Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

03/02/2024 : Valmanya – site minier de La Pinouse – Coll de Pey (1778m) – Puig de Sant Père (1791m) – Coll de la Cirera (1731m) – Cincreus (2266m) – Pic Gallinás (2461m) – Serra del Roc Negre – Puig del Roc Nègre (2714m) – Clot de Dalt – GR10 – Abri du Pinatell – Los Masos – Valmanya

Le Puig del Roc Nègre est l’un des 6 sommets majeurs dans le massif du Canigou, dépassant les 2700 mètres. Il n’est pas celui qui a l’allure la plus singulière, mais son accès est sans nul doute le plus spectaculaire. La boucle que je propose ici permet d’approcher un peu ce que cette montagne a offert aux hommes par le passé, que ce soit par le fer, le bois ou l’élevage. Nous ne parlerons pas de l’absence de neige pour un mois de février, car si cela choque en 2024, cette absence sera une triste constante dans les années à venir.

Départ depuis le village de Valmanya dans la vallée de la Lentilla à 6h30. Suivre le sentier à droite juste après le pont routier. Le sentier, très propre, balisé de jaune, s’élève efficacement jusqu’à croiser une première fois une route forestière, puis, une seconde fois. A la troisième intersection, un panneau indique l’Estanyol, mais nous suivons alors la piste forestière. Lorsque cette dernière vient à faire un virage en épingle, il faut alors changer de versant et passer sur le flanc Est de la forêt. Cela devient alors du hors sentier, et il faut aller au mieux vers le bas jusqu’à perdre 130 mètres de dénivelé, et retrouver ainsi une nouvelle route forestière. Le jour vient de se lever pendant que nous cherchions à atteindre cette piste. Tout est plus simple à cet instant, et les premières indications pour se rendre aux anciennes mines de fer de La Pinouse sont données. Le petit sentier est balisé de jaune. Nous arrivons sur l’ancien site minier à 8h10, après 1h36. Le lieu est si solennel et si grave, qu’il demande qu’on s’y attarde un minimum pour une visite. Les bâtiments ont été consolidés pour que les intempéries n’abiment pas plus ce site chargé d’histoire.

La chapelle Sainte Anne des Quatre termes au soleil

Le site tel qu'on le découvre à la sortie du sentier

La trémie

Tristement connu pour avoir été un maquis lors de la seconde guerre mondiale, et lieu d’une exécution de l’un des responsables du maquis, ce site avait déjà connu un drame humain 27 ans plus tôt. Moins connu que le fait précédent, il y eut le 11 février 1917, 12 victimes d’une avalanche qui frappa les baraquements. C’est à ce jour la seconde avalanche la plus meurtrière des P.O., après celle de Fontpédrouse en 1810.

De nombreux vestiges ornent la visite

En lumière dorée la Crête du Barbet

La cantine et l'habitation ouvrière

Le mur de l'exécution

Nous quittons le site en restant sur le balisage jaune qui va vite prendre de la hauteur. L’inclinaison de la pente est régulière, soutenue mais jamais extrême. C’est presque une surprise lorsque nous parvenons au col de Pey à 9h12, après 2h25. Nous venons d’effacer 400 mètres de dénivelé depuis La Pinouse, sans le moindre effort, ou presque. Nous faisons alors la rencontre du soleil et un flot de lumière intense inonde notre horizon. La journée s’annonce exceptionnellement belle. Nous voilà sur une crête que l’on ne quittera plus jusqu’à son point culminant. Sans plus attendre, nous mettons le cap vers l’Ouest pour se hisser en deux pas sur la première cime du jour, j’ai nommé le Puig Sant Père. Cela m’évoque des souvenirs anciens où je venais faire de la luge ici même, jusqu’au coll de la Descarga dans les années 90. En 30 ans, non seulement la neige a disparu, mais l’hiver également est un lointain souvenir.

Le Pic Gallinás

De G à D les prochains sommets à gravir depuis le col de Pey

Le Pic Gallinás vu depuis la cime du Puig de Sant Pere

Regard vers le sud sur le Vallespir

Rapide descente au coll de la Cirera et l’enchainement avec la suite de l’ascension est immédiate. Ce n’est pas moins de 980 mètres de dénivelé qui se dressent devant nous, alors que nos jambes en cumulent déjà autant. Mais quelle vue ! Et quel plaisir de profiter d’une telle journée en altitude ! Nous avons droit à une tempête de ciel bleu sans un souffle d’air. Même la rude montée du Pel de Ca ne freine pas notre enthousiasme à dévorer du dénivelé. Pourtant ce premier sommet dépassant les 2000 mètres ne s’offre pas si facilement, et le sentier l’évite soigneusement à cause de la végétation dense posée sur ses escarpements rocheux. La cime suivante que l’on gravira sera le Cincreus, cime insignifiante, avant de se hisser sur le Pic Gallinás à 11h14. Une belle ascension de 4h27. Bien souvent ce belvédère est lui seul la destination d’une journée, mais pour nous, il n’est qu’un obstacle avant d’atteindre le point culminant de cette longue crête. Avant de poursuivre, une pause s’impose.

