Pique d’Endron par le créneau d’Endron (2017) (PD+)
07/04/2017 : Stade de neige de Goulier – Créneau d’Endron – Pique d’Endron (2472m) – Crête du Sarrasi – Pic du Sarrasi (2213m) – Pic du Garbié de Brésoul (2047m) – Stade de neige de Goulier
L’Endron est un sommet bien visible depuis la route nationale allant de Foix à Tarascon. Il fait partie des sommets avancés de la cordillère et offre ainsi un belvédère unique sur sa région. La façon la plus élégante de gravir cette Pique est d’emprunter le créneau d’Endron, long couloir qui raye la face Nord/Est. C’est également un des rares couloirs dont la base se situe si bas, à 1874 mètres. Comme l’a si bien écrit Michel Sébastien « Ce n’est ni le couloir de Gaube ni le Faustin ! Mais tout de même, vous avez 500 mètres bien droits et intéressants.» Voilà une originale destination pour profiter d’une belle journée de grimpe, choisie pour une fois et non subie, afin qu’elle soit parfaite. Une nouvelle fois, Emma sur-motivée se joint à moi pour un nouveau couloir hivernal.
La Pique d'Endron vue en montant à la station
Le jour vient de se lever sur la station de ski de Goulier neige, fermée en ce jour pour cause d’absence de neige, lorsque nous nous mettons en marche à 7h25. Autant préciser de suite qu’il n’y a personne dans ce massif. La neige que l’on va fouler est bien dure mais ne nécessite pas encore l’usage des crampons. Nous remontons le tire-fesse afin de couper le sentier qui suit les pistes, puis il faut pousser la marche sur la droite en visant le seul arbre sur la crête qui descend du pic du Sarrasi. Un court passage raide et voici la crête franchie.
La face Nord de la Pique d’Endron se dévoile, majestueuse, imposante, d’un blanc immaculé. Le Créneau apparait comme un défi, mais aussi comme le seul accès possible par ce versant. Depuis ce point de vue, on aperçoit clairement les 3 sorties possibles qui débouchent sur la crête de l’Endron. Il nous parait évident de prendre la sortie centrale, mais nous verrons sur place. On emprunte un court instant le sentier balisé de jaune qui monte au pic de Sarrasi, puis nous partons à travers la bruyère en suivant au mieux des courbes de niveau qui permettent d’arriver directement au pied du couloir. Exercice réussi à 8h35 pour seulement 1h10 d’approche ; cela évite le cône de déjection.
Le Créneau tel qu'il nous apparait
Gros plan sur les 3 sorties possibles
Dans notre dos le massif des Trois Seigneurs
Approche en pente douce
Crampons, piolets, casque, corde et hop droit devant pour 500 mètres de pentes raides. La première rampe dans la partie la plus étroite du couloir est certainement la plus inclinée (50°) mais passe très bien, puisque en bonne condition. Seulement 25 minutes pour s’en extraire, puis le couloir devient plus évasé. C’est aussi à cet instant que l’on rencontre le soleil. Il ne faut pas trainer, mais pour le moment nous avons la chance d’avoir de la neige en parfaite condition. Des billes de neige coulent depuis les pentes sommitales, semblables à du polystyrène. La montée se passe sans difficulté mais il faut tracer le couloir, un exercice autant gratifiant qu’éprouvant. La cordée fonctionne à merveille avec Emma, la progression est constante.
Départ du couloir dans le sens de la montée
Départ du couloir dans le sens de la descente
De belles stalactites de glace sur notre droite
Une partie du couloir déjà effectuée
Vue sur notre gauche avec au loin le massif de Tabe
La sortie approche mais laquelle allons-nous emprunter ? Droit devant ? Trop facile ! Sur notre droite donc, cela à plus d’allure et nous rapproche sensiblement du sommet. Nous quittons donc l’axe principal pour s’engager dans cette partie plus étroite. La pente se redresse à nouveau oscillant entre 45° et 50°. De belles corniches nous menacent, pas de temps à perdre à admirer ces belles vagues pétrifiées.
