minutes.
Au départ de la Riète
En sortant de la forêt, repérer une conduite d’eau forcée sur la droite, juste après une passerelle. Bien observer un pont en ruine pour traverser un premier bras du ruisseau de Quioulès, puis une seconde passerelle pour un second bras. Je parviens à ce discret carrefour à 18h50, en 1h27. Le sentier à cet endroit s’apparente à une antique route forestière qui s’arrête au niveau des structures de captage d’eau.
Première passerelle annonçant le carrefour
Seconde passerelle sur le Quioulés
A cet instant, s’élever vers l’Ouest en suivant des balises de couleur orange, afin de prendre pied dans le vallon suspendu de Rieutort de Gascous. C’est très raide mais de courte durée. Remonter alors ce vallon suspendu en suivant le torrent jusqu’à la cabane située à 1750 mètres. Je découvre ce vallon plein de charme, ainsi que la cabane qui offre un confort inattendu à cet endroit. C’est tellement propre que je vais me déchausser à l’extérieur avant d’entrer. Fin de cette approche à 19h33, pour 2h10 de montée.
Entrée du vallon de Rieutort des Gascous
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 2h10 pour 7,1 km à 3,2 km/h
Dénivelé positif total : 745 m – Dénivelé négatif total : 58 m
Point culminant : 1750m
Lever à 5h15, je quitte la cabane à 5h50. Courte pause au bord du torrent pour faire le plein d’eau et c’est parti pour une virée nocturne. Vent nul, la température flirte avec le zéro, une lune pratiquement pleine m’apporte son supplément de clarté. Tout est en place pour passer un agréable moment durant l’approche. Il n’y a pas de réel sentier, mais le terrain fait de pelouses rases n’en demande pas. Entre chien et loup, le paysage se dévoile avec beaucoup de subtilité.
La Lune dans son berceau
Le vallon a été dessiné par les méandres d’un glacier qui autrefois recouvrait toutes ces montagnes. Il en a laissé un plancher presque plat qui ne dénivèle donc pratiquement pas. Il faut suivre le torrent sans trop s’en écarter, L’absence de neige jusqu’à 2000 mètres permet de bien situer l’eau qui court. Le lever du jour me rattrape à 7h20, au niveau des minuscules étangs. Je me trouve au pied d’un mur qui porte l’étang de Mille Roques.
Vue arrière, les couleurs sont très changeantes
Dans le lointain le pic du Tarbésou
Ce mur me posait question sur la possibilité de le gravir sans sentier, mais il se trouve que des pentes de gispets placées au bord de grandes dalles verticales, facilitent l’ascension. C’est même rapide et efficace. Apparait alors à 7h47, l’étang de Mille Roques sous la glace. Le vent se lève, un vent glacial, mordant, hivernal. C’est certainement du catabatique. Je vais m’équiper à cet instant pour aller découvrir un couloir. L’approche aura demandé 1h55.
Face S/W du Pic du Pas de Chien
Versant Est du Pic du Pas du Bouc et étang de Mille Roques
Gros plan sur les couloirs de la face S/W du Pic du Pas de Chien
Roc Blanc dans les rayons ardents
La face complète avec le couloir du jour
Je dois choisir un couloir, mais lequel ? En plein centre un couloir menant exactement au sommet se termine dans un mur de roches. A sa gauche un beau couloir rectiligne mais dont le cône de déjection est totalement sec, un nouveau à gauche conduisant encore dans une impasse, et encore à gauche un couloir discret en parfaite condition. Ce sera celui-là. Je me mets en action à 8 heures. Par une ascendance oblique, on gagne rapidement le pied du couloir. On peut remarquer d’immenses corniches sur la crête de Mille Roques. A l’intérieur du couloir plus un souffle à par le mien. Le couloir est court mais raide, vraiment très raide. Il débute sur du 45° et la pente se redresse encore et encore. La neige est en béton armé précontraint, le top. Les pointes mordent efficacement, les piolets tractent à merveille, je suis en plein rêve. Proche du final la pente avoisine les 70°, une inclinaison que j’ai rarement pratiquée, mais les conditions sont si bonnes que cela pourrait être encore plus vertical. La sortie ne présente pas de corniche, ça passe tout seul. Fin du rêve vertical à 8h37, soit 2h30 depuis la cabane. Je nomme alors le couloir par « Transe érotique ».
Face N du Pic de la Sabine
L'entrée est déjà bien relevée
Un final digne des plus grands
Vue arrière dans le très raide
Fenêtre en regardant dans le rétroviseur
Crête terminale menant au point culminant
Il ne reste plus qu’à suivre vers l’est la crête terminale. Cela permet de passer au-dessus des couloirs et ainsi valider le bon choix du jour. Pic du Pas de Chien atteint à 8h47, pour un total de 2h37. Il ne reste plus qu’à profiter d’un panorama que je ne connaissais pas, avec un paysage local très singulier, fait de cimes plates comme le pic de Béze, de la Unarde ou la Calbe. Malgré l’air vivifiant, je ne veux pas quitter trop vite cet étonnant belvédère qui permet de voir loin vers l’Est jusqu’au Donezan. Pour un sommet culminant sous les 2500 mètres, c’est fabuleux.
