Pic du Canigou en hivernale par la Voie Normale
14/12/2013 – Jour 1 : Los Masos de Valmanya – Bois de Patriques – ras Prat Cabrera – refuge des Cortalets
Après un épisode neigeux important, qui a apporté un gros manteau blanc sur le massif du Canigou, je décide de lui rendre visite une nouvelle fois. Ce sera pour Yannick une nouvelle tentative en condition hivernale. Secondé par Mehdi, qui connaît le massif autant que moi, sinon mieux, ainsi que Luc un ami de Mehdi, nous partons donc à 4 depuis le parking de Los Masos de Valmanya. Ce point de départ est quasi incontournable en cette saison. Le parking est étrangement vide ; c’est un bon présage pour la suite.
L’équipe au départ
A 14h30, on s’engage sur le sentier des bois de Patriques, qui monte immédiatement. Nous ne tardons pas à avoir trop chaud malgré le fait que nous soyons à l’ombre. On enlève une couche vestimentaire, et nous poursuivons cette bavante. La prise de dénivelé est rapide. Au passage d’un semblant de porte naturelle, nous avons droit à une vue dégagée sur une partie de la plaine du Roussillon.
Pic Neulòs au fond
Cette première partie ne pose aucune difficulté, malgré la présence de neige, parfois gelée. Par contre, en arrivant sur la piste forestière remontant la vallée du Llech, les raquettes deviennent indispensables. Nous suivons donc cette route forestière qui est appelée aussi itinéraire hiver, à partir du Ras del Prat Cabrera. L’heure est déjà avancée, commence alors pour nous, une course contre la lumière du jour.
La sortie du bois avec vue sur le Puig Sec est toujours spectaculaire
Il est 17h passé quand le soleil a quitté l’horizon. Yannick, toujours au top, va nous apprendre par l’intermédiaire de sa montre, qu’au même moment, c’est le matin à Jakarta. Voilà une information incontournable qui a bien animé la montée. Il faut dire que sans cela, la piste aurai été bien monotone. La nuit tombe doucement pendant que nous nous élevons, et c’est dans l’obscurité que nous arrivons à 17h58 au refuge des Cortalets.
Nous sommes seuls. On s’installe, nous prenons notre repas et la soirée passe dans la bonne humeur (merci Rire et Chansons).
A l’heure de se glisser dans nos duvets, nous sommes toujours seul. Un privilège que de profiter d’une soirée dans le refuge rendu douillet grâce aux matelas et aux nombreuses couvertures. Il est loin le temps des années 2000 où nous passions des nuits inconfortables. A 21h, extinction des frontales.
Résumé de la montée en chiffres :
Dénivelé positif total : 1124m pour 16m de négatif
Temps de marche 3h16 pour 8,58 km à 3.3 km/h
Point culminant 2150m.
15/12/2013 – Jour 2 : refuge des Cortalets – Pic Joffre – Pic du Canigou – refuge des Cortalets - ras Prat Cabrera - Bois de Patriques - Los Masos de Valmanya
La nuit fut calme et douillette. Personne n’a souffert du froid. Réveillé par le réveil de secours à 5h20 (la montre donnant l’heure de Jakarta ne sonne pas assez fort), nous laissons le superflu sur place, pour monter léger. Il fait encore nuit quand nous quittons le refuge à 6h40. C’est à la lueur de la frontale que l’on se lance, vers la voie normale que nous connaissons tous. La neige est seulement croutée, les raquettes portent bien. Nous traversons l’étang de l’Estagnol et l’on monte directement dans la pente. En poussant légèrement sur la droite, et en effectuant quelques lacets, nous sortons sur la crête sous le Pic Joffre.
C'est pas le Mont-Blanc mais l'illusion est parfaite
Le jour se lève à peine. Les couleurs de l’aube, sur la Méditerranée, sont de toute beauté. Le ciel se teinte d’un rose pâle à l’Ouest. Un bonheur visuel.
Panorama sur le massif du Pic du Géant
Nous profitons de cette pause contemplative pour quitter les raquettes, et chausser les crampons. On se remet en marche rapidement, en restant bien à gauche de l’arête. Le vent des jours derniers, a soufflé la neige sur le fil de l’arête, qui se trouve alors presque nu.
Le pic c'est tout droit
Nous prenons petit à petit de la hauteur, pendant que le soleil éclaire déjà la cime. Evoluant sur le versant Nord, nous sommes toujours à l’ombre mais nous n’avons pas froid. Chacun monte à son rythme. Yannick, en grande forme caracole en tête, je ferme la marche. Aucune difficulté ne s’oppose à notre ascension. Pas de vent, la neige dure, presque pas assez, et la température est positive. C’est dans ces conditions idéales, qu’à 9h01 nous atteignions le sommet de notre montagne fétiche.
L’équipe au sommet
Seulement 2h01 pour gravir les 630m qui séparent le refuge du pic. Nous avons réalisé une belle montée. Nous resterons plus de 40 minutes à contempler un décor que nous connaissons bien. Que Dieu me préserve de la lassitude !
Table d’Orientation
Voilà déjà plus de vingt fois que je gravis le Canigou, et je ne me lasse toujours pas de ce panorama. La vue depuis le sommet du Canigou, surtout en cette saison, est un pur régal. Tout le département est là, sur 360°C. La plus grande récompense fut d’avoir été seulement 4 personnes à fouler la cime. Quel contraste avec l'été ! C'est le privilège que nous offre l’hiver.
A 9h43, on quitte le sommet par le même itinéraire. Sans problème, nous arrivons rapidement 100m au dessus du Pic Joffre. Comme des gamins, on va descendre le versant Est en ramasse. La neige porte très mal et ce sera à grandes enjambés que l’on va rejoindre directement le plan d’eau invisible de l’Estagnol.
Nous retrouvons le refuge à 10h53. Le temps de rassembler les affaires, et l’envie de manger sur place est trop belle pour ne pas la saisir. Alors, assis sur le rebord des fenêtres, les yeux rivés sur la fascinante face Est, nous mangeons avec un peu d’avance le repas de midi. Bercés par le sifflement des accenteurs alpins (petit oiseau), le temps s’est arrêté pour nous, durant une heure.
Dernier regard avant de descendre
A 11h53, nous prenons le chemin du retour. Face à la mer, on plonge directement à travers bois, pour retrouver la piste plus bas. On suit alors celle ci jusqu’au Ras del Prat Cabrera que nous atteignions à 12h38. Malgré nos raquettes, notre vitesse de marche n’a rien à envier à des skieurs. Nous allons repartir par l’itinéraire de la veille, par les bois de Patriques. La descente est une formalité, si bien qu’à 13h53, nous avons rejoint le parking de départ. On termine un peu trop vite un week-end exceptionnellement beau. Voilà la 23ième fois que j’atteins la cime du Canigou, et même si chaque ascension est différente, celle ceci fera partie des plus belles.
Tracé du jour carte IGN 1/25 000ième
La journée en chiffres :
Dénivelé positif total : 650m - Dénivelé négatif total : 1753m
Temps de marche 4h49.
Point culminant 2784m - 2h01 pour atteindre le sommet
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