Au loin les sorties se dévoilent
C'est le moment de faire un choix de sortie, la sortie centrale est légèrement masquée
Etonnant travail du vent sur la neige
La fatigue se fait sentir pour sortir du couloir, qui ne laisse que peu de répit aux mollets. Puis la délivrance arrive, mais nous ne sommes que sur la face. Il reste encore un peu de marche pour atteindre le sommet.
Le couloir vu depuis la sortie de droite
En débouchant sur la crête sommitale le décor se dévoile en cinémascope. Pour moi je dirais que c’est époustouflant. Pour Emma : « c’est trop styléééééé ! » Mais qu'elle que soit la formule, on s’accorde sur le fait que c’est un panorama à couper le souffle, d’une rare beauté en cette saison encore blanche. Nous voilà sur le point culminant du jour à 10h47. Nous nous sommes hissés sur les 2472 mètres de cette Pique d’Endron en 2h55. Bravo à ma partenaire infaillible. L’endroit est trop beau, que nous choisissons d’y prendre le repas. Cela va nous laisser un maximum de temps pour apprécier une telle étendue de sommets sous un ciel bleu. Emma plus connectée que jamais, va me démontrer que toutes les technologies modernes passent au sommet : SMS, téléphone et internet. Rien ne manque !
Summit !
Vue vers le Sud
Gros plan sur l'imposant pic du Port si difficile d'accès depuis ce versant
Le secteur des plus hauts sommets de l'Est des Pyrénées, pas moins de 5 sommets visibles dépassant les 3000 mètres
Conditions météo du jour parfaites, tee-shirt durant la pause, un pur plaisir. Ce sera à 12h31 que l’on se résout à prendre le chemin du retour. A présent, il faut suivre la crête du Sarrasi qui relie l’Endron au Sarrasi. C’est la partie la plus technique de la journée, la plus accidentogène à cause des corniches qui s’y forment. C’est donc en corde tendue que l’on progresse. Mais quelle belle arête ! C’est avec prudence que l’on évolue, mais jamais de stress.
La crête à suivre, pas si compliquée vue d'ici
Une partie déjà effectuée
La crête devient peu à peu moins piégeuse, moins caillouteuse, plus large et se termine au sommet du second sommet du jour, le pic de Sarrasi, après 3h47. On quitte définitivement les crampons, la neige est à présent moins présente. Une nouvelle pause contemplative, et puisque nous avons du temps, nous mettons le cap sur le sommet suivant.
La Pique d'Endron vue depuis le Pic de Sarrasi
Cette partie est nettement plus débonnaire. Ce petit supplément qui ne coûte que peu d’énergie, permet de parcourir par les hauteurs, la totalité du petit cirque de la station de ski. Un bonus à ne pas manquer. 14h07, troisième sommet, pic du Garbiè de Brésoul qui culmine à 2047 mètres tout de même. Un couple y prend son repas, les seules personnes croisées en ce jour.
La Pique d'Endron et le Pic de Sarrasi vue depuis le pic de Garbiè de Brésoul
Il ne reste plus qu’à plonger sur la station. On va surprendre un couple de lagopèdes encore avec son plumage hivernal. C’est la belle surprise du jour. Nous terminons cette journée en fermant la boucle à l’arrivée, au parking toujours vide à 14h47. C’est finalement une courte rando pour un très beau couloir, offrant une vue exceptionnelle depuis le sommet. Encore une très belle journée en montagne, et en terre Ariégeoise.
Le couple de lagopèdes
Descente sur la station avec en toile le fond le massif de Bassiès
Notre trace de sortie
Trace GPS : http://www.openrunner.com/index.php?id=7257653
Tracé du jour sur carte IGN 1/25000
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 4h46 pour 8 km à 2,8 km/h
Dénivelé positif total : 1010 m – Autant en négatif
Point culminant : 2472m
A découvrir aussi
- Pic de Coma Pedrosa, toit de l’Andorre, depuis Soulcem
- Boucle autour de la Pique d’Estats
- Pic de Médécourbe depuis Soulcem
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 328 autres membres