« Ne remettez jamais à demain le plaisir que vous pouvez prendre aujourd'hui. » Aldous Huxley
La vallée de Brouquenat, au loin le massif des Trois Seigneurs
Du sommet vue immédiate sur le pic du Pas du Bouc
Panorama vers le Sud (cliquer pour agrandir)
Suite du panorama vers le S
Tout proche le pic de Mille Roques
Gros plan sur le pic de Font Blanca
Gros plan sur les Trimillénaires
Panorama vers l'Ouest
Je quitte cette cime à 9 heures pour me rendre au proche voisin, le pic de Mille Roques. A ce niveau là, c’est un sommet offert. La vue est gère différente si ce n’est qu’elle laisse apparaitre le vallon du ruisseau de la Calvière qui sera l’itinéraire retour. Je cherche du regard un passage dans le secteur des Abeillanous, mais n’étant pas convaincu par le faible enneigement, je décide de poursuivre la marche un peu plus à l’Est et contourner la Unarde. Je croise un couple tout aussi surpris que moi de rencontrer âme qui vive en semaine dans ces hauteurs.
Vue vers l'Ouest depuis le pic de Mille Roques
Vue vers le Sud depuis le pic de Mille Roques
Vue vers le Nord depuis le pic de Mille Roques - à droite versant S du massif de Tabe
Lorsque je me présente au dessus d’un nouveau vallon suspendu, il est presque trop tard pour faire demi-tour. Je dois descendre par là. Il fait alors une chaleur intenable. A première vue, le torrent qui serpente en faisant quelques méandres semble tout à fait fréquentable, c’est même plein de charme. C’est sans compter sur le terrain qu’il faut affronter pour y parvenir. C’est du terrain Ariégeois pur souche, dans sa variante la plus dure, le 100% Aston. C’est inqualifiable, inclassable, il faut le vivre pour comprendre. Un hors sentier que même les isards ne fréquentent pas, pas fous les caprins ! Sur ce versant Est, la neige a presque disparu malgré une altitude de plus de 2000 mètres. Non sans mal, je gagne le plat du torrent, mais les problèmes ne sont pas finis pour autant. Le sol est humide, la montagne est une éponge géante. Les pas s’enfoncent dans cette tourbière saturée d’eau. Un œil sur la carte, un autre sur le terrain, je cherche en permanence ma position, et j’essaie d’anticiper la suite. La descente de ce vallon n’était pas la bonne option, il semble préférable de s’engager au plus tôt dans les Abeillanous. Avec du flair, de la patience et un soupçon de chance, j’évite toutes les barres rocheuses, et je parviens au bord du ruisseau de Calvière. Il n’y a pas de sentier pour autant, mais le terrain est moins complexe.
J'arrive de là haut
Là encore, le sol regorge d’eau, c’est une éponge où les grenouilles ont trouvé un paradis pour la reproduction. Je cherche en vain un sentier pour avancer plus vite, mais rien de bien concluant. Le torrent reste donc le fil conducteur de la marche. Il passe par la cabane des Ludines, où je fais une halte repas à 11h23 ; 4h26 m’ont mis en appétit. Le thermomètre affiche un 18°C à 1630 mètres d’altitude pour une journée de fin mars. Il n’y aurait pas un problème climatique quelque part ?
Quelque part loin du torrent, le hasard a mis cette croix sur mon chemin
Sans perdre plus de temps, je me remets en action à 11h52. Toujours à la recherche d’un sentier que je ne trouve pas, je déambule dans la tourbière. Comment n’y a-t-il pas de sentier pour atteindre un endroit habité par un berger et des vaches ? Cela reste et restera le mystère du jour. Ensuite il s’agit de rattraper le GR10 un peu plus bas après les tourbières. Aucune information n’indique la cabane ou le croisement avec le GR. Le GPS sera bien utile. Puis le GR10 descend brutalement dans une forêt de hêtres. Le terrain est très malcommode, la pente brutale. Ce doit être un enfer à remonter en été, avec un sac lourd. Fin de cette descente peu passionnante à 13h14, après 5h48 de marche. L’Aston c’est long, mais une fois dans les hauteurs, les possibilités semblent infinies.
Couloir en vue 3D
Tracé de la boucle :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 5h48 pour 15,2 km à 2,6 km/h
Temps pour faire le couloir : 0h37
Dénivelé positif total : 758 m – Dénivelé négatif total : 1454 m
Point culminant : 2491m
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