Puig de l'Estella et Puig de Sant Pere vus depuis les hauteurs du Pel de Ca

Dans la montée du Pel de Ca

Le Pic Gallinás vus depuis le Cincreus

Deux ombres face à la pente

Au sommet du Pic Gallinás

La crête à suivre jusqu'au Roc Nègre

 

Le Cincreus au premier plan d'où nous venons

Le pla de les Eugues et la crête à suivre

Il reste encore moins de 300 mètres de dénivelé avant d’atteindre notre objectif, mais il ne faut pas sous-estimer les ondulations de la crête. Un sentier passe judicieusement sous les éminences rocheuses pour effacer au mieux les élévations du terrain, mais nous ne suivrons pas toujours ce sentier. Pas après pas nous nous approchons du faîte de la crête et déjà à 13h05 nous foulons la cime du Roc Nègre. Une superbe ascension conclue en 6h02. La météo est parfaite pour prendre le repas sur place, en terrasse panoramique. Il s’offre à nous seuls un tour d’horizon allant de Narbonne au nord/est jusqu’à la Pique d’Estats à l’ouest.

Puig Sec au premier plan et Canigou tout à droite

La sommet du Roc Nègre depuis la côte 2619m

A deux pas du sommet

En arrivant au sommet

Vue vers le nord sur la cheminée du Canigou

Vue vers le S/W

La crête d'où nous venons et le couloir du retour

 
Il est 14h30 lorsque nous quittons le sommet. En conditions sèches, nous aurions choisi de passer par « les dalles », un passage vertical pour se rendre au col 2509m, mais la possible présence de glace interdit toute tentative hasardeuse. Nous revenons sur nos pas pour s’engager dans le premier couloir main gauche. Ce n’est pas technique, objectivement pas dangereux, mais cela fait travailler la proprioception, l’équilibre et la souplesse des chevilles. Un exercice subtil que réussit avec aisance Corinne. Une fois parvenus au pied de la face, 300 mètres plus bas, la marche redevient plus naturelle. Attention toutefois aux trous pouvant se cacher sous la rare neige qui recouvre les rhododendrons. Puis, sous le pilier Est du Puig Sec se dessine un sentier matérialisé par des cairns.

En direction des Molleres Llargues

A gauche le col 2509m déjà à l'ombre

Le couloir que l'on vient de descendre soit 250 mètres nous séparent du col

Le Puig del Roc Nègre n'aura jamais porté aussi bien son nom

Un long chemin nous attend encore, entre ombre et lumière. Nous passons à l’orri du Clot de Dalt où il faut faire un petit détour pour s’approvisionner en eau. Un fil d’eau coule de la Congesta Grossa. Il est à craindre qu’au mois de juin, ce torrent soit à sec. Puis nous enchainons la perte de dénivelé en suivant les cairns, jusqu’à faire la jonction avec le GR10 au niveau du Clot de Baix. Sur cette partie du balcon du Canigou, le sentier est totalement plat, permettant de rejoindre rapidement l’abri du Pinatell. Il est alors17h30 [8h52]. Un panneau indique 2h30 pour se rendre à Los Masos, alors nous engageons la descente sans plus attendre.

La Méditerranée se confondant avec le ciel

Face Est du Puig Sec

L’orri du Clot de Dalt

Abri du Pinatell

C’est un très beau sentier qui permet de perdre 650 mètres d'altitude. La nuit nous rattrape et nos frontales vont servir pour la seconde fois de la journée. Une fois parvenus à Los Masos, il reste encore une portion de bitume pour retrouver le point de départ, chose faite à 19h15, pour un total de 10h25 de marche effective. C’est une superbe boucle qui s’achève, l’une des plus belles qui m’ait été donnée de réaliser dans ce massif que j’affectionne tant. Voilà une journée dans le massif du Canigou sans avoir rencontré aucun randonneur, chose totalement impossible si nous avions pris le sommet majeur pour objectif. Je suis heureux d’avoir partagé cela avec ma super partenaire.

Trace du jour :

Les chiffres de la journée :

Temps de marche total 10h25 pour 27,4 km à 2,6 km/h

Dénivelé positif total : 2165m – Autant en négatif

Point culminant : 